La Culture arabe et les autres Cultures Dr Abdulaziz Othman Altwaijri Directeur

La Culture arabe et les autres Cultures Dr Abdulaziz Othman Altwaijri Directeur général de l'Organisation islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture - ISESCO - Publications de l'Organisation islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture - ISESCO - 1419H / 1998 Dr Abdulaziz Othman Altwaijri Directeur général de l'Organisation islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture - ISESCO - Publications de l'Organisation islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture - ISESCO - 1419H / 1998 La Culture arabe et les autres Cultures Cette étude a été présentée au colloque : "La culture arabe et les autres cultures" qui entre dans le cadre du Festival national du Patrimoine et de la Culture, organisé du 4 au 19 mars 1998, à Riyadh, Royaume d’Arabie Saoudite. Table des matières Page 7 10 18 21 27 34 38 41 J Introduction .................................................... J La culture arabe : sources et spécificités .... J Interaction de la culture arabe avec les autres cultures ................................................ J Influence de la culture arabe sur le mouvement de la renaissance européenne... J Force de la culture arabe................................ J Nature des rapports entre la culture arabe et les autres cultures....................................... J Les traits de la carte culturelle mondiale...... J Le dialogue entre la culture arabe et les autres cultures ................................................ 47 Introduction : Pour être l’âme de la nation, la culture en est incontestablement le trait le plus intime. Elle se trouve au coeur de toute oeuvre de construction et de renouveau. C’est son souffle et son essence qui animent la nation et lui procurent ses marques distinctives. Ainsi, à toute société correspond impérativement une culture particulière qui lui attribue des propriétés propres et exclusives. Et l’histoire regorge d’exemples illustrant ce postulat. Il suffit de citer quelques uns des multiples modèles culturels qui se sont succédé à travers les âges, comme la culture grecque, romaine, hellénistique, indienne, pharaonique et perse. Du Septième au Quinzième siècles, les Arabes s’imposèrent dans tous les domaines, qu’il s’agisse de science, de culture ou de toute autre activité de la pensée. Tout au long de ces huit siècles, jamais l’excellence arabe ne souffrit de repli. Le monde entier était témoin de l’âge d’or de la culture arabo-islamique. Mais un retournement de situation fit que les musulmans arabes s’affaiblirent petit à petit, abandonnant du coup les ouvrages de l’esprit qui faisaient leur gloire. Ceux-là même qui tinrent, des siècles durant, la bannière du savoir et de la pensée humaine, allaient céder à l’immobilisme et à l’imitation. Dépouillés du leadership qu’ils gardèrent jalousement pendant longtemps, ils achevèrent de fléchir devant la force irrésistible de la culture occidentale qui 48 marqua profondément leur littérature, leurs arts et leurs mode de vie. L’origine étymologique arabe du mot «culture» est très ancienne. Il signifiait l’art de cultiver le sens de la logique et de faire preuve d’esprit. Dans Al-Quamous Al-Mohit, le radical verbal «Taqqafa» et le substantif dérivé «Taqfan»ou «Taqafatan» ont le même sens figuré, à savoir posséder un esprit vif et être retors. Quant à la signification première, donc littérale, elle renvoie à la notion d’aiguiser la lance en vue de redresser les écarts de la lame. De nos jours, la culture est synonyme de l’élévation intellectuelle et sociale des individus et des communautés. Non seulement elle est le syncrétisme d’un ensemble d’idées, mais elle représente généralement une éthique comportementale, une morale qui dicte la conduite à adopter dans la vie pour un peuple donné. La culture est, en définitive, la synthèse des croyances, systèmes de valeurs, langues, lois, comportements et expériences qui caractérisent une communauté d’individus et lui permettent de se différencier des autres groupements humains. Sa vocation est d’être le réceptacle des connaissances, croyances, arts, morales et coutumes de cette entité humaine distincte (1). 1- Anouar Al Joundi, Maalamat Al Islam, Tome I, pp. 524-525, Bureau islamique, Beyrouth, 1980. 49 Si on devait expliciter davantage la signification foncière de la culture, elle recèle successivement les sèmes suivants : a) En tant que manifestation de la matrice humaine, la culture permet d’établir une nette opposition entre l’homme et le reste des créatures. C’est par elle qu’il exprime son humanité et communique avec ses semblables. b) Attribut inhérent à l’essence de l’homme, la culture définit la portée de ses rapports avec son prochain, avec la nature et avec l’univers métaphysique. Son interaction dialogique avec les différentes manifestations de la culture lui permet de mieux se positionner vis-à-vis du monde qui l’environne. c) La culture est le substrat de la vie sociale. Il n’est d’activité à caractère social, esthétique ou intellectuel qui s’appréhende hors du cadre de la culture. Pour l’homme, elle est la passerelle qui le met en contact avec son environnement et les institutions. d) Processus sans cesse renouvelé, la culture dégage continuellement originalité et nouveauté. Cette veine intarissable est l’expression directe des esprits qui entretiennent le goût de la culture. Une de ses fonctions vitales consiste à porter l’attention de l’individu vers le futur, tantôt en lui prescrivant de s’accommoder des impératifs de la réalité, tantôt en l’amenant à l’outrepasser. 50 e) La culture est, enfin, la résultante d’un long processus d’accumulation de connaissances anciennes et nouvelles. En perpétuant les formes du patrimoine passé, elle en marque les valeurs spirituelles du sceau des temps présents. Cette double fonction de conciliation constitue une des dimensions fondamentales de la culture (2). La Culture Arabe : Sources et Spécificités : La culture arabo-islamique présente deux caractéristiques majeures. Il y a d’abord l’invariabilité des sources absolues de cette culture, avec l’ensemble des croyances, des lois, des valeurs et des morales de conduite qui en sont l’émanation. Face à cette constance transhistorique s’affirme l’autre dimension de la culture arabo-islamique qui en fait une culture ouverte au changement. Cette valeur se manifeste à travers la richesse et la diversité de l’activité jurisprudentielle de la communauté musulmane. Une telle pluralité tolérait en son sein aussi bien les interprétations justes que les cogitations erronées. Aussi, l’expression de l’avis différent était-elle dans l’ordre naturel des choses chez tous les musulmans. Du fait de sa composante irréductible, la culture arabo-islamique s’apparente à ce qui fait l’essence de l’Islam en 2- Le Plan global de la culture arabe, publié par l’Organisation de la ligue arabe pour l’Education, la Culture et les Sciences, seconde édition, Tunisie, 1996, p. 16. 51 tant qu’il est la Religion et le Mode de vie à suivre. Il s’agit de six attributs essentiels, à savoir l’universalité, la complétude, l’idéal du juste milieu, le réalisme, l’objectivité et la diversité dans l’unité(3). En tête des sources précitées arrive la Saint Coran dans lequel ont été puisés les fondements théoriques des sciences islamiques et de la langue arabe. Son message a permis aux musulmans de dégager le système de références duquel il fallait se prévaloir pour sonder les vérités du savoir et du monde et se doter des mécanismes de pensée et des canons éthiques qui aident à appréhender la réalité de la réflexion et de la contemplation. La primauté du Saint Coran comme référence capitale de la culture arabo-islamique tient à la nature substantielle de la révélation coranique qui s’articule autour d’un ensemble de commandements de portée religieuse, morale et sociale. Il y a aussi le fait que la justesse du verbe divin transcende les âges et les espaces et donne des réponses aux exigences et nouveautés de toute époque. La Sunna du Prophète s’impose comme la deuxième source de la culture arabo-islamique. De fait, les musulmans 3- La stratégie culturelle du Monde islamique, publiée par l’Organisation islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture -ISESCO-, 1997. 52 sont redevables de leur renaissance scientifique et civilisationnelle non seulement aux apports du message coranique, mais aussi à la tradition du prophète qu’ils ont recueillie sous forme d’écrits exhaustifs, puis mise à profit dans leur oeuvre scientifique et leur vie de tous les jours. Issue du Saint Coran et de la Sunna du Prophète, la culture arabo-islamique se veut être un modèle d’ouverture, où triomphent les valeurs de la cohabitation, du dialogue et de l’entente (4). Il ressort de ce qui précède que la culture arabo-islamique diffère nettement des autres modèles culturels, ses traits étant exclusifs. Si ses représentations se cristallisent autour des valeurs de l’Islam, qu’elles découlent du Saint Coran, de la langue arabe ou de l’oeuvre jurisprudentielle des oulémas, la culture occidentale puise, généralement, ses fondements de la pensée grecque, de la loi romaine, du latin et du credo chrétien (5). Un des traits frappants de la culture arabo-islamique a été de trouver un moyen terme entre le Rationnel et le Spirituel. Ni l’approche purement rationaliste des Mutazilites, ni le mysticisme outrancier des Soufis n’ont connu de succès parmi les autres représentations de la culture arabo-islamique. Seule la synthèse des deux écoles a été jugée opportune. 4- Ibid, pp. 52-53. 5- Anouar Al Joundi, op.cit, p. 525. 53 Depuis qu’elle a vu le jour, la culture arabo-islamique a eu le souci de se ressourcer constamment dans les sources premières, à savoir le Coran et la Sunna(6). Ce n’est qu’à notre époque que cette uploads/Societe et culture/ la-culture-arabe-et-les-autres-cultures.pdf

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