Sur les traces d’Albert Schweitzer à Sarre-Union Plusieurs souvenirs concernant
Sur les traces d’Albert Schweitzer à Sarre-Union Plusieurs souvenirs concernant Albert Schweitzer me reviennent en mémoire. Habitant à côté de la pharmacie Mahler dans la Grand Rue á Sarre-Union, je me souviens, dans mon jeune âge avoir guetté une voiture devant chez moi d’où devait sortir notre grand homme, en visite chez le voisin. Ma mère, Présidente de la Croix Rouge et grande admiratrice de l’œuvre d’Albert Schweitzer, possédait une photo floue de cette journée mémorable mais que je ne l’ai pas retrouvée… La plupart des infirmières du centre de soins de la Croix Rouge parlaient de leurs souvenirs, à l’hôpital de Lambarené au Gabon où elles avaient travaillé pour le docteur Schweitzer. Notre voisin se dépensait sans compter, vendant des tableaux, des bustes, des portes clés pour financier les activités de notre grande figure alsacienne. Una place de Sarre-Union porte son nom et au Musée nous retraçons sa présence dans notre cité. Auguste, l’oncle péruvien. Albert Schweitzer est né le 14 janvier 1875 à Kaysersberg où son père était pasteur. Quelques mois après, la famille s’installa au presbytère de Gunsbach dans la vallée de Munster. Mais que vient donc faire Albert Schweitzer dans notre localité aux confins de l’Alsace? Il avait en fait de la parenté à Sarre-Union, Auguste Schweitzer. L’aîné des trois frères Schweitzer, l’oncle Auguste (1843- 1940) a très vite essayé de gagner sa vie. En 1868, el est engagé par Théodore Harth exportateur à Paris, il deviendra son associé en 1872. La Casa Théodoro Harth a ses principaux magasins au 27 et 29 Plateros de San Pedro à Lima au Pérou. Un particulier nous a remis une carte postale de sa collection provenant de Lima avec les portraits d’Emilio Harth (cela fait plus péruvien) et Raoul Fort ainsi qu’une vue du magasin. Cette carte postale est adressée à Henri Harth à Saar-Union le 14 février 1902. Le 19 avril 1902, Edouard Dommel s’adresse à son petit cousin Georges Harth (Georges Dommel, le père d’Edouard a épousé Henriette Harth, fille de Salomé Karcher et de Henri Harth qui fut maire de Sarre-Union de 1878 à 1891). En 1902, Georges Harth, le fils de Théodore Harth, doit procurer des costumes de grenadiers napoléoniens pour une fête des pompiers à Sarre-Union. Le courrier en réponse porte l’adresse « Ancienne Maison Théodore Harth et Cie, 50, rue du paradis Paris X ». La coiffure doit être un bonnet à poils avec plume rouge. C’est l’oncle Charles qui remettra le mandat à Georges. Par courrier du 20 mai, Georges Harth informe son cousin Edouard Dommel que sa maman a passé sa lettre à l’oncle Schweitzer, qui s’occupe de tout mais n’étant pas au courant de l’importance de la coiffe, il est allé chez un autre costumier sans la carte illustrée et lui a envoyé des casques au lieu des bonnets. Les grenadiers français pour la fête de 1902 avaient moins d’allure à cause de l’erreur d’Auguste Schweitzer. Au-delà de l’anecdote, nous découvrons à travers cette correspondance les liens de parenté qui unissent plusieurs personnes de notre localité à la famille Schweitzer et les sentiments très francophiles de notre capitaine des pompiers Edouard Dommel qui veut imposer le souvenir de l’Empereur en Alsace allemande. Dans un autre album de famille, nous avons trouvé le portrait de Ernie Gogelein et de son épouse. Les deux photos ont été réalisées à Lima après 1872. C’est l’ancien pâtissier de la localité, Jean-Claude Gogelein qui nous a indiqué qu’un des membres de sa famille avait travaillé au Pérou pour les Harth et il a mis à notre disposition de magnifiques documents. En fait, la mère d’Ernie Gogelein est née Harth. Louis Gogelein avait épousé Adèle Harth, fille de Nicolas Harth. Ernie Gogelein avec son épouse a travaillé pour les Harth plus de 30 ans au Pérou. Il fait venir son neveu Charles de Fénétrange qui travaille également pour les Harth á Lima de 1898 à 1906. Sur le certificat de travail de Charles Gogelein, établi le 17 février 1906, on découvre le logo de la maison Harth, un « bouc ». Rien d’étonnant pour un enfant de Bouquenom, né dans la cité aux boucs de choisir cet animal, mais en fait on attendait plutôt un lama à Lima. Charles fera par la suite le tour du monde mais comme dit Kipling, ceci est une autre histoire. Un autre enfant de Sarre-union est recruté par la firme Harth dans la même période pour travailler au Pérou. Il s’agit d’Edouard Haas, qui est engagé aux entrepôts de Lima. Il réalise pendant son séjour de nombreux dessins représentant des paysages d’Amérique du Sud. Il ne reviendra pas en Alsace annexée, et s’installera à son retour près de Valenciennes. Les Haas son également en famille avec les Harth et les Herrenschmidt. De tout, des ficelles aux cercueils… Les enfants de Sarre-Union forment un petit noyau d’expatriés après 1870 au Pérou. Ernie Gogelein et Edouard Harth ont travaillé avec Auguste Schweitzer après le décès de Théodore Harth. Mais que faisait-on exactement à Lima ? Quand on posait la question à Albert Schweitzer de ce qu’exportait son oncle, il répondait « De tout, depuis des ficelles jusqu’aux cercueils ». La Maison Harth importait d’Europe pour le Pérou, du parfum, des articles de Paris, de la bière, du cognac, du champagne… mais également de la quincaillerie, des vêtements, des sombreros, etc. Le mariage d’Auguste Schweitzer à Sarre-Union Après la mort de Théodore Harth, Auguste Schweitzer fut nommé tuteur de ses deux fils. Il était le beau-frère de son patron par le mariage avec Mathilde Hertlé dont la sœur Constance avait épousé Théodore Harth. Théodore Harth est le fils de Nicolas Harth, tanneur à Sarre-Union et de Catherine Bauer. Il est né à Sarre-Union en 1830. A l’âge de 39 ans, le 11 juin 1870, alors qu’il habite à Paris au 7, Boulevard du Prince Eugène, il retourne dans sa ville natale pour épouser Caroline Louise Constance Hertlé âgée de 20 ans, également née à Sarre-Union. Elle est la fille du docteur Conrad Hertlé de Sarre-Union et de Sophie Caroline de Langenhagen dont le père Charles est fabricant de chapeaux à Sarre-Union. Les deux frères de Théodore, Nicolas et Auguste, tous deux natifs de la localité sont ses témoins. Auguste Philippe Schweitzer né à Phaffenhoffen, négociant commis à Paris et habitant Boulevard Magenta s’est également marié à Sarre-Union le 11 juin 1874. Il épouse Sophie Frédéric Mathilde Hertlé, née à Sarre-union. Les témoins sont Georges Gerst de Pfaffenhoffen, le pharmacien Jacques Mahler, Nicolas Harth et le Docteur Edouard Dietz de Sarre-Union. Le grand-père d’Albert Schweitzer signe le registre de mariage ce jour-la. Les deux sœurs Hertlé se marient le même jour et le même mois à 4 ans d’intervalle. La Maison Harth de Sarre-Union. Mathilde Schweitzer, née Hertlé, passait ses vacances à Sarre- Union où Albert Schweitzer la rejoignait pour quelque temps. Un véritable cercle musical s’était organisé autour de la famille Harth, et Albert Schweitzer venait souvent accompagné d’amis, parmi lesquels, Gustave Bret, organiste et fondateur de la société Bach à Paris. Les Harth sont une vieille famille protestante de Sarre-Union dont les embranchements familiaux sont multiples. La plupart d’entre eux exerçait le métier de tanneur, ce qui ne les mettait pas au ban de notre société. Les maisons les plus belles et les plus cossues de Sarre-Union ont été construites par des tanneurs. C’est dans la maison Harth que le pasteur, puis le médecin Albert Schweitzer préparait ses cours de l’année universitaire et jouait beaucoup du piano. Le soir, sa promenade favorite et méditative était d’emprunter la petite route très pittoresque, qui mène à la localité voisine de Schopperten. Pour rentrer de Schopperten chez sa tante, il pouvait ensuite longer la voie de chemin de fer construite quelques années auparavant en 1872, et jouxtant la propriété familiale. Ce circuit était souvent emprunté par les jeunes de la localité au début du siècle, c’est du moins celui qu’empruntait mon grand-père à l’époque. Dans une lettre adressée à Monsieur Mahler le 26 janvier 1957. Albert Schweitzer écrit »Souvent je pense aux belles années que j’ai passées à Sarre-Union du 20 septembre jusqu’en novembre, dans la maison Harth. Mais je ne participais pas aux excursions des invités de la maison. Si souvent je me souviens de cet ancien temps, entre 1900 et 1912 ». Une période charnière. Il serait bon de savoir ce que devient notre prix Nobel alsacien pendant cette période de sa vie dans la pleine vigueur de son âge. En 1898, Schweitzer passe son premier examen de théologie pour obtenir son diplôme d’état. En décembre 1899, il est vicaire adjoint à l’église Saint Nicolas de Strasbourg. En 1900, lors de ses premières vacances à Sarre-Union, il est Docteur rn théologie. En 1902, il est chargé de cours à la faculté de théologie de Strasbourg. C’est cette année-là qu’il commence la rédaction de « Jean Sébastien Bach, le musicien poète » qui paraîtra en 1905. Nous pouvons rêver en imaginant que des pages de cet ouvrage ont été transcrites à Sarre-Union. Le 1er uploads/Sante/ sur-les-traces-d-x27-albert-schweitzer-a-sarre.pdf
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- Publié le Fev 23, 2022
- Catégorie Health / Santé
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