L’économie du bien-être est la branche de l'économie qui étudie le bien-être ma

L’économie du bien-être est la branche de l'économie qui étudie le bien-être matériel. Elle utilise des techniques micro-économiques afin de déterminer l'efficacité d'une économie à allouer les ressources, ainsi que les conséquences de cette allocation sur la distribution des revenus. L'économie du bien-être se limite stricto sensu au bien-être individuel, par opposition aux groupes, communautés ou sociétés, qui relèvent plus du bien-être social. Elle part de la supposition que les individus sont les mieux placés pour juger leur propre bien-être (rationalité), qu'ils cherchent à l'améliorer (utilité), et que celui-ci peut être mesuré soit directement en termes monétaires (utilité cardinale), soit sous la forme de préférences ordonnées (utilité ordinale). Une augmentation de la consommation, du temps de loisir, ou des services publiques apportés par l'État, augmentent le bien-être des individus. Les deux théorèmes de l'économie du bien-être sont les résultats fondamentaux de la théorie de l'équilibre général telle que formulée par Kenneth Arrow et Gérard Debreu. Sous un certain nombre d'hypothèses contraignantes (concurrence pure et parfaite, homogénéité et continuité des fonctions de production et des fonctions de demande,...), ces auteurs montrent par une démonstration mathématique les deux résultats suivants : Premier théorème : Pour toute dotation initiale, il existe un équilibre de marché en concurrence pure et parfaite, et cet équilibre est un optimum de Pareto dans l'espace des répartitions des biens. Second théorème : Tout optimum de Pareto dans l'espace des répartitions des biens est atteignable en situation de concurrence pure et parfaite moyennant une redistribution forfaitaire des dotations initiales. Le premier théorème est souvent associé à une idée de décentralisation. Il dit en effet que laissés à eux-mêmes, des marchés en concurrence pure et parfaite aboutissent à une allocation optimale, au sens de Pareto, des richesses. Le second est au contraire plutôt associé à une idée d'intervention, car il stipule que si le planificateur social se donne un objectif efficace au sens de Pareto (ce qui est logiquement le cas), alors il peut l'atteindre en ne modifiant que les dotations initiales des agents, puis en les laissant prendre leurs propres décisions. Historiquement, ces deux théorèmes ont d'abord été prouvés dans le cas d'une économie d'échanges, puis dans le cas d'une économie de production par Maurice Allais. Ces deux théorèmes représentent un couronnement de la théorie néoclassique de l'équilibre général. D'après certains, ils en sont aussi la condamnation. D'une part, il est difficile d'obtenir d'autres résultats du modèle, et d'autre part il est pratiquement impossible de conserver ces résultats tout en relâchant les hypothèses les plus contraignantes. Amartya Sen, extraits de :"Ethique et économie"(1987) La seconde difficulté qu'offre la théorie du bien-être tient à l'interprétation particulière du bien-être que donne l'utilité. Juger le bien-être d'une personne exclusivement à l'aune du bonheur ou de la satisfaction des désirs comporte certaines limitations évidentes. Ces limites sont particulièrement néfastes dans le contexte des comparaisons inter- personnelles de bien-être, car le degré de bonheur reflète ce qu'on peut espérer et, par comparaison, l'opinion qu'on a de l'état social présent. Une personne qui a enduré le malheur pendant toute sa vie, qui a eu très peu d'opportunités et assez peu d'espoir, sera peut-être plus disposée à accepter des privations que d'autres personnes habituées à des conditions plus heureuses et aisées. Prendre le bonheur comme unité de mesure, c'est donc risquer de déformer la gravité des privations, d'une manière spécifique et assortie de préjugés. Le mendiant désespéré, l'ouvrier agricole aux conditions de vie précaires, la femme soumise à son mari, le chômeur endurci et l'homme de peine à bout de forces peuvent tous trouver du plaisir dans de petits bonheurs, et arriver à endurer d'intenses souffrances pour assurer leur survie, mais ce serait une grave erreur morale d'attacher une valeur très faible à la perte de leur bien-être en raison de cette stratégie de survie. Le même problème se pose dans l'autre interprétation de l'utilité, celle de la satisfaction des désirs, car ceux qui sont prives de tout n'ont pas le courage de désirer beaucoup et, sur l'échelle de la satisfaction des désirs, leurs privations sont rabaissées et perdent toute valeur. Ce problème particulier que pose l'influence des circonstances contingentes sur la mesure de l'utilité ne fait que traduire un problème plus fondamental, à savoir que le bonheur ou la satisfaction des désirs constitue un critère trop superficiel pour évaluer le bien-être d'une personne. Le bien-être est en fin de compte une question d'évaluation, et si le bonheur et la satisfaction des désirs comptent certes beaucoup dans le bien-être d'une personne, ils ne peuvent pas — ni séparément ni même ensemble — refléter correctement la valeur du bien-être Etre heureux » n'est même pas une activité susceptible d'évaluation, et « désirer » est au mieux la conséquence d'une évaluation. Il faut donc admettre plus directement la nécessité de l'évaluation dans l'estimation du bien-être Par conséquent, puisque la thèse de l'utilité en tant que seule source de valeur repose sur l'assimilation de l'utilité et du bien-être, on peut la critiquer pour deux raisons : 1) parce que le bien-être n'est pas la seule valeur ; 2) parce que l'utilité ne représente pas correctement le bien-être. Dans la mesure où nous nous intéressons à ce qu'accomplissent les individus, il se pourrait bien que, dans le jugement moral, l'accomplissement en matière d'utilité soit un critère partiel, inapproprié et trompeur' Une personne cohérente dans ses choix peut posséder le degré d'égoïsme que l'on veut bien lui attribuer. Bien entendu, il est vrai que dans le cas spécial du choix de pure consommation entre des biens privés, le théoricien des préférences révélées tente de mettre en relation la « préférence » ou 1' « utilité » de la personne et son propre ensemble de biens matériels. Toutefois, cette restriction ne provient pas du fait que la personne ne se soucie que de ses propres intérêts, mais du fait que son propre ensemble de biens de consommation, ou celui de sa famille, est le seul ensemble sur lequel elle exerce un contrôle direct dans ses actes de choix. La question de l'égoïsme reste donc entièrement ouverte. Je pense que cette question exige en outre une formulation plus claire que celle qu'on en propose généralement, et c'est le point que je vais maintenant aborder. Lorsqu'on examine les comportements qui divergent de « l'isolement indifférent, abstraitement pris pour hypothèse en économie & (pour citer Edgeworth), il convient de distinguer deux concepts : 1 / la compassion et 2 / l'engagement. Vous faites preuve de compassion lorsque le souci d'autrui influe directement sur votre propre bien-être. Si l'existence de la torture vous rend malade, c'est un cas de compassion ; si vous ne vous estimez pas personnellement atteint, mais si vous pensez que c'est un acte condamnable et si vous êtes prêt à faire quelque chose pour l'empêcher, c'est un cas d'engagement. Je ne prétends pas que les mots choisis aient eux-mêmes une grande valeur, mais il me semble que la distinction est importante. On peut dire qu'un comportement fondé sur la compassion est, en un sens important, égoïste, puisqu'on est soi-même heureux du plaisir d'autrui et peiné par la douleur d'autrui, et que la poursuite de sa propre utilité peut ainsi être favorisée par une action obéissant à la compassion. C est l'action fondée sur l'engagement plutôt que sur la compassion qui serait dénuée d'égoïsme dans ce sens. (Notons toutefois que l'existence de la compassion n'implique pas qu'une action utile pour autrui doive être fondée sur la compassion, au sens où l'action n'aurait pas lieu si Von ne tirait pas de réconfort du bien-être d'autrui. La compassion est, à certains égards, un concept plus facile à analyser que l'engagement. Lorsque le sens du bien-être que possède une personne dépend psychologiquement du bien-être d'une autre personne, c'est un cas de compassion ; toutes autres choses étant données, lorsque la personne prend conscience de l'amélioration du bien-être d'autrui, son bien-être en est directement amélioré. (Bien entendu, lorsque cette influence est négative, la relation devrait s'appeler « antipathie », mais on peut économiser le vocabulaire ce conserver le terme « compassion », en notant simplement que la relation peut être positive ou négative.) Tandis que la compassion met en relation des choses similaires — le bien-être de différentes personnes — l'engagement établit un rapport entre le choix et les degrés de bien-être escomptés. Une façon de définir l'engagement consiste à dire qu'une personne choisit une action qui, pense-t-clle, lui apportera un degré de bien-être personnel inférieur à celui que lui procurerait une autre action qu'elle pourrait aussi mener. Remarquons que la comparaison s'établit entre des degrés de bien-être escomptés, et cette définition de l'engagement exclut donc des actes contraires à l'intérêt personnel qui résulteraient simplement du fait que la personne n'a pas su en prévoir les consé- quences. La question est plus difficile lorsqu'il se trouve que le choix de la personne coïncide avec la maximisation du bien-être personnel qu'elle escompte, mais que cette maximisation n'est pas la raison de son choix. Si l'on veut s'autoriser cette possibilité, on peut élargir la définition de l'engagement pour inclure uploads/Sante/ id-6836.pdf

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  • Publié le Apv 03, 2021
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
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