1.1 Renouveau de la Représentation dans l’Art Le XXème est le siècle d'un renou
1.1 Renouveau de la Représentation dans l’Art Le XXème est le siècle d'un renouveau de la représentation dans l'art : collages, installations, objets accumulés, images détournées... Dans leur volonté d'ancrer l'art dans la réalité, les artistes du XXème siècle et surtout du Pop Art utilisent toute une palette de techniques, souvent inédites. En effet, contrairement à la peinture, le Pop Art s'affiche comme étant l'art de l'éphémère. Tout est produit en masse, tout est consommable puis recyclable dans une boucle sans fin. Chaque motif est choisi pour sa forme interchangeable. Marilyn peut être changée en Liz Taylor à titre d'icone provisoire, de la même manière qu'elles sont à la une des magazines tour à tour. Le motif de la télévision se substitue au modèle et au peintre lui-même. On préfère le choc des images à l'importance des faits. A l'heure de la reproductibilité, aucune œuvre ne peut conserver son aura très longtemps : acteurs de cinéma, bouteille de Coca-Cola, boite de soupe Campbell, billets d'un dollar sont simultanément des icônes et de simples images. La copie a la valeur d'une œuvre originale tandis que l'original est un produit banal. Reproduit à l'infini, au même titre qu'une étiquette de boite de soupe, le visage de Marilyn perd tous les attributs habituellement rattachés aux stars et aux œuvres d'art. Dirigé par le Pop Art, le monde devient une succession de logos, maniables et prêts à la consommation. Même les mots d'ordre les plus utopistes comme le « love » de Robert Indiana, artiste américain deviennent le slogan de la pop génération et se répète à l'infini, les sentiments servent à vendre. Dans un univers du tout recyclable, Warhol en particulier apparaît comme cynique quand il enregistre un monde asservi aux techniques, et moralisateur, lorsqu’il fait l'inventaire d’un monde qui meurt sous le poids des produits de consommation. Les artistes multiplient les expériences jusqu'à toucher, comme Andy Warhol à la musique et au cinéma. Leur esthétique ludique et colorée influence l'architecture, le design, et la bande dessinée. Cette culture de la légèreté se veut le miroir, parfois critique, souvent ironique, de la société moderne. L'insertion d'objet du réel dans la peinture se pratique dès 1912, technique que les artistes du Pop Art reprendront quelques quarante ans plus tard. Picasso, le premier, introduit une corde et un morceau de toile cirée reproduisant le motif du cannage de chaise dans une composition cubiste intitulée « Nature morte à la chaise cannée ». Cette introduction d'une matière étrangère instaure un rapport paradoxal entre réalité et représentation. D'un côté le faux cannage renforce l'effet du réel, de l'autre, il dénonce le caractère illusoire de la représentation. Il est à la fois objet véritable et pur trompe-l’œil. Picasso se servait de l'illusion picturale dans le but précis d'en dénoncer la fausseté, ou du moins l'ambiguïté, et par conséquent de la détruire. Kurt Schwitters, peintre collagiste et poète allemand (1887-1948) lui aussi, juxtaposait peinture et déchets afin de faire rentrer de la vie dans l'art, et de l'art dans la vie. Avant l'explosion du « Pop », l'art est confiné par des critères formels stricts excluant la figuration. Du « Pop » naît une conception de la peinture plus libre et plus actuelle. Les artistes à la manière de leurs prédécesseurs du mouvement Dada, incorporent dans l'œuvre des objets du quotidien. L'utilisation massive par les artistes des objets et des déchets de la société industrielle brouille tous les repères. Cette irruption du trivial a une double vocation de désacralisation, le Pop Art trouve son outil de prédilection, l'objet manufacturé. L'insertion d'objets dans le tableau propulse l'œuvre entre deux rangs, entre art et non art, entre recherche de la qualité plastique et exhibition de la banalité de la vie. Ce mouvement joue sur deux tableaux : d'une part un souci constant de forme, d'espace et de composition, d’autre part, une distance héritée de Marcel Duchamp, futur père du ready-made où l'objet n'est pas art mais se substitue à lui, où l’objet usuel est ironiquement promu œuvre d’art, « il avait pressenti la place qu'occuperaient les objets manufacturés et l'imaginaire moderne1.» Ces deux notions en apparence contradictoire montrent très tôt que les rapports entre l'art et le design peuvent s'avérer fructueux. De plus, on peut dire que le Pop Art a « servi le design » Dans leur désir d'abolir les frontières entre l'art et la vie, les artistes Pop développent un procédé original : l'installation qui désigne des œuvres conçues pour un lieu donné ou adapté à ce lieu. C’est leur façon à eux de partir à la conquête de l'espace. Les Américains Claes Oldenburg et Georges Segal, représentant du pop art ont éprouvé, à un moment de leur parcours, le besoin non seulement de construire des travaux en trois dimensions, mais de les insérer dans un espace fictif. Auteur de gigantesques sculptures imitant des objets comme une pince à linge, un tube de rouge à lèvres ou une machine à écrire, Claes Oldenburg réalise ainsi un projet de plus grande ampleur encore : The store. A l'aide de bandes plâtrées grossièrement peintes, il installe un espace commercial complet, rempli de denrées alimentaires. Titre : Lipstick (Ascending) on Caterpillar Tracks Source : http://oldenburgvanbruggen.com/ 1 Elisabeth Couturier, « Le design hier, aujourd’hui, demain : Mode d’emploi, éditions Filipacchi, 2006, p56 Oldenburg est sans cesse à la recherche d'un art qui brouille les limites entre réalité et représentation. Après The street (1959), où il expose une série d'objets en carton et en papier mâché peints inspirés de l'environnement urbain, il conçoit donc ce « magasin », qui mélange joyeusement réalisme et approximations délibérées. En ce sens, la démarche d'Oldenburg est similaire à celle de Duchamp avec les objets, « une œuvre n'est pas quelque chose de beau à regarder, sa valeur c'est d'être une école de pensée. L'important est l'image mentale qu'elle imprime. » La notion de créativité semble transcender les barrières, devenues minces, entre elle et l'art. « En effet, ces dernières années, le rapprochement entre design et art interroge les pratiques et le langage de chaque discipline. Il arrive ainsi que des objets design soient présentés aux côtés d'œuvres de plasticiens dans des expositions communes. »2 2.1 L’explosion de la sphère sensorielle Les différents stimuli qui touchent l’individu font naître la perception. Le premier niveau de perception est l’apparition de l’objet qui entraine la réaction de l’individu. Chez l'homme, la sensation est inconsciente, subliminale. Percevoir c'est aussi différencier. L'ouïe et la vue sont les sens qui nous transmettent les informations les plus importantes. Selon la loi de Weber et Fechner, sociologues allemands, la variation donnée pour un petit stimulus physique est presque imperceptible. Plus un stimulus est fort, plus la perception est forte. La perception, c'est donc l'opération avec laquelle le sujet organise ses sensations, les interprètent et les complètent par les images et les souvenirs. Emmanuel Kant, dans la « Critique de la raison pure » a dit « Penser, c’est juger ». En ce sens que percevoir, n’est pas un acte passif mais une interprétation, un jugement sur des connaissances intellectuelles. Cette connaissance n'est pas particulière, mais générale. Il faut partir de l'essence des choses pour aller à leur existence. Dès la perception, nous interprétons le réel, nous ne recevons jamais les objets bruts mais nous passons dans un premier temps par le prisme des sensations. La télévision a été l'élément déclencheur d’un important bouleversement de cette explosion de la sphère sensorielle par l'unification des sens qu'elle a provoqué. Bien sûr, le cinéma, avant elle, a exploité l'expérience multi-sensorielle (son et image simultanée) mais la télévision a fait entrer cette pratique au quotidien dans les foyers. Les 2 Olivier Liégent, la peinture peut se plier à tous les usages! , Living painting 1999 stimulations s’intensifient encore avec l'arrivée de la couleur à la fin de l'année 1967. Les messages que font passer les publicités par exemple, prennent plus d'ampleur et impactent de manière plus importante les consommateurs du fait de cette extra- stimulation. Aujourd’hui, l’environnement de l’Homme est de plus en plus saturé. Il est submergé par toujours plus d’images, de sons, d'odeurs, d’informations, de communication. Cette saturation use l’attrait de la marque et son pouvoir de séduction. En effet, dans son champ de perception quotidien, l’Homme est exposé à environ 150 marques, 800 mots différents, 2000 images et 20 000 fractions d’images, A la fin de la journée, l’Homme moyen ne se souvient que de 10 marques3. Il est donc essentiel que les marques, dans leur manière de créer, de communiquer face appel à la sensibilité, à l’émotivité de chacun. Cette prolifération d'images, brouille l'esprit du consommateur. Cette explosion de la sphère sensorielle amène les entreprises à utiliser différentes stratégies afin de se démarquer de leurs concurrentes. Elles mettent notamment en place des politiques produits dans lesquelles elles vont différencier leurs produits de ceux de la concurrence par des caractéristiques perçues uniquement par le consommateur.4 Dans le secteur du luxe, la question de la perception est plus délicate. En effet, ce domaine se fonde sur les représentations uploads/s3/ changement-societal-et-nouveaux-medias.pdf
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- Publié le Dec 11, 2021
- Catégorie Creative Arts / Ar...
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