Apprendre à vivre-ensemble, un enjeu de cohésion sociale Mémoire de l’Institut

Apprendre à vivre-ensemble, un enjeu de cohésion sociale Mémoire de l’Institut de coopération pour l’éducation des adultes à la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles Novembre 2007 2 Production : ICÉA Daniel Baril, Chargé de projet aux politiques en éducation des adultes Révision : Dominique Ollivier, Directrice générale 3 Présentation de l’ICÉA L’Institut de coopération pour l’éducation des adultes existe depuis plus de 60 ans et a pour mission de promouvoir le droit et les possibilités d’apprendre pour toutes et tous, tout au long de la vie. Véritable carrefour, l’ICÉA anime des réseaux d’intervenants et d’individus issus de milieux divers (syndicats, entreprises, intervenants communautaires, enseignants, organismes d’éducation populaire, adultes en formation, etc.), afin d’accomplir sa mission et de faire progresser le Québec. Chef de file, l’ICÉA agit non seulement pour mais avec les adultes et contribue ainsi à accroître l’accessibilité et la participation des adultes à l’éducation et à la formation. Intérêt manifesté pour le sujet de la consultation La diversité culturelle et le pluralisme religieux font désormais partie des réalités du Québec moderne. Les flux migratoires des cinquante dernières années se sont modifiés et notre société est de plus en plus hétérogène. Cela lance, sous un nouveau jour, le défi de la cohésion sociale et des relations interculturelles harmonieuses. L’utilisation politique et médiatique de ce qui a été présenté comme le débat des accommodements raisonnables indique le désir manifeste du grand public de pouvoir s’exprimer sur ces questions. À cet effet, la Commission sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles marque une étape importante. Sur le plan international, on reconnaît de plus en plus le rôle que doit jouer l’éducation des adultes dans des contextes de diversité culturelle et de pluralisme. L’ICÉA souhaite faire valoir ce message dans le cadre des audiences publiques de la Commission. Les questions touchant la diversité des pratiques culturelles sont importantes. Cependant, nous aimerions apporter un éclairage différent à ses débats. Nous aurons certes, comme société, la responsabilité de trancher sur diverses questions telles la place de la religion dans l’espace public ou la meilleure façon d’éviter que les différences culturelles ne créent des catégories de citoyennes et de citoyens au Québec. Mais, à l’ICÉA, nous considérons qu’il faut aussi porter notre attention sur les conditions à créer pour favoriser des relations harmonieuses entre toutes et tous. En ce sens, la connaissance de l’autre et le développement des compétences citoyennes utiles à la vie en société sont définitivement des moyens à privilégier. C’est une question de maintien et de progression de la cohésion sociale. C’est pourquoi, nous désirons communiquer à la Commission l’importance de la prise en compte de l’éducation des adultes dans ses recommandations finales. 4 Résumé du mémoire En éducation des adultes, l’acquisition d’une formation de base et le développement de l’employabilité sont les priorités majeures des pouvoirs publics au Québec. Or, les sociétés se complexifient socialement et culturellement. Pour cette raison, les États de l’Union européenne ainsi que des organismes tels l’UNESCO et l’OCDE, portent une attention de plus en plus grande sur la contribution de l’éducation des adultes à la cohésion sociale et au vivre-ensemble. Selon les réflexions de ces derniers, l’apprentissage de compétences citoyennes serait désormais nécessaire pour assurer la cohésion sociale dans des contextes de diversité culturelle et de pluralisme. Dans cet esprit, il convient donc que la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles invite, dans son rapport final, le gouvernement du Québec à reconnaître la contribution de l’éducation des adultes à la cohésion sociale et au modèle d’insertion socioculturelle. Cette reconnaissance devrait être appuyée par quelques projets en matière d’éducation des adultes susceptibles, de donner des résultats tangibles. Premièrement, le Québec doit pouvoir compter sur une approche globale de l’éducation à la citoyenneté. Une telle approche devrait être incluse dans une nouvelle orientation de la Politique gouvernementale d’éducation des adultes et de formation continue. Deuxièmement, nous devons faciliter l’intégration des personnes immigrantes. Selon nous, il conviendrait de surmonter les obstacles qui limitent l’accès à la reconnaissance des diplômes acquis à l’étranger. Cette démarche devrait être complétée par un processus de reconnaissance des acquis expérientiels et de validation des compétences génériques transférables. Il faudrait également financer l’accès à la formation manquante identifiée à la suite de cet exercice de reconnaissance des acquis. En outre, il est primordial d’assurer l’accès à des services gratuits de francisation, selon les disponibilités des personnes immigrantes, en plus de donner aux services Immigration- Québec les moyens financiers et matériel pour accompagner adéquatement les nouvelles arrivantes et les nouveaux arrivants. 5 TABLE DES MATIÈRES INTÉRÊT MANIFESTÉ POUR LE SUJET DE LA CONSULTATION .................... 3 RÉSUMÉ DU MÉMOIRE ................................................................................................ 4 INTRODUCTION.............................................................................................................. 6 1. RECONNAÎTRE LA CONTRIBUTION DE L’ÉDUCATION ET DE LA FORMATION DES ADULTES À LA COHÉSION SOCIALE ................................... 8 2. L’ÉDUCATION DES ADULTES : UN APPORT STRATÉGIQUE À NOTRE MODÈLE D’INTÉGRATION SOCIOCULTURELLE................................................ 10 UNE VISION ARTICULÉE DE L’ÉDUCATION À LA CITOYENNETÉ ....................................... 11 L’ÉDUCATION DES ADULTES ET L’INTÉGRATION DES PERSONNES IMMIGRANTES ........... 12 CONCLUSION................................................................................................................ 13 LISTE DES RECOMMANDATIONS........................................................................... 15 BIBLIOGRAPHIE........................................................................................................... 16 6 Introduction La Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles est une occasion de se questionner sur la situation des relations interculturelles au Québec. Le document de consultation de la Commission nous invite à nous pencher sur « le modèle d’intégration socioculturelle qui a cours au Québec »1. On y propose aussi de prendre le « problème à sa source et sous toutes ses facettes »2. Il y a, dans ces réflexions, des questions importantes pour le développement social et culturel du Québec. Nous saluons l’initiative de la Commission d’ouvrir le débat de manière large, au- delà des questions de nature juridique associées aux accommodements raisonnables. Les défis de la vie en société, dans des contextes de diversité culturelle et de pluralisme, constituent des enjeux importants pour la cohésion sociale. La protection d’un climat social et culturel respectant les différences est une responsabilité individuelle et collective au cœur de la vie démocratique. Au-delà de nos différences, l’exigence du vivre-ensemble nous réunit toutes et tous dans un devoir commun d’égalité des chances et d’inclusion. Le document de consultation de la Commission aborde ces réalités, en soulevant les questions que posent la diversité3. C’est ainsi, sur le terrain de la cohésion sociale et du vivre-ensemble, que l’ICÉA situe sa contribution aux travaux de la Commission. Dans notre mémoire, nous n’abordons pas le sujet des différentes pratiques culturelles. Non pas parce que ce sujet n’est pas d’intérêt pour notre organisation, mais plutôt parce qu’à plusieurs occasions au cours des soixante dernières années, l’ICÉA a pris position pour la diversité, la tolérance et l’ouverture au monde. Nous défendons le droit à l’éducation pour la population adulte parce que nous croyons en la reconnaissance, le respect et la valorisation des compétences et de l’intelligence de chaque individu. Pour nous, le droit à l’éducation est une condition pour que chaque personne puisse se construire et s’épanouir, dans son rapport à elle-même, aux autres et au monde. Dans cette perspective, les pratiques culturelles sont une des manifestations des choix de vie des individus. Pour nous, défendre le droit à l’éducation, c’est prendre le parti de la diversité, tout en estimant que l’espace public commun doit être laïque. Défendre le droit d’apprendre, c’est aussi défendre le caractère unique de chaque personne et le droit de chacune et de chacun à l’égalité. C’est au nom de ce respect de la diversité que nous sommes pour la laïcité de l’État, question soulevée par la Commission. L’État se doit de nous représenter toutes et tous. 1 COMMISSION DE CONSULTATION SUR LES PRATIQUES D’ACCOMMODEMENTS RELIÉES AUX DIFFÉRENCES CULTURELLES. Accommodements et différences. Vers un terrain d’entente : la parole aux citoyens, document de consultation, p. V 2 Idem.. 3 Ibid., p.VI 7 Dans un contexte de pluralisme, il doit donc être neutre sur des choix aussi personnels que les croyances religieuses. Notre mémoire choisit toutefois de laisser à d’autres le soin d’arbitrer ce débat et répond à l’invitation de se pencher sur le modèle d’intégration dans un sens plus large. Enfin, notre engagement pour l’égalité, qui se manifeste dans notre défense du droit à l’éducation, est aussi un engagement pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Selon nous, la Commission ne doit d’aucune manière affaiblir les acquis obtenus en cette matière. En fait, ses recommandations doivent contribuer à leur progrès. Dans le cadre de la Commission, il nous apparaît pertinent de faire entendre un message portant plutôt sur les conditions qu’il faut créer pour favoriser des relations harmonieuses entre les citoyens et les citoyennes, au-delà de leurs différences culturelles. Pour l’Institut, le droit d’apprendre est l’une de ces conditions. Comme l’exprime une déclaration de l’UNESCO4 : « Le droit d’apprendre, c’est :  Le droit de lire et d’écrire,  Le droit de questionner et de réfléchir,  Le droit à l’imagination et à la création,  Le droit de lire son milieu et d’écrire son histoire,  Le droit de développer ses compétences individuelles et collectives. » Par rapport uploads/Societe et culture/ apprendre-a-vivre-ensemble-un-enjeu-de-cohesion-sociale.pdf

  • 22
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager