1 Dieu, créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible Intr

1 Dieu, créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible Introduction « Le monde a été créé pour la gloire de Dieu » nous dit Vatican I. Il n’y a pas d’autre raison à la création que l’amour. En cette création se reflètent la gloire et l’honneur de Dieu. Louer Dieu ne consiste donc pas à applaudir Dieu. Après tout l’homme n’est pas un spectateur de l’œuvre créatrice. Louer Dieu signifie pour lui accepter, en union avec toute la création, sa propre existence avec gratitude. La question de la création a donné lieu et donne encore lieu à une double approche : - approche théologique qui part de la Révélation, de ce que Dieu dit sur la création. L’affirmation « Dieu a créé le monde » est une affirmation théologique dans laquelle il est question des relations du monde à Dieu. Dieu a voulu le monde, il l’accompagne et veut l’amener à son accomplissement. Les récits de la création ne sont donc pas une explication scientifique sur le début du monde ; - approche scientifique qui repose elle sur l’expérience, et regarde la création sous l’angle de la théorie de l’évolution (du latin evolutio, « action de dérouler un manuscrit »). Cette théorie empirique désigne la croissance des organismes vers leur forme définitive sur des millions d’années1. Pendant très longtemps ces deux approches étaient en conflit, ces deux savoirs n’étant pas au clair sur leur limites respectives, et prétendant que les réponses données par l’autre approche n’étaient pas correctes ou fondées. A présent chacun des partenaires sait davantage circonscrire l’objet de sa recherche, et donc reconnaître la validité d’une approche différente de la sienne. Cela n’empêche pas que périodiquement des débats surgissent à ce sujet, le rapport foi et science n’étant pas toujours aisé. En résumé, et pour faire simple ces deux savoirs ne répondent pas à la même question : la science répond à la question du « comment ? » - en l’espèce au « comment » de l’origine et de la succession des créatures dans l’espace-temps, question horizontale qui présuppose donc qu’il existe déjà quelque chose qui change et se développe. Elle n’a donc pas de réponse aux questions théologiques. Quant à la théologie, elle répond à la question du « pourquoi ? » - en l’espèce pourquoi et dans quel but quelque chose existe, qui est susceptible de changer et de se développer, question verticale de la cause et de la fin de la réalité. Elle n’a donc pas de réponse aux questions scientifiques. La théologie n’a pas de compétence scientifique, tout comme la science n’a pas de compétence théologique. Toutefois : 1 Oui à la théorie de l’évolution, non à l’évolutionnisme idéologique. De la même façon le créationnisme n’est pas acceptable prenant naïvement à la lettre les nombres et les dates cités par la Bible (l’âge de la terre par exemple, ou la création en six jours). Le créationnisme (du latin creatio, « création ») : est une théorie selon laquelle Dieu est intervenu à un moment précis directement et une fois pour toutes pour créer le monde selon la lettre du récit de la création du livre de la Genèse. 2 La science ne peut pas exclure catégoriquement l’existence d’une finalité dans les processus du devenir de la création. Inversement la foi ne peut pas définir comment ces processus se réalisent concrètement dans le flux évolutif de la nature. Un chrétien peut adhérer à la théorie scientifique de l’évolution en tant que théorie explicative utile, dans la mesure où il ne tombe pas dans l’erreur idéologique évolutionniste qui considère l’être humain comme produit d’un hasard de processus biologiques. La théorie de l’évolution pose en préalable qu’il existe un « quelque chose » qui évolue, mais ne dit rien sur le « d’où vient » ce quelque chose. On ne répond pas par le biais de la science aux questions concernant l’existence, l’être, la dignité, la mission, le sens et le pourquoi du monde et des hommes2. En définitive ces deux savoirs ne se situent pas sur le même plan. Cependant il peut y avoir des harmoniques entre eux. On peut dire que l’évolution ne concerne pas la création originelle, mais la création historique ou ce qu’on appelle également la création continuée, c’est-à-dire la transformation de la réalité déjà existante. Alors que la création originelle ne présuppose rien (c’est une création ex nihilo), la création continuée présuppose le créé. L’évolution est pour ainsi dire la dynamique interne au monde créé. Cette transformation a un lien avec la création : on peut dire en effet que Dieu crée les choses de telles manières qu’elles soient capables de coopérer à leur propre développement3. La recherche scientifique nous invite donc à avoir une vision dynamique de la création, alors que l’on est souvent habitué à en avoir une vision statique. On peut dire aussi que la création n’est pas encore achevée, qu’elle n’a pas atteint son but : c’est pourquoi dans le dernier livre de la Bible Dieu proclame « Voici que je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21, 5) portant ainsi le monde à son accomplissement. Par ailleurs, il est intéressant de remarquer que le verbe créer n’est pas utilisé seulement pour désigner l’acte créateur originel. Il est également employé dans la Bible pour évoquer la rénovation de l’univers (« Voici que je vais créer des cieux nouveaux et une terre nouvelle », Is 65, 17, texte repris en Ap 21, 1), la naissance du peuple d’Israël (Is 43, 1 et 15), sa conversion (Jr 31, 22), la rénovation du cœur de l’homme qui se réconcilie avec Dieu (« Crée en moi un cœur pur » Ps 51, 12). Autrement dit, l’histoire du salut est une suite d’actes créateurs. On abordera successivement la question de la création, puis celle du monde créé (ciel et terre, univers visible et invisible). 1. La création dans la Bible La question de la création n’est pas seulement traitée au livre de la Genèse, avec les deux récits qui l’ouvre. Celle-ci est également évoquée dans le second livre d’Isaïe (40 - 55), dans les Psaumes (19, 29, 104, 136…) ainsi que dans les livres de Sagesse (Pr 8, 22-31 ; Si 16, 26 - 17, 14). Mais les références fondamentales se trouvent dans les premiers chapitres de la Genèse. Au sujet de l’acte créateur et de sa spécificité, le premier récit de la création utilise trois fois un verbe particulier dont le sujet est toujours Dieu : c’est le verbe « créer », « bara ». Il indique une action qui n’a pas d’analogue dans l’action humaine. Alors que ce que nous faisons suppose un processus, la création ne demande aucune durée : « Il dit et cela fut » (efficacité souveraine de la Parole). Alors 2 Youcat, n° 42. 3 Selon le mot de Teilhard de Chardin « Dieu fait que les choses se fassent elles-mêmes ». 3 que les humaines produisent quelque chose à partir d’autre chose (ils transforment plus qu’ils ne créent), l’acte créateur se déploie à partir de rien, d’où l’expression ex nihilo que l’on trouve dans un texte tardif de la Bible (2 M 7, 28) et qui est devenue une expression technique. Cela signifie que Dieu est le fondement exclusif du monde. Autrement dit le monde a été appelé à l’existence par la volonté libre de Dieu. Selon l’expression d’un théologien ancien la création est due à un « excès de bonté » de la part de Dieu. Mais il faut se dire aussi qu’une telle expression (création ex nihilo) est une manière infirme d’exprimer quelque chose qui échappe à nos représentations. a. Les deux récits de la création Des récits à l’origine de l’humanité : ces deux récits nous placent à l’origine de l’humanité, au tout premier temps, avant le péché originel. Ce temps est pour nous comme le négatif d’une photographie, nous ne pouvons plus le voir directement à cause du péché. Mais la pureté du cœur nous permet d’en discerner malgré tout quelque chose, un peu comme on devine imparfaitement quelque chose d’un paysage à travers le négatif d’une photographie. Cela suppose qu’avec l’aide de l’Esprit Saint, on aille au-delà des blessures, des blocages, des révoltes même, pour entrevoir quelque chose de la splendeur du plan de Dieu aux origines, même si elle est irrémédiablement voilée par le péché. Date de ces récits : ces deux récits de la création, bien que placés en tête de la Bible, à son commencement, ne sont pas ses textes les plus anciens : - le premier récit (Gn 1, 1 à 2, 4) date du VIème siècle avant J-C. Il est appelé « élohiste », car Dieu y est appelé « Elohim ». Il a sans doute été écrit durant l’Exil, période d’affrontement aux cultes babyloniens. Il est l’œuvre de prêtres, d’où son nom de récit « sacerdotal », qui voient la création dans le cadre liturgique de la semaine (solennité des 7 jours de la semaine où Dieu crée par uploads/s3/ dieu-createur-du-ciel-et-de-la-terre.pdf

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