1 Sociologie I. La sociologie, une discipline interprétative • La sociologie es

1 Sociologie I. La sociologie, une discipline interprétative • La sociologie est une science sociale ou historique (= dont les éléments observables ne peuvent pas s’auto-observer) • Les sciences sociales ont un statut à la fois général et particulier : v Statut général = ce sont des sciences parmi les autres (qui prétendent décrire la réalité et établir des vérités) v Statut particulier = leur objet est toujours accessible à tous (ex : la société, la population) • Horkheimer établit une distinction entre : v Sciences appartenant au présent historique > théorie traditionnelle (= on n’en tire pas de conséquence) v Sciences thématisant ce présent en le transformant en objet de connaissance > théorie critique • La sociologie, une discipline spécifique : v Elle s’occupe de faits, observe des phénomènes v L’objet de connaissance étudié est le contexte dans lequel tout le monde évolue > suppose une démarche particulière (en tant que science) v Il ne s’agit pas de juger, justifier ou d’améliorer notre monde mais de le décrire pour saisir l’impact de nos actions sur le réel > l’objet de la sociologie porte sur ce que la société est et non sur ce qu’elle devrait être v La sociologie est donc : Ø Une discipline (= structure particulière de la science) Ø Un objet spécifique (= la société) Ø Une méthode (= une démarche et des techniques) • La sociologie est avant tout un regard, un point de vue explicite sur la réalité sociale : v Durkheim : il s’agit de voir les faits sociaux comme des choses analysables (et non pas comme des actions à accomplir) v C’est pour cela que les points de vue (ex : déterministe, actionnaliste) sont nombreux et qu’ils permettent tous une description et une analyse différentes de la société 2 • La sociologie est une description, un point de vue et une interprétation : v Propose un schéma d’interprétation de la réalité observée v Le point de vue sociologique est toujours basé sur : Ø Un postulat social (= vision du monde social et des humains qui le composent) Ø Un postulat anthropologique (ce qui l’inscrit dans une époque, un contexte) v Weber affirme que la vocation sociologique est la recherche de la connaissance pour la connaissance (l’action dans le monde ne relevant pas de la science) > la science aide l’humain à mieux comprendre ce qu’il veut/peut faire MAIS ne doit pas lui prescrire ce qu’il doit faire v NB : Durkheim = la société détermine les individus (holisme) >< Weber = les individus construisent leur réalité par leurs actions (atomisme) • La sociologie n’est pas une discipline unifiée : v La pluralité des paradigmes (= vérités appliquées à l’aide d’un point de vue singulier et arbitraire) implique plusieurs lectures possibles d’un même fait social (ex : l’exclusion sociale) v Chacun ordonne ces éléments, les hiérarchise, pose des hypothèses,… • La sociologie est une discipline interprétative : v Son objet est d’interpréter les réalités qu’elle observe (et non de les imposer, justifier,…) v Il est impossible d’être totalement objectif même si notre méthode tend à la neutralité > il y aura toujours modification de l’objet observé (ex : mesure de la température de l’océan) v De plus, cet objet évolue à mesure que nos connaissances scientifiques grandissent > difficulté majeure des sciences humaines v En conclusion, la neutralité dans les sciences humaines est impossible > le projet scientifique est de la contrôler le plus possible i. Sociologie et paradigmes sociologiques • Selon Khun (1972), une révolution scientifique (ex : la Terre est plate) amènerait à des changements de paradigmes pour des raisons historiques > il n’y a pas d’homogénéité dans les sciences humaines (>< sciences historiques) • La sociologie n’est pas de l’idéologie (= système d’idées et de croyances sur le monde dirigeant une action sur lui) > la sociologie prend racine dans l’idéologie d’une société • Chaque paradigme est conçu à partir de postulats différents relatifs à l’humain et à la société 3 • Schéma de Touraine, 1986 (repris par Bajoit, 1992) : Changement ou progrès social Structure : RUPTURE Action : MUTATION Contrôle ou ordre social Intégration : CONSENSUS Paradigme de l’intégration : ON Paradigme de la compétition : MOI Conflit : DOMINATION Paradigme de l’aliénation : EUX Paradigme du conflit : NOUS v D’une part, il y a un contrôle social de la raison humaine sur l’ordre social (qui permet la pérennité de nos sociétés) > 2 réponses : Ø Soit l’ordre est le résultat du contrôle de tous sur chacun > consensus qui porte sur des valeurs et des normes (ex : contrat social) > l’ordre se maintient Ø Soit l’ordre est dû à un petit groupe privilégié > domination (matérielle, aliénante ou culturelle) des uns sur les autres > l’ordre disparaît v D’autre part, le changement social est le moteur du progrès/de l’évolution sociale, ce qui engendre : Ø Soit une rupture de l’ordre (ex : évolutionnisme > une société A se transforme en société B) // holisme Ø Soit une mutation de l’ordre > l’action fait doucement évoluer la société d’un état à l’autre (ex : changement permanent, pas de modifications radicales) // atomisme v Ces quatre approches vont structurer l’ère industrielle, basée sur la raison et le progrès a. « ON » ou le contrôle social // Durkheim • L’intégration y est centrale, la conduite de l’individu est socialement contrôlée et orientée par la collectivité (qui lui rappelle l’obligation de se conformer) • Tout le monde défend et obéit à des normes et valeurs sociales préexistantes tous sur chacun Une petite partie sur l’autre Holisme Atomisme Rupture violente rupture petit à petit des individus 4 • « ON » est souverain, il dicte à chacun sa conduite et récompense (ex : prestige et pouvoir) ou sanctionne (ex : ridicule) l’individu en fonction de son comportement • // Structuro-fonctionnalisme américain (Merton) : idée de société très stable, voire inerte • Le changement provient de l’extérieur, c-à-d: v Des contacts avec d’autres sociétés (ex : introduction de la culture américaine en Europe d’après-guerre) v De l’émergence de faits neufs dans la société elle-même (ex : affaire Dreyfus) • Deux problèmes de fond se posent immédiatement : v La société semble tellement bien régulée que le changement y est presque impossible > or, cette société a besoin de déviants, qui garantissent la vitalité des normes sociales : Ø Certains en feront les frais et seront punis (= sort de rappel pour la collectivité) Ø Certains deviendront membres de l’élite innovatrice v La définition anthropologique de l’humain, qui varie selon les disciplines : Ø L’économie voit l’humain comme un individu rationnel Ø La psychologie le voit comme un être guidé par les forces de son inconscient Ø La sociologie, à travers ses paradigmes, fait un pari anthropologique sur l’humain : dans le contrôle social, on le considère comme totalement réceptif aux prescriptions du social b. « MOI » ou la rationalité limitée // Crozier • Compromis entre individus rationnels (cherchant tous à maximiser leurs intérêts) sous la contrainte de la collectivité > le consensus résulte d’une négociation de tous avec tous • Ce « contrat social » n’est pas imposé mais s’institue par la rationalité de chaque acteur > chacun a intérêt à négocier et à respecter les autres (car cela pourrait leur nuire dans le cas inverse) • Les individus sont rationnels (= savent que le compromis est indispensable) et raisonnables (= savent qu’ils ne peuvent pas tout avoir) • // Théorie utilitariste (Boudon, Crozier) • Le progrès est la conséquence paradoxale de l’égoïsme d’élites innovatrices > l’alliance de la compétition et du compromis garantit la cohésion du système et son adaptation continue • En cas de « dépassement des règles », l’arbitre sera l’Etat (qui est le seul à disposer de la violence légitime pour faire respecter les règles) • NB : « ON » et « MOI » mettent tous les deux le consensus social au centre : 5 v « ON » = structure au centre > individu contraint v « MOI » = individu au centre > individu rationnel c. « EUX » ou la domination sociale // Wacquant • Le centre de ce paradigme est l’aliénation des classes (= l’appropriation de l’économie, de la politique, de l’idéologie, de telle sorte que l’individu ne s’appartienne plus et soi lui-même considéré comme un objet) • La source de cette aliénation/domination est une classe dirigeante et son Etat (= un « EUX » extérieur à la masse dominée) • // Marxisme, structuralisme (Lévi-Strauss, Bourdieu) • Cette domination (de la classe propriétaire sur la classe populaire) est un fait structurel : elle ne dépend ni de la conscience ni de l’intention des acteurs > c’est la classe qui détermine tout • Le changement (toujours radical) est assez complexe : v Soit il y a une logique de croissance nécessaire des forces productives (= infrastructure) qui transformerait périodiquement les modes de production (= superstructure) > avènement d’une société communiste (Marx) v Soit la classe populaire ne peut pas uploads/Societe et culture/ synthe-se-sociologie.pdf

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