Les Presses de l’Université de Montréal L’interculturel au Québec Rencontres hi
Les Presses de l’Université de Montréal L’interculturel au Québec Rencontres historiques et enjeux politiques Sous la direction de Lomomba Emongo et Bob W. White LIBRE ACCÈS Projet pilote réalisé en collaboration avec la Direction des bibliothèques de l’UdeM. introduction • 3 L’INTERCULTUREL AU QUÉBEC 4 • l’interculturel au québec introduction • 5 L’INTERCULTUREL AU QUÉBEC Rencontres historiques et enjeux politiques Les Presses de l’Université de Montréal Sous la direction de Lomomba Emongo et Bob W. White 6 • l’interculturel au québec Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Vedette principale au titre : L’interculturel au Québec : rencontres historiques et enjeux politiques (PUM) Comprend des références bibliographiques. ISBN 978-2-7606-3358-2 1. Interculturel - Québec (Province). I. Emongo, Lomomba, 1960- . II. White, Bob W., 1965- . HM1271.I57 2014 305.8009714 C2014-940314-3 Mise en pages : Folio infographie ISBN (papier) : 978-2-7606-3358-2 ISBN (pdf) : 978-2-7606-3359-9 ISBN (epub) : 978-2-7606-3360-5 Dépôt légal : 2e trimestre 2014 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2014 Les Presses de l’Université de Montréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC). Les opinions exprimées dans ce livre n’engagent que leurs auteurs. imprimé au canada Le présent ouvrage relève du projet de recherche intitulé Vers une ville interculturelle. Problématiques, pratiques et expertises. Il s’agit d’un projet de partenariat de recherche, dirigé par le Laboratoire de recherche en relations interculturelles (LABRRI) de l’Université de Montréal, et financé par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) du Canada. À Lucille Deschênes et Nicolas Woko Londja Partis outre-monde, mais toujours vivants dans leurs filles, nos épouses chéries Lucie et Marie-France introduction Le défi interculturel Bob W. White et Lomomba Emongo Cinq événements qui ont eu lieu au Québec, et dans lesquels le défi de l’interculturel s’est exprimé chaque fois de manière différente, sont à l’origine de ce livre. Il y a eu d’abord l’onde de choc médiatique qui a secoué le pays avant, pendant et après la Commission Bouchard-Taylor (2006-2008) ; une de ses conséquences a été l’exacerbation d’un malaise certain dans le vivre-ensemble québécois, principalement dans la vision que les Québécois de souche ont des immigrants. Il y a eu ensuite, comme si de rien n’était, la citation à l’ordre de Montréal par le Conseil de l’Europe comme deuxième « cité interculturelle » en Amérique du Nord (octobre 2011), après la ville de Mexico ; le fait est d’autant plus singulier que Montréal ne dispose d’aucune politique interculturelle officielle. Il y a eu aussi l’annonce deux ans plus tôt et la fermeture, en juin 2012, de l’Institut interculturel de Montréal (IIM) ; après quarante-neuf ans de pensée et d’action consacrées à l’interculturel au Québec, au Canada et à l’échelle mondiale, il est pour le moins surprenant que cet événement n’ait suscité que peu ou prou d’émotions auprès de la population ou des médias. Il y a eu enfin la parution du livre de Gérard Bouchard (en 2012) dans lequel il assigne le rôle de modèle typiquement québécois de gestion de la diversité – à entendre au sens de l’intégration des personnes issues de l’immigration. Cette conjonction événementielle a conduit le jeune Laboratoire de recherche en relations interculturelles (LABRRI) à concevoir un projet de 10 • l’interculturel au québec recherche en partenariat sur les villes interculturelles1. Son but est de revi- siter les principales dynamiques interculturelles de la grande région de Montréal, impliquant des acteurs universitaires, des organisations commu- nautaires et des services municipaux. Ses préoccupations sont : les pro- blèmes d’ordre interculturel que rencontrent les uns et les autres sur le terrain, les pratiques concrètes qu’on peut valablement qualifier d’intercul- turelles et les expertises en matière interculturelle développées par chaque catégorie d’acteurs sociaux. Son point de départ, comme toute recherche sur le pluralisme ethnoculturel, relève du constat selon lequel la majorité des personnes issues de l’immigration fait partie d’une minorité vulnérable, aussi bien du point de vue économique que politique. Cela dit, le projet part du principe que l’immigration est d’abord un phénomène relationnel, dont l’étude doit transcender les seuls problèmes des immigrants, ou, pire encore, l’opinion qui ne voit dans les immigrants eux-mêmes qu’un problème à résoudre. Le présent ouvrage collectif fait partie de ses résultats escomptés. * * * Il existe d’autres raisons à ce livre. La première tient d’un paradoxe : l’engouement soudain pour l’interculturalisme au Québec s’accompagne d’une flagrante rareté de publications d’importance sur le sujet. Certes, Raimon Panikkar et l’Institut interculturel de Montréal (IIM) – sur les- quels nous aurons l’occasion de revenir dans ce volume – ont beaucoup écrit et publié, mais ils sont généralement ignorés par les chercheurs québécois. À se demander si l’interculturalisme au Québec se propose en une nouvelle idéologie politique, ou bien s’il s’agit d’un simple réaména- gement terminologique d’une certaine idéologie opposant, de manière à certains égards factice, le Québec francophone au reste du Canada anglo- phone et, dans une autre mesure, les immigrants aux Québécois dits de souche. Il faut se le demander d’autant plus que les chercheurs québécois ne font pas toujours l’effort terminologique minimal pour distinguer entre l’interculturalité, l’interculturalisme et l’interculturel, ainsi que nous le faisons dans le présent ouvrage. 1. Ce projet porte le nom de Vers une ville interculturelle. Problématiques, pra- tiques, expertises. Le projet est financé par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) du Canada. introduction • 11 La pertinence de ce livre relève aussi de la situation particulière du Québec en terre nord-américaine. Cette situation peut être schématisée en trois plans – que nous énumérerons sans en débattre. Sur le plan historique, le Québec moderne se positionne généralement vis-à-vis du Canada anglophone. La persistance de ce face-à-face entre ce qu’on désignait autrefois sous le nom de « deux solitudes » a abouti à ce qu’on appelle aujourd’hui « la question nationale. » D’un côté, le fait amérindien sur l’île de la Tortue (appellation autochtone du continent nord-améri- cain) est systématiquement évacué du revers de la main ; d’un autre côté, le débat sur la question nationale s’épuise dans des considérations sur la survivance du fait français en Amérique du Nord. Dans cette conjoncture, l’interculturalisme se trouve réduit au rôle de critique des politiques du multiculturalisme pancanadien ou, plus positivement, de modèle le mieux adapté à la situation particulière du Québec. Du point de vue interne, une bonne partie du débat nationale se trouve polarisée entre les Québécois de souche francophone et les immigrants de récente date. Ignorant allègrement les Québécois anglophones et les plus vieilles com- munautés immigrantes, cette polarité a révélé au grand jour le malaise identitaire des premiers, ainsi que leurs craintes, fondées ou non, par rapport à l’accroissement du nombre d’immigrants non européens. Témoin, l’émotion qui a étreint le pays avant, pendant et après la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, malgré les efforts de cette dernière pour ramener le tout à une simple « crise de perception ». Du point de vue externe, l’Europe notamment perçoit de plus en plus le Québec et, en particulier, Montréal comme un phare de l’interculturalisme2. En effet, certains observateurs ont fait le constat non confirmé d’un consensus autour de l’interculturalisme comme modèle de gestion de la diversité, au sens très précis de l’intégra- tion des immigrants. Gérard Bouchard apparaît ici comme le porte- étendard de ce « Québec interculturel ». En réalité, l’interculturalisme est ramené au rang d’outil politique, courant ainsi le risque d’une récu- pération idéologique. Au demeurant, on est en droit de se demander jusqu’à quel point l’intégration des nouveaux arrivants dans le moule 2. Idée de plus en plus partagée. Notamment par Taylor, qui affirme (dans un bref essai intitulé Interculturalism or Multiculturalism, mis en ligne le 24 juin 2013 sur www.resetdoc.org) que « [t]he intercultural story is not simply made for Quebec ». 12 • l’interculturel au québec culturel de la majorité francophone ne jure pas avec l’ouverture à l’Autre que propose le mot « interculturalisme » ? D’où notre méfiance légitime, voire notre inquiétude devant un double risque. Premièrement, le risque de recycler à trop bon compte le mot « interculturalisme » dans le sens du nouveau mythe fondateur du Québec, intellectuellement « mieux défendable » et politiquement « plus correct ». Deuxièmement, le risque de fournir sans débat véritable une caution scientifique à une probable instrumentalisation politique du terme, à partir d’une analyse biaisée de la réalité historique et sociocul- turelle du Québec. Alors que l’interculturel représente un défi multidi- mensionnel. Il y a d’abord sa graphie : faut-il écrire interculturalisme, interculturalité, interculturel ou, encore, inter-cultures ? Il y a ensuite son caractère expansif et englobant : il n’indiffère rien de ce qui est humain. Enfin, il y a son questionnement : le fait de prendre la parole à son sujet est toujours et déjà un geste ancré dans uploads/Societe et culture/ l-x27-interculturel-au-quebec-rencontres-historiques-et-enjeux-politiques-pum-2014.pdf
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- Publié le Dec 29, 2021
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