COMMISSARIAT GÉNÉRAL AU DÉVELOPPEMENT DURABLE ECONOMIE ET EVALUATION DÉVELOPPEM

COMMISSARIAT GÉNÉRAL AU DÉVELOPPEMENT DURABLE ECONOMIE ET EVALUATION DÉVELOPPEMENT DURABLE Service de l’économie, de l’évaluation et de l’intégration du développement durable www.developpement-durable.gouv.fr n° 175 Octobre 2013 Pollution de l'air et santé : le coût pour la société Bien que la pollution de l'air ait considérablement diminué au cours des trente dernières années, elle reste élevée dans les grandes agglomérations et certains endroits favorables à l'accumulation de polluants comme les vallées et où elle touche une part importante de la population. Dans les zones urbaines, elle émane principalement des transports routiers et des bâtiments, résidentiels ou tertiaires (chauffage, production d'eau chaude). Cette pollution est à l'origine d'effets néfastes sur la santé humaine (décès, hospitalisations, ...). Les travaux menés par le CGDD montrent que le coût économique de la mortalité (décès prématurés ou années de vie perdues) et de la morbidité (nouveaux cas de bronchite chronique, journées d'activité restreinte, ...) est élevé pour la collectivité, entre 20 et 30 milliards d’euros. Ils font ressortir l'importance des politiques de lutte contre la pollution. Ils ont aussi permis d'estimer les bénéfices de la mise en place des normes « Euro » qui limitent les émissions polluantes des véhicules routiers, deux fois supérieurs aux coûts du dispositif (notamment coût des techniques de dépollution). Les transports routiers continuent néanmoins de générer d'importants coûts pour la société du fait de l'augmentation du trafic routier et d'une durée moyenne de renouvellement du parc supérieure à 15 ans. NB : un zoom est par ailleurs proposé dans l’article « Pollution de l’air et sante : les maladies respiratoires et le coût pour le système de soin », Le point sur n° 176, octobre 2013. méthodes permettent d'en quantifier les impacts sanitaires (cf. encadré 1). Ces méthodes utilisent un polluant particulier comme indicateur (ici les particules), même si cet indicateur n'englobe pas tous les effets sanitaires des autres polluants. L'exposition chronique à la pollution de l'air a des effets néfastes avérés sur la santé L'exposition des individus à la pollution de l'air aggrave la morbidité et induit une mortalité prématurée à travers notamment ses effets sur les systèmes respiratoires et cardiovasculaires (cf. tableau 1). Ces effets peuvent se manifester à court terme, suite à un pic de pollution (effets aigus). Mais ils se manifestent à des niveaux d'exposition plus bas lorsque cette exposition est prolongée (effets chroniques). C'est cette exposition chronique qui constitue aujourd'hui l'enjeu sanitaire le plus important. L'exposition chronique augmente le risque de décès (cf. tableau 2). En 1996, le nombre de décès attribuables aux particules PM10 (dont le diamètre est inférieur à 10 microns) s'élevait à 32 000, dont 55 % imputables au trafic routier. Ce nombre est encore La pollution de l'air peut être définie, selon la loi sur l'air et sur l'utilisation rationnelle de l'énergie (LAURE), comme l'introduction par l'homme, directement ou indirectement, dans l'atmosphère et les espaces clos, de substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine (seul cas étudié ici), à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les changements climatiques, à détériorer les biens matériels, à provoquer des nuisances olfactives excessives. Les polluants atmosphériques, se présentent sous la forme de gaz ou de particules. Ils font l'objet d'inventaires d'émissions qui permettent d'évaluer les quantités émises pour les différentes sources d'émissions (transports, résidentiel / tertiaire, industrie manufacturière, agriculture …), pour une zone géographique et une période de temps données. Malgré les spécificités de l'exposition à la pollution de l'air (caractère faible, chronique et large de l'exposition, temps de latence parfois long entre exposition et effets sanitaires, caractère multi- polluant de l'exposition) et des pathologies associées (caractère multifactoriel des pathologies), des Exemples illustratifs de maladies / symptômes Pathologies respiratoires Asthme, toux, rhinites, bronchites, bronchiolites chez les enfants, souffle court, douleur thoracique, cancer des poumons Pathologies cardio-vasculaires Infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux, angine de poitrine Pathologies du système reproducteur Baisse de la fertilité masculine, augmentation de la mortalité intra-utérine, naissances prématurées Tableau 1 : Principales pathologies associées à la pollution de l’air 2 | Commissariat général au développement durable – Service de l’économie, de l’évaluation et de l’intégration du développement durable Le Point sur | n°175 | Octobre 2013 plus élevé pour les particules fines (diamètre inférieur à 2,5 microns), il s'élevait à 42 000 en 2000. Ces chiffres sont les derniers disponibles pour la France, et sont cohérents avec les résultats d'études plus récentes mais qui ne couvrent pas toute la France, (cf. pour en savoir plus). Le nombre de cas de certains épisodes morbides (hospitalisations, nouveaux cas de bronchites chroniques,...) liés à l'exposition chronique aux particules est, lui aussi, élevé. Le coût sanitaire de la pollution de l'air peut être estimé Les impacts sanitaires liés à la pollution de l'air induisent des coûts pour la société : consultations médicales, achats de médicaments, réduction de l'activité quotidienne (y compris arrêt de travail), hospitalisations, décès prématurés… La mortalité (les décès, les années de vie perdues) et la morbidité (admissions hospitalières, bronchites chroniques, journées d’activité restreinte,…) ont été estimées sur la base de valeurs de référence issues de travaux français et européens (encadré 3). Ont ainsi été pris en compte non seulement les dépenses de soins et les pertes économiques du fait des arrêts de travail, mais également les coûts liés à la perte de bien être du fait de l’inquiétude, de l’inconfort ou encore de la restriction des activités de loisir ou domestiques (ces coûts non marchands étant plus difficiles à estimer). Les dommages sanitaires ont été estimés en mobilisant les résultats de deux études utilisant chacune un indicateur de pollution distinct : dans un cas, les particules PM10, et dans l’autre, les particules fines PM2,5. Selon l’indicateur retenu, les résultats diffèrent, mais se situent toujours à des niveaux élevés : le coût des dommages sanitaires se situe entre 21 et 24 Md€ pour les PM10 en 1996 ; entre 28 et 30 Md€ pour les particules fines, en 2000. La synthèse de ces travaux amène à chiffrer le coût de la pollution de l’air entre 20 et 30 Md€ (cf. graphique 1) selon l’indicateur retenu. Ce sont les décès qui représentent la part la plus élevée de ces dommages : entre 16 et 18 Md€ pour une exposition aux PM10 en 1996 et entre 20 et 22 Md€ pour les particules fines en 2000. Ces valeurs sont particulièrement sensibles à la valeur de référence de la vie statistique et de l'année de vie perdue (cf. encadré 3). Cette estimation reste confrontée à plusieurs incertitudes qu'il conviendra de réduire au fur et à mesure des progrès dans la connaissance : incertitudes associées à la quantification de la relation entre l'exposition et le risque associé (décès, hospitalisations,...) : le recours aux seules particules comme indicateur ne permet pas la prise en compte de tous les effets sanitaires. En raison des interactions potentielles entre les différents polluants dans l'air, il n'est pas possible d'isoler l'effet propre de chacun d'entre eux. Il n'est donc pas toujours possible d'additionner les effets sanitaires de chaque polluant. Cela revient à considérablement sous-estimer les impacts. Cette sous-évaluation est accentuée par la connaissance encore imparfaite des effets sanitaires à long terme de certains polluants (l'ozone par exemple).  incertitudes associées à l'évaluation des coûts non marchands compte tenu des méthodes utilisées et du faible nombre d'études disponibles en France. Des concentrations qui demeurent préoccupantes malgré une réduction des émissions Même si, depuis le début des années 1990, les émissions de particules se sont globalement réduites (graphique 2), les concentrations demeurent préoccupantes, en particulier dans les zones urbaines (graphique 3), du fait notamment des fortes densités de population et de la concentration des sources de pollution d’origine anthropique. Les concentrations Tableau 2 – Principaux impacts sanitaires de la pollution de l'air par les particules en France, selon deux méthodes différentes Impacts sanitaires Nombre de cas attribuables à une exposition chronique aux PM10, en 1996* Nombre de cas attribuables à une exposition chronique aux PM 2,5, en 2000** Mortalité (en nombre de décès prématurés) 32 000 42 000 Hospitalisations 34 000 13 000 Nouveaux cas de bronchites chroniques 37 000 21 000 Sources : (*) O. Chanel et al. « Monétarisation des effets de la pollution atmosphérique sur la santé de la population française : une approche européenne » ; (**) Clean Air for Europe (CAFE), 2005 - données arrondies Graphique 1 : Evaluation du coût sanitaire en France, par les PM10 en 1996 et les PM2,5 en 2000, (en Md€) Source : Calculs CGDD sur la base des valeurs de références du rapport Boiteux et des études européennes ExternE et Needs 0 5 10 15 20 25 30 rapport Boîteux Externe et Needs rapport Boîteux Externe et Needs particules PM10 particules PM2,5 4,8 10,9 6,4 10 16 12,8 21,3 19,8 mortalité morbidité Commissariat général au développement durable – Service de l’économie, de l’évaluation et de l’intégration du développement durable | 3 Le Point sur | n°175 | Octobre 2013 des particules apparaissent particulièrement élevées à proximité du trafic routier. C’est pourquoi des actions publiques uploads/Sante/ lps175-2.pdf

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  • Publié le Dec 06, 2022
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
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