Le N°10 d A S v \ l I était consacré au 2" Régiment de Hussard, une unité très

Le N°10 d A S v \ l I était consacré au 2" Régiment de Hussard, une unité très particulière destinée à la recon- naissance et à l'acquisition du renseignement sur les arrières immédiats de l'ennemi. La fin de la guerre froide a orienté le régiment vers de nouvelles missions et bien sûr de nouvelles techniques basées sur l'exploitation des intervalles dans le dispositif ennemi. Depuis le monde a encore beaucoup change et nne fois de plus, le régiment s'est adapté et a considérablement endurci ses capacité. Cette nouvelle montée en puissance et en connaissance correspond également à un changement de garnison : Adieu Sourdan et bonjour Hagenau ! Jean Jacques CÉCILE vous présente quelques un des savoir-faire de ce prestigieux régiment qui a toujours su évoluer dans un monde de plus en plus dangereux. La bête est là, tapie dans Vombre, encore au repos. Museau effilé, pneus imposants, impression de force tranquille. Nous sommes en zone d'agencement avancée (ZAA), c'est le calme avant la tempête. D erniers détails à régler avant que Faction ne se déclenche, après ce sera trop tard. L'itinéraire que j'ai choisi est-il le meilleur ? Ai-je vraiment ciblé tous les points de passage obligés (PPO) où des pré- cautions supplémentaires devront être prises pour éviter que l'ennemi Les Hussards de la furtivité ne nous repère ? Puis, un à un, les moteurs s'ébrouent, leur ronfle- ment puissant sature l'ouïe. Il n'est plus temps maintenant d'avoir des doutes, il faut y aller, Edgy Owl (mot-à-mot chouette énervée) débute. Cette manœuvre est d'une importance capitale : elle tient lieu de QT5 (ultime qualification tac- tique) au profit des apprentis chefs de patrouille et adjoints à chef de patrouille. Pour les candidats du 2e Régiment de hussards montés sur leurs VBL bourrés de capteurs et d'électronique, c'est un départ en exercice qui fera date. Ci-contre : Le dernier briefing avant le départ est donné sur une carte directement projetée sur l'écran du VBL. (Photo Yves DEBAY) Ci-dessous : Les VBL prêts au départ. Comme nous sommes en France et qu'au début de l'infiltra- tion, les blindés légers emprun- teront les routes départementales, les engins ne sont pas encore camouflés. (Photo Yves DEBAY) ASSAUT Un système de renseignement complet et cohérent L 'infiltration débute, cap vers l'inconnu. La première partie, relativement facile, s'effectue en zone permissive. Pour la patrouille (deux VBL, six hommes), il s'agit d'aller vite, c'est ce que les hus- sards appellent une "ambiance rapidité". Les choses véritablement sérieuses ne commencent qu'en- suite lorsque les véhicules blindés se rapprochent de l'ennemi, il faut prendre les mesures nécessaires à assurer cette discrétion qui est la marque de fabrique du régiment. Une halte, la zone de déploiement opérationnel (ZDO), les hussards s'affairent autour du blindé. C'est que vu d'Haguenau, la furtivité est tout sauf un vain mot, le souci du détail est poussé au paroxysme. Les plaques d'immatriculation sont masquées, les rétroviseurs sont démontés de manière à éviter qu'un reflet inopportun ne vienne trahir la présence de la patrouille. Plus tard, pas encore cependant, la cellule transmissions vont se séparer. Quelques heures encore et le capteur humain, premier "pion" de la chaîne du renseigne- ment que constitue le 2 e Régiment de hussards, sera en place, la sur- veillance de l'axe pourra commen- cer. Dès lors, rien de ce qui y passe n'échappera aux yeux acérés des cavaliers confortablement installés dans une cache enterrée, comme au... Lorsque l'on hasarde la com- paraison, le capitaine Alexandre V., officier responsable des res- sources humaines, s'insurge ajuste titre : « vous venez de dire que le 2' Régiment de hussards est com- parable à certaines unités de forces spéciales ou autres qui utilisent le même procédé, on peut tout aussi bien dire que les forces spéciales sont comparables au 2' Régiment de hussards ! ». Le ton est donné. Ici, on n'a pas besoin d'être mesuré à l'aune d'un étalon, on sait ce que l'on est, on sait ce que l'on vaut. En un mot comme en cent, on ne vient pas là par hasard, on n'y reste pas par habitude, il y faut de la passion, de l'enthousiasme, de la fierté aussi. Le 2e Régiment de hussards est avant tout un système de rensei- gnement complet et cohérent ayant deux cordes à son arc : la recherche profonde au moyen de patrouilles des coupe-circuits permettront de neutraliser phares et feux stop. On est désormais dans le vif du sujet, les équrpiers ont chaussé les optiques de vision nocturne et progressent tous feux éteints. Périodiquement, des points de regroupement sont reconnus, au cas où les deux VBL de la patrouille viendraient à être séparés, enfin l'installation en base de mis- sion, là où la cellule acquisition et N° 72 - Avril 2012 Ci-dessus : Cette imagedonne une idée de l'encom- brement dans un VBL prêt pour une semaine de terrain. (Photo Yves DEBAY) Au milieu : Une fois les grands axes quittés, le VBL est couvert d'un filet de camouflage. Feux, phares et plaque d'imma- triculation sont masqués en moins de 30 secondes. Le blindé, déjà très "furtif", va alors poursuivre son infiltration par un itinéraire discret, utilisant les masques du terrain et en navi- gation de nuit. (Photo Yves DEBAY) Ci-dessous: Une fois sur sa zone d'opérations, le VBL, devenu "maison mère" pour les équipes d'observation, va littéralement disparaître dans l'environnement. A un mètre, vous ne le distinguerez pas car le camou- flage naturel va compléter le filet. Vous pouvez imaginer sur cette photo qu'il y a un VBL, maison vous a prévenus, alors que nous sommes dans un bois en hiver... en été le VBL est totale- ment invisible ! (Photo Yves DEBAY) 15 M.rwW< d'une part et le recueil de l'information (Reclnf) par traite- ment de sources humaines d'autre part. Intéressons-nous en premier lieu au volet recherche profonde. En territoire contrôlé par l'ennemi M ais où donc se cache-t-elle, cette cache ? L'officier accom- pagnant votre serviteur est resté en arrière, il arbore un sourire en coin teinté d'un zeste d'ironie. Le saint Graal est là, à quelques mètres, je le sais, il me l'a dit, mais où ? Finalement, je capitule, m'avoue impuissant à détecter ce trou à l'intérieur duquel les trois hommes de la cellule observation se relaient afin de monter une garde vigi- lante. Pas brillant pour un ancien du 13e RDP... Le capitaine, lui, éclate de rire : « vous êtes juste au- dessus ! ». Bingo. Eh oui, la fente de visée est là, à mes pieds, je ne l'avais pourtant pas détectée telle- ment elle est parfaitement intégrée au paysage. C'est finalement plus et mieux que du camouflage, c'est autre chose, du professionnalisme élevé au rang d'un art. Le temps de prendre quelques photos, de discu- ter avec les hussards et direction la base radio. Nous décidons de jouer au même jeu : à moi de débusquer le lièvre. Je m'attends à ce que cela soit plus facile car deux VBL côte-à-côte composent une masse pour le moins ^ - • « y - Ci-contre: La vie dans une cache n'est pas une sinécure. Promiscuité, trois hommes sont les uns sur les autres pendant quelque- fois une semaine. Faim, froid, manque de sommeil sont au rendez-vous. Le hussard doit être très fort morale- ment et physique- ment pour suppor- ter ce traitement. Au milieu : En arrière des caches ou des postes d'observa- tion, on trouve la cellule transmission qui, sous les VBL totalement camou- flés, va renvoyer vers le haut les infor- mations recueillies. La vie y est presque aussi frugale que dans une cache. Ci-dessous : La cache, ici bien ouverte pour la photo, est une des raisons d'être du 2 e RH. Le moyen d'observation est une jumelle télémètre JIM-LR de SAGEM. Les coor- données GPS delà cible télémétrée s'affichent, ce qui est particulière- ment intéressant si l'équipe planquée doit déclencher un tir d'artillerie ou une frappe aérienne. (Photos Yves DEBAY) imposante que l'on ne fait pas dis- paraître aussi facilement que cela ! Eh bien cette masse, je la détecterai certes, mais pas avant d'avoir été amené à moins de vingt mètres et • T * """" ' . v après que l'on m'ait indiqué la direc- tion générale dans laquelle chercher. Cela fait belle lurette que la senti- nelle, elle, nous a à l'œil. Furtivité, quand tu nous tiens... Un peu plus tard, nous sommes accueillis par le commandant (en fait un chef d'escadrons puisque nous sommes dans 1 arme-blindée- cavalerie-!) Hubert B., chef du BROI (bureau renseignement, opérations, instruction) qui va se charger d'éclai- rer notre lanterne. La recherche pro- fonde au 2e Régiment de hussards, nous explique-t-il, c'est avant tout quatre missions et quatre procédés. Les missions, tout d'abord : - Renseignement sur axe (iden- tification et décompte des véhi- cules adverses passant sur un axe de manière à ce que les analystes, recevant les comptes-rendus de plusieurs patrouilles prenant en compte plusieurs axes, puissent reconstituer le dispositif ennemi' - Renseignement sur objectif (infrastructure, activités observées"' uploads/s1/2e-regiment-de-hussards-assaut-n072-2012-apr.pdf

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  • Publié le Fev 18, 2021
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