>> ESPRIT DE L’EPREUVE RAPPORT SUJET CORRIGE Résumé de texte Résumé de texte ES
>> ESPRIT DE L’EPREUVE RAPPORT SUJET CORRIGE Résumé de texte Résumé de texte ESPRIT GENERAL Cette épreuve vise à tester l’aptitude à comprendre un texte, à en exprimer claire- ment les idées majeures sans en négliger les nuances. EVALUATION Compréhension, mise en évidence de l’architecture logique du texte. Autonomie : le résumé doit être intelligible en lui-même, sans que le lecteur ait à connaître le texte original ; son contenu sera reformulé autant que possible. Correction de la langue (en particulier grammaire, lexique et orthographe) et du style. Respect des normes quantitatives : le texte d’environ 2000 mots sera résumé en 250 mots avec un écart toléré de 10%. Un comptage précis des mots sera exigé. EPREUVE 2010 Durée : 2 heures RÉSUMER CE TEXTE EN 250 (DEUX CENT CINQUANTE) MOTS. On tolère 10% en plus ou en moins (225 au moins, 275 au plus). Tout manquement à ces normes (par excès ou par défaut) sera gravement sanctionné. Par exemple, un résumé atteignant 300 ou n’atteignant pas 200 mots, sera noté zéro. DONNER UN TITRE au résumé (les mots du titre n’entrent pas dans le décompte des mots). INDIQUER LE NOMBRE DE MOTS UTILISÉS en portant les mentions suivantes très lisiblement et à l’encre : repère formé d’un double trait // dans le texte écrit après chaque tranche de 50 mots, décompte chiffré cumulatif (50,100,150 etc...) en regard dans la marge, total exact en fin d’exercice. annales officielles 31 EPREUVES COMMUNES >> ESPRIT DE L’EPREUVE RAPPORT SUJET CORRIGE >> Résumé de texte Résumé de texte Déclassement : le mot est aujourd’hui sur toutes les lèvres. Il désigne un phénomène de rupture qui conduit un individu à perdre sa position sociale. Plus de 300 000 salariés, hier encore protégés par un contrat à durée indéterminée, ont été licenciés au cours de l’année 2009 et sont aujourd’hui au chômage, sans autre perspective que de longs mois d’incertitude financière et psychologique. Un nombre tout aussi important de jeunes viennent de sortir du système scolaire avec un diplôme en poche, mais ils sont déjà, eux aussi, au chômage. Ils n’ont guère d’autre horizon qu’une succession de petits bou- lots sans rapport avec les qualifications acquises au cours de leurs études. Aujourd’hui omniprésente, la notion de déclassement traduit donc une réalité pressante et sensible, dont de nombreux travaux ont tenté récemment de prendre la mesure. Mais elle doit être distinguée d’un autre phénomène, encore plus décisif : la peur du déclassement. Cette angoisse sourde, qui taraude un nombre croissant de Français, repose sur la conviction que personne n’est «à l’abri», qu’une épée de Damoclès pèse sur les salariés et leurs familles, que tout un chacun risque à tout moment de perdre son emploi, son salaire, ses prérogatives, en un mot son statut. La peur du déclassement ne règne pas tant aux marges de la société qu’en son cœur. Elle assiège les ouvriers, les employés, les travailleurs précaires, mais, plus encore, les classes moyennes et supérieures, celles qui bénéficient des meilleurs statuts et des protections les plus efficaces et qui ont donc beaucoup à perdre. Elle commande la perception de soi, les formes de la confiance, les attentes, la représentation que l’on se fait de l’avenir. Le déclassement et la peur du déclassement : les deux phénomènes ne sont ni de même nature, ni de même ampleur, et il est essentiel de ne pas les confondre si l’on veut comprendre les problèmes dont souffre aujourd’hui la société française. Un exemple suffira à montrer tout ce qui les distingue. En 2007, l’INSEE recensait 14.600 sans-abri ; si l’on retient le chiffre de 100.000 personnes, avancé par les associations d’aide aux SDF, on peut calculer que 0,16% de la population vit dans la rue. Or, d’après un sondage réalisé en 2006, 48 % des Français pensent qu’ils pourraient un jour devenir SDF; deux ans plus tard, avec la récession, cette peur s’est encore accrue, 60 % des personnes s’estimant désormais menacées. Si le déclassement est un fait que l’on peut mesurer statistiquement et qui touche d’abord les populations fragiles, la peur du déclassement est d’un autre ordre : elle est un phénomène global et diffus qui, en gouvernant l’imaginaire des individus et des groupes, commande de très nombreux comportements et mouvements sociaux. Elle n’a rien d’une idéologie abstraite ; au contraire, elle repose sur un ensemble de faits bien réels, mais elle en extrapole le sens et en redouble l’ampleur. Elle est une variable-clé pour rendre compte du fonctionnement de la politique, de l’économie et de la société françaises. annales officielles 32 EPREUVES COMMUNES SUJET 1 ESPRIT DE L’EPREUVE RAPPORT SUJET CORRIGE Résumé de texte Résumé de texte Avant de comprendre pourquoi cette angoisse est devenue aussi répandue, il faut prendre la mesure du drame personnel et familial que constitue le déclassement dans la France d’aujourd’hui, tout particulièrement quand il frappe des salariés au beau mi- lieu de leur carrière. Dans un rapport remis en juillet 2009 à la secrétaire d’État à la prospective, les chercheurs du Centre d’analyse stratégique ont bien mis en lumière la complexité du phénomène. Être licencié, en France, c’est d’abord subir une période de chômage parmi les plus longues des pays développés ; c’est ensuite être condamné à ne retrouver que des formes précaires et dégradées d’emploi, sans rapport avec le statut initialement perdu; et il va sans dire qu’une telle relégation est lourde de conséquences financières et psychologiques. Ainsi entendu, le déclassement frappe en priorité les ouvriers et les employés, notamment dans les PME ; mais il touche de plus en plus les cadres du privé, dont les statuts, naguère si solides, se sont fragilisés à mesure que leurs emplois se banalisaient. Les fonctionnaires restent à l’abri de ces formes radicales de déclassement, mais ils ne sont pas protégés contre les remises en cause rampantes de leurs avantages statutaires (en termes de retraite par exemple), ni contre la progressive détérioration de leurs conditions de travail, aggravée par les départs à la retraite non renouvelés et les baisses d’effectifs. Qu’elles travaillent dans le public ou le privé, qu’elles soient salariées ou indépen- dantes, les familles sont menacées par une autre forme de déclassement : celle qui survient lorsque les enfants ne parviennent pas à se faire une place sur le marché du travail et dans la société. Ce risque n’est nulle part aussi élevé qu’en France et nulle part réparti de façon aussi inégalitaire entre ceux qui ont un diplôme et ceux qui n’en ont pas : en 2008, parmi les jeunes sortis de l’école depuis moins de 5 ans, 47 % des non-diplômés étaient au chômage contre à peine 7 % des diplômés du supérieur, soit un écart de 40 points encore jamais atteint par le passé. Échouer à l’école n’a jamais été aussi disqualifiant. Il y a donc une réalité du déclassement, et celle-ci est terrible : elle affecte l’équi- libre des individus et des familles tout en minant les fondements du pacte social. Et pourtant, l’immense majorité des Français reste à l’abri d’un déclassement effectif. Si le déclassement est au cœur des préoccupations d’un si grand nombre de personnes, ce n’est pas parce qu’elles ou leurs proches l’ont subi ; c’est parce que son coût potentiel n’a jamais été aussi important. Ce que l’on pourrait perdre est tellement fondamental, constitue à tel point le socle de tout notre être social, que ce seul risque suffit à nourrir une anxiété d’ordre existentiel. Les pays où les pertes d’emploi suscitent la plus grande peur sont paradoxalement ceux où les emplois sont les mieux protégés et les statuts les plus difficiles à perdre : la probabilité de retrouver un emploi protégé y étant mé- caniquement plus faible, ce qui se perd est beaucoup plus précieux qu’ailleurs. Plus les murailles qui protègent les statuts sont hautes, plus la chute risque d’être mortelle - peu importe qu’elle soit improbable. La notion française de déclassement n’a guère d’équivalent aujourd’hui dans les pays annales officielles 33 EPREUVES COMMUNES >> anglo-saxons et scandinaves. Elle est symptomatique de notre vieille société inégali- taire et hiérarchique, encore aristocratique à de nombreux égards, où rangs et dignités s’accordent pour la vie et ont vocation à rester dans la famille. La transmission héré- ditaire des offices a disparu avec la Révolution, mais la dignité sociale n’en reste pas moins attachée à la conquête et à la conservation d’un statut. La peur du déclassement est la passion des sociétés à statut prises dans les vents de la démocratisation, lorsque rangs et dignités cessent d’être protégés par l’hérédité, mais doivent être remis en jeu à chaque génération. C’est la raison pour laquelle la diffusion extraordinaire de cette peur trouve son point d’origine dans les attitudes des nantis et des plus protégés. Ce qui se développe en premier lieu aujourd’hui n’est pas le déclassement effectif des classes populaires, mais la peur du déclassement au sein des classes moyennes et supérieures, avec tout ce que cela implique de comportements séparatistes en matière résidentielle et scolaire. La crise économique actuelle, comme celles de 1974 et de 1993, uploads/Societe et culture/ resume-de-texte-annales-officielles 1 .pdf
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- Publié le Mar 16, 2022
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