UNIVERSITE DE STRASBOURG LITTERATURE COMPAREE LETTRES MODERNES SORARU I. LICENC
UNIVERSITE DE STRASBOURG LITTERATURE COMPAREE LETTRES MODERNES SORARU I. LICENCE 3 TD 1er SEMESTRE 2010 LITTERATURE ET PHOTOGRAPHIE Une histoire de spectres Anthologie de textes • Récits et mythes des origines (peinture et photographie) - Pline, Histoire naturelle - Athénagoras, Leg. pro Christ. - L.B. Alberti, De Pictura - Johann Heinrich Füssli, Conférence I : De l'art antique - Alexandre Ken, Dissertations historiques, artistiques et scientifiques sur la photographie • Textes polémiques autour de la photographie - Lamartine, Le photographe est « une machine » - Baudelaire, « Le public moderne et la photographie » • Walter Benjamin, visionnaire de la modernité - Walter Benjamin, « Petite histoire de la photographie » (texte disponible sur le blog) • La photographie, une histoire de spectres - Susan Sontag, Sur la photographie (extraits disponibles sur le blog) - Jean-Christophe Bailly, L’instant et son ombre (extraits disponibles sur le blog) - André Bazin, Ontologie de l’image photographique (article disponible sur le blog) Le blog de cours est disponible à cette adresse : http://litterature2point0.blogspot.com/ Mythes d’origine et pouvoirs de la peinture Pline (23 – 79) Histoire naturelle, Livre XXXV, § 151 et 152. En utilisant lui aussi la terre, le potier Butadès de Sicyone découvrit le premier l’art de modeler des portraits en argile ; cela se passait à Corinthe et il dut son invention à sa fille, qui était amoureuse d’un jeune homme ; celui-ci partant pour l’étranger, elle entoura d’une ligne l’ombre de son visage projetée sur le mur par la lumière d’une lanterne ; son père appliqua l’argile sur l’esquisse, en fit un relief qu’il mit à durcir au feu avec le reste de ses poteries, après l’avoir fait sécher Fingere ex argilla similitudines Butades Sicyonius figulus primus invenit Corinthi filiae opera, quae capta amore iuvenis, abeunte illo peregre, umbram ex facie eius ad lucernam in pariete lineis circumscripsit, quibus pater eius inpressa argilla typum fecit et cum ceteris fictilibus induratum igni proposuit. Pline, Histoire naturelle, traduction de JM. Croisille, Belles Lettres. Pline, Histoire naturelle, Livre XXXV, § 95 Il existe – ou a existé – de sa main un cheval, peint lors d’un concours, à propos duquel il en appela du jugement des hommes à celui des quadrupèdes pourtant muets. En effet, s’apercevant que ses rivaux l’emportaient grâce à leurs intrigues, il fit amener des chevaux et leur montra les œuvres de chacun des artistes successivement : or ils ne hennirent que devant le cheval d’Apelle, et l’on utilisa toujours ce procédé par la suite, à titre de test évident de valeur artistique. Est et equus eius, sive fuit, pictus in certamine, quo iudicium ad mutas quadripedes provocavit ab hominibus. Namque ambitu praevalere aemulos sentiens singulorum picturas inductis equis ostendit: Apellis tantum equo adhinnivere, idque et postea semper evenit, ut experimentum artis illud ostentaretur. Pline, Histoire naturelle, traduction d’A.Reinach, La peinture ancienne, Macula 1985. Athénagoras, Leg. pro Christ. (17, p 59, Dechair) Tant qu’il n’y avait encore ni modelage, ni art du dessin, ni art de la statuaire, les images n’étaient pas estimées. C’est alors que parurent Saurias de Samos et Kraton de Sicyone et Kléanthès de Corinthe et la jeune fille Corinthienne ; l’art de dessiner les ombres fut découvert par Saurias qui représenta un cheval placé au soleil ; celui du dessin au trait fut découvert par Kraton en traçant le contour d’un homme et d’une femme sur une tablette blanchie. Athénagoras, Leg. pro Christ, traduction d’A. Reinach, La Peinture ancienne, 1921, Macula 1985. L.B. Alberti De Pictura, 1435 J’ai coutume de dire, parmi mes familiers, que l’inventeur de la peinture doit être ce Narcisse qui fut métamorphosé en fleur. Qu’est-ce que peindre, en effet, si ce n’est saisir, à l’aide de l’art, toute la surface de l’onde ? § 26. Quae cum ita sint, consuevi inter familiares dicere picturae inventorem fuisse, poetarum sententia, Narcissum illum qui sit in florem versus, nam cum sit omnium artium flos pictura, tum de Narcisso omnis fabula pulchre ad rem ipsam perapta eri. Quid est enim aliud pingere quam arte superficiem illam fontis amplecti ? De la statue et de la peinture, traités de L.B.Alberti, traduits par Claudius Popelin, à Paris, Lévy, 1869. Johann Heinrich Füssli (1741-1825), Conférence I : De l'art antique S'il existe une légende qui mérite notre attention c'est bien celle de ce conte d'amour de la servante corinthienne qui, grâce à la lumière d'une lampe cachée, traça les contours de la silhouette de son amant avant qu'il ne la quitte; ce récit nous encourage en même temps à formuler des observations sur les premières tentatives mécaniques de peinture et sur cette méthode linéaire qui, bien qu'elle n'ait pratiquement pas été remarquée par Winckelmann, semble s'être maintenue en tant que fondement de l'exécution longtemps après que l'instrument pour lequel elle avait été conçue eut été abandonné. If ever legend deserved our belief, the amorous tale of the Corinthian maid, who traced the shade of her departing lover by the secret lamp, appeals to our sympathy to grant it, and leads us, at the same time, to some observations on the first mechanical essays of painting, and that linear method which, though passed nearly unnoticed by Winkelmann, seems to have continued as the basis of execution, even when the instrument for which it was chiefly adapted had long been laid aside. Johann Heinrich Füssli, Conférence I : De l'art antique, Ralph N. Wornum ed., Lectures on Painting by the Royal Academicians. Barry, Opie, Fuseli (London: Bohn, 1848) 349 (traduction originale I. Baudino). Alexandre Ken, Dissertations historiques, artistiques et scientifiques sur la photographie (1864) On voit dans un musée de Guttheingue un merveilleux portrait de jeune fille peint dans une glace. C’est une œuvre suave et étrange qui impressionne aussi vivement que la Joconde. La légende qui se rattache à tout chef d’œuvre sans nom raconte que la jeune fiancée prête à s’arracher des bras de son bien-aimé, et voulant lui laisser son portrait, fut poussée par un irrésistible désir à se regarder dans la glace, et que le cristal retint son image. L’idée du conte, rappelée par Goethe, Schiller, et Hoffmann, est charmante, mais la rêveuse Allemagne ne l’eut pas seule. Le premier amant qui vit les traits de sa bien-aimée reproduits dans le métal poli désira fixer cette image fugitive, et l’idée de la photographie naquit ainsi dans l’esprit de l’homme longtemps avant que le dessin fut inventé. Née en Orient, dans le pays où le mirage bâtit ses merveilleux palais et où les sables chauffés par le soleil semblent retenir pour la rendre un jour l’image des caravanes qui les ont traversés des oasis ensevelies par le simoun, la cabale, qui n’est que la tradition lointaine des civilisations et des croyances passées, a fait de la conservation des images par la lumière astrale un des dogmes qu’elle transmit par initiation, et qu’adoptait Paracelse lorsqu’il cherchait avec les alchimistes le secret du miroir magique. […] L’idée de fixer l’image d’une manière durable ne date donc pas d’hier, les siècles antérieurs l’avaient senti passer sur leur front et s’étaient mis à la recherche des moyens de résoudre ce problème. Le Moyen Âge tout entier avait poursuivi ce but sans résultats possibles, il est vrai, mais ses expériences, quelque incomplètes qu’elles fussent, tentaient à faire descendre l’idée des hauteurs mystérieuses où l’avait prise la cabale dans le domaine des faits, et étaient les prémices fatals de celles du dix-huitième siècle. L’alchimie s’égara sans doute à la poursuite de plus d’un rêve, mais elle précédait et avait annoncé la chimie comme les lueurs encore sombres de l’aube précèdent et annoncent l’éclat du jour. Ses efforts pour conquérir le secret de la transmutation des métaux l’avaient mise sur la voie de quelques découvertes d’où sortit l’invention, aujourd’hui incontestable, du miroir magique. […] La photographie n’est donc pas tout à coup, comme Minerve du cerveau de Jupiter, sortie du cerveau d’un mortel privilégié. Sa genèse serait longue et curieuse. Elle suivrait l’esprit humain dans toutes les phases de son développement ; nous la verrions jouant son rôle dans l’initiation antique, préoccupant les souffleurs chercheurs du grand œuvre et se formulant parfois d’une manière si nette dans l’esprit d’un rêveur, qu’on se demande presque si ces secrets ne furent pas vingt fois trouvés et perdus. Alexandre Ken, Dissertations historiques, artistiques et scientifiques sur la photographie, Librairie Nouvelle, 1864, cité par Marta Caraion, « Texte-photographie : la vérité selon la fiction », in Littérature et photographie sous la direction de Jean-Pierre Montier, Liliane Louvet, Danièle Méaux, Philippe Ortel, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2008. Textes polémiques autour de la photographie Alphonse de Lamartine Le photographe est « une machine » […] Un peintre n’est pas seulement un copiste, c’est un créateur. De même qu’un musicien ne serait pas un artiste s’il se bornait à imiter, à l’aide d’un orchestre, le bruit d’un chaudron sur le chenet ou du marteau sur une enclume, de même un peintre ne serait pas un créateur s’il se bornait, comme un photographe, à calquer la nature sans la choisir, sans la uploads/s3/ anthologie-1ere-partie.pdf
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- Publié le Jan 30, 2021
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