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'^âÊê i u WÂ. \ #^sX^ W^.. M: DU MEME AUTEUR Les Diaboliques. In-4o illustré de 23 composi- tions dessinées et gravées sur bois par Gastox Pastré. Tirage à 1.000 exemplaires sur vélin pur fil Lafuma 5,j fr. Les Diaboliques, ln-16 double-couronne de 336 pages, illustré de 16 compositions dessinées et gravées sur bois par Gaston Pastré 7 fr. lUFhlMElUK UE LAG\r ^J. BARBEY D'AUREVILLY VICTOR HUGO >'<> PARIS LES ÉDITIONS G. CRÈS & 0« 21, RUE HAUTEFEUILLE, 2 i (VP) M C M X X 1 1 '^' IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE CINQUANTE EXEMPLAIRES SUR VÉLIN PUR FIL DES PAPETERIES LAFUMA (dont DIX HORS commerce) NUMÉROTÉS DE 1 A 40 ET DE 41 A 50. Toit; droits réservés pour t(tus pays. Cette lettre indique ce que Barbey d'Aurevilly pen- sait réellement de Victor Hugo : Paris, 7 mars 1870. Mon cher Spoll, voici ma réponse : Pour reconnaître le génie d'un écnvain, il n'est à mon sens qu'un seul moyen, et ce moyen est un critérium infaillible t C'est de relire et relire ses œuvres sans en éprouver de fatigue, en y faisant constamment de nouvelles trouvailles. Expéri- mentez ça avec La Fontaine, Molière, Victor Hugo, vous trouverez en eux des amis sûrs et des guides qui ne vous trahiront jamais. C'est faire du tort à des gens d'un mérite intermittent {et beaucoup d'entre eux sont encore dans les pnvilégiés) que de publier toutes leurs productions dans une Anthologie comme la vôtre. Je me rappelle toujours quelle impression de désillu- sion je retrouvais, étant enfant, à chaque nouvelle lecture de certaines pièces de Casimir Delavigne, et même de Vigny, par exemple ! Dès qu'un écrit baisse, renoncez à le publier, mon cher Spoll, et vous ferez un travail utile en n'imposant pas des productions dont la médiocrité ne peut qu'égarer le jugement sur la valeur de l'œuvre totale. Tout à votre disposition, Jules Barbey d'Aurevilly. AVERTISSEMENT Bavbey d'Aurevilly a,., méconnu Victor Hugo... c'est du moins Topinion reçue. Ces quelques passages, détachés du livre que voici, éclaireront peut-être le lecteur. Ainsi (p. 175 et 186), parlant de la bataille d'Eylau : « Cette bataille qui le fait sublime comme elle par la sim- plicité, la grandeur sévère, la concision rapide, et cela par la raison qu'elle est une réalité qui lui prend l'âme et l'emplit toute... « Elle me remet en mémoire ces dons que j'ai toujours adorés, proclamés et acclamées dans le poète de la Légende des Siècles, génie militaire s'il en fut, mais qui a chaviré dans la bêtise humanitaire. Victor Hugo était, sans les lamentables déraillements de sa vie, destiné à nous donner un poème épique, cette grande chose militaire qui manque à la France, à qui pourtant les hommes épiques comme Charlemagne et Napoléon n'ont pas manqué. Un jour, ma critique lui donna le conseil de préférer une grande Épo- pée à toutes ses petites épopées. Il ne le suivit pas, bien VIH AVERTISSEMENT entendu. C'était au temps de la première Légende des Siècles. Il était trop glorieux pour écouter l'intérêt de sa gloire... En ce temps-là, c'était le moment de s'élever le premier dans Tordre des poètes... « Seul il pouvait donner à la France ce poème épique qu'elle n'a pas, et dont elle s'est toujours moquée parce qu'il lui a toujours manqué. » Plus loin [Chansons des Hues et des Bois, p. 181) : «Rien de pareil, en effet, ne s'est vu dans la langue fran- çaise, et môme dans la langue française de Hugo. Quand Hugo écrivait les Djinns ou Snrah la Baigneuse, par exemple, et forçait le rhythme, ce rebelle, à se plier à ses caprices, — qui étaient des conquêtes sur la langue elle-même, — il y avait encore en ses assouplissements merveilleux, sinon l'effort de la force, au moins le triomphe d'une résistance. Il n'y avait pas l'aisance, l'aisance suprême que voici, et qui est si grande que le poète ne paraît même pas triom- pher. Ce n'est plus de l'asservissement, cela, c'est de l'en- chantement! Tout ce que n'est pas Hugo par la pensée, par l'image, par le mot, il l'est par le rhythme, mais par le rhythmesejv/. Lui, le tendu, l'ambitieux, le Crotoniate fen- deur de chêne et qui y reste pris, a dans le rhythme la grâce vraie et jusqu'à la langueur. Il nage dans son vers comme, un poisson dans l'eau. C'est son élément, — mais un élément qu'il a créé. Il y a, dans cet incroyable recueil de quatre mille vers, de la même mesure à l'exception d'un très petit nombre de morceaux, beaucoup de pièces où le virtuose n'a eu besoin que de poser légèrement son archet sur les cordes de son violon pour que les cordes, impalpablement touchées, aient chanté. L'ne entre autres : Ce qu'on dit à Jeanne toute seule, et qui commence par ces mots : • Je ne ma mets pas en peine Du cloclier ni du bolTroi, est d'un tel charme et d'un tel moelleux dans la manière AVEIiTISSEMENT IX dont les strophes tombent les unes sur les autres, qu'une seule bouche au monde était digne de dire tout haut de pareils vers, et qu'on ne les entendra jamais difs comme ils sont écrits, car cette bouche est glacée. C'était celle de ma- demoiselle Mars. « Cet art inouï du vers, si consommé qu'ilestindépendant de ce qu'il exprime, ne peut guères être senti, du reste, que par les poètes, par ceux qui sont du bâtiment, comme dit l'excellente expression populaire. Mais, pour ceux-là, c'est vraiment un plaisir divin. Quand le i^hythme est manié avec ce génie, il donne l'inexprimable et rêveuse sensatioa que donne, en peinture, l'arabesque exécutée par un génie égal. Victor Hugo est le génie de l'arabesque poétique. Il fait de son vers ce qu'il lui plaît. Arlequin faisait de son chapeau un bateau, un stylet, une lampe; Hugo fait bien d'autres choses de son vers. Il en joue, comme, un jour que je prends parfois pour un rêve, j'ai vu jouer du tam- bour de basque à une bohémienne. Le tambour de basque courait comme un rayon sonore autour de la danseuse, et l'on ne savait plus qui courait l'un après l'autre, de la danseuse ou du tambour. A cet égard Victor Hugo est in- comparable. Il est arrivé au point juste où l'instrumentiste et l'instrument se confondent, et la supériorité qu'il atteste est si grande que la Critique ne saurait croire qu'il put faire un progrès de plus, et que, pourtant, elle n'oserait l'affirmer! «Et ce que je dis là, je le dis, sans exception, pour toutes les Chansons des rues et des bois... « C'est un ravissement perpétuel. Victor Hugo entasse des montagnes de grosses choses, d'énormités et de pathos, sur ce fil de la Vierge étincelant et flottant, et ce fîl ne se rompt jamais et ne perd pas un seul instant de sa mollesse et de sa grâce. Le talent touche ici au miracle! » Et quand il cite quelques vers (p. 178) : de «la déli- cieuse Chanson du Fou, dans Cromwell », et (p. 208) X AVERTISSEMENT s'écrie : « Le peintre ardent des Orientales^ le magni- fique et le puissant de la Légende des Siècles, qui fai- sait ruisseler la couleur par si larges touches!... » Mais iljevient constamment sur ceci (p. 160 et 187) : « Encoi-e une fois, seul, M, Victor Hugo, malgré les divers cours de sa fortune, est resté fidèle à la Muse, cette déesse de plus en plus fabuleuse. Il est resté fidèle, vaillant, in- fatigable, fécond, de cette fécondité tenace qui est un signe, — le signe de la souveraineté dans la vocation créa- trice, — et pour cette raison il est peut-être le seul qui puisse aujourd'hui nous donner, après les fortes œuvres, le pur chef-d'œuvre qui est le dernier mot d'un homme ou d'un siècle. a Victor Hugo voulait-il, oui ou non, atteindre à sa gloire définitive et donner à sa patrie non plus des ouvrages, mais un monument, et, ce qui eût été digne de lui, le mo- nument jusqu'alors impossible?... L'auteur des Petites Épo- pées, — ces préludes magnifiques d'un concert plus magni- fique que j'espérais, — le poète de la Légende des Siècles, qui nous a peint si bien Charlemagne et Roland, pouvait mieux que personne mettre debout ces figures colossales et faire tourner alentour le cycle carlovingien. Il aimait le colossal, en voilà ! Fait pour chanter la guerre, l'héroïsme, la foi, toutes les forces, que ne nous donna-t-il cette joie de le voir rentrer dans la vérité de son génie! Ah! il faut aimer le génie jusqu'aux larmes. Priam demandait à ge- noux le corps d'Hector à Achille et pleurait sur ses mains sanglantes... Hugo était tout à la fois Hector et Achille, et nous lui demandions de donner les restes de son génie, qu'il tuait, à la poésie du poème épique, qui pouvait seule le ressusciter ! « Sur les Misérables, pour lesquels on lui a tant re- proché ses sévérités (p. uploads/s1/ hugo-barbey.pdf
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- Publié le Jul 23, 2021
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