UFR 04 SCIENCES DE L’ART MÉMOIRE DE MASTER 2 ELER SEPTEMBRE 2015 WANLING CHANG
UFR 04 SCIENCES DE L’ART MÉMOIRE DE MASTER 2 ELER SEPTEMBRE 2015 WANLING CHANG SOUS LA DIRECTION DE MR CHRISTOPHE VIART APPROPRIATION DU TÉLÉACHAT & DES IMAGES PAUVRES UFR 04 SCIENCES DE L’ART MÉMOIRE DE MASTER 2 ELER SEPTEMBRE 2015 WANLING CHANG SOUS LA DIRECTION DE MR CHRISTOPHE VIART APPROPRIATION DU TÉLÉACHAT & DES IMAGES PAUVRES 5 SOMMAIRE INTRODUCTION 7 PARTIE I - TÉLÉACHAT & IMAGES PAUVRES 15 ÉLÉMENTS FONDATEURS DE L’ŒUVRE 1.1. LE TÉLÉACHAT COMME MATIÈRE 19 1.1.1. TÉLÉACHAT & REPRÉSENTATION DU CAPITALISME 20 1.1.2. ESTHÉTIQUE DU TÉLÉACHAT 24 1.2. L’ÉCONOMIE DES IMAGES 29 1.2.1. L’ÉCONOMIE DES IMAGES DANS L’ART VIDÉO 31 1.2.2. MODES & CONDITIONS DE PRODUCTION DES IMAGES 33 1.2.3. DÉFINITION(S) DES IMAGES PAUVRES 35 1.3. BILAN 43 PARTIE II - ESTHÉTIQUE DE L’APPROPRIATION 45 INTENTIONS PLASTIQUES DE L’ŒUVRE 2.1. APPROPRIATION DANS L’ART CONTEMPORAIN 49 2.1.1. EMPRUNT DE LA FORME 50 2.1.2. DÉTOURNEMENT & TRANSFERT DE SENS 53 2.1.3. RECYCLAGE & RECOMPOSITION 56 2.2. ESTHÉTIQUE DE L’ŒUVRE 61 2.2.1. REFORMATION & DÉCONSTRUCTION DES IMAGES 62 2.2.2. REPRÉSENTATION DU CORPS 66 2.2.3. ESTHÉTIQUE CORPORATIVE 69 2.3. BILAN 73 CONCLUSION 75 BIBLIOGRAPHIE 80 ICONOGRAPHIE 82 REMERCIEMENTS 83 7 INTRODUCTION « The poor image is a copy in motion. Its quality is bad, its resolution substandard. As it accelerates, it deteriorates. It is a ghost of an image, a preview, a thumbnail, an errant idea, an itinerant image distributed for free, squeezed through slow digital connections, compressed, reproduced, ripped, remixed, as well as copied and pasted into other channels of distribution. » Hito Steyerl, « In Defense of the Poor Image », The Wretched of the Screen, Berlin, Sternberg Press, 2013, p.32 10 INTRODUCTION LE MONDE DES IMAGES Depuis quand sommes-nous entourés par les images ? L’invention de la photographie peut être considérée comme le marqueur temporel d’une nouvelle époque, celle de la reproduction. Depuis le début du XXe siècle, les progrès réalisés dans ce domaine ont été considérables et exponentiels : l’arrivée du cinéma, puis la télévision et la vidéo ; la démocratisation des caméras à usage personnel, de plus en plus légères et accessibles ; le début de l’ère numérique, l’avènement de l’internet et la numérisation totale de tous les équipements utilisables par l’homme, jusqu’au téléphones portables, devenus smart phones ou téléphones intelligents; les exemples sont sans fin. L’automatisation remplace de plus en plus de manœuvres dans toutes les industries, accélère la production des marchandises ; cette reproduction est faite non seulement pour les besoins des gens mais également pour plus de profit. Les bots informatiques exécutent des taches variées sur l’internet ; ils peuvent tweeter à notre place, faire des recherches dans un domaine spécifique, voire même produire des images 1. De nos jours, la production d’information n’exige plus nécessairement d’intervention humaine. Avec l’apparition des plateformes multimédia (Youtube / Vimeo), des sites de micro blogging (Tumblr), ou des réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Vine, Instagram) tout le monde peut aujourd’hui facilement partager images et vidéos. En une décennie, nous avons assisté à la démocratisation simultanée des moyens de production, de diffusion et de réception des images. Si la poursuite de la meilleure qualité dirige les progrès techniques, les niveaux de définition atteindront bientôt des niveaux imperceptibles par l’être humain. À côté de cela, les images en basse définition ou en mauvaise qualité pullulent, liées au sphères de l’amateurisme ou du hors norme. Comment les considérer sous un autre angle, selon un nouveau mode de perception et de compréhension ? En allant au delà, quels modes de fabrication et de (re)présentation de ces images est-il aujourd’hui possible de proposer ? 1 Référence à des « twitterbots », comme V A P O R W A V E ™ (@Vaporwavebot) qui cherchent les albums du genre Vaporwave, ou rachael runner (@Rachael_Runner), une bot-installation créée par Intact Project (ES), qui peut répondre aux tweets des inter nautes, en les accompagnant d’une génération automatique d’images qui signifient le flux des échanges d’information 11 2 Hito Steyerl, « In Defense of the Poor Image », The Wretched of the Screen, Berlin, Sternberg Press, 2013, p.40 3 ibidem THE POOR IMAGE L’ouvrage de l’artiste Hito Steyerl,The Wretched of the screens, est un recueil de ses réflexions à propos des images de notre époque. Il ne s’agit pas seulement d’images d’art, mais plus généralement de toutes les images disponibles, et ce quelles que soient leur provenance : navigateurs web, archives, publicités, spams physiques et virtuels, etc. Steyerl parle de la notion de « Poor image » (image pauvre) : une image qui est souvent de mauvaise qualité, dans une définition non-conforme, puisqu’elle a été compressée, déformée ou remixée pendant le processus de transmission ou reproduction. Elle est, en quelque sorte, le débris de la reproduction dans l’ère numérique : un «fantôme d’image, une idée errante» 2. Steyerl y oppose les images du cinéma, considérées comme haut-de-gamme : elles sont plus riches, et ont plus de valeur car elles exigent un ensemble de ressources, techniques et matérielles pour leur production. En comparaison, on considérera les autres images, de manière relative, comme des images pauvres. Les dernières sont majoritairement représentées, au détriment des secondes, ignorées par le public car impropres à la consommation, ou du moins à la projection. Cependant, l’apogée de l’internet donne une nouvelle chance à ces images pauvres: avec la mise en ligne constante de fichiers par des particuliers, elles ont enfin la possibilité d’être revues et consultées par tous et à l’infini. Au delà de la question de l’archivage, Steyerl observe que l’internet favorise largement la création participative. Les internautes deviennent les monteurs, les critiques, les traducteurs, et les (co)auteurs des images qu’ils ont eux-même mis en ligne 3. Cet argument est crucial car il révèle une nouvelle génération (dont les artistes) qui témoigne du passage à la numérisation des images; la transition, remarquable tant du point de vue technique que de celui de son accessibilité, ouvre la voie à ceux qui souhaitent se les approprier et les manipuler. Nous pouvons donc aujourd’hui témoigner de l’apparition d’une nouvelle approche dans la création, la consultation, l’interprétation et le classement des images : c’est sur cette notion que j’ai souhaité en premier lieu porter ma réflexion, et tout particulièrement sur ces «images pauvres» qui sont à notre disposition au quotidien. Leur qualité originale de production n’ayant plus l’importance qu’elle pouvait avoir par le passé, il semble devenu aisé de détacher les images de leur contexte premier; la «matière première» devient ainsi «matière à recycler»: triée, traitée, découpée, remontée, elle est prête pour accueillir une nouvelle fonction, un nouveau sens, un nouveau récit, deuxième objet de mon travail de diplôme. 12 PROBLÉMATIQUES AUTOUR DE L’ART VIDÉO & DU TÉLÉACHAT Ce mémoire aura pour objet le parcours de réflexion par rapport à la pièce qui sera réalisée pendant la soutenance. Cette réflexion aborde dans un premier chapitre par l’étude de la base de travail: le téléachat, son rapport avec le capitalisme et son esthétique. Ensuite, elle s’étend à l’économie de la vidéo, mène une analyse sur l’aspect économique de production des vidéos. Cette réflexion comporte un premier chapitre sur la connexion entre art et vidéo: le développement de l’art vidéo, l’économie de la vidéo, et enfin l’analyse du téléachat comme base de travail pour la pièce présentée. Le deuxième chapitre décrit et analyse les tenants et les aboutissants de l’œuvre de diplôme. Succédant à l’analyse du modèle de téléachat, il partira de l’étude des modes de traitement des images pour analyser leur plasticité et leur portée politique. Le choix de retravailler un matériau de base issu du téléachat relève d’une inclinaison personnelle. Comme la plupart des enfants de ma génération, j’ai inévitablement grandi avec la télévision, et j’ai, aussi loin que je m’en souvienne, toujours eu une fascination certaine pour les émissions de téléachat : pour les images léchées, pour la vision positive qu’elles renvoient, pour leur efficacité à promouvoir les produits les plus improbables. J’ai ainsi décidé, plutôt que de créer de la matière nouvelle, de recycler cette matière existante, avec sa propre logique interne, et de la retravailler. Après avoir regardé et étudié avec application des heures de clips de téléachat, j’ai constaté qu’il existait une formule à appliquer pour produire ces vidéos, dont les codes, s’ils semblaient sensiblement évoluer depuis la popularisation du médium dans les années 80, restaient similaires dans leurs fondements. Car l’objectif recherché reste toujours de tenter d’augmenter au maximum la visibilité du produit. A force d’appliquer les formules, les images fabriquées ne cherchent plus à émouvoir leurs téléspectateurs. Quel que soit le coût investi dans la production, les vidéos de téléachat comportent toujours une haute proportion d’artificialité, artificialité qui ne semble pas choquer ses producteurs. 13 ENJEUX DE L’OEUVRE De mon point de vue, ce qui est en jeu derrière les images de téléachat, c’est avant tout l’industrialisation de la production des images. Le téléachat est une charte de marketing pour les produits, dont la promotion s’organise autour de créneaux télévisuels, avec des clips offerts et produits par l’entrepreneur. Le téléachat reste, à de nombreux égards, l’archétype de l’image au uploads/s3/ 2015-chang-appropriation-du-teleachat.pdf
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- Publié le Aoû 11, 2021
- Catégorie Creative Arts / Ar...
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