Dynamique de la fonction identitaire des représentations sociales entre deux cu

Dynamique de la fonction identitaire des représentations sociales entre deux cultures Anuario de Psicología, vol. 39, nº 2, septiembre 2008, pp. 249-268 © 2008, Universitat de Barcelona, Facultat de Psicologia 249 Anuario de Psicología 2008, vol. 39, nº 2, 249-268 © 2008, Facultat de Psicologia Universitat de Barcelona Dynamique de la fonction identitaire des représentations sociales dans le cas d’une rencontre entre deux cultures Anne-Marie Mamontoff Université de Perpignan Via Domitia, France Este estudio muestra el papel desempeñado por la representación social del trabajo en el mantenimiento de la identidad gitana, cuando los gitanos se encuentran confrontados a nuevas prácticas de trabajo asalariado que entran en contradicción explícita con su sistema de valores. El marco teórico viene dado por el modelo del núcleo central (Abric, 1994). Los resultados muestran : 1) que en el caso de las mujeres hay una transformación masiva de la representación del trabajo debido al impacto de un nuevo tipo de relación (o nuevas prácticas) con el medio ambiente sin que haya una evolución del núcleo central o de las “mentalidades”; 2) que en el caso de los hombres, hay una práctica de trabajo asalariado sin que se dé una transformación de la representación del trabajo. Palabras claves: representaciones sociales, núcleo, identidad, nuevas prácticas, gitanos. Dynamics of the identity function of the social representations in the case of a meeting between two cultures This study examines the role played by the social representation of work in the maintenance of the identity of Gypsies, when they are confronted with new wage practices that explicitly clash with their system of values. The theoretical approach is based on the central core model (Abric, 1994). The re- sults highlight: 1) in women, there is a massive transformation of the repre- sentation of work due to the impact of a new type of relationship with the envi- ronment (new practices), but there is no evolution of mentalities (the central core); and 2) in men, there is an acting out of the wage practice without any transformation of the representation of work. Key words: social representations, central core, identity, new prac- tices, gypsies. Correspondencia: Anne-Marie Mamontoff. Département de Sociologie. Faculté des Lettres et des Sciences Humaines. Université de Perpignan Via Domitia, 52 avenue Paul Alduy. 66860 Perpignan cedex. France. Correo electrónico: anne-marie.mamontoff@univ-perp.fr Original recibido: mayo 2007. Aceptación final: febrero 2008. A-M. Mamontoff Anuario de Psicología, vol. 39, nº 2, septiembre 2008, pp. 249-268 © 2008, Universitat de Barcelona, Facultat de Psicologia 250 La longue sédentarisation des Tsiganes à Perpignan les a contraints à dé- velopper des modes de survie adaptés à l’environnement. Alors que seule une minorité d’hommes a une activité salariée, l’ensemble des femmes contribue largement à faire vivre la communauté à partir de nouvelles pratiques sociales. On constate alors une modification considérable de la représentation du travail chez les femmes, ce qui n’est pas le cas chez les hommes. Pourtant la trans- formation observée ne traduit pas un rapprochement vers la modernité, mais met en lumière l’une des fonctions essentielle des représentations sociales: celle destinée au maintien de l’identité du groupe et de la distance sociale au hors-groupe. Nous sommes ici dans le cas d’une rencontre entre deux groupes sociaux (Tsiganes et non-Tsiganes) qui attribuent un sens diamétralement opposé à l’objet social «travail » et à la pratique qu’il véhicule. L’individualisme, l’in- dépendance vis-à-vis du groupe d’appartenance, la réussite personnelle, écono- mique et sociale sont des critères associés à la valeur «travail» dans la société d’accueil. A l’opposé, chez les Tsiganes, le travail joue un rôle fondamental car il est orienté vers le développement et le maintien de la cohésion groupale, essentielle celle-ci à la définition de soi. Le développement théorique est axé, d’une part, sur le rôle du noyau central et de la fonction identitaire dans la stabilité des représentations sociales et, d’autre part, sur l’impact des pratiques sociales sur la flexibilité des représentations. La stabilité des représentations sociales Les représentations sociales sont des activités mentales de construction, voir de reconstruction, de la réalité que les groupes élaborent à propos des objets sociaux. Ces processus de reconstruction se font à l’intérieur des grou- pes sociaux ayant chacun des caractéristiques singulières et donnent lieu à des représentations spécifiques (Poeschl, 2003). Elles recouvrent un ensemble de connaissances, de croyances, d’opinions, d’attitudes qui sont produites collec- tivement et donc partagées par les individus d’un même groupe social. «Les représentations sociales constituent une modalité particulière de la connais- sance, généralement qualifiée de “connaissance de sens commun” dont a spé- cificité réside dans le caractère social des processus qui la produisent» (Gui- melli, 1999, p. 63). Elles sont cristallisées dans la mémoire collective et participent de l’identité des groupes sociaux. «Les souvenirs des évènements collectifs du passé servent aussi à la définition du soi social des personnes: faire partie d’un groupe national, ethnique ou professionnel, implique de par- tager un ensemble de représentations sociales sur le passé du groupe» (Des- champs, Paez et Pennebaker, 2002, p. 247). Ainsi, les représentations sociales ne sont pas de simples processus de traitement de l’information qui résument les données, elles reflètent des consensus durables entre les individus (Rou- quette, 1997) qui traversent l’histoire. Il sera donc question, d’une part, des caractéristiques du noyau central (Abric, 1994) et, d’autre part, de l’une des fonctions propre aux représentations sociales: la fonction identitaire. Dynamique de la fonction identitaire des représentations sociales entre deux cultures Anuario de Psicología, vol. 39, nº 2, septiembre 2008, pp. 249-268 © 2008, Universitat de Barcelona, Facultat de Psicologia 251 Le noyau central Nous voici au cœur des représentations sociales en tant que systèmes si- gnifiants, notamment par ce qui est exprimé dans le noyau ou le système cen- tral. Celui-ci permet l’enracinement dans les mémoires collectives des signifi- cations les plus persistantes et les plus partagées d’un groupe social relativement à un stimulus ou objet social. «Le système central, structurant les cognitions relatives à l’objet est le fruit des déterminismes historiques, symbo- liques et sociaux auquel est soumis le groupe social» (Moliner, 1996, p. 61). Il constitue la partie la plus abstraite et la plus résistante de la représentation. C’est le noyau qui remplit dans la représentation la fonction signifiante «...c’est au noyau que l’on peut attribuer les spécificités des significations qu’un groupe attache à un objet social » (Moliner, 2001, p. 28). Il constitue la base commune de la pensée, celle-ci pouvant alors se définir comme «pensée sociale». La notion de connaissances partagées se trouve ainsi précisée et éclairée: «...ce qui est partagé, c’est d’abord, fondamentalement, le noyau» (Rouquette, 1997, p. 132). Il est donc le lieu de consensus et ne se discute pas à l’intérieur du groupe. «Ainsi, chaque membre du groupe “voit les choses” à peu près de la même façon et il assure, de ce fait, un rôle capital du point de vue social» (Guimelli, 1999, p. 81). Le noyau est marqué par l’idéologie du groupe, celle-ci conçue comme un ensemble de valeurs spécifiques. En effet, une partie de son contenu se réfère à la mémoire du groupe et peut être envisagée comme re-présentation du passé. Ces représentations sociales du passé inscrivent dans les mémoires collectives les valeurs et les normes auxquelles les membres du groupe se rattachent et par lesquelles se définit le consensus. «...les représentations so- ciales sont fortement marquées par leur inscription dans un processus temporel et historique. Le contenu social d’une représentation résulte donc, entre autres, de ce que Grize, Vergès et Silem (1987) appellent les “matrices culturelles d’interprétation”. Ces matrices mettent en œuvre un cadre culturel de connais- sances et de comportements...» (Abric, 1994, p. 220). Ceci fait que le noyau résiste à ce qui pourrait le mettre en cause. «Cette propriété est fondamentale sur le plan social. En effet, elle empêche que des bouleversements profonds interviennent dans l’univers cognitif du sujet à chaque fois que son environ- nement physique ou social vient interroger, à un niveau ou à un autre, sa façon de penser» (Guimelli, 1999, p. 81). A partir de là, on comprendra aisément que le noyau central, en tant que mémoire du groupe où se cristallisent ses valeurs et ses normes, détermine les prescriptions et les interdits. «A l’intérieur d’un univers culturel donné, on ne peut pas percevoir le monde n’importe comment: la perception opère dans cet univers selon des conventions bien précises...» (Vinsonneau, 1997, p. 80). Dans le cas d’une cohabitation entre deux groupes sociaux, aux systèmes de valeurs différents, un même objet social peut ne pas avoir la même signifi- cation. Nous voici confrontés à la fonction identitaire, qui contribue également au maintien de la stabilité des représentations sociales. A-M. Mamontoff Anuario de Psicología, vol. 39, nº 2, septiembre 2008, pp. 249-268 © 2008, Universitat de Barcelona, Facultat de Psicologia 252 La fonction identitaire Les représentations sociales remplissent différentes fonctions; nous n’abor- derons que la fonction identitaire, celle de construction et de renforcement de l’identité du groupe social. Selon Abric (1994), la fonction identitaire est gé- néralement énoncée et rarement démontrée. Elle contribue à la stabilité des représentations sociales. «...la théorie du uploads/Societe et culture/ dynamique-de-la-fonction-identitaire-des-representations.pdf

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