VARIATION LINGUISTIQUE, DIGLOSSIE, BILINGUISME, ET DIALECTE I. INTRODUCTION En

VARIATION LINGUISTIQUE, DIGLOSSIE, BILINGUISME, ET DIALECTE I. INTRODUCTION En principe, la sociolinguistique est l’étude des caractéristiques des variétés, des caractéristiques de leurs fonctions et des caractéristiques de leurs locuteurs, en considérant que ces trois facteurs agissent sans cesse l’un sur l’autre, changent et se modifient mutuellement au sein d’une communauté linguistique. Elle tâche également de découvrir quelles lois ou normes sociales déterminent le comportement linguistique dans les communautés linguistiques et s’efforce de les délimiter et de définir ce comportement vis-à- vis de la langue même. Ensuite, nous essayons ci-dessous de faire un synthèse sur la variation linguistique, la diglossie, le bilinguisme et le dialecte comme les parties étudiées dans la sociolinguistique en se basant sur de diverses sources. II. VARIATION LINGUISTIQUE A. Présentation La variation ou la variété linguistique est la notion majeure de la sociolinguistique, introduite principalement par William Labov, Marvin Herzog et Uriel Wienrich dans leur article sur “Fondements empiriques d’une théorie du changement linguistique” paru en 1966, pour désigner les écarts, observables dans une langue donnée, entre différentes manières de s’exprimer. On peut donner notion une acception dynamique, en y englobant les différentes évolutions diachroniques (historiques) qui affectent les langues. Ensuite, toute communauté linguistique use de plusieurs variétés linguistiques. Des études récentes (selon le laboratoire Langage et Société Univesité Ibn Tofail Kénitra) montent qu’il n’existe pas de société qui ne disposerait pas d’une seule variété linguistique ; tout comme il n’existe point d’individu qui ne maîtrise qu’une seule variété de langue. Le phénomène de la diversité des usages au sein d’une même langue, dans le processus social de la communication est évident et il se manifeste sur plusieurs plans : - géolinguistique (ou géographique), - temporel, - social, et - situationnel. B. Typologie de la Variation Linguistique Les sociolinguistes s’intéressent essentiellement aux usagers et à l’usage de la langue et proposent les différents classements pour présenter cette variation comme suit: 1. Variation selon les usagers Avec William Labov, le père de l’approche variationnelle en sociolinguistique, nous distingueons quatre types de variation: a. Variation diachronique, c’est l’évolution de la langue par rapport à l’histoire (par exemple: le français du XVIIe s./du XXIe s.) b. Variation diatopique, c’est la variété linguistique spatiale et régionale (comme en France/au Canada/en Afrique; à Paris/ à Marseille) que l’on connaît des dialectes et les régiolectes. c. Variation diastratique, c’est la variété linguistique selon le niveau social et démographique (comme la langue des jeunes/des personnes âgées, ruraux/urbains, professions différentes, niveaux d’études différentes…). Dans ce cas là, nous connaissons ce qu’on appellle le sociolecte (la variation liée à la position sociale) et le technolecte (variation liée à la profession ou à une spécialisation. d. Variation diaphasique, qui se correspond au style de la langue. Et Françoise Gadet, propose d’ajouter la variation “diamésique” qu’elle définit ainsi: “Une autre distinction relevant également de l’usage intervient entre oral et écrit”. 2. Variation selon l’usage a. Le registre soutenu (ou encore soigné, recherché, élaboré, châtié, cultivé…) b. Le registre standard (ou non marqué ou encore courant, commun, usuel) c. Le registre familier (ou encore relâché, spontané, ordinaire) d. Le registre vulgaire. Ensuite, la variation (selon les usagers ou selon l’usage) se manifeste à tous les niveaux de la langue: - phonique - morphologigue - syntaxique, et - lexicale. C. Quelques Manifestations de la Variation Lexicale 1. Le Jargon D’après le dictionnaire de Petit Robert, le jargon est la façon de s’exprimer propre à une profession, une activité, difficilement compréhensible pour le profane. On parle par exemple du jargon des linguistes ou des médecins. Le but ici est de se faire comprendre de ses collègues d’une même spécialité sans qu’il soit forcement question de dissimulation ou de secret. 2. L’Argot Les dictionnaires font remonter le mot argot à 1628 avec un premier sens de “corporation, confrérie de voleurs”. Certains linguistes estiment que le mot est attesté de façon plus ancienne (13e siècle. Cf F. Gadet). D’autres le font remonter au procès des Coquillard en 1455 (cette bande de voleurs est arrêtée puis jugée à Dijon; certains membres de la bande livrent leur jargon). Quoi qu’il en soit, l’argot apparaît comme: a. Une forme de jargon de classe marginal (les malfaiteurs, la pègre), dont l’utilisation au départ visait les non-inités (langage cryptique). b. Une langage particulier à un groupe de personnes ou un milieu fermé. L’argot a une fonction cryptique, identitaire et ludique. Manifestation de cette identité culturelle à travers: - la musique (rap) - des productions graphiques, tags, et graffitis - une façon de danser - certains sports (basket, boxe… - des choix vestimentaires, et - la forme linguistique 3. Le Verlan C’est une forme d’argot qui consiste en l’inversion des syllabes d’un mot, parfois accompagnée d’élision. Exemple: feum (femme) turevoi (voiture) valnacar (carnaval), etc. III. DIGLOSSIE A. Définition du concept de diglossie 1. Au début, le terme de “diglossie” est un néologisme, qui signifie bilinguisme en langue grecque avant d’être utilisé par le linguiste William MARÇAIS en 1930 dans sa “Diglossie arabe”. Il définit que la diglossie est une situation linguistique où se trouvent deux systèmes linguistiques coexistent sur un territoire donné pour des raisons historiques et du statut socio-politique inférieur. Donc, selon lui, la situation diglossique est généralement une situation conflictuelle car ce phénomène se rencontre lorsque les langues en contant ont des fonctions différentes, par exemple une langue “formelle” et une langue “privée” qui causent l’apparaition de variétés “hautes” et “basses” de la langue. 2. Selon un linguiste américain Charles A. FERGUSON (dans son article célèbre “Diglossia” paru dans la revue Word 1959), il introduit le terme de diglossie pour rendre compte de sociétés dans lesquelles deux langues coexistent en remplissant des fonctions communicatives complémentaires. FERGUSON reprend le concept de la diglossie après l’observation de 4 situations sociolinguistiques exemplaires, celles de la Suisse Alémanique, de la Grèce, d’Haïti et des pays arabes, comme suit: Situation de diglossie étudiée par C. A. FERGUSON Variétés apparentées Situations Variété Haute H Variété Basse B Suisse alémanique allemande standard (Hochdeutsch) dialecte alémanique “Schwyzertuutsch” Haiti français créole Grèce katharevousa démotique Pays arabes arabe classique dialectes arabes B. Critères linguistiques dans la situation de diglossie FERGUSON propose les principes différences linguistiques entre les variétés apparentées au niveau de la grammaire et du lexique. 1. Grammaire Une des plus importantes différences entre la langue haute (H) et la langue (B) se situe au niveau des structures grammaticales. B peut être considérée comme plus simple que H quand plusieurs conditions sont réunies. - La morpho-phonologie de B est plus simple que celle de H, c’est-à-dire que les morphèmes ont moins de variants et les variations sont plus régulières, il y a moins d’exceptions. - B comporte moins de catégories obligatoires marquées par des morphèmes ou des règles d’accord (ex: le français accorde le nom en genre et en nombre pas le créole haïtien). - Les règles d’accord et de rection verbale de B sont plus strictes que celles de H (par exemple, une variété sera plus “simple” qu’une autre si toutes les conjonctions gouvernent l’indicatif, alors que l’autre comportera des conjonctions gouvernant l’indicatif, des conjontions gouvernant le subjonctif, d’autres les 2 mais avec des changements de sens). 2. Lexique Une grande partie du lexique est commune à H et B. Pour les éléments différents, on a 2 cas: - H et B ont 2 mots totalement différents pour renvoyer à même réalité extralinguistiques: des doublets. Ex: en créole beaucoup (H) âpil (B) âne (H ) bourik (B) donner (H) bay (B) - H et B désignent la même réalité par des mots apparentés mais avec des modifications morpho-phonologiques plus ou moins grandes. Enfin, B et H étant utilisées pour des domaines complémentaires, des termes techniques et savants n’auront pas d’équivalents en B de même que des termes pour désigner des objets familiers de la vie courante existeront exclusivement en B. C. Critères sociolinguistiques dans la situation de diglossie En principe, il y a 6 critères sociolinguistiques qui sont absolument déterminants pour caractériser une situation de diglossie, ce sont: 1. Les domaines d’emploi ou répartition des fonctions C’est selon FERGUSON, une caractéristique essentielle de la diglossie. Dans un certain type de situations, on emploiera toujours H dans d’autres, toujours B. Les domaines d’emploi des variétés sont donc complémentaires. Pour illustrer cette répartition fonctionnelle de H et B, on peut remarquer le tableau livré dans l’article de FREGUSON suivant: Situations H B sermons, culte + ordres aux ouvriers, ordres aux serviteurs + lettres personnelles + discours politiques + cours universitaires + conversations familiales, amis + informations, médias + feuilletons (soap-opéra) + textes des desssins humoristiques + Poésie + littéraire populaire + Domaines d’emploi Choix de langue Haïti Martinique français créole français créole Offices religieux x (x) x (x) Ordres x x x Correspondance x (x) x discours politiques x (x) x (x) cours unversitaires x x conversations familiales ou avec des collègues x x x nouvelles (radio, télévision) x (x) x chansons locales x (x) x Journaux x (x) x (x) Poésie x (x) x (x) Folklore x (x) x 2. Le prestige Dans ce cas, H uploads/Societe et culture/ variation-linguistique.pdf

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