L'harmonie des sphères dans les "Satires Ménippées" de Varron Author(s): Lucien

L'harmonie des sphères dans les "Satires Ménippées" de Varron Author(s): Lucienne Deschamps Source: Latomus , JANVIER-MARS 1979, T. 38, Fasc. 1 (JANVIER-MARS 1979), pp. 9-27 Published by: Société d'Études Latines de Bruxelles Stable URL: https://www.jstor.org/stable/41531127 JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Latomus This content downloaded from 193.204.40.97 on Fri, 10 Jun 2022 13:33:38 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms L'harmonie des sphères dans les Satires Ménippées de Varron Depuis longtemps, des études et des commentaires excellents ont montré que bon nombre d'écrivains latins de l'époque classique con- naissaient la théorie de l'harmonie des sphères et qu'ils l'avaient mentionnée dans leurs écrits. Pour ne citer que les plus grands noms, nous évoquerons Cicéron avec le Songe de Scipion , Virgile 0), Varron d'Atax, Pline l'Ancien, etc. Diverses allusions nous font savoir que certains de ces auteurs connaissaient ces théories par M. Terentius Varron de Réate(2). Cet homme à la curiosité universelle en a parlé, en effet, dans plusieurs de ses œuvres. C'est pourquoi, il est licite de se demander s'il y a fait allusion dans ses Satires Ménippées. De ce point de vue, le premier fragment qui attire l'attention porte le numéro 351 В (3) : quam mobilem diuum lyram sol harmoge quadam gubernám motibus diis ueget «le soleil dirigeant cette lyre mobile des dieux selon une certaine harmonie par des mouvements perpétuels lui donne l'impulsion». Ce fragment est cité deux fois par Nonius, la première fois, p. 100, 26 M, à propos du mot diis que ce grammairien glose : «diis, diutinis ac iugibus », la seconde fois, p. 183, 7 M, à propos de ueget -. «ueget pro uegetat uel erigit uel uegetum est». (1) Encore tout récemment dans un article intitulé L'harmonie des sphères chez Virgile ? Remarques sur l'épilogue de la 6e églogue , (à paraître dans Bull. Л ss. G. Bude , 1978, t. 4), G. Lieberg a montré que dans les derniers vers de la sixième Bucolique aussi on pouvait reconnaître une allusion à cette théorie. (2) Cf. F. Cumont, La théologie solaire du paganisme romain , dans Mém. présentés par plus, savants à l'Acad. des Insc. et Belles Lettres , t. XII, 2e partie, 1913, p. 473. (3) La numérotation des fragments est celle de F. Buecheler, Petronii Saturae. Adiectae sunt Varronis et Senecae saturae similesque reliquiae , 6e éd. revue par G. Heraeus, Berlin, 1922. Le texte adopté est celui proposé dans L. Deschamps, Étude sur la langue de Varron dans les Satires Ménippées , Lille-Paris, 1976. Pour le De lingua Latina , ledition suivie est celle de A. Traglia, Opere di Marco Terenzio Varrone , Turin, 1974. This content downloaded from 193.204.40.97 on Fri, 10 Jun 2022 13:33:38 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 10 L. DESCHAMPS Ce passage a déjà été remarqué tous les problèmes qu'il pose. Le terme lyra désigne ici l'un Ainsi, un fragment récemmen Parisinus lat ., 7930 et publié par besoin : «Dicunt tarnen quidam caelum habet VII zonas , unde th Ceci rappelle la description fait V, 1 8 (6) : « - Qu'est ceci, fìs-je, emplit mes oreilles ? - C'est le c valles inégaux, mais séparés selon l'impulsion et le mouvement d considérables ne peuvent s'opérer où deux ont la même valeur, ils produisent des sons séparés par sept intervalles, ce qui est un nombre qui est le 'nœud' de presque toutes les choses» (7). Un peu auparavant, l'Africain avait expliqué qu'il y avait neuf cercles ou plutôt neuf sphères, IV, 1 7 : «L'une est la sphère céleste, la plus extérieure qui embrasse toutes les autres ... en (elle) sont fixées les étoiles, puis au-dessous sont placées sept autres sphères ... et enfin la neuvième sphère est la terre» (8). A propos de la terre, on lit en V, 1 8 : «Pour la terre, qui est à la neuvième place, elle ne chante pas». Ainsi, sur les neuf sphères, huit produisent de la musique, elles sont séparées par sept intervalles, ce qui concorde avec les chiffres donnés par la scolie évoquée plus haut. C'est cette même théorie que suit Varron, comme le prouve l'adjectif mobilem dans l'expression « quam mobilem lyram». Les sphères produisent une musique du fait de leur mouvement, selon ce qu'on peut lire dans la phrase du Songe de Scipion déjà citée : «C'est le chant fameux qui ... est produit par l'impulsion et le mouvement des cercles mêmes». La nature du son est, d'ailleurs, déterminée par la rapidité variable de ces mou- vements : «Pour cette raison, le cercle du ciel le plus élevé, ... comme son (4) Voir par ex. P. Boyancé, Études sur le Songe de Scipion , Bordeaux-Paris, 1936, p. 100, n. 2. P. Boyancé 1 evoque également en deux lignes mais avec une fausse référence puisqu'il l'attribue aux Logistorici , dans L'Apollon Solaire , dans Mél Carcopino , Paris, 1966, p. 162. (5) Dans Trans. Am. Phil. >4ss., 56, 1925, p. 229 e (6) Pour l'explication de ce passage nous renvoyon de A. Ronconi, Cicerone , Somnium Scipionis , Flor (7) J'utilise la traduction de P. Boyancé, Etudes . (8) Voir A. Ronconi, op. cit., p. 94-107. This content downloaded from 193.204.40.97 on Fri, 10 Jun 2022 13:33:38 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms LES SATIRES MÉNIPPÉES DE VARRON 11 mouvement est le plus rapide, se meut en rendant un son aigu et précipité ; le cercle de la lune qui est le plus bas se meut avec le son le plus grave» ( Somn . Sc. ibid.). Dans le fragment Varronien, cette idée est évoquée également par le terme motibus. Au cours de son énumération des sphères, dans le Songe , IV, 17, l'Africain donne au soleil un rôle primordial ; с est ce même rôle prépondérant que lui assigne ici Varron en le présentant comme le sujet de gubernans , de ueget et comme la base de tout. Relisons ce que dit Cicéron : «Au-dessous de cette sphère (se. la première) sont placées sept autres, qui se meuvent en arrière, en sens inverse du mouvement du ciel», puis il énumère dans Tordre l'astre qu on appelle saturnien, celui que Ton dit appartenir à Jupiter, l'astre que Ton nomme martien, le soleil qui est en quelque sorte accompagné par les révolutions de Vénus et de Mercure ; enfin, tourne la lune. Pour définir le soleil, Cicéron se sert des termes suivants : «dux et princeps et moderator luminum reliquorum, mens mundi et temperado , tanta magnitudine ut cuneta sua luce lustret et compleat» (9). Ces termes sont très proches de l'expression Varronienne : « quam lyram guber- nans ... ueget». Le Thesaurus linguae Latinae explique ainsi gubernare au sens figuré : «in imagine et translate : cursum rerum et animalium quae per locum mouentur dirigere». Veget est défini par le dictionnaire de Forcellini (10) : « excitât , commouet , impellit». Les mêmes images se retrouvent donc ici et là, comme on les rencontre également chez Pline l'Ancien qui qualifie le soleil de «siderum etiam ipsorum rector» (n). A propos de cette position centrale attribuée au soleil, F. Cumont (12) et P. Tannery (13) ont parlé d'une influence des théories chaldéennes. En effet, F. Cumont attribue aux Chaldéens du 11e siècle av. J.-C. la dé- couverte du rapport entre les mouvements des planètes et la révolution du soleil (cela vient, en réalité, de la rotation de la terre). С est bien un tel rapport que désignent les termes précis utilisés par Varron. Cette découverte, donc, est chaldéenne, «mais celui qui a ďabord formulé nettement, ou du moins qui a propagé puissamment l'ensemble (9) Sur cette appelation du soleil «dux et princeps et moderator luminum reliquorum », voir J. Préaux, Le culte des Muses chez Martianus Capella , dans Mei ... offerts à P. Boyancé , Rome, 1974, p. 608. (10) H. Forcellini, Lexicon Totius Latinitatis , Padoue, 1859-1878, s. u. (11) Pline, #. M, II, 12. (12) F. Cumont, La théologie solaire ..., p. 451. (13) P. Tannery, Recherches sur l'histoire de l'astronomie ancienne , Paris, 1893, p. 127. This content downloaded from 193.204.40.97 on Fri, 10 Jun 2022 13:33:38 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 1 2 L. DESCHAMPS du système paraît être le plus influ syrien Posidonius d'Apamée» (14). que F. Cumont fait remonter le dépendrait Varron, nommé en têt Naturelle de Pline l'Ancien où la mê Si l'on cherche en grec les équiv termes dux et princeps de Cicéron ont äpxojv. C'est à riyeßcjv également qu Or P. Boyancé signale (15) que ce s pythagoriciens se servaient pour éminent parmi les cordes de la lyre grecs avaient uploads/s3/ deschamps-1979.pdf

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