Diplôme d’État de professeur de musique Mémoire de fin d’études / septembre 201

Diplôme d’État de professeur de musique Mémoire de fin d’études / septembre 2016 La curiosité, un besoin fondamental pour apprendre. La curiosité, ça vous titille ? Propositions d’orientations pédagogiques pour valoriser, provoquer, cultiver et développer la curiosité. DELUCHE Sébastien Promotion 2014/2016 Albert EINSTEIN : « L’important est de ne jamais cesser de s’interroger. La curiosité a sa propre raison d’exister. On ne peut pas s’empêcher d’être en admiration quand on contemple les mystères de l’éternité, de la vie, de la merveilleuse structure de la réalité. Il suffit simplement d’essayer de comprendre un peu de ce mystère chaque jour. Ne perdez jamais votre sainte curiosité. » Thomas DEWAR : « L´esprit est comme un parachute – il ne fonctionne bien que s´il est ouvert. » Gaston BACHELARD : « La curiosité dynamise l’esprit humain. » 2 Sommaire Introduction..........................................................................................................................................4 I.La place de la curiosité dans la pédagogie d’aujourd’hui..................................................................6 1.Définition......................................................................................................................................6 2.La curiosité, élément moteur de l’apprentissage..........................................................................7 3.Émotions, motivation, l’affectif dans l’apprentissage..................................................................8 4.L’apprenant au centre de l’apprentissage....................................................................................10 5.Processus de construction des savoirs.........................................................................................11 6.Évaluation à volonté formative, Auto-évaluation.......................................................................13 II.Orientations pédagogiques..............................................................................................................15 1.Valoriser cette nécessaire curiosité.............................................................................................15 2.Des propositions pour provoquer, cultiver et développer cette curiosité chez nos élèves..........16 3.Vers la démarche du « petit chercheur ».....................................................................................19 i.Un outil numérique au service de l’apprentissage..................................................................19 ii.Analyse de l’outil et de son utilisation...................................................................................22 a)Retours des élèves.............................................................................................................22 b)L’outil vu comme provocateur de la curiosité...................................................................23 c)L’outil reste un outil..........................................................................................................25 d)Ce qu’il reste à améliorer..................................................................................................26 Conclusion..........................................................................................................................................28 Bibliographie......................................................................................................................................29 ANNEXES.........................................................................................................................................30 1.Annexe 1 : Cahier des charges de mon interface numérique......................................................31 2.Annexe 2 : L’interface pas-à-pas sans son support numérique...................................................33 3.Annexe 3 : Présentation aux élèves de mon outil numérique d’aide à l’apprentissage de la trompette........................................................................................................................................38 4.Annexe 4 : Bilan des élèves........................................................................................................41 3 Introduction Durant mes premières années d’enseignement, je me suis souvent demandé pourquoi certains de mes élèves étaient moins impliqués, moins motivés dans l’apprentissage de la trompette. Je me disais alors : mais comment peuvent-ils arriver à trouver du plaisir dans cet apprentissage s’ils ne s’exercent pas un minimum chez eux ? Tout est plus compliqué pour eux, plus fastidieux. Ils n’arriveront pas de cette manière à trouver le plaisir qu’ils sont venus chercher dans la pratique d’un instrument de musique. Je crois pouvoir dire aujourd’hui que je n’abordais pas ce problème de la bonne manière. En effet, ce que les nouveaux élèves viennent chercher dans l’apprentissage d’un nouvel instrument n’est peut-être pas le plaisir au premier abord. Ils ont envie de découvrir ce nouvel instrument (et la musique d’une façon plus générale), ils sont curieux et veulent apprendre à en jouer, et c’est plutôt cela qui les pousse, qui leur donne envie, qui les motive au départ. C’est en apprenant à jouer qu’ils verront si cette activité leur plaît. Le plaisir sera alors probablement au rendez-vous – et il faut l’espérer –, mais je ne suis pas convaincu qu’il fasse partie de leurs attentes préalables. Une des différences essentielle entre l’apprentissage d’un instrument de musique (ou de quelque sorte d’art qui soit ou bien même encore de sport) et un apprentissage scolaire est que nos élèves ont choisi cet apprentissage, car il répond à une envie, une attente. Quand je parle d’apprentissage scolaire, je fais référence à celui qui, en France, est imposé à l’enfant jusqu’à 16 ans. Et pour ne pas faire d’amalgame entre liberté et motivation (et même plaisir) ou l’inverse, je ne stigmatise pas ici cet enseignement scolaire. Certains élèves peuvent évidemment trouver des facteurs de motivation, et prendre aussi du plaisir, en apprenant à l’école de nombreux savoirs inscrits au programme, même si de nombreuses conditions doivent être réunies pour que cela soit possible. Dans l’enseignement spécialisé de la musique, nous avons donc des élèves qui arrivent avant tout avec une envie de découverte. C’est cette envie de découverte qu’il nous convient alors de préserver, mais aussi de faire évoluer pour favoriser l’apprentissage. Je pense que ce processus d’évolution des envies de départ ne peut s’opérer sans s’appuyer sur la curiosité de nos élèves, car c’est cette dernière qui les a menés jusqu’à nous. C’est un ressort très puissant, qu’il faut apprendre nous aussi à maîtriser, et qui peut nous permettre progressivement d’installer des éléments essentiels de l’apprendre1. Cette curiosité qui se manifeste au départ par l’envie de découverte et un esprit qui s’ouvre à un monde nouveau de la musique, peut se transformer en une véritable soif d’apprendre, de comprendre, révélatrice d’une motivation intrinsèque trouvée par l’élève. En peaufinant progressivement ensuite une démarche de questionnement et de recherche, qui s’apparente au chemin de l’autonomie, des qualités comme l’esprit critique, l’esprit de synthèse ou la créativité vont pouvoir alors émerger et devenir opératoires. 1 « L’apprendre » est un terme que André GIORDAN préfère utiliser pour nommer la démarche qui conduit à apprendre, plutôt que le terme habituel d’apprentissage. 4 Ce cheminement, parcouru par l’élève en même temps qu’il est provoqué et régulé par le professeur, s’appuie pour moi sur la curiosité, que l’on pourrait presque considérer comme sa base. Il faudrait alors écarter l’idée que la curiosité pourrait être quelque chose d’inné, comme une sorte de don de la nature que l’on aurait ou pas dès la naissance. Il existerait alors des enfants qui naissent curieux et d’autres non ? N’avez-vous jamais entendu un professeur qui, oralement ou sur un bulletin par exemple, se plaignait d’un élève pas assez curieux à son goût ? Face à cette remarque, que penser des parents qui ne comprenaient pas le décalage entre cet élève si peu curieux en cours, et l’enfant qui ne cessait de poser des questions et de s’interroger sur le monde qui l’entoure dès lors qu’il quittait l’école ? La curiosité n’est-elle pas plutôt un comportement qui se suscite, et qui a besoin d’être encouragé ? Plusieurs facteurs peuvent influencer notre curiosité. Ils sont liés à notre culture propre, déterminée par les interactions sociales avec notre environnement. En premier lieu peut-être se trouve l’univers familial, l’éducation que l’on a reçue, c’est-à-dire la manière dont cette curiosité a été encouragée et suscitée ou non. Vient ensuite pour une part très importante l’influence des institutions scolaires sur notre faculté à penser par nous même, à force de nous apprendre à mémoriser des contenus au lieu de nous faire construire des concepts. D’ailleurs, dans tout lieu d’éducation, peu importe la discipline, il me paraît important de veiller à réveiller cette curiosité, cet imaginaire, ce sens critique, cette créativité, sinon nous risquerions de ne récolter que les fruits de ce que nous aurions semé. D’une manière générale, et cela a été fortement mis en avant par le courant de pensée des socioconstructivistes, c’est par les interactions avec le monde qui nous entoure (parents, enseignants, pairs, médias, nature, etc.) que l’on apprend, mais cela influence également notre manière de penser et donc notre faculté à être curieux. Je propose donc au travers de ce mémoire de fin d’études de définir cette nécessaire curiosité, ses différents aspects, son rôle et sa place dans une pédagogie d’aujourd’hui. Dans un deuxième temps, je proposerai des orientations pédagogiques susceptibles d’une part de la valoriser aux yeux de nos élèves puis d’autre part de la provoquer, de la cultiver et de la développer. 5 I. La place de la curiosité dans la pédagogie d’aujourd’hui Dans toute cette première partie, l’idée principale sera de mettre en relation la curiosité et ses différents aspects avec ce qu’on sait aujourd’hui sur l’apprendre. Je vais donc commencer par définir ce que j’entends par « la curiosité » en abordant la définition au sens strict du terme puis en rapprochant la curiosité de ce qu’elle engendre comme comportements. On verra alors qu’elle peut avoir un rôle moteur pour l’apprentissage. Je ferai ensuite un parallèle entre les conditions favorisant la motivation et celles favorisant la curiosité, avec notamment le besoin de proposer un cadre sécurisant affectivement pour pouvoir apprendre. Pour continuer, je mettrai en évidence le fait que la curiosité de l’apprenant est une condition nécessaire au fonctionnement des modèles constructivistes, socioconstructivistes, des pédagogies actives, et plus globalement de tout processus de construction de savoir. Enfin, l’évaluation peut être considérée comme constamment présente au sein du cours d’instrument et il convient d’en prendre conscience, de la démystifier, de la rendre informative, de la vouloir formative pour l’organiser d’une manière à ce qu’elle permette un comportement exploratoire de l’élève. 1. Définition La définition de la curiosité s’aborde sous deux axes différents : • la disposition de l’esprit d’une personne (quelqu’un de curieux) • l’impression qu’une chose fait sur l’esprit (quelque chose de curieux).2 Le deuxième axe désigne un aspect étrange, un caractère insolite, ou par métonymie et le plus souvent au pluriel un objet ou phénomène rare, étrange, remarquable.3 Cette impression curieuse, par la surprise qu’elle provoque, peut amener l’esprit à être curieux. Je reviendrai à cet axe de signification dans les orientations pédagogiques, car on verra que la surprise, vue comme un décalage entre des attentes et la réalité, peut être un très bon déclencheur de la curiosité. À l’intérieur du premier axe, celui auquel je vais m’intéresser plus particulièrement dans ce mémoire, on uploads/s3/ la-curiosite-2016.pdf

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