Anthropologie sociale et culturelle Prof Mondher Kilani 1 Anthropologie culture

Anthropologie sociale et culturelle Prof Mondher Kilani 1 Anthropologie culturelle et sociale INFORMATIONS ADMINISTRATIVES Documents de cours sur My Unil. Accéder par l’onglet « cours ». Modalité d’évaluation : Examen écrit de 4 heures. Dissertation avec l’idée de restituer l’anthropologie à un lecteur profane. Construire son discours, construire un raisonnement et clarifier sa pensée. Cela donne également aux lecteurs les moyens de vérifier ce qu’on dit. Il faudra également restituer par quel moyen l’anthropologue crée son modèle du réel. Les définitions comme les exemples, si on veut les proposer dans la dissertation, doivent faire partie de l’argumentation. Il faut les introduire, les justifier, les expliciter et non les juxtaposer simplement. Quatre lectures obligatoires, voir bibliographie. Deux lectures communes et deux à choix. Lectures à choix à choisir dans catégories différentes. INTRODUCTION : ESPRIT, MÉTHODE ET CADRE DE CE COURS Sortir du sens commun : Nous souhaitons proposer un discours objectif qui va au-delà, voire contre nos opinions. Face aux objets que nous étudions, nous devons être neutres, dans la mesure du possible. Nous pouvons avoir des opinions par ailleurs, mais durant l’analyse, nous devons être neutres. Les sciences sociales doivent donner les moyens de se faire une opinion. Le danger est de tomber dans le sens commun (préjugés, stéréotypes : des opinions préfabriquées), dans son sens commun (il dépend de notre culture, de notre environnement). La distanciation par rapport au sens commun est au fondement même de l’anthropologie. Les sciences sociales travaillent sur des humains, ce que le chercheur est également. Les objets de l’anthropologie sont des sujets, avec des opinions et des croyances. Il ne s’agit pas de s’identifier à ces croyances, mais de comprendre pourquoi, dégager des logiques sociales : des règles de fonctionnement, des conduites, non apparentes. Un effort intellectuel d’abstraction est nécessaire. Il consiste à trouver et apprendre un langage scientifique et une méthode de travail, dans un souci de clarté dans l’argumentation. Il est extrêmement difficile de prendre de la distance par rapport aux objets. Les difficultés : L’ethnocentrisme, le fait de rester centré sur son propre groupe pour analyser est l’un des biais les plus importants. Par exemple, nous venons d’une tradition où la religion est au centre. On va donc avoir tendance à créer des espaces religieux dans des sociétés où il n’y en a pas. L’ethnocentrisme est spontané, et il est présent dans toutes les cultures. La guerre, le sacrifice, l’art, les religions, etc. sont des phénomènes qu’on ne peut pas isoler, contrairement à ce que l’on fait dans les sciences exactes, comme la chimie. Il n’y a pas d’expérimentation possible dans les sciences sociales. On ne peut qu’observer ce qui se passe et d’essayer de comprendre. Quand on fait du terrain, on vit avec les gens pour essayer de comprendre comment ça se passe. Anthropologie sociale et culturelle Prof Mondher Kilani 2 De plus, on n’a pas de langage formel pour parler des choses en sciences sociales. On utilise un langage ordinaire, qui est ambigu. Nous n’avons pas de formule mathématique, de signes univoques et universels. Nos notions et concepts relèvent du langage ordinaire. Par exemple, le mot religion fait partie du langage ordinaire mais n’a pas le même sens en anthropologie. Idem pour le mot parenté, qui a un sens beaucoup plus précis en anthropologie. En sciences sociales, on est obligé d’utiliser des termes de la langue usuelle, ordinaire. Il est impossible de mettre un comportement rituel dans une formule chimique ou mathématique. On peut l’observer, l’analyser, le comparer et mettre en exergue des tendances. De plus, le savoir émerge dans un certain contexte socioculturel et historique. C’est une autre difficulté du travail anthropologique. Et les sociétés changent, évoluent. On ne peut donc pas formuler des lois générales. Disons du moins que nos lois durent moins longtemps que la loi de la gravitation ! Biais androcentrique : Etymologiquement : Antropos = homme Logos = discours sur Littéralement, c’est donc l’étude de l’homme, la science de l’homme. Cela mérite une réflexion anthropologique, puisqu’il y a un biais sexiste, le fait qu’on exclue la femme. Dans notre société, il y a un biais androcentrique. Mais nous avons à faire à des femmes et des hommes. Le fait social est une abstraction. Il n’y a pas de faits qui sont là, et qu’on va pêcher. On les construit. On observe et on construit. Mais comment abstraire la violence, la guerre, la circoncision (fait rituel). C’est une autre difficulté du travail anthropologique. L’homme universel est également une construction : Chaque culture considère qu’il y a différentes humanités. Cette construction sert à affirmer l’unité du genre humain, mais quelquefois sous certaines conditions (exple : être chrétien). L’objet de l’anthropologie n’est pas l’humain en général. Dans les sciences sociales, on construit l’homme et paradoxalement, on postule qu’il y a une unité du genre humain. L’anthropologie doit démontrer cette unité. L’observateur fait partie de l’observation. Le chercheur est un homme ou une femme, il a une culture, il projette, etc. Comment faire pour ne pas réduire l’autre à soi (on ne le voit qu’à travers son propre regard) ou le voir comme totalement différent et lui refuser son humanité ? Deux écueils à éviter Contexte historique de la naissance de l’anthropologie : Autre élément important : L’anthropologie est née à un moment donné dans une culture donnée. Avec sa prétention d’être une science objective, elle s’est développée dans un contexte colonial. Elle a été développée pour permettre à l’Europe et aux USA d’étendre leurs territoires. Chaque science est née dans un contexte particulier, pour répondre à un besoin de ce contexte : la sociologie pour répondre à l’avènement de la société capitaliste et la disparition de la société traditionnelle, la psychiatrie pour normaliser les fous, etc. Il ne sert à rien d’apprendre des théories sans savoir par quel moyen on y est arrivé, dans quel contexte et avec quel objectif on les a faites. Exemple d’héritage de l’époque coloniale : le fait de séparer les sociétés traditionnelles et les sociétés modernes. Cela n’a plus cours en anthropologie, mais c’est encore très présent dans le sens commun. Science née en occident dans le but de comprendre d’autres cultures, l’anthropologie a souvent proposé des explications réductrices. Mais elle a aussi cherché à aller à l’encontre de cet ethnocentrisme. Evolutionnisme  relativisme (dès les années 40) Dimension comparative de l’anthropologie : L’anthropologie a l’avantage d’être la science sociale la moins provinciale, car elle prend pour objet d’autres civilisations, c’est la seule. Cela est un avantage car elle le fait sur la base d’une comparaison avec d’autres civilisations. La dimension comparative est fondamentale. Par définition, l’anthropologie est comparative. Anthropologie ou ethnologie ? Anthropologie sociale et culturelle Prof Mondher Kilani 3 Anthropologie culturelle et sociale = ethnographie. Mais le terme anthropologie marque l’idée qu’il ne s’agit pas seulement des sociétés traditionnelles et exotiques. D’ailleurs, aujourd’hui la plupart des études de terrain se font en Occident (Silicone Valley- informatique, assurances, hôpitaux, etc.) et dans la modernité. La modernité est présente partout aujourd’hui, et les traditions le sont également, on est face à une combinaison de ces deux éléments. Par exemple, dans l’Islam actuel, la tradition est inventée, nouvelle. L’ethnie est également une invention moderne, une production de la modernité. Attention à une conception passéiste de l’anthropologie. Le folklore ne nous intéresse pas ici. Ce qui nous intéresse est de comprendre ce qui se passe dans les différentes sociétés dans le présent, en les comparant. L’ethnologie fait partie de l’anthropologie. C’est le stade de la description. L’anthropologie est le stade de la comparaison à partir des différentes descriptions, dans le but de généraliser. Nous voulons montrer la diversité, mais également qu’elle relève de l’universel. Il est faux de penser qu’une culture est complètement fermée sur elle-même. Elle est toujours un mélange. Les caractéristiques de l’anthropologie : Le trait principal de l’anthropologie est l’observation sur place, l’empirisme. C’est une expérience personnelle. Contrairement à la sociologie, qui se fait souvent par enquête. Il n’y a pas l’Homme ou la Femme, mais des acteurs sociaux. Qu’est-ce qu’être un Balinais, un Marocain un Vaudois ? C’est l’anthropologue qui doit le démontrer. Caractéristiques rituelles, économiques, linguistiques qui dessinent une culture, une frontière (entre la culture balinaise et javanaise, par exemple) Observer la construction des cultures par les acteurs eux-mêmes, observer la diversité pour la ramener à une construction universelle. On inverse la démarche de la philosophie ou de la religion qui pose à priori une définition de ce qui est humain. Il ne faut pas croire que l’objectivité est donnée d’emblée, il ne suffit pas de vouloir, de se déclarer objectif pour l’être. Etre objectif est un travail constant. Quand l’anthropologue ou le sociologue propose une construction, il propose un modèle du réel, et non le réel. Le 26 septembre 2007 I. QU’EST-CE QUE L’ANTHROPOLOGIE ? A/ La finalité de l’anthropologie Penser le différent et le semblable : Discipline empirique, basée sur l’observation concrète. Les citations suivantes tentent d’expliquer ce qu’est l’observation – participation. « La démarche anthropologique de base, celle que tout chercheur considère aujourd’hui comme incontournable, quelles uploads/Societe et culture/ anthropologie.pdf

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