LE DIFFUSIONNISME EN ANTHROPOLOGIE INTRODUCTION - Une réaction face au postulat

LE DIFFUSIONNISME EN ANTHROPOLOGIE INTRODUCTION - Une réaction face au postulat évolutionniste A partir des années 1880, des anthropologues britanniques, allemands et américains remettent en cause la dimension positiviste de l'évolutionnisme et sa compréhension de la diversité des cultures. RAPPEL DES TROIS POSTULATS EVOLUTIONNISTES – Toute civilisation passe indéniablement par des stades de développement préétablis. – Il y a convergence des stades dans la mesure où les hommes possèdent le même potentiel intellectuel (idée d'égalité biologique). Les mêmes traits culturels peuvent être inventés à des endroits et des moments différents selon l'histoire propre à chaque culture. L'homme possède un potentiel que les circonstances sont à même de révéler en fonction des événements. – Les milieux naturels expliquent en grande partie le fait que certaines civilisations éloignées les unes des autres en soit au même stade d'évolution. (influence du milieu sur l'homme). Ce que l'on nomme le parallèlisme. L'évolutionnisme a eu comme projet d'appliquer aux sciences humaines le modèle des sciences naturelles même si comme nous l'avons vu précédemment, l'idée essentielle, celle de la lutte pour la survie, est une idée de la philosophie sociale premièrement (CONDORCET écrit au XVIIIème siècle). Face à ce déterminisme radical, certains anthropologues vont proposer une autre analyse : les sociétés, en contact les unes avec les autres s'empruntent mutuellement des traits culturels. Elles diffusent selon un schéma qui sera à établir, l'ensemble des traits culturels, en se basant notamment sur la critique du darwinisme social établit par Pierre KROPOTKINE, en 1902, qui démontre que la compétition n'est pas le seul critère pour déterminer le niveau culturel des civilisation. Ce ne sont pas forcément les cultures les plus fortes qui réussissent le mieux. L'empathie peut également expliquer la réussite de certaines sociétés sur d'autres. Quoi qu'il en soit, tout comme leurs homologues évolutionnistes, les anthropologues partisans du diffusionnisme veulent expliquer la variations des sociétés et des cultures par l'histoire. On passe en quelque sorte de la question : Pourquoi les cultures sont-elles différentes à la question comment ces différences se sont-elles réalisées ? A la question de l'histoire recomposée s'ajoute la question de la géographie. 1 I« L'école germanique » (Vienne-Berlin) Les germaniques sont intéressés par les questions de migration. Importance de l'école de géographie. Les migrations expliqueraient alors les diffusions des traits culturels. Il s'agirait d'un processus civilisateur essentiel. En migrant les cultures se seraient empruntées les traits culturels et les auraient diffusées. Quelques diffusionnistes germaniques RATZEL : (1844-1904) Le fondateur de l'école germanique. Il est géographe et aura une forte influence sur Franz BOAS (américain) FROBENIUS : Il est à l'origine du concept de kulturkreissen (cercles culturels). L'idée est qu'il existe des centres de diffusion des traits culturels. A partir de ces centres se seraient diffusés les traits. Ainsi, la Méditerranée aurait ainsi influencé les civilisations d'Afrique. QUE DIFFUSE T-ON ? - Diffusion des techniques - Diffusion des idées - Diffusions des institutions QUELS SONT LES CRITERES DE DIFFUSION ? Besoin, spontanée, obligation. (rôle de la guerre) c'est WISSLER qui a insisté sur cette typologie DANS QUELLE MESURE LES TRAITS CULTURELS SONT-ILS DIFFUSES ? Diffusion totale (de tous les traits d'un phénomène ou d'une technique), diffusion partielle (d'une partie d'un trait), diffusion transformée (trait culturel adopté et transformé par une culture) diffusion du principe sélectionnée par la culture receveuse (c'est KROEBER qui insiste) Insistance sur le rôle des individus et non de sociétés impersonnelles. L'homme aurait tendance a plus emprunter qu'à inventer. Principe anthropologique subjectif à la base de la pensée diffusionniste. Il faut donc repérer les cercles culturels en observant ce qui demeure de la diffusion d'une société émettrice dans une société réceptrice. Le Père SCHMIDT (1868-1954) travaille sur les pygmées : l'idée de Dieu (monothéiste) serait présent dans toutes les sociétés. (Idée encore défendue par certains chrétiens) ==> Cela corrobore l'idée de la chute d'Adam. L'école germanique ne tient pas compte des distances parcourues par les sociétés réceptrices. 2 II L'hyper-diffusionnisme anglais ELLIOT-SMITH et PERRY En Angleterre, au début du XXè siècle, le diffusionnisme prend une forme particulière. Il est fondé sur le fait que toute idée de développement autonome est imossible. L'Egypte serait le centre de diffusion de toutes les cultures existant sur Terre. Ils voient des pyramides « partout », des momies partout (tibia sacré en Afrique, terte de l'ohio aux USA....). Cette école de pensée ne survivra pas aux deux excentriques anthropologues britanniques qui voulaient redorer le blason de l'ANGLETERRE, alors pays colonisateur de l'Egypte ! III Le diffusionnisme et l'anthropologie américaine Cas à part. Place de Franz BOAS (1858-1942), plus qu'un simple théoricien du diffusionnisme. Il travaille en Allemagne sur les esquimaux puis chez les indiens. Il parle d' évolution culturelle ==> AUCUN EVENEMENT SE PASSE DANS LA VIE D'UN PEUPLE SANS PRODUIRE DES EFFETS SUR LES GENERATIONS QUI LES SUIVENT. Problème : comment distinguer à l'intérieur de deux cultures ayant des traits culturels identiques l'origine psychique (convergence c'est-à-dire la capacité d'invention de chaque être humain que reconnaît BOAS contrairement aux diffusionnistes allemands) du trait ou l'emprunt culturel ? Il y a deux postulats de base . Chaque culture possède un nombre de traits particuliers susceptibles de passer à une autre culture. . Les traits culturels ne se diffusent pas seul, isolément mais en traits liés faisant sens : c'est le principe de complexité. BOAS prend l'exemple des contes : il parle de thèmes, de séquences. Principe de l'aire culturelle : dans un même espace on retrouve des éléments communs. Tous les éléments se retrouvent dans une culture donnée : on aura ainsi repéré le centre de diffusion et les périphéries (plus elles sont éloignées, moins les traits identiques sont nombreux). Il y a des ajouts et des pertes, Il faut en reconstituer la chronologie. On retrouve le temps (l'histoire de la culture) PAR l'espace (l'espace de diffusion plus ou moins étendu : plus les distances sont grandes entre un trait culturels du centre et son adoption par une culture de la périphérie, plus il aura fallu du temps pour le diffuser). Le trait est toujours réinterprété en fonction des BESOINS (exemple des navajos et des pueblos : les premiers ont la même cérémonie pour guérir, les deuxièmes l'ont pour les bonnes récoltes). Similitude de fond, différence de forme Pour Edward SAPIR (ethnolinguiste américain): un élément simple est ancien. C'est la SERIATION CULTURELLE. L'élément le plus étendu dans sa diffusion est le plus ancien. On détermine ainsi des Aires chronologiques. Le Travail de WISSLER sur la 3 poterie des Indiens d'Amérique illustre cette théorie. Pour ce dernier, toute culture possède ses propres traits culturels, sa spécificité : l'universalité prônée par les évolutionnistes est rejetée (les évolutionnistes ne voient les cultures qu'en fonction de stade mais ne reconnaissent aucune spécificité des cultures). Il faut donc noter tous les détails des sociétés car chaque détail est un indice de la spécificité culturelle. C'est la méthode inductive (généralisation après observations multiples). BOAS dépasse le simple diffusionnisme car : – alors que les diffusionnistes s'intéressent aux traits culturels pour eux-mêmes (diffusion de tel ou tel), BOAS va chercher à comprendre sa place dans le système global de la société en question. – Cette étude du global doit être faite également pour les cultures voisines (repérer leur diffusion) – cela permet de déterminer les causes : historiques (quand ?) mais aussi (nouveauté) psychiques dans la mesure où les transmissions s'adaptent en fonction des cultures, comme il l'a montré chez les ZUNIS par exemple qu'il étudie en 1896. Ces différences s'expliquent selon lui par le processus psychique inhérent à chaque culture. (adapter, rejeter, transformer...) – Insistance sur l'adaptation au milieu ; anthropologie écologique. Il est géographe et il admire RATZEL et l'école de géographie allemande. Il donne à l'anthropologie américaine sa dimension culturelle voire culturaliste, c'est-à-dire l'insistance de la production culturelle poue expliquer le fonctionnement et le sens d'une culture. Conclusion Le diffusionnisme n'est pas une théorie, c'est-à-dire qu'il n'a pas comme projet de donner un sens au monde en se basant sur des idées préétablies ; C'est plutôt une explication de la diversit culturelle et de l'unité de l'homme en tant que principe universel. LA DIFFUSION EST CREATION AUTANT QU'EMPRUNT. Concept d'innovation : on peut innover en inventant ou en imitant. (exemple de la cravate dans les sociétés occidentales) La diffusion fait appel à la causalité interne comme à la causalité externe La similitude qui est la base de la réflexion diffusionniste doit être remplacée par la notion d'affinité car les mécanismes psychiques qui illustrent le fait de diffusion sont très complexes et variés : ils interdisent en définitive toute généralisation d'un processus très souvent supposé et peu démontré. Par manque de preuves historiques et archéologiques, le diffusionnisme n'est qu'hypothétique. C'est aussi un historicisme. Bilan positif : - Le diffusionnisme rapproche du terrain l'anthropologue. 4 Le diffusionnisme relativise les différences entre sociétés avec et sociétés sans histoire : Grande avancée idéologique. Le diffusionnisme insiste sur les dynamiques de l'acculturation (porte ouverte à d'autres anthropologies) La diffusion est parfaitement légitime, mais son interprétation ne doit pas se faire pour elle-même. L'anthropologie du développement sera uploads/Societe et culture/ diffusionnisme.pdf

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