Capsule 6 : Les animaux dans les fables orientales de La Fontaine Depuis ses or
Capsule 6 : Les animaux dans les fables orientales de La Fontaine Depuis ses origines et depuis Ésope notamment, la fable met en scène des animaux qui parlent et les fait agir comme les hommes. Il faut y voir une source de plaisir et de fantaisie, mais aussi une volonté pédagogique : la fable doit instruire. Dès lors, l’animal sert à critiquer les défauts de l’homme et lui sert de miroir : il y a là une volonté satirique. Même s’il s’inscrit dans une tradition littéraire bien ancrée, il peut arriver que La Fontaine peigne un même animal victorieux dans une fable et victime dans une autre : le lion peut être magnanime puis sanguinaire ; l’âne faible et touchant puis égoïste et arrogant ; renard peut un jour se sauver par ses ruses de courtisan (cf VII, 1 et 6 ; VIII, 3) puis la perdre par excès de confiance en soi… La Fontaine utilise de nouveaux animaux, plutôt inattendus. Certaines créatures évoquent l’Orient : la gazelle, le perroquet, l’éléphant, cf par exple XII, 15. D’autres sont totalement nouvelles et il se plait à le souligner, cf XII, 13 : « Un Hérisson du voisinage Dans mes ers nouveau personnage » Cet anthropomorphisme-animaux qui agissent comme des hommes- participe de l’esthétique de la gaieté qui va de pair avec la fable. Aussi La Fontaine individualise-t-il ses personnages à la manière des héros : - majuscule pour le nom de l’animal ( Le Lion , Le Héron…) - nom propre : «Jean Lapin, Raminagrobis, Grippeminaud » (VII,15) ; « Le Chat Grippe fromage, Triste oiseau le Hibou… » - des titres particuliers : « un citoyen du Mans, Chapon de son métier » (VII, 21) ; « Dame Belette » (VIII, 22). La Fontaine mélange aussi le vocabulaire qui conviendrait aux hommes et celui qui convient aux animaux. Cela provoque des effets comiques qui servent également à souligner le côté artificiel de la fable et éloigne toute volonté de description naturaliste ou réaliste, comme dans VII, 15 : « Du palais d’un jeune Lapin Dame belette un beau matin S’empara ; c’est une rusée. Le Maître étant absent, la chose fut aisée. Elle porta chez lui ses pénates un jour Qu’il était allé faire à l’Aurore sa cour, Parmi le thym et la rosée. » Le monde des fables présente une société animale hiérarchisée. Elle est organisée selon la loi du plus fort, autrement dit la loi de la nature où certains dominent et où d’autres subissent. Cette hiérarchie propre aux animaux, qui semble préexister, préfigure le monde des hommes. Dans les fables de l’origine on trouve des animaux du désert ou de la jungle indienne : chacals, tigres… Sédentarisés, ils vivent dans une société et un état organisé. Le Bœuf, animal sacré et image de la force représente la figure royale. Mais en passant de l’orient à l’occident, le personnel animalier s’adapte : le chacal devient le renard, rusé et dangereux ; le loup, brute et animal méchant voit se retourner contre lui toutes les angoisses qu’il a lui-même suscitées dans les villes et les campagnes ; le lion occupe bien sûr le trône royal (le bœuf n’a en effet rien de sacré dans notre civilisation). Les oiseaux étaient très nombreux dans la mythologie orientale sont également utilisés dans la fable occidentale : perdrix, pigeons, perroquets, hirondelles, aigles…dont la signification variera en fonction des traditions populaires locales. La morphologie des animaux et leur comportement servent à leur attribuer un caractère et une fonction dans le monde de la fable. Leurs traits physiques et moraux produisent la reconnaissance spontanée de similitudes humaines. Ainsi dans ce second recueil, le poète dénonce la cruauté de l’homme, son goût de la violence et de la destruction. Dans l’homme et la couleuvre, c’est l’animal qui est chargé du réquisitoire : Mes jours sont en tes mains, tranche-les : ta justice C’est ton utilité, ton plaisir, ton caprice ; Selon ces lois condamne-moi ; Mais trouve bon qu’avec franchise En mourant au moins je te dise Que le symbole des ingrats Ce n’est point le serpent, c’est l’homme. » Le second recueil des fables dans son traitement du travestissement animalier apparaît de façon singulière. La Fontaine étudie les rapports entre l’humain et l’animal sous un angle différent, son regard est plus pessimiste sur le comportement bestial de l’homme. On peut alors se demander comme ce paysan du Danube (XI, 7) : « Quel droit (nous) a rendus maîtres de l’Univers ? » Par cette confrontation entre l’homme et l’animal, La Fontaine essaie de montrer la voie de la sagesse uploads/Societe et culture/ capsule-6-les-animaux-dans-la-fable 1 .pdf
Documents similaires
-
16
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jui 14, 2021
- Catégorie Society and Cultur...
- Langue French
- Taille du fichier 0.0485MB