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Fiche de lecture d'Anthropologie – SED Yann JOUAN Nous nous proposons ici de travailler sur le texte de Jean-Baptiste Eczet, Des hommes et des vaches, L’attachement entre les personnes et leurs bovins en pays Mursi, Anthropologie et Sociétés, Volume 39, n°1–2, 2015, p. 121–144. Il s'agit d'un article d'une revue scientifique, édité par l'université Laval qui a pour but de promouvoir l'anthropologie au Québec. Jean-Baptiste Eczet est un Anthropologue Français, doctorant à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. Dans cet article, il nous présente sa recherche auprès du peuple Mursi du Sud-Ouest de l'Ethiopie. L'auteur se propose d'étudier la relation entre bovin et propriétaire de celui-ci en pays Mursi et de montrer comment cela contribue avant tout à favoriser les relations interpersonnelles au sein de cette société. Dans un premier temps, Eczet nous invite à considérer la place à la fois économique et symbolique du bovin chez les Mursi. Il y a en effet d'une part une interdépendence nécessaire entre homme et bovin, et d'autre part une place très forte de ce dernier dans le symbolisme imprégnant les aspects sociaux et religieux de la culture Mursi. Il nous décrit ensuite des aspects plus subtils de la relation individu-bovin. Les Mursi, dans leur manière de vivre et leurs rituels, ne cherchent pas tant à exprimer une identification avec leurs animaux, mais plus à affirmer leur rôle en tant que pasteur. Les expressions esthétiques sont donc un moyen intermédiaire d'exprimer leur relation forte avec les bovins, sans pour autant se considérer eux-mêmes comme des "hommes- bovins". Il se développe cependant chez les Mursi une relation extrêmement affective pour les bovins auquels ils sont liés. En effet, lorsqu'ils sont en âge de le faire, les Mursi se lient à un bovin pour toute la durée de vie de celui-ci. On leur donne alors un nom qui se définit par la couleur de la robe de l'animal. Un individu est donc caractérisé plus part sa relation avec son bovin que son individualité propre. Mais aussi, et surtout, la relation d'une personne envers son bovin est un pont vers les relations humaines. Les interactions des Mursis avec les autres personnes s'appuyent sur leur relation avec les bovins et sont très influencées par celles-ci. Elles s'expriment en s'appuyant sur les caractéristiques des bovins , celles-ci étant les plus à même d'exprimer ce qu'ils souhaitent transmettre et avec lesquelles les Mursi sont très familiarisés. Comme évoqué dans son tableau récapitulatif : "Figure 1 : caractéristiques contrastives des relations entre personnes et entre pasteur et bovin nous indique le contraste ♂/♀ Bovin dit «bœuf favori » ", Eczet met en valeur les contrastes entre les relations interpersonnelles et les relations entre hommes/femmes et bovins. Il montre comment ces relations se complètent, et permettent l'espace à l'autre afin que chacune puisse être vécue. En raison de l'attachement fort des Mursi pour leur bétail, la mise à mort de celui-ci, qui est sa destinée, est douloureuse pour son propriétaire. Le sacrifice du bétail est un événement important, qui met fin à une relation de longue date. Cependant, tout ce qui à été créé à travers cette relation, que ce soit les autres relations humaines, les chants, les danses qu'il a inspirés... sont toujours présents, et constituent une expérience de vie riche et enrichissante. Cette étape marque également un renouveau, et relance le processus par lequel les relations sont créées dans la société des Mursi. Pour conclure, je dirais que cet article m'a été instructif dans le sens où il m'a permit de considérer autrement la relation que l'on peut avoir par rapport à un animal. Bien que j'avais déjà le sentiment qu'une relation forte et porteuse d'apprentissage puisse exister entre une personne et son familier, je ne l'envisageait pas comme étant capable de devenir la fondation d'un système social. Est-ce que la relation affective développée par les Mursi avec leur bovin ne serait-elle pas un type de relation qui fait défaut dans la société occidentale actuelle ? uploads/Societe et culture/ fiche-de-lecture-sed-yann-jouan.pdf