ORLAN BIOGRAPHIE : Née Mireille Suzanne Francette Porte le 30 mai 1947 à Saint-

ORLAN BIOGRAPHIE : Née Mireille Suzanne Francette Porte le 30 mai 1947 à Saint-Étienne. Artiste française de l'art corporel. Artiste féministe. Elle s'exprime à travers différents supports, mediums et medias : peinture, sculpture, installations, performance, photographie, images numériques, biotechnologies. Dès les années 1960 et 1970, Orlan interroge le statut du corps et les pressions politiques, religieuses, sociales qui s'y inscrivent ce d’abord au moyen de la photographie puis progressivement de la performance et de l’installation. Son travail dénonce la violence faite aux corps et en particulier aux corps des femmes, et s'engage ainsi dans un combat féministe. Elle fait de son corps l'instrument privilégié où se joue notre propre rapport à l'altérité. En 1978, elle crée le Symposium international de la Performance, à Lyon, qu'elle anime jusqu'en 1982. 1982 : Avant l'arrivée d'Internet, Orlan est créatrice de la première revue d'art contemporain et de création sur Minitel Art-Acces. 1983 : Le Ministère de la Culture charge Orlan d'un rapport sur l'Art-Performance. Orlan enseigne à l’École des Beaux Arts de Dijon puis à l'École nationale supérieure d'arts de Cergy-Pontoise. Elle est représentée par la galerie Michel Rein, à Paris ainsi que par la galerie Ceysson & Bénétière. Artiste internationale, l’œuvre d’ORLAN est exposée dans le monde entier. I. LE CORPS COMME MANIFESTE : 1. NAISSANCE D’UNE NOUVELLE IDENTITÉ ARTISTIQUE : Changement de nom, 1962 Ce changement de nom est un geste artistique en soi. ORLAN opère une intervention visuelle dans la communication de sa signature. Son travail sur le corps s’inscrit dans la droite ligne de son premier acte artistique – le changement du nom. En effet, même s’ils ne touchent pas encore à la dimension corporelle, ce premier geste artistique montre comment ORLAN choisit de rompre avec son passé et son histoire, sa famille et ses racines. En refusant son nom comme quelque chose qu’on lui a imposé, Orlan refuse qu’un autre qu’elle-même ait choisi son prénom et ait ainsi participé au processus de constitution de son identité. Le nom ORLAN incarne le refus de toute identification : « Je suis une homme et un femme » O. « Je suis pour les identités mutantes, changeantes. » O. Origine du nom ORLAN : « Je crois que c’est pendant la troisième séance chez mon psychanalyste. La seule chose qu’il me dit pendant toute la séance est : « La prochaine fois, vous ne me paierez plus par chèque mais en espèces ». (…) Puis, au moment d’aller à la séance suivante (…) au moment où je signe le chèque je vois que (…) quelque chose sautait dans ma signature. Je ne m’appelle pas « Morte » mais je signais « Morte » en très gros, très lisible. J’ai donc dit que je ne serai plus jamais morte et j’ai voulu changer de nom en utilisant ce qui était positif dans cette signature. J’ai pris « or ». Je n’aurais jamais dû m’appeler Orlan (Or-lent), je ne sais pas pourquoi je me suis appelée ainsi, j’aurais dû m’appeler Or-vif, Or-rapide. En tout cas, très longtemps, pour signer mes œuvres, j’ai employé « Or » et puis « l » apostrophe, et « an » – Orl’an – comme si c’était Orl’an de telle année, en mettant à la suite la date de l’œuvre. » O. Orlan accouche d'elle-m'aime, 1964 Œuvre qui fait partie de la série des Corps-sculptures. Sur cette photographie en noir et blanc, Orlan donne naissance à un personnage tel un corps inerte et androgyne, ni homme ni femme. Cette œuvre constitue symboliquement la volonté de l'artiste de se donner naissance, de s'inventer une nouvelle identité. Naissance d’une œuvre, mais aussi auto-engendrement d’Orlan en tant qu’artiste. Le mannequin dont elle « accouche » représente en effet son double, une sorte de point de départ d’un processus de transformations infinies. Il est le symbole même du fait que l’artiste se vit sans racines, sans nom, sans corps, et donc comme quelqu’un qui vient au monde par lui-même, refusant tout ce qui ne dépend pas de sa volonté. « Orlan accouche d’elle m’aime est à la fois le clone, l’altérité, le dédoublement, l’accouchement de soi-même, elle focalise déjà énormément de choses qui ensuite se disent autrement dans le travail : l’idée de sortir du cadre, doré, bourgeois, et en même temps l’idée de sortir de son propre cadre. » O. 2. CORPS EN ACTION : Le corps est pour Orlan non seulement le support de tout procédé artistique, mais aussi un lieu de mutations et d’altérité. MesuRages, 1974-2011 L’artiste crée l'« Orlan-corps », une nouvelle unité de mesure qui lui permet de réaliser divers relevés de rue notamment ainsi que de musées : place Saint-Pierre de Rome, rue Chateaubriand à Nice, le Centre Georges Pompidou à Paris, le musée Saint-Pierre à Lyon, le musée Andy Warhol à Pittsburgh, le Musée d'art contemporain d'Anvers ou encore le musée Guggenheim de New York. « J’enfile une robe de drap, toujours la même. Je mesure le lieu à l’aide de mon corps en m’allongeant sur le sol et en traçant un trait à la craie derrière ma tête. Je comptabilise avec un ou deux témoins le nombre d’ORLAN-CORPS contenu dans cet espace. Je fais le constat – Je quête de l’eau- j’ôte ma robe, je la lave en public – Je fais des prélèvements de cette eau sale, prélèvements qui seront ensuite étiquetés, numérotés, cachetés à la cire. Je présente dans les galeries ou les musées ces prélèvements, les constats, les photos, bande vidéo, les plaques commémoratives, l’effigie grandeur nature de la dernière pose, la robe, l’étalon ORLAN-Corps…, concrétisant ce travail». O. L'appellation choisie pour cette série d'actions insiste sur le mot « Rage », puisque l'artiste affirme ici un féminocentrisme en faisant de son corps de femme une sorte de mètre étalon. Elle s’oppose ainsi à la théorie du présocratique Protagoras selon laquelle « l’homme est la mesure de toute chose ». Cherchant à échapper à tout encadrement, au formatage comme aux formats donnés, l’artiste invente progressivement ses propres formes. Sa propre mise en scène devient sa signature. Celle-ci épouse autant la photographie que la performance ou l’installation. Au fil des œuvres se multiplient les objets photographiques en trois dimensions : photographies de son corps tirées à taille réelle et installées dans l’espace. 3. UNE ARTISTE FÉMINISTE : Nu descendant l’escalier, 1965 Œuvre manifeste qui dialogue ici avec une emblème de l’histoire de l’art. « Quant à mon œuvre, elle se situe au joint entre mon histoire et l’histoire de l’art et c’est ce joint que je travaille. » O. Naissance d’ORLAN sans coquille, 1974 « Cette naissance de Vénus est bien sûr tout à fait symbolique de cette idée de naissance. La dernière photo, comme vous le dites, est extrêmement importante, c’est une sculpture de plis mais au sol, comme une chrysalide dont ne sait pas quel corps va naître. » O. Strip-tease occasionnel dans les draps du trousseau, 1974-75. Série photographique tirée d'une performance non publique qu'Orlan réalise en 1974. La série montre différentes étapes d'un strip-tease dans lequel elle parodie, avec pour seul ustensile l'épais drap du trousseau offert par sa mère, quelques figures féminines caractéristiques de l'histoire de l'art (de la Madone à la Vénus). Trousseau : Linge, lingerie, vêtements qu'on donne à une fille qui se marie ou qui entre en religion. Adoptant ces postures, elle s'attaque aux représentations culturelles qui induisent l'attitude, l'espace et le rôle des femmes, au déterminisme de la construction familiale, tout en s'attachant à écorner l'iconographie judéo-chrétienne. L’œuvre met en jeu la double identité de la sainte et de la putain, interroge la construction sociale et religieuse du corps et semble déjà portée par le désir vivace de transgresser les limites. « L’idée du strip-tease à partir d’une sculpture de plis fait référence aux madones bourguignonnes. À cette époque, je n’avais pas encore étudié le drapé gothique ou baroque. L’idée était aussi que, en tant que femmes, nous ne pouvons jamais nous « strip-teaser » complètement, qu’il reste toujours quelque chose, que nous sommes habillées d’images qui nous précèdent, dont on nous enveloppe, qu’on nous fout sur le corps et sur la gueule, qui font écran. Il n’y a donc jamais de nudité possible. » O. Déshabillage, 1977 Installation composée de multiples photos de détails du corps de l’artiste qui, par un système de rotation, permet de configurer l’autoportrait selon toutes les fantaisies. La démarche est d’autant plus visionnaire que cette installation est autant transgressive qu’interactive en plaçant le public dans une position de voyeur déshabilleur. Avec cette œuvre, ORLAN interroge le statut du corps féminin et les pressions sociales qui s’y impriment. Son engagement, sa liberté, le féminisme font partie intégrante de cette œuvre plastique, où elle défend des positions innovantes, interrogatives et subversives. Le Baiser de l'artiste, 1977 Performances au Grand Palais. Assise sur une estrade, derrière une photographie grandeur nature de son buste nu traité comme un guichet automatique bancaire, Orlan interpelle le public : « Approchez approchez, venez sur mon piédestal, celui des mythes : la mère, la pute, uploads/s3/ l2-cours-orlan.pdf

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