PERFORMANCE / CONFÉRENCE GRAPHIQUE ET PHOTOGRAPHIQUE 5/6/7 et 12/13/14 JUIN à 2
PERFORMANCE / CONFÉRENCE GRAPHIQUE ET PHOTOGRAPHIQUE 5/6/7 et 12/13/14 JUIN à 21h AVEC SVEND ANDERSEN LAURENT BAZIN GABRIEL QUILLACQ COLLABORATION DRAMATURGIQUE ET ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE MAGALI CHIAPPONE LUCCHESI COLLABORATION ARTISTIQUE AUDREY BONNEFOY LUMIÈRES ALICE VERSIEUX ACCESSOIRES MANON CHOSEROT Préface à la venue des esprits Performance / Conférence graphique et photographique Les 5, 6, 7, 12, 13 et 14 Juin 2012 à 21H00 à La Loge Durée : 1 h 05. Avec : Svend Andersen Laurent Bazin Audrey Bonnefoy Gabriel Quillacq Une création collective mise en scène par Laurent Bazin sur une idée de Svend Andersen et Laurent Bazin Collaboration dramaturgique et assistanat à la mise en scène : Magali Chiappone-Lucchesi Collaboration artistique : Audrey Bonnefoy Lumières : Alice Versieux Accessoires : Manon Choserot Nous sommes en 1873. A Paris, de mystérieuses photographies commencent à circuler sur lesquelles apparaissent les spectres de personnes disparues. Elles sont l’œuvre d’un photographe spirite, Edouard Buguet. Pour les adeptes de l’au-delà, ces photos sont la preuve tangible que les esprits existent. C’est le désaveu scientifique du matérialisme et de l’impiété. Qu’en est-il réellement ? Pour évoquer cette histoire, la compagnie Mesden propose un spectacle où se côtoient conférence, performance, dessin, et théâtre visuel. Une occasion de questionner notre rapport au deuil, notre foi dans la technique, et les balbutiements de ce qui deviendra la société de l’image contemporaine. Préface à la venue des Esprits est la première étape d’un spectacle à venir. Contact presse La Loge : Nadia Ahmane laloge.presse@gmail.com 01 40 09 70 40 Photo : ©Svend Andersen L’affaire Buguet En 1873, Edouard Buguet, jeune photographe, achète à un prix exorbitant un appartement au 5 boulevard Montmartre pour lui et sa famille. Il ignore encore comment il pourra le payer et compte sur un miracle pour trouver les 3500 francs qui lui manquent. La providence lui sourit : au cours du printemps, il se découvre des aptitudes de medium. Sur ses photographies les visages de personnes disparues font leur apparition, produisant la plus vive émotion parmi sa clientèle. Le tout Paris ne tarde pas à venir chez lui se faire photographier en compagnie de ses morts. Le chef des spirites lui- même, Gaëtan Leymarie, est enthousiasmé et s’engage à lui avancer les 3500 francs qui lui manquent en échange de clichés réguliers qui paraîtront dans sa revue. En quelques mois, le commerce des icônes d’outre-tombe va bon train : moyennant quelques passes magnétiques, une transe habitée, et une généreuse contribution financière, Buguet favorise le dégagement moléculaire qui permet aux Esprits de se manifester. La demande est si importante que Buguet finit par livrer ses photos par correspondance. La police de Paris voit d’un mauvais œil ce mage dont on vante les mérites dans les colonnes du Figaro. Et le 22 avril 1875 Edouard Buguet est arrêté en pleine séance. Le procès qui s’ensuit connaît un retentissement spectaculaire : on affirme que Buguet a avoué un trucage. Derrière ce reniement, certains soupçonnent des pressions, ou une stratégie de défense maladroite ; d’autres au contraire pensent que Buguet est un escroc cynique. Pour les clients de Buguet, l’affaire est tranchée : ce sont bien leur morts qu’ils ont vu sur les photos et un aveu du photographe sous la contrainte ne les en fera pas démordre. Préface à la venue des Esprits revient sur les faits marquants de cette affaire. Photo : ©Svend Andersen Un objet théâtral singulier : Entre conférence, théâtre et performance visuelle Une conférence Le cadre apparent du spectacle est celui d’une conférence de vulgarisation scientifique. Tous les éléments indispensables du genre sont présents : anecdotes historiques, données factuelles, dates, arguments d’autorité, citations. Mais très vite ce cadre formel explose : il est battu en brèche par une divagation plastique et poétique, et par des touches d’humour noir. Une divagation photographique et visuelle Depuis plusieurs années, la compagnie Mesden a recours à différents matériaux pour développer ses spectacles. Elle explore toutes les interactions possibles entre le texte, l’image et l’objet. Préface à la venue des esprits entend poursuivre cette recherche et tresser un langage à la confluence du théâtre et des arts plastiques. Sur scène, un dessinateur viendra produire des apparitions, écrire à la manière des phylactères de bande dessinée sous la dictée des fantômes ; une marionnettiste agitera sur le plateau des lambeaux de poupées comme autant d’évocations des spectres de Buguet. Nous cherchons dans nos procédés à utiliser les moyens les plus rudimentaires, avec l’intuition qu’aujourd’hui la reconquête du merveilleux passe non par l’utilisation des technologies les plus récentes - dont la banalisation a dissous le mystère-, mais par celle des technologies passées. A l’heure où nous sommes de plus en plus séparés de la matière, où la vidéo a éclipsé le tableau, où la projection tend à supplanter l’encre et la peinture, nous pensons que l’usage d’éléments palpables tels que le papier photographique, la bombe, le papier collé peuvent être beaucoup plus énigmatiques. Aujourd’hui, le numérique a rendu toute image falsifiable, et nous a plongé dans une ère du soupçon généralisé. La retouche ne représente plus une source d’émerveillement mais presque de désenchantement. Pour redonner à la photographie la grâce magique de ses débuts et la « re-spectaculariser », nous attacherons une attention particulière aux possibilités de l’argentique et à ses procédés chimiques. Une performance Chaque soir, de nouvelles expérimentations photographiques seront proposées au public. Il s’agira non pas de répéter une partition visuelle entièrement maîtrisée mais d’inventer des images nées ce soir-là pour ce public, dans le temps de cette représentation. Il y a aussi une part performative dans le fait de refabriquer chaque soir le texte du spectacle. Les interprètes connaissent parfaitement les rendez-vous clés de ce qui est raconté ; c’est fort de cette immersion qu’ils peuvent recréer de façon vivante une pensée et un récit. Le choix de cette improvisation guidée permet de rendre l’interprète toujours plus vigilant à être présent à sa parole. Tout concourt à favoriser les accidents heureux de la parole et de l’image. Parler au présent Un jalon dans notre rapport à l’image Il est fascinant d’observer l’effet de réalité que produit chaque nouvelle technique de représentation. Lors de sa découverte, la photographie semble éclipser de façon autoritaire par sa précision le pouvoir de la peinture ; plus tard, l’image animée prend le pas sur la photographie : chaque nouvelle technique donne l’impression que la précédente était partiale et mensongère. Il en va de même pour les effets spéciaux. Quand, en 1963, sort sur les écrans le film Jason et les Argonautes, les spectateurs sont éblouis par le réalisme des monstres qui leur font face. Devant de telles images un spectateur aguerri des années 2000 repère immédiatement une grossière animation image par image. Les exemples abondent de ces mirages qui se dissolvent au fil du temps, sous le regard d’un spectateur élevé au rang d’« expert distrait » pour reprendre la formule de Walter Benjamin. Notre examen rétrospectif sur le regard qu’on portait en 1870 sur la photographie doit nous permettre de mettre en crise notre propre rapport aux techniques de représentation. Il s’agit moins de pointer du doigt la candeur de ceux qui ont cru à ces images, que de souligner notre propre candeur face aux images contemporaines. C’ est depuis le présent que nous parlons, c’est depuis notre époque que nous interrogeons ce fait divers. Nous ne cherchons pas à faire une enquête historique sur un épisode du XIXe siècle, mais à présenter un jalon dans l’avènement de notre rapport à l’image. Bref, pas de théâtre en costume, de reconstitution ou de nostalgie sépia, mais une volonté de rendre toute sa toxicité à ce grand moment d’illusion iconique. Photo : ©Svend Andersen Parler au présent La dévaluation du fantôme Aujourd’hui, nous serions tentés de regarder avec hauteur les partisans de la doctrine spirite. La conception rationaliste et matérialiste du monde a à ce point imposé son autorité que la croyance dans les esprits relève pour le commun de la plus basse superstition. Le revenant n’ est plus désormais qu’une icône des industries du loisir. Il se décline dans les séries B américaines, les écrans d’Hollywood, les parcs d’attractions, leurs trains-fantômes, leurs maisons hantées, et les produits dérivés liés à Halloween. À bien y regarder, on exhibe le spectre pour mieux le conjurer : en faire un objet de consommation ludique, c’est une façon d‘anéantir la menace qu’il représente. Le fantôme aujourd’hui n’a plus la résonance terrible qu’il avait chez Shakespeare ou dans les récits médiévaux, il n’est plus l’émissaire d’une vérité supérieure, il se réduit au rôle d’épouvantail. À l’époque de Buguet, les deux dimensions du fantôme coexistent encore. D’un côté il est déjà un croquemitaine plaisant avec lequel on joue à se faire peur chez les illusionnistes du Boulevard du Temple. De l’autre, on garde une certaine déférence pour l’Esprit d’outre-tombe, celui qui hante la poésie de Victor Hugo, et délivre depuis l’au-delà les vérités masquées de l’univers. Pour des spectateurs d’aujourd’hui, il est difficile de regarder les photos spirites autrement que comme des vestiges kitsch. uploads/s3/ dossier-buguet.pdf
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- Publié le Sep 12, 2021
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