Améliorer la vie de bureau grâce au pouvoir de la couleur La couleur, c’est la

Améliorer la vie de bureau grâce au pouvoir de la couleur La couleur, c’est la vie ! Un monde sans couleur serait sans relief, terne et tout simplement déprimant. Les premiers rele- vés sur la couleur ont été effectués par les natu- ralistes (botanistes, ornithologues, minéralistes, zoologistes, etc.) et ce, à partir du XVème siècle. Il ne s’agit pas là d’une observation gratuite pour répondre à des critères de beauté et d’es- thétique mais d’un sujet d’étude à part entière, d’ordre pédagogique et scientifique. La couleur est un outil de reconnaissance des espèces quelles qu’elles soient. L’ouvrage d’Histoire naturelle des oiseaux de Buffon en est la parfaite illustration. Dessinées par Martinet, les planches en couleurs qualifient la couleur du plumage comme élément d’identification des oi- seaux. Parallèlement, même si elle a constitué une source d’inspiration pour les savoir-faire du XIXème siècle (soie, céramique, tapisserie, etc.), la peinture florale du peintre botaniste Pierre-Jo- seph Redouté relève de la même gymnastique d’observation scientifique. La couleur dialogue, exprime, statue. Elle est un repère, un outil de travail, une source d’enrichissement et un véhi- cule pour la connaissance. 2 La couleur est donc, en premier lieu, lisible par ce que renvoie la nature. Fort de ce constat, on peut déjà comprendre combien le design bio- philique (design inspiré par la nature) impacte positivement quand il est intégré dans des lieux de vie urbains, a fortiori dans des espaces de travail. Les nuances de verts sont donc dans la mouvance. La cou- leur porte aussi un héritage culturel. De ce fait, sa perception peut être altérée par des symboliques culturelles réductrices comme le dénonce nombre de professionnels. Chaque culture étant porteuse de signes bien distinctifs en regard de son histoire. L’écrivain Michel Pastoureau, médiéviste et devenu en quelque sorte historien de la couleur, s’en est fait l’écho dans ses nombreux ouvrages. L’exercice auquel il se livre dans la compréhension de la couleur reste, comme il l’affirme, un sujet d’étude complexe. A l’histoire appliquée se greffe une sociologie de la couleur qui induit une quête de sens permanente. «Qu’est-ce que la couleur ? Une matière, une fraction de lumière, une sensation, un ensemble de mots, un concept ? A quel moment sommes- nous passés de la « couleur-qualité » à la « couleur-concept » ?» La couleur est à la fois innée, car elle s’inscrit dans l’ADN chromatique de chacun, et acquise eu égard à tous les référents culturels qu’elle véhicule. Elle est donc signe, lumière, art, science, identité, évocation, tendance, etc. Alors comment l’interpréter ? Comment un espace de travail peut-il s’exprimer avec l’apport de la couleur ? Quel est son impact physiologique et psychologique sur les individus ? Quelles sensations procure-t-elle ? Et surtout, quel est son mode d’emploi ? Autant de questions qui méritent de trouver des réponses étayées. Si la couleur est complexe, elle est un outil d’expression spectaculaire pour délivrer des messages, donner des directions et apporter des so- lutions bénéfiques au bien-être des individus. Forts de leur expérience, les spécialistes de la couleur - coloristes, color designers, architectes, architectes d’intérieur - la confortent dans son utilisation bienfaisante pour rendre notre parcours de travail plus humain et plus efficace en termes de productivité. « La notion d’harmonie des couleurs doit se libérer du conditionnement subjectif et s’ériger en loi objective. Harmonie signifie équilibre des forces. » Johannes Itten (1888-1967), Peintre et enseignant de la couleur. 3 Couleurs & Sens : le pouvoir de la couleur Chaque individu a une opinion sur la couleur pour la bonne raison que nous ne la voyons pas tous de la même façon et que sa lecture est subjective. « L’œil humain ne perçoit que les ondes lumineuses comprises entre 400 et 700 millimicrons, de l’ultraviolet à l’infrarouge en passant par l’ensemble des couleurs de l’arc en ciel. Les ondes lumineuses étant en elles-mêmes incolores, la couleur n’existe en réalité que par le décodage effectué par notre cerveau par l’intermédiaire de la rétine de l’œil », écrit Catherine Filoche dans son ouvrage Espace Couleurs aux Éditions École Bleue. Ce que confirme Jean-Gabriel Causse dans son livre L’étonnant pouvoir des couleurs, « La cou- leur n’est pas un degré de luminosité mais une caractéristique de la lumière. Sa perception varie selon la matière de l’objet, la réaction du cerveau, la température de couleur ainsi que l’intensité lumineuse ». Autrement dit, il n’y pas de couleur s’il n’y a pas de lumière. Différemment perçue d’un individu à un autre, la couleur n’est pas la même selon que nous soyons homme ou femme, enfant, adulte ou personne âgée, d’une culture ou d’une autre, selon que nous soyons caucasien ou asiatique, selon la qualité de notre vision également : « Seuls 3 % des gens ont la capacité oculaire de voir les couleurs réelles. Quant à la subtilité de décrypter toutes ses nuances, la lecture est encore plus com- pliquée ! » souligne l’architecte d’intérieur Hélène Paoli. La couleur est aussi impactée par la nature de son exposition lumineuse (éclairage artificiel ou naturel) et par son association avec d’autres cou- leurs. Son interprétation sera aussi guidée par ce qui est de l’ordre de l’inné et de l’acquis. Ainsi, la couleur est-elle à la fois simple et complexe, personnelle et universelle. Partie 1 4 Sous influence ! Il est clair que la couleur influe sur notre comportement, tant d’un point de vue physiologique que psychologique, comme l’ont démon- tré de nombreuses études menées par des scientifiques. Le livre de Jean-Gabriel Causse fourmille d’anecdotes à cet égard. « Le temps passe plus vite dans une pièce aux murs de couleurs chaudes comme l’orange ou le rouge (d’après étude de Smets, 1969). Inversement, sur un écran d’ordinateur, le temps de téléchar- gement paraît plus court quand les couleurs sont froides (d’après étude de Gorn et al., 2004). Quand la couleur du fond d’écran est chaude, et en particulier rouge, nous avons tendance à surestimer le temps passé devant notre ordinateur. Le rouge est par exemple une couleur qui nous fait peur, de façon innée, et ce phénomène est bien évidemment renforcé par notre acquis culturel. Le rouge nous prévient du danger, c’est la couleur du sang, c’est la couleur de la sanction à l’école… ». Cette couleur qui peut sembler effrayante, mais dont la perception de tem- pérature plus élevée s’avère un bénéfice pour certaines professions tra- vaillant dans le froid. Le rouge est aussi une primaire chaude dominante, couleur de la passion, qui apporte une dynamique d’esprit et de l’énergie. On la dit également jubilatoire favorisant l’expression et la communication. Jean-Gabriel Causse, designer spécialiste de la couleur. Photo Félicien Delorme © Flammarion 5 Le ressenti de la couleur Les couleurs ont donc un langage et provoquent un ressenti différent. « Si la société a forgé une culture des codes qui sont propres à un vocabulaire commun, il ne faut pas pour autant se laisser enfermer là-dedans », commente l’architecte d’intérieur Hélène Paoli. Des propos que confirment le designer Alain Gilles, « Les couleurs se sont émancipées, elles n’ont plus la même signification partout. On a une image moins claire de ce que la couleur peut représenter aujourd’hui ». Ainsi, Jean-Gabriel Causse ajoute qu’il faut fuir le rouge s’il faut produire un effort de raison- nement intellectuel, comme le préconiser pour quelqu’un qui travaille 15 heures par jour car il stimule l’énergie ! Fort de ce constat, on répart- tira donc plus volontiers la couleur selon la nature des activités. La couleur peut aussi provoquer le rejet de fa- çon épidermique (nature innée). Le « j’aime/j’aime pas » est ici des plus catégoriques ! Raison pour laquelle, l’architecte Hélène Paoli travaille la concertation sous forme de workshop avec ses clients : « La confrontation est la façon la plus facile d’entériner un projet. Les propositions couleur sont soumises à un comité de pilo- tage réunissant différentes instances de l’en- treprise et celle qui obtient le plus de voix est validée ! », nous précise-t-elle. La concertation n’est pas toujours à l’ordre du jour et si la plupart des projets participent d’une charte architecturale, ils ne sont pas pour autant soumis aux salariés. Rassurons-nous, explique Catherine Filoche, du bureau Couleurs - Tendances - Créa- tions, « Tant qu’il ne s’agit pas de noir avec des lumières indirectes comme dans la production de Jean Nouvel qui a fait polémique, et que les couleurs font sens en prenant compte du contexte, de l’usage, de l’espace et de l’har- monie, elles finiront par être acceptées » ! Les couleurs influent de façon spectaculaire sur les capacités mémorielles qui sont supérieures de 55 à 78% lorsque l’enfant est placé dans un environnement dont la couleur le séduit. *Source : La perception des couleurs et de l’espace chez l’enfant, étude T arkett. « L’enjeu n’est plus d’avoir un espace à soi mais des espaces pour soi et pour tous. Pouvoir utiliser des lieux diffé- rents selon les postures de travail et les activités de la journée : se réunir, s’isoler, se concentrer, prendre une décision rapidement, se détendre... Pour uploads/s3/ livre-blanc-couleur.pdf

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