Chapitre 5 : Chantez à l'Éternel un cantique nouveau Par M. Alfred Kuen Un cant
Chapitre 5 : Chantez à l'Éternel un cantique nouveau Par M. Alfred Kuen Un cantique nouveau Plusieurs fois, les Psaumes nous demandent : "Chantez à l'Éternel un cantique nouveau" (Ps. 33 : 3; 96:1; 98:1;149:1; Es. 42:10). Cette exhortation a été interprétée de diverses manières : au travers d'expériences neuves de la grâce de Dieu, trouver de nouvelles raisons de le louer (cf. Ps. 40:4), chanter avec un cœur renouvelé, c'est-à-dire régénéré. Cependant, le Psalmiste parle d'un cantique nouveau. Alors pourquoi ne pas apprendre de nouveaux cantiques - ou en composer ? Le culte n'est certainement pas le moment qui convient à un tel apprentissage, toute l'attention se trouve détournée de Dieu et du sens des paroles par les difficultés rythmiques et mélodiques du chant. Mieux vaut réserver, comme nous l'avons dit plus haut, un moment avant le culte ou lors d'une réunion de la semaine à cette intention. Lorsque le célèbre chanteur John Littleton anime une messe où il fait reprendre certains refrains par l'auditoire, il convoque les fidèles un quart d'heure à l'avance pour les leur apprendre. De cette manière on peut procéder à un véritable apprentissage phrase par phrase, sans avoir peur de "profaner" le moment de l'adoration. K. Osbeck donne quelques règles utiles pour l'apprentissage rapide d'un nouveau chœur : 1. Les paroles devraient être simples et contenir une vérité biblique importante. 2. La mélodie et le rythme doivent être plutôt faciles à apprendre. 3. Sachez parfaitement vous-même le chœur avant d'essayer de l'apprendre aux autres. Ayez le texte sous les yeux même si vous pensez le savoir par cœur. 4. Donnez à temps une copie des notes à l'accompagnateur. 5. Ayez une collection de chœurs adaptés à divers sujets (louange, prière, consécration... ). 6. Pour apprendre le chœur : a) Introduisez-le de manière à donner envie de l'apprendre. b) Dites les paroles pendant que le pianiste joue la mélodie. c) Chantez-le ou faites-le chanter par la chorale. d) Répétez encore une fois les paroles sans la musique. e) Faites répéter le chant par l'auditoire en l'aidant par votre chant ou celui de la chorale. Répétez la ligne suivante ou son début entre les phrases musicales. Indiquez la hauteur des sons par des gestes de la main (chironomie de David). f) Faites répéter plusieurs fois en variant à chaque fois la motivation de cette répétition (insistance sur les paroles, le rythme, l'expressivité, les nuances...). g) Reprenez le chœur la semaine suivante. On peut procéder de même pour l'apprentissage de cantiques plus longs en les prenant phrase par phrase. 7. Ne passez pas trop de temps sur le même chant la première fois. Il vaut mieux le laisser "sédimenter" et y revenir la semaine suivante. On peut ajouter : encouragez les chanteurs à répéter le chant appris durant les moments libres de la semaine (vaisselle, jardinage, déplacements). L'esprit humain a besoin de nouveauté pour rester alerte. Avec des cantiques que l'on connaît par cœur, il faut faire un double effort pour penser les mots. Dieu nous encourage à renouveler notre hymnologie par l'exhortation ci- dessus répétée plusieurs fois dans sa Parole. Comment trouver sans cesse du nouveau ? 1. En explorant les richesses méconnues de l'hymnologie traditionnelle. 2. En exploitant le trésor musical folklorique. 3. En créant du neuf. 1. Revaloriser l'hymnologie traditionnelle Nous ne connaissons pas nos richesses. Le trésor de l'hymnologie universelle contient d'innombrables cantiques oubliés dont beaucoup seraient encore utilisables aujourd'hui. Et parmi ceux qui figurent toujours dans les recueils de cantiques, combien sont encore chantés ? Dans un recueil qui en contient 600, c'est à peine si le fidèle en connaît une cinquantaine, ou même une trentaine. On chante toujours les mêmes parce qu'on ne connaît pas les autres, et on ne connaît pas les autres parce qu'on chante toujours les mêmes... Il existe, certes nombre de chants dont le style est dépassé, les paroles incompréhensibles en post-chrétienté ("Suivez toujours l'Agneau") et les mélodies trop sentimentales ou mal adaptées au texte. Mais dans beaucoup de cas, nos hymnes chrétiens constituent des unités homogènes qui ont défié le temps, et ils seront encore chantés quand on ne parlera plus du rock et de la pop music en dehors de l'histoire de la musique. Beaucoup de jeunes les méprisent par réaction ou par ignorance, mais les redécouvrent avec émerveillement une fois les vagues contestataires assagies... Ne devrait-on pas profiter du goût pluraliste actuel pour introduire, même dans les concerts de jeunes, quelques cantiques classiques, rajeunis au besoin par une nouvelle harmonisation ou même une légère adaptation rythmique. Ils seront certainement appréciés par beaucoup d'auditeurs car leur richesse mélodique et leur densité d'expression contrastent de manière heureuse avec la pauvreté de bien des productions modernes. Le charme de l'ancien Cette revalorisation de notre héritage ne devrait pas se limiter uniquement à nos recueils usuels, qui contiennent surtout des chants du XIXe siècle. Pourquoi ne pas remonter plus haut à la découverte de trésors enfouis comme on fouille les greniers à la recherche d'antiquités ? Les recueils allemands ou anglais, en particulier, contiennent des joyaux qui attendent toujours d'être traduits en français. On pourrait, en analysant et en classant méthodiquement le mètre de nos cantiques français mal mariés à une musique inadéquate, essayer de leur trouver un partenaire mieux assorti parmi ces mélodies étrangères. Ajoutons que ces mêmes pays ont produit ces dernières années des recueils contenant un nombre important de compositions plus récentes, tels que par exemple les trois recueils de Jesu Name nie verklinget et les Youth Praise, dont plusieurs mériteraient d'être adaptés en français. L'avantage d'une traduction récente serait d'avoir des textes dépourvus des archaïsmes qui déparent bien des cantiques du passé. Pour le culte, il faudrait donner une place particulière aux psaumes qui ont été, de tous temps, les porteurs de la louange comme de la supplication des assemblées de croyants : psaumes huguenots, psaumes de Goudimel, adaptations modernes comme dans Psalm Praise, (Falcon, London 1973) chants alternés, etc. Les textes des cantiques de l'Église primitive (voir en Phil. 2, Col. 1 et 2, Apoc.) et des prières de l'Église ancienne (Didaché, écrits des Pères apostoliques, Gloria, etc.) fourniraient aux poètes la matière de cantiques répondant aux besoins des chrétiens d'aujourd'hui qui sont les mêmes que ceux de tous les temps. Que Dieu nous aide à gérer le patrimoine reçu de nos pères avec la liberté des fils de la maison ! 2. Exploiter le trésor musical folklorique Une autre veine à exploiter musicalement serait le folklore. Le cas des États-Unis est frappant où le folksong connaît actuellement une vogue sans précédent : d'anciennes mélodies populaires de l'Ouest sont exhumées - ou imitées - évoquant avec nostalgie un passé lointain et idyllique. Il y a là une réserve de choix pour les poètes évangéliques en quête de musique, car ces mélodies populaires plongent leurs racines dans le subconscient collectif d'un peuple et font vibrer une corde sensible en chacun de nous. Mais il ne faut pas se contenter du folklore d'un seul pays : les vieilles chansons populaires de France, d'Italie, d'Espagne, d'Angleterre recèlent certainement des mélodies dignes d'être reprises par de jeunes voix désireuses de louer le Seigneur. Des trésors cachés Là aussi, une exploration des bibliothèques musicales des Conservatoires apporterait des moissons valables. Et pourquoi ne pas fouiller, par la même occasion, les collections de canons des grands maîtres pour enrichir ce genre particulièrement adapté à un chant improvisé à plusieurs voix ? Avec un peu d'ingéniosité et de persévérance, il devrait donc être facile d'enrichir nos hymnologies de cantiques de valeur en utilisant les procédés mêmes qui ont assuré le succès des chants religieux du passé. En retrouvant, comme Luther, "la veine populaire du sentiment religieux et de l'adoration", on renouerait avec une tradition qui s'est perdue dans l'Église où, "sous l'influence d'un siècle entier de musique de concert, le choral a rapidement oublié les sources populaires. Mais la perte de contact avec la chanson lui deviendra fatale" (Marc Honegger, P M. 50 p. 75,101). Enfin, en poussant la recherche encore plus loin, on pourrait aussi tenter d'assimiler quelques chants de tradition africaine qui ont passé avec tant de bonheur dans l'hymnologie des églises de là-bas. 3. Créer du neuf a) Créativité des Réveils Quand on considère le passé de l'Église, on est frappé par l'ampleur de sa créativité hymnologique. Chaque période a eu ses cantiques à elle, répondant aux aspirations et au goût du moment. Les périodes les plus productives ont été celles des réveils de la foi et de la piété. La Réforme a été l'une d'elles : aux XVIe et XVIIe siècles, on assiste à une prolifération étonnante ; comme le dit Marc Honegger, "à la mort de Luther en 1546, le nombre des mélodies de chorals était infime... en 1697, un immense recueil de huit volumes publié à Leipzig en contenait près de 5 000." (P.M. p. 75). Une autre vague a été celle du Réveil. A lui seul, le méthodisme a enrichi l'hymnologie anglaise de plus de 6 500 cantiques ! Il en fut de uploads/s3/ alfred-kuen-chantez-a-l-x27-eternel-un-cantique-nouveau-ch-5 1 .pdf
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- Publié le Fev 19, 2021
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