Religioperennis.org 1 Introduction à la tradition celtique Thierry Jolif1 Certa

Religioperennis.org 1 Introduction à la tradition celtique Thierry Jolif1 Certains extraits des ouvrages de Thierry Jolif sont reproduits avec l’aimable autorisation des Editons Pardès : PARDèS, B.P. n° 11, 77880 Grez-sur-Loing, France ++ 01 64 45 67 23 1. La Tradition, essai de définition générale. 2. La Tradition et les religions. 3. Le nom celtique de la tradition. 4. Tradition celtique, lien et transmission. 5. Connaître la tradition par le mythe. 6. Origines et doctrine Je suis fils de Poésie, Poésie fille de Réflexion, Réflexion, fille de Méditation, Méditation, fille de Science, Science, fille de Recherche, Recherche, fille de Grande Science, Grande Science, fille de Grande Intelligence, Grande Intelligence, fille de Compréhension, Compréhension, fille de Sagesse, Sagesse, fille des Trois dieux de Dana. « Le Dialogue des deux Sages ». Je suis l’homme qui a été et qui n’est pas né, qui a été enseveli dans le sein de sa mère, qui a été baptisé après sa mort, qui a été lié à la mort dès sa première apparence, [qui est ] la première parole de tout être vivant, le cri de tout être mort, le A dont le nom est très élevé. « Le Dialogue des deux sages » i. 1 Notice sur l’auteur : 33 ans, père de famille, chanteur et auteur breton, créateur de la “cyberevue” bretonne Nominoë (L’Expression bretonne, poétique et Sapientielle de l’Idée Royale), Thierry Jolif, après avoir fondé et animé, pendant plus de dix ans l’ensemble musical Lonsaimaïkov (Lore’s onslaught against modernity and its knots of vanity, [i.e. : L’assaut de la tradition contre la modernité et ses nœuds de vanité]), a étudié la civilisation celtique, le breton et l’irlandais à l’Université de Haute Bretagne. Il scrute et médite, depuis plusieurs années, les aspects tant pré-chrétiens que chrétiens de la civilisation celtique (religion, art, musique, poésie). Orthodoxe, ayant étudié la théologie, il s’est particulièrement penché sur les aspects théologiques, mystiques et ésotériques du Graal, ainsi que sur l’étude du symbolisme chrétien et de l’écossisme maçonnique. Collaborateur des revues Sophia(The Cernunnos mystery), Rûna (Celtic recollections in the Brocéliande forest, The Cernunnos mystery), Zinnober, Hagal, Contrelittérature ( Quid, après le grégorien ? ; Le musicien et le métaphysicien ; D’Amor cantando, de l’exaltante mélancolie), Terra Insubre et Vincit Omnia Veritas (sur internet) il est l’auteur de Mythologie celtique, Tradition celtique et Symboles celtiques dans la collection B-A. BA. des éditions Pardès. Par ailleurs, Th. Jolif prépare deux études biographiques ; l’une consacrée à William Blake, l’autre (en collaboration avec Jean Annestay) à Ananda Kentish Coomaraswamy et travaille également à la rédaction d’une étude sur la place et le traitement de la tradition celtique dans l’œuvre de René Guénon. Travaux parus : B.A-BA, Mythologie celtique, Pardès, Puiseaux, 2000. B.A-BA, Tradition celtique, Pardès, Puiseaux, 2001. B.A-BA, Symboles celtiques, Pardès, Puiseaux, 2004. A paraître : B.A-BA, Druides, Pardès. B.A-BA, Celtes, Pardès. Religioperennis.org 2 1. La Tradition, essai d’une définition générale. Afin de permettre à tous les lecteurs de cette introduction de ne pas se méprendre sur le sens de nos propos, car tous ne sont peut-être pas habitués à la terminologie traditionaliste, nous entamerons notre exposé en définissant aussi clairement que possible ce que recouvre dans notre intention le terme « Tradition ». Dans le Petit Larousse nous trouvons à cette entrée quatre définitions, trois d’entre elles nous intéressent : 1. « Transmission de doctrines, de légendes, de coutumes pendant un long espace de temps ; ensemble de ces doctrines, légendes, etc ». 2. « Manière d’agir ou de penser transmise de génération en génération ». 3. « Ensemble des vérités de foi qui ne sont pas contenues directement dans la révélation écrite mais sont fondées sur l’enseignement constant et les institutions d’une religion ». A leur façon ces définitions s’inscrivent dans le sens que nous accorderons au terme Tradition dans cet ouvrage. Toutefois elles sont toutes incomplètes et à vrai dire nous ne possédons guère de mots pour définir d’une façon simple une conception aussi riche et complexe. A la suite de M. René Guénon, un grand nombre d’auteurs et de penseurs ont adopté ce terme afin de définir une orientation spirituelle et religieuse de la vie humaine et des relations de celle-ci avec un plan supérieur, divin. Quelques années après René Guénon, un autre « penseur » de l’ « école traditionaliste », Frithjof Schuon définit cette orientation comme « l’unité transcendante des religions » . Cette unité ne se conçoit bien sûr ni sur un plan proprement idéologique ou dogmatique mais bel et bien sur l’essence des diverses religions, sur ce qu’il nous faut bien appeler « ésotérisme », soit l’essence interne, proprement indicible de chaque tradition, parcelle aussi complète que possible de la Tradion Primordiale et Unanime. M. Schuon utilisera quant à lui le plus souvent le terme de sophia perennis, afin de se démarquer justement du sens galvaudé que l’on ne peut s’empêcher d’associer souvent au mot tradition. M. Paul Sérant définit la tradition comme étant l’ « ensemble des vérités permanentes » ii et nous sommes d’accord avec cela. Toutefois, dans le domaine qui nous occupe précisément nous ne devons pas perdre de vue que la situation des sociétés celtiques était très différente de la nôtre de ce point de vue. Il faut donc envisager ici la société dans son ensemble et son intégrité comme une traduction très juste et très exacte de la tradition, car celle-ci représentait alors la loi divine, le dharma, et envisageait chaque action de la vie dans son intégrale entièreté . La tradition celtique regroupe donc la religion proprement exotérique (sacrifices, mariages, fêtes, magie guerrière, médecine …), la loi (tripartition, jugements …) et les doctrines strictement ésotériques (symbolisme, herméneutique, initiation …). Dans L’ésotérismeiii M. Luc Benoît définit encore plus clairement cette notion : « La tradition est la transmission d’un ensemble de moyens consacrés qui facilitent la prise de conscience de principes immanents d’ordre universel, puisque l’homme ne s’est pas donné à lui-même ses raisons de vivre ». Et si, à titre de comparaison, nous nous tournons vers la tradition hindoue la valeur de transmission de la Tradition apparaît plus clairement encore : « L’expression sanâtana dharma représente la « loi éternelle » c’est-à-dire la loi cosmologique qui régit le monde. La « Tradition » n’est que la transmission d’une partie plus ou moins importante de ce que les voyants ont pu connaître de cette loi ». Nous nous éloignons là de plus en plus de l’acceptation courante de ce terme, mais toutefois nous restons loin de ce que celui-ci recouvre vraiment dans le domaine qui est le nôtre, nous adopterons donc ici une définition générale qui s’appliquera fort bien à la tradition celtique en particulier, d’autant qu’elle fut énoncée dans le cadre des études celtiques. La tradition est donc : « L’ensemble d’une pensée métaphysique, corps de doctrine (dont la compréhension ouvre la voie à la réalisation intellectuelle, à une vie spirituelle riche et à l’initiation). » iv 2. La Tradition et les religions. Nous avons signalé supra que la tradition celtique regroupait la religion proprement exotérique et les doctrines ésotériques, mais nous devons dans un cadre général puis dans un cadre plus spécifiquement Religioperennis.org 3 celtique revenir sur cette notion afin de la préciser. En effet la tradition en elle-même, ce corps de doctrine, se trouve en quelque sorte tout à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la religion et de ses pratiques. La tradition est connaissance métaphysique et à ce titre elle se passe de rites extérieurs, ce que la religion à proprement parler, ne saurait et ne pourrait accepter. La tradition est contemplation, la religion est acte et si cette dernière ne peut se perpétuer sans contemplation, la tradition elle reste toujours efficace même sans « formes extérieures ». En termes hindous il s’agit de la différence qui existe entre jnana et bakhti, entre connaissance intellective et dévotion volitive. Toutefois, dans le domaine celtique les choses ne peuvent se résumer de cette façon. La prééminence de la classe sacerdotale nous oblige à plus de finesse dans l’analyse. En effet les druides comptaient dans leurs attributions tout ce qui concerne le sacré, or, il est aisé de constater que, pour les sociétés celtiques, il n’existait pas de séparation nette entre sacré et profane, ce dernier n’étant pas même concevable. Les druides représentaient et régissaient donc la tradition et la religion, cette dernière pouvant bien sûr appartenir à la sphère privée, et donc connaître en fonction des clans et des familles quelques adaptations particulières qui ne changeaient rien à la doctrine en tant que telle. On a pu parler de religions celtiques, ou de religions gauloises, mais tout ceci ne découle que des changements, des adaptations, encore une fois, apportés dans des régions et à des époques différentes. A l’heure où nous écrivons il paraît tout à fait certain que la tradition celtique doit être considérée comme un tout cohérent, comme un véritable corps de doctrine. La tradition elle-même confirme fort simplement ce que les études ont démontré, en effet dans divers écrits (de uploads/Societe et culture/ introduction-a-la-tradition-celtique 1 .pdf

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