² Corps, violences et douleur (De la Révolution à la Grande Guerre) I. Corps ma
² Corps, violences et douleur (De la Révolution à la Grande Guerre) I. Corps massacré Massacre : (chasse à cour) mise à mort simultanée d’un groupe de gibiers par un groupe de chasseurs respectueux des rituels. Suppose une poursuite préalable et une forme de sociabilité ludique, émotions collectives. A) Révolution de 1789 comme moment fondateur ? Imaginaire collectif du corps sacrifié => terreur. Révolution est une série de scènes dramatiques, violences faites par une foule qui en avait besoin pour légitimiser ses actes. Victimes aristocrates (exemple du massacre de la princesse de Lamballe en septembre 1792). Violences perpétrées sur les places publiques, univers sonore particulier : tocsin sonne au début, cris de la foule => volume confère à la rumeur une partie du réel. Scènes de liesse populaire : fête pour donner de l’énergie aux révolutionnaires - Traitement du cadavre : pas de souffrance prolongée durant la mise à mort mais un acharnement sur le corps mort : arrachement de la tête, des organes génitaux, éventration, du cœur. Conservation des reliques des corps dépecés (bouts d’oreilles, dents…) - Manifestation du sentiment d’horreur : foule déchaînée, peu s‘interposent mais il y a de spleurs, des évanouissements : stratégie de disculpation Révolution n’a pas inventé le massacre, datant des guerres de religion au XVI, mais l’a réactualisé. b) XIX et affaiblissement des modalités collectives de la mise à mort Adapte ses propres violences à l’efficacité de l’horreur. Réitération des guerres civiles. Siècle des lynchages d’individus isolés et violences militarisées. Différence sur le plan politique Série d’évolution explicative : - Troupe militaire présente : distance entre troupe et foule. Technique d’affrontement à distance (armes à feu). Tuerie disciplinée, moins visible (exemple : Daumier 1834 : Massacre de la rue des Transnonain : les militaires ont tué des ouvriers endormis chez eux de nuit) - Barricade : situe le lieu de l’affrontement : espace sacrificiel (Gavroche : figure emblématique) - Tueries nocturnes, crépusculaires : nouveaux espaces : cimetière II. Corps suppliciés A) Le traitement pénal du corps sous l’Ancien Régime Exemple de Damiens (vu en TD) Gradation de la douleur, spectacle public : il faut que ça dure le plus longtemps possible. Supplices tarifés selon les actes. - Logique de l’infamie : cicatrice pénale marquée au fer rouge. B) La guillotine : une révolution (lolilol) Mise au point au XVIIIème siècle par Docteur Guillotin, médecin le 25 avril 1792. Inscris dans une tradition qui fait du médecin le spécialiste du corps supplicié dans la mesure où la guillotine est une manière de prolonger la tradition de l’échafaud. Pourtant la guillotine marque un tournant : lié à la problématique du corps moderne : c’est une façon moderne de punir les criminels : Instrument rapide de donner la mort, à la capacité de tuer en série : s’inscrit dans l’idéologie du rendement. Se substitue au massacre : se veut être le symbole d’une foule contrôlée, revoit toute l’iconographie de l’exécution capitale. Nouveau rapport entre le déroulement du supplice et le regard de la foule : La guillotine annule le rôle du supplicié. Plus de voyeurisme macabre : la foule est encore en spectacle mais ne guette plus les mêmes choses : valorisation de l’instant. Contre imaginerie : l’imaginaire contre-révolutionnaire : essayer de redonner un peu d’héroïsme à quelques grands condamnés (cf textes et images sur l’exécution de Louis XVI) Evolution à la sensibilité : Philosophie des Lumières : respect de l’être humain et vertus de l’humanité. Recentre le spectacle sur la tête : s’inscrit dans l’imaginaire post mortem : la guillotine libère un certain nombre de fantasmes de l’horreur et scientifique : représentation de la dichotomie corps/esprit. Interrogation scientifique et populaire sur ce que devient les pensées lorsque la tête est détachée. L’échafaud devient presque une table de dissection. XIXe siècle : conserve la guillotine jusqu’en 1981, changement de l’usage : Adoucissement progressif : répugne de l’étalage des corps suppliciés, rend le supplice + abstrait, - visible : les signes de douleur corporelle inspirent de plus en plus le dégout, le supplice doit se donner discrètement, mise en avant de la force d’âme du condamné. - 1ere Empire : rétablissement de la peine de mort en 1810 par Napoléon : exposition de la chaîne des bagnards. 1810 : Rétablissement du marquage au fer rouge Parricide/Matricide : Exposé à l’échafaud, la tête voilé de noir, poing tranché avant décapitation. -Monarchie de Juillet 1830 : Abolition du traitement spécial réservé au parricide sauf le costume. Déplacement de la guillotine : Exécution au petit matin et non plus à midi et à la périphérie de Paris. 1836 : abolition de la chaine de l’exposition des bagnards. 1848 : Promulgation de la loi abolissant toute exposition de condamné Guillotine déplacé devant la prison de la Roquette -1870 : IIIème république suppression de l’échafaud : guillotine placé à l’intérieur de la prison. Importance de la dernière toilette du condamné : effacer sur son corps tout ce qu’il fait son identité. Le public guette tous les signes du remords. Multiplication des expériences médicales : ultime étape de dépersonnalisation du condamné. 70’s/80’s : multiplication de théories sur la conscience après la décapitation : resurgissement des fantasmes lié à la terreur. Pratiques d’expériences d’électrisation sur les cadavres de condamnés : Galvani, Dr Bichat Galvanisation : figure du Mort Vivant. III. Corps souffrants A) Théories médicales de la douleur (XVIIIe-XIXe siècle) Focalisation sur la description de la douleur jusqu’au XVIIIe -> mécanismes de la douleur à un moment où les philosophes accordent de plus en plus d’importance aux sens : mouvement sensualisme. Réhabilitation des sensations corporelles au milieu du XVIIIe : contribue à la formation des idées. Début XIXe : La sensibilité organique : idée que chaque être à sa propre sensibilité organique. Les médecins vont donc inventer petit à petit la notion de système nerveux : se définit comme la capacité pour chaque individu de répondre à un système complexe, c’est ce qui relie le corps et l’esprit. Localiseurs : médecins qui vont chercher l’endroit qui provoque la douleur. -théories névralgiques B) La douleur : une question de morale Tension entre vision scientifique et expérimentale et discours sur le contrôle de la douleur : Lien très étroit entre culture et douleur remonte jusqu’à l’antiquité païenne (stoïcisme : la douleur sans laisse paraitre) : greffe du message chrétien : la douleur serait la persistance du péché originel. Etablissement d’un lien entre douleur et péché : accéder à la rédemption par la douleur, elle rapproche du salut et Dieu. Cf Lecture pieuse du XIXe siècle. Sagesse populaire : l’endurance à la douleur : synonyme de force et de courage. Idée qu’il fallait apprendre à la supporter plutôt que de chercher un moyen scientifique de l’enlever. = Punitions corporelles à l’école qui forgeraient le caractère -Education militaire : marché forcé, nourriture très réduite … Contre discours : interrogation sur les vertus délétères de la douleur : image de la vieille fille. c) Prise en charge médicale de la douleur XIXe : la douleur est-elle utile à la guérison ou si au contraire elle ne la retarderait pas ? Volonté des chirurgiens d’apaiser la scène opératoire : impose l’idée que le patient doit rester tranquille pdt l’opération = apaisement de la scène opératoire. Scène de l’accouchement Récits d’amputations : pratiqué le + souvent sur les champs de bataille Images d’une lutte entre le médecin et le patient. Fait de l’analgésie puis de l’anesthésie : apaisement de la scène opératoire en même temps que la disparition du massacre dans la rue, de l’exécution publique :, effacement de spectacle sanglant. Effritement progressif sur l’effet salvateur de la douleur : estompement de l’image de la terreur Dés 1800 : mise au point de l’anesthésie 1818 : Publications sur les vapeurs d’éther et leurs effets anesthésiants 1828 : Interdiction de la suite des expériences en France : décision politique. Janvier 1842 : Dr William Clarck endors pour la première fois une patiente : extraction d’une dent 1846 : Naissance officielle de l’anesthésie 15 décembre : première op sous anesthésie en France 1849/50 : Multiplication des op réussites, 1850 : maitrise du geste de l’anesthésie Résistance de bcq de patients par peur : -lié aux accidents de l’anesthésie -peur de l’asphyxie -intoxication -de livrer sans défense aux mains du chirurgien : risques d’abus sexuels pour les femmes -débat philosophique : abolit vraiment la douleur ou en efface le souvenir ? : Peur de l’amnésie Parallèlement à ces progrès , progrès de l’analgésie : opium et morphine Soigner le corps pour une histoire culturelle du médicament et de ses usages. I. De l’histoire des sciences à l’histoire culturelle des médicaments A) Le schéma des « progrès de la science » Lié à l’histoire de la chimie : mise au pt de procédés d’isolations des substances chimiques et à les associer de manière spécifique afin de lutter contre certains dérèglements de l’organisme : 1820-1830 Coïncide avec la révolution clinique. Multiplication des pharmacies : explosion d’un commerce du uploads/Sante/ histoire-culturelle.pdf
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- Publié le Jul 05, 2021
- Catégorie Health / Santé
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