Abelle Vinel et Jacques Pialoux Médecine de l’Ancienne Egypte et Médecine Tradi

Abelle Vinel et Jacques Pialoux Médecine de l’Ancienne Egypte et Médecine Traditionnelle Chinoise Conférence donnée au Congrès du R.E.F.S. (Registre Européen et Français de Sinergétique) à Aix-en-Provence le 31 octobre 2005 © Fondation Cornelius Celsus 1976 Erde - CH 2005 Médecine de l’Ancienne Egypte et Médecine Traditionnelle Chinoise Table des matières Médecine de l’Ancienne Egypte et Médecine Traditionnelle Chinoise 3 Introduction 5 Les Sources principales: Papyrus et Bas-Reliefs 7 Statut des Médecins 11 Mythes, Incantations et Magie 15 Anatomo-Physiologie I: Energétique 21 Anatomo-Physiologie II: Denderah 27 Anatomo-physiologie III: Haty et Ib 31 Facteurs pathogènes 35 Thérapeutique 39 Bibliographie 43 Introduction La médecine des anciens Égyptiens est celle sur laquelle nous possédons des documents authentiques remontant à plus de quatre millénaires. Elle jouissait d’une immense renommée et, comme le phare d’Alexandrie, elle illumina le monde antique: Cyrus et Darius appelèrent à leur cour les méde­ cins du Pharaon. Homère, Hérodote, Strabon, Diodore de Sicile en font men­ tion; Théophraste, Galien, citent des formules thérapeutiques égyptiennes. Au cours de cet exposé sur la Médecine égyptienne, nous verrons donc tout d’abord quelles sont les sources dont nous disposons à son sujet; puis, quels étaient la formation et le statut des médecins en Egypte antique. Nous appuyant sur ces données, nous aborderons l’anatomo-physiologie et, parallèlement, «l’énergétique» égyptienne en parallèle avec l’énergéti­ que traditionnelle chinoise. Enfin nous découvrirons les principaux facteurs pathogènes ainsi que les traitements appliqués aux malades tels qu’ils sont décrits dans la littérature médicale de l’époque. Cet ensemble est suffisamment vaste pour que nous ne puissions aborder l’aspect chirurgical de la médecine égyptienne, ce qui dépasserait d’ailleurs largement le cadre de cet exposé. Les Sources principales: Papyrus et Bas-Reliefs Lorsque l’on aborde la médecine égyptienne, les seules sources écrites dont nous disposons sont celles des papyrus médicaux rédigés pour la plupart en hiératique, la forme d’écriture des prêtres. Cependant quelques peintures murales, l’étude des momies, quelques ostraca ou encore certains bas-reliefs, en particulier ceux du plafond de la salle hypostyle du temple de Denderah, apportent un certain nombre de précisions ou de confirmations sur les connaissances des médecins égyptiens. Papyrus Ebers 8 MÉDECINE DE L’ANCIENNE EGYPTE Il semble qu’à l’origine, 42 livres de Thot Djehouty, l’Hermès Trismégiste grec, composaient une sorte de cosmologie, encyclopédie officielle religieu­ se, une «philosophie» regroupant les trois connaissances, Théologie, Astro­ logie et Médecine. Ils étaient conservés dans les bibliothèques des «Maisons de Vie», institutions de haut savoir situées à proximité des grands temples. Ces Maisons de Vie accueillaient des savants, des lettrés, des scribes, des prêtres-médecins, tous philosophes voués à la réflexion, à la recherche et à la méditation. D’après Clément d’Alexandrie, les six derniers des 42 ouvrages de Thot concernaient la science médicale; ils portaient les titres suivants: • De la constitution du corps humain • Des maladies • Des organes • Des médicaments • Des maladies des yeux • Des maladies des femmes Les ouvrages de cette bibliothèque n’existent plus depuis longtemps, mis à part la fameuse «Table d’Emeraude» d’Hermès Trismégiste et peut-être le «Shaï-en-sinsin» Livre des Respirations1 traitant de la réincarnation. Sans doute le «Livre des Morts» lui-même en provient-il également, ainsi qu’une traduction latine du «Logos teleios», le Discours parfait, dont l’original grec cité par Lactance (Div. Instit. VII. 18) a disparu: «Asclepius ou Hermetis Tris­ megisti Asclepius, sive de natura deorum dialogus. » Thot Djehouty Attribuée à Apulée de Madaure, cette traduction d’un dialogue entre Her­ mès et son disciple Asclépios, traite particulièrement de la nature de Dieu: «Aucune de nos pensées dit Thot-Hermès à son disciple, ne saurait conce­ voir Dieu, ni aucune langue le définir. Ce qui est incorporel, invisible, sans forme, ne peut être saisi par nos sens; ce qui est éternel ne peut pas être mesuré par la courte règle du temps: Dieu est donc ineffable. Il est la vérité 1 Texte, traduction et analyse par P .J. de Horrack - Ed. Klincksieck Paris 1877 et Arbre d’Or - Ge­ nève 2005 LES SOURCES: PAPYRUS ET BAS-RELIEFS 9 absolue, le pouvoir absolu; et l’immuable absolu ne peut être compris sur la terre…»2. Ce texte tendrait à prouver que les «Neterou» que nous consi­ dérons classiquement comme les «dieux» égyptiens ne sont sans doute pas des dieux, mais des attributs ou des expressions du Dieu unique; ils seraient alors à considérer en tant que Puissances de la Nature pouvant intervenir sur la santé des hommes. Papyrus Ebers On peut supposer qu’il demeure certains fragments des livres de Thot- Hermès repris dans les papyrus que nous connaissons. C’est d’ailleurs ce que pensait Ebers, un grand égyptologue du XIXe siècle, du papyrus médi­ cal qu’il acheta, en 1873, à un Arabe qui l’aurait trouvé 10 ans auparavant entre les jambes d’une momie. Il existe ainsi une quinzaine de papyrus médicaux dont le plus ancien est le papyrus de Kahoun rédigé vers 2000 avant J.C. Les plus importants d’en­ tre eux sont le papyrus de Berlin, le papyrus chirurgical Edwin Smith et le papyrus Ebers lui-même3. Conservé à Leipzig, daté de 1.550 avant J.-C, ce dernier papyrus, traité scientifique le plus complet que nous connaissions, comporte des copies de traités remontant au moins au début du troisième millénaire av. J.-C. Ces papyrus portent en général le nom de leur «découvreur», du lieu d’où ils proviennent ou encore du lieu où ils sont conservés. Il faut noter à ce pro­ pos que les auteurs des papyrus médicaux ne sont eux-mêmes jamais cités4. La rédaction des papyrus est le plus souvent attribuée à une transmission divine à laquelle chacun se réfère. C’est à Thot Djehouty, messager de Râ, «le scribe excellent, aux mains pures, maître de pureté, qui chasse le mal, qui écrit ce qui est exact5…» que 2 Cité par Ernest Bosc in Isis Dévoilée ou l’Egyptologie sacrée – Nice 1891 et Arbre d’Or – Genève 2005 3 Papyrus Ebers, transcription, translittération, traduction: Dr. Bernard Lalanne et Sylvie Griffon 2003. Les citations "Papyrus Ebers" qui suivent sont extraites de cet ouvrage. 4 La Médecine au temps des pharaons – p. 216 – Bruno Halioua 2002 5 Le Livre des Morts des Anciens Egyptiens (chap. 182).Trad. Paul Barguet. 1967 10 MÉDECINE DE L’ANCIENNE EGYPTE revient bien souvent cet honneur… Ou bien encore à Imhotep, «Grand mé­ decin des dieux et des hommes» qui vécut vers 2700 av. J.-C., sans doute à Memphis résidence du roi Djezer, deuxième pharaon de la troisième dynas­ tie. Imhotep fut déifié, nous dirions sans doute aujourd’hui canonisé, seize siècles plus tard. Vizir, grand prêtre d’Héliopolis, il fut également architecte de la pyramide à degrés de Saqqarah. Patron des scribes, magicien, guéris­ seur, il était le chef du clergé et des médecins de l’époque. Ceci nous amène tout naturellement à parler du statut des médecins et de leur formation dans l’Egypte antique. Statut des Médecins Trois types principaux de praticiens coexistent dans l’Egypte antique: • Les Ouabou, prêtres-médecins, médecins de la Cour du Pharaon • Les Sounou, médecins du peuple • Les Saou, magiciens, sorciers, rebouteux Les ouabou, prêtres exorcistes attachés au culte de Sekhmet ou à celui de Thot, soignent l’aristocratie et le Pharaon lui-même. La médecine que pratique l’ouab s’appuie sur la religion en même temps que sur les textes médicaux sacrés, car il tient de Dieu, de Râ et de ses Avatars, mais aussi de ses Neterou, les Puissances de la Nature, le pouvoir de guérir. Les sounou, les médecins du peuple, «médecins aux pieds nus», exercent auprès des plus humbles et tirent leurs connaissances des livres et de leur pratique empirique. Les saou, disciples de Serqet le Neter-scorpion, à la fois magiciens, sor­ ciers et rebouteux, luttent contre les puissances invisibles à l’origine des maux inexplicables ou contre les atteintes dues aux scorpions, aux ser­ pents… Ils soignent à l’aide de formules, d’incantations, d’amulettes... Formation des médecins D’après Hérodote6: «La médecine est, chez eux (les Egyptiens), divisée en spécialités: cha­ que médecin soigne une maladie, et une seule. Aussi le pays est-il plein de 6 Hérodote II, 84: Hérodote - traduction d'Andrée Barguet 1964 12 MÉDECINE DE L’ANCIENNE EGYPTE médecins, spécialistes des yeux, de la tête, des dents, du ventre, ou encore des maladies d’origine incertaine.» Diodore de Sicile écrivait de son côté: «Ils établissent le traitement des malades d’après des préceptes écrits, rigides et transmis par un grand nombre d’anciens médecins célèbres. Si, en suivant les préceptes du livre sacré, ils ne parviennent pas à sauver le ma­ lade, ils sont déclarés innocents et exempts de tout reproche. S’ils agissent contrairement aux préceptes écrits, ils peuvent être accusés et condamnés à mort.» Ainsi, même si les incantations et les amulettes, comme la croix de Vie Ankh, représentent une part importante de la médecine, celle-ci s’appuie sur l’utilisation de formules thérapeutiques précises utilisant particulièrement des minéraux, des plantes et des produits animaux. Nous allons en reparler dans un instant. En règle générale, l’approche médicale reste d’ordre pure­ ment symptomatique. Elle comporte un diagnostic, un pronostic d’affection curable – avec l’indication d’une formule thérapeutique – ou incurable, avec celle des incantations et amulettes à utiliser dans ce uploads/Sante/ medecineegyptienne-pdf.pdf

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  • Publié le Jul 21, 2022
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
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