INFLATION ET SYSTÈMES MONÉTAIRES 8 MILTON FRIEDMAN Prix Nobel INFLATION ET SYST

INFLATION ET SYSTÈMES MONÉTAIRES 8 MILTON FRIEDMAN Prix Nobel INFLATION ET SYSTÈMES MONÉTAIRES ÉDITION REVUE ET AUGMENTÉE A vant-propos de CHRISTIAN SCHMIDT CALMANN-LÉVY Titre original de l'ouvrage DOLLARS AND DEFICITS Traduit de l'américain par DAISY CAROLL Cet ouvrage a été publié pour la première fois en langue française d~ns la collection « Perspectives de l'Economique» dirigée par Christian Schmidt La loi du Il mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite» (alinéa le< de l'article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constitue- rait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Original English language edition published by Prentice-Hall, lnc., Englewood C/iffs, New Jersey, U.S.A. © 1968, Prentice-Hall © Cal mann-Lévy, 1969, 1976 ISBN 2-86917-008-4 AVANT-PROPOS 1 La présente et cinquième édition d'Inflation et systè- mes monétaires de Milton Friedman comporte par rap- port à l'édition initiale de 1969 un texte nouveau qui constitue le chapitre premier sous le titre « L'Inflation, mal incurable?». Interrogé sur l'opportunité d'une révision du choix des textes retenus pour la première édition ou d'une nouvelle introduction, le pr Milton Friedman a répondu que l'ouvrage dans sa présentation initiale gardait toute son actualité. On peut cependant se demander si l'inflation qui ne cesse de frapper nos économies industrielles occidenta- les présente exactement les mêmes caractéristiques que celles que l'on pouvait observer à l'époque où Friedman écrivait ces articles et si les débats théoriques qu'elle suscite se déroulent toujours sur le même terrain. L'inflation actuelle présente certaines caractéristiques nouvelles. Le rythme des hausses de prix a beaucoup varié d'un pays à l'autre. Son accélération s'est souvent accompagnée d'une aggravation du chômage. Les échanges extérieurs, loin d'en avoir tempéré les effets, semblent au contraire avoir joué un rôle déterminant dans sa transmission. En ce qui concerne l'évolution des idées, la nouvelle orthodoxie monétariste dont Milton Friedman fut le principal théoricien est passée du stade de la curiosité universitaire à celui de la reconnaissance politique, puisque aussi bien aux États-Unis qu'en Europe occi- dentale et en particulier en France, des politiques de contrôle et d'encadrement du crédit et de la liquidité ont été mises en application, suivant des modalités diverses. 1. Cet avant-propos à la deuxième édition française (1976) a été légèrement remanié pour cette nouvelle publication. 12 INFLATION ET SYSTÈMES MONÈTAIRES font apparaître que le rapport ~ n'a pas la significa- y tion universelle que lui prête Milton Friedman et que sa valeur explicative apparaît au contraire très variable d'un pays à l'autrel . En outre, à partir de 1970, les deux courbes représen- tant les indices retenus se recoupent à plusieurs reprises. On peut y voir dans certains pays, comme les États-Unis, la marque d'une politique systématique de contrôle de la masse monétaire exercée par les autorités politiques. Mais il est difficile d'en déduire, au-delà de ces éviden- ces, une explication de portée plus générale sur la nature causale du lien qui unit les deux indices2• Car si dans certains pays, comme par exemple la Grande-Bretagne et le Japon, le gonflement de la masse monétaire semble effectivement précéder l'accélération de la hausse des prix, dans d'autres, comme l'Allemagne ou même la France, c'est le phénomène inverse qui semble au contraire s'observer. On pourrait du reste, en prolongeant cette observation, formuler une remarque qui n'est paradoxale qu'en appa- rence. En France, le ratio ~ se révèle très significatif y dans la période considérée, tandis que l'explication de l'inflation par l'augmentation du taux de liquidité se trouve contrecarrée par la relation inverse de l'inflation anticipée sur la demande d'épargne liquide. En Républi- que Fédérale Allemande, où la relation ~ est statisti- y quement peu significative, le taux de liquidité semble au contraire expliquer de manière assez satisfaisante le phénomène par ailleurs plus modéré de hausse de prix. Doit-on en conclure pour autant que la pertinence de ces deux formulations est inversement proportionnelle? 1. Sur ce point, cf A. GOUTIÉRE, «Taux de liquidité dans les différents pays occidentaux », Statistiques et études économiques et financiéres, nO 22, février 1976, pp. 3 à 15. 2. Cette question a été examinée précédemment en particulier par N. KALDOR : «The new monetarism », Lloyd's Bank Review, juillet 1970, pp. 1 à 18. AV ANT-PROPOS 13 Certainement pas, puisque des particularités relatives aux institutions et aux comportements financiers peu- vent également en rendre compte. En définitive, faute d'une définition théorique perti- nente de la monnaie et! ou de la liquidité, les évidences empiriques s'avèrent d'autant plus contestables qu'elles sont plus difficiles à réfuter. LA RELATION ENTRE LA MONNAIE ET L'INFLATION SE MANIFESTE-T-ELLE EXCLUSIVEMENT PAR L'INTERMÉDIAIRE DU NIVEAU GÉNÉRAL DES PRIX ? La vérification de cette hypothèse rencontre un préa- lable statistique. En toute rigueur, l'indice mesurant le niveau général des prix devrait comprendre l'ensemble de tous les prix. Or, l'indice souvent retenu ne concerne que les seuls biens de consommation. L'établissement de cet indice des prix à la consommation a soulevé du reste, ici et là, de sérieuses controverses qui se sont amplifiées au cours des dernières années. Mais la question posée par le recours au niveau général des prix pour expliquer l'inflation est plutôt d'ordre conceptuel l . Elle renvoie à la célèbre dichotomie posée par les quantitativistes entre les prix relatifs (ou prix réels) et le niveau des prix (ou prix nominaux). Or, le phénomène de hausse des prix s'est manifestement toujours accompagné d'un bouleversement dans la struc- ture des prix relatifs au moins au cours des quinze dernières années. L'exemple le plus frappant est évi- demment celui du prix de l'énergie et de certaines matières premières. Mais leur caractère singulier réduit la portée théorique de leurs manifestations. L'élargisse- ment de l'écart entre les gains de productivité d'un secteur à l'autre affecte les relations des prix relatifs tout 1. Un tel concept ne serait vraiment pertinent pour appréhender l'inflation que si tous les prix augmentaient exactement dans les mêmes proportions, ce qui résoudrait de ce fait le problème de la mesure de l'inflation. Cela explique, notamment, les prises de position répétées de Milton Friedman en faveur des formules d'indexation en période d'inflation prolongée. 14 INFLATION ET SYSTÈMES MONÉTAIRES en contribuant à la dynamique inflationniste par une tendance à l'alignement des rémunérations dans tous les secteurs. Une autre manifestation de l'importance des distor- sions de prix dans la conjoncture inflationniste actuelle peut être trouvée dans l'évolution divergente et même dans les retournements observés dans la hiérarchie des indices respectifs des prix intérieurs, des prix d'importa- tion et des prix d'exportation dans les principaux pays industriels. Cette situation ne reflète pas seulement les positions de change des différentes monnaies, mais fait intervenir un processus inflationniste étranger à la doc- trine monétariste, qui tire son origine de l'ajustement des revenus salariaux aux prix des produits importés dont l'évolution est elle-même largement tributaire des fluc- tuations de changes. Mais l'interprétation de ces différents phénomènes varie selon le schéma théorique adopté. Dans la perspec- tive quantitativiste, on s'efforce d'évaluer la: part de l'inflation imputable aux hausses relatives du prix de certains produits ou facteurs avant de s'interroger sur la relation entre la monnaie et le niveau des prix. La première opération se révèle statistiquement délicate en raison de la diversité des délais de transmission et de la difficulté de prendre en compte les effets d'anticipation qui ont fait cependant l'objet de nombreux travaux récents. Quant à la seconde, elle se trouve biaisée par la manière même dont la question se trouve posée. En effet, alors que toute hausse du niveau des prix, quelle qu'en soit l'origine, implique nécessairement une augmenta- tion de la masse monétaire en circulation, en raison du caractère tautologique de l'équation quantitative, la hausse d'un prix par rapport aux autres n'entraîne aucune augmentation automatique de revenu monétaire. Pour Hayek comme pour Keynes, ou tout au moins pour certains de leurs interprètes contemporains (sur ce point curieusement les pensées d'Hayek et de Keynes se rejoignent), la monnaie intervient directement dans les processus économiques baptisés à tort « réels ». Si l'on adopte par exemple le schéma proposé par Hayek dans AVANT-PROPOS 15 Prix et production', une distorsion dans les prix relatifs, quelle qu'en soit l'origine, peut se révéler tout à la fois génératrice d'inflation et de chômage par l'intermédiaire d'une modification induite de la structure de production sans nécessiter de variation dans le stock total de monnaie. Ce type d'analyse est susceptible de prolonge- ments intéressants dans la mesure où elle permet de prendre en compte par exemple l'inégalité des agents face à la contrainte de la liquidité, en envisageant notamment la diversité de leur situation dans le contrôle de leur prix et la position qu'ils occupent uploads/s1/ friedman-milton-inflation-et-systemes-monetaires.pdf

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  • Publié le Jui 01, 2021
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