Fertilisation en Agriculture Biologique : de bonnes pratiques pour une gestion

Fertilisation en Agriculture Biologique : de bonnes pratiques pour une gestion durable Optimiser la fertilité des sols pour un système durable : des références nouvelles et des recommandations La gestion de la fertilisation en Agriculture Biologique est une problématique essentielle pour assurer la durabilité des modes de production, la qualité des produits et la protection de l’environnement. Le programme Fertiagribio a été mené par plusieurs équipes de l’INRA, l’ITAB, Arvalis-Institut-du-Végétal, le CREAB Midi-Pyrénées, le CTIFL, l’ENITA Clermont, l’Institut de l’élevage et l’ISARA Lyon. Il a permis la production de références sur la fertilisation en Agriculture Biologique. Crédit photos : Institut de l’élevage Connaître et prévoir la fertilité du milieu : Les pratiques et les règles de décision des agriculteurs au niveau de l’exploitation, de la gestion des matières fertilisantes et de la succession des cultures sont mieux précisées. Connaître et prévoir la disponibilité des éléments fertilisants : La fourniture des éléments fertilisants (N, P) en provenance de la matière organique du sol, des engrais et amendements organiques a été déterminée. Les effets des ré- sidus de récolte des précédents, ou des retournements de prairie ou des cultures de légumineuses sont pris en compte. Toutes les prévisions ont été effectuées pour dif- férentes situations pédoclimatiques et/ou systèmes de culture. Gérer les éléments fertilisants et proposer ou améliorer les outils d’aide à la décision : Des outils pour mieux gérer les rotations et l’utilisation des engrais et amendements au sein d’une rotation sont proposés. Ainsi, le paramétrage des modèles prédictifs de minéralisation de l’azote STICS et Azodyn-Org a été effectué avec les nouvelles données acquises sur les produits organiques. La mise au point d’indicateurs de fertilité adaptés aux situations en Agriculture Bio- logique peuvent permettre de mieux gérer les éléments fertilisants dans les systèmes de culture, notamment pour les systèmes prairiaux. Complexité de la fertilisation en Agriculture Biologique Par rapport à l’agriculture conven- tionnelle, la spécificité de l’Agri- culture Biologique réside dans une complexité des systèmes de culture qui font par exemple appel à une forte diversité des cultures générant ainsi des besoins et des restitutions en azote très diversifiés. Par ail- leurs, l’interdiction d’apport d’en- grais minéraux rend difficile la gestion de la fertilisation sur le court et le long terme. Mieux connaître les engrais et amendements organiques Les engrais (vinasse, soies de porc, farine de plume, guano…) et amendements (fumiers, composts…) organiques utilisés en Agriculture Biologique ne sont pas équivalents en terme de leur capacité à entretenir ou enrichir le stock en matière organique du sol et de leur comportement dans le sol vis-à-vis de la fourniture en azote minéral. Les teneurs en carbone et azote des produits sont très variables et apportent peu d’information sur leur biodégradabilité dans le sol. Les engrais organiques ont une proportion de composés solubles plus importante et une teneur en lignine/cutine plus faible que les amendements. Le rapport C/N reste un très mauvais indicateur de la fourniture potentielle en azote des produits. Les produits ont des potentiels et des dynamiques de minéralisation très variables Pour les engrais organiques, le processus de biodégradation est rapide et important. En règle générale et sauf exception, l’azote organique des amendements organiques sera peu disponible à court terme et va contribuer à moyen ou long terme à augmenter la capacité du sol à fournir de l’azote minéral à la plante (processus de biodégradation relié à la nature des matières organiques et/ou à la durée de compostage). Ctifl Christiane Raynal : raynal@ctifl.fr INRA de Reims Bernard Nicolardot : nicolard@reims.inra.fr Les résultats de ce programme concernent 3 volets complémentaires. Le mode de production (biologique ou conventionnel) n’affecte pas significativement les teneurs en phosphore total, minéral ou organique même après plusieurs décennies. Par contre, l’entretien de la fraction disponible pour les cultures doit faire l’objet d’une vigilance particulière dans les sols cultivés suivant les pratiques de l’agriculture biologique surtout pour les systèmes de production basés sur la seule polyculture (sans élevage). Phosphore : nécessité d’être vigilant sur le long terme en système sans élevage Les bilans des entrées et des sorties d’éléments minéraux (NPK) sont en moyenne plus équilibrés qu’en agri- culture conventionnelle. Ils sont cependant négatifs dans environ 20 % des cas. Les indicateurs de disponibilité du phosphore pour les cultures sont systématiquement inférieurs en agriculture biologique. Et l’écart entre agriculture conventionnelle et biologique augmente fortement avec l’antériorité de conversion en agriculture biologique. L’emploi de formes d’engrais phosphatés (phosphates naturels, phospal) particulièrement insolubles peut pa- radoxalement accentuer le déclin de la biodisponibilité du phosphore dans les sols neutres et basiques. Un signal d’alerte INRA Bordeaux Christian Morel : morel@bordeaux.inra.fr Un besoin de références sur la place des légumineuses dans les couverts prairiaux en AB Des indicateurs adaptés à toutes les situations d’agriculture biologique doivent être recherchés La production de matière sèche d’une parcelle et les indices de nutrition sont des indicateurs classiquement utilisés pour évaluer le potentiel nutritif d’un milieu et la satisfaction des besoins du couvert. En systèmes prairiaux biologiques, les indicateurs doivent prendre en compte : le fort taux de légumineuses dans le couvert Les parcelles en conduite biologique présentent un taux de légumineuse significativement plus important (14 % d’écart pour les parcelles de fauche précoce). Ces taux ne permettent pas d’utiliser les méthodes d’évaluation des satisfactions des besoins azotés dans leur domaine de validité. la fluctuation intra et inter annuelles de ces taux et la diversité des espèces impliquées. (Or aujourd’hui, la contribution des légumineuses aux fournitures du sol en azote est estimée à date fixe selon des réfé- rences élaborées sous couvert de trèfle blanc). ENITA Clermont Nathalie Vassal : vassal@enitac.fr Conduite de la fertilisation des sols en système d’élevage bovin Des nutritions satisfaisantes en potassium, sauf dans certains cas… Bonne nouvelle ! avec pour seul apport des amendements organiques (fumiers et composts), les sols d’élevage en agriculture biologique semblent généralement bien se porter ! Mais attention, à l’échelle de la parcelle, si le phosphore ne fait jamais défaut, la potasse peut être déficitaire. Ainsi les parcelles consacrées aux productions de fourrages qui n’ont pas été fertilisées dans les deux dernières années ont une biodisponibilité en potassium plus faible, quoique non catastrophique. Les exploitations d’élevage en agrobiologie sont peu consommatrices de concentrés et quasiment pas d’engrais organiques. La fertilisation de l’herbe et des cultures repose donc uniquement sur une valorisation optimale des matières organiques issues des animaux : restitution à la pâture, fumiers et composts. Attention néanmoins, sur certaines parcelles de prairies récoltées, l’herbe a faim ! Crédit photos : Institut de l’élevage En pratique Il est nécessaire de répartir les matières organiques sur chaque hectare de SAU au moins sur deux ou trois cam- pagnes afin d’éviter un appauvrissement de certains îlots de parcelles éloignées ou faisant l’objet de récoltes ex- clusivement. Cet appauvrissement peut être évalué en calculant des bilans P et K sur les îlots de parcelles. Lorsque le bilan est négatif en phosphore ou potassium sur trois ou cinq campagnes, il faut corriger les pratiques de répartition. Car si certains sols demeurent des « mines » de phosphore même après des décennies sans apport, le potas- sium, plus mobile, nécessite des apports plus réguliers. Institut de l’élevage Sylvie Hacala : sylvie.hacala@inst-elevage.asso.fr Optimiser la fertilisation en système de culture blé les cultures intermédiaires Les cultures intermédiaires sont le second levier pour gérer les ressources en azote. Elles permettent de limiter fortement le reliquat azoté en entrée d’hiver tout en le maximisant en sortie d’hi- ver. Ceci s’explique par la minéralisation des cultures intermédiaires et/ou par une perte plus faible de lixiviation durant l’hiver. le précédent cultural de légumineuse Le précédent cultural est le premier levier et sans doute le plus important à pren- dre en compte vis-à-vis de la disponibilité en azote. Cette disponibilité influe sur le rendement et la teneur en protéines des blés. Le précédent n’a pas la même valeur, fut-il de légumineuses à graines. Utiliser la féverole La féverole d’hiver laisse des quantités d’azote dans le sol en entrée d’hiver bien supérieures au soja. Résultats obtenus dans le cadre du programme : 120 kg d’azote/ha après féverole contre 65 kg d’azote/ha après soja Rendement supérieur de 7,1 q/ha après féverole Teneur en protéines du blé Renan supérieur de 0,6% après féverole La gestion intégrée des ressources en azote à l’échelle de la rotation est nécessaire Les fertilisants organiques : des effets confirmés Ils permettent un gain de la teneur en protéines Ils assurent une augmentation de la productivité et de la rentabilité de la culture sans préjudice pour l’environnement. (L’ effet du fertilisant sur le rendement n’est pas significatif lorsque les disponibilités en azote du sol sont importantes comme c’est le cas après féverole) Les vinasses de betterave présentent un CAU supérieur à celui des plumes hydrolysées. L’efficacité des plumes hydrolysées est rarement supérieure à 35%. Ne pas anticiper les apports organiques dès la sortie de l’hiver ( mauvaise valorisation de l’engrais par la culture). Apporter les engrais organiques rapidement minéralisa- bles (farines de plume, vinasse de betterave, soies de porcs) dès le début de la montaison. Combiner l’enrichissement par la uploads/Societe et culture/ ab3-fertilisation-en-agriculture-biologique.pdf

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