L'Art Qu'est-ce qui distingue l'art du travail ? 1. Accueil 2. Cours et Etudes

L'Art Qu'est-ce qui distingue l'art du travail ? 1. Accueil 2. Cours et Etudes d'oeuvres 3. Cours 4. L'Art Plan Introduction I- L'œuvre d'art relève-t-elle de la poiésis ? A- L'art comme activité fabricatrice. B- L'art comme activité non utile. C- L'œuvre et le travail. II- La spécificité de l'œuvre d'art : Kant, Critique de la faculté de juger :genie et beaute artistiques A- L'œuvre d'art relève du génie (CFJ, § 43 à 49) B- l'oeuve d'art ne se spécifie-t-elle pas encore par sa beauté ? Conclusion : l'art contemporain est-il encore de l'art ? 1) L'art serait la manifestation d'une vision du monde ; soit celle de l'artiste, soit celle d'une culture. 2) Il serait un moyen sensible d'atteindre un absolu Bibliographie et Notes Cours Introduction Pour réfléchir à cette question, on peut partir de la célèbre tripartition aristotélicienne des différents genres d'activités ou connaissances humaines : Connaissance (épistémé) Des choses qui ne sont pas de toute éternité. Des choses qui sont de toute éternité. Choses propres au sujet: les actions connaissance" pratique " (cf.: Kant: " Critique de la raison pratique ") (Praxis = savoir modifier son comportement) => Disposition à agir accompagnée de règles. Choses extérieures au sujet: les objets connaissance " poïétique " (poïésis = la production d'objets) =>L'art au sens général (du boulanger au poète), ce qui nous intéresse. =>Disposition à produire accompagnée de règles. C'est la fabrication : activité ou connaissance qui mène à existence de choses extérieures au sujet Mode de connaissance inférieur Connaissance théorique (thêoria: contemplation intellectuelle). => Mathématiques => pour Aristote: physique et théologie (dans laquelle il range la philosophie) Le travail fait partie de la poiésis. Et l'art ? On remarque que l'analyse d'Aristote ne dégage pas un domaine spécifique qui serait celui de l'artiste. L'artiste n'est pas fondamentalement distingué du technicien, ou de l'artisan. Ainsi l'artiste est un homme qui fait son métier, comme le boulanger. L'art est synonyme de technique (cf. expressions " arts et métiers " ; l'art de la dissertation, etc.). Le problème, c'est que, aujourd'hui, quand nous parlons d'art, nous entendons plutôt les " beaux-arts ", et quand nous parlons d'un artiste, nous entendons tout autre chose qu'un homme de métier. Cf. fait que nous accordons une grande valeur à l'art, pas à l'artisanat ; la baguette du boulanger ou le lit du menuisier nous sont utiles, la tableau de Picasso ou la musique de Mozart ne le sont pas(1). La distinction aristotélicienne ne permet pas de dire ce qui distingue l'art du travail ou de l'artisanat. Si l'art est du domaine de la poiésis, reste donc à savoir en quoi cette poiésis se distingue de celle qui caractérise le travail. I- L'œuvre d'art relève-t-elle de la poiésis ? Pour y répondre, nous allons réfléchir sur les textes de Kant issus de la Critique de la faculté de juger ; dans ces textes, Kant cherche en effet quelle est la spécificité de l'art par rapport aux autres domaines de la production humaine (ou de l'activité fabricatrice de l'homme). Il va montrer que parmi les activités productrices de l'homme, l'art se distingue, comme le travail, de la nature ; mais il se distingue toutefois du travail de l'artisan. L'art n'est pas un travail mais à la limite un mélange de travail et de jeu. A- L'art comme activité fabricatrice. L'artiste, comme celui qui travaille, transforme la nature en quelque chose d'humain, il humanise la nature ; et il fabrique des artifices (artefacts) : Texte 1 - Kant, Critique de la faculté de juger, §43 , " De l'art en général " " On distinguera l'art de la nature, comme le faire (facere) est distingué de l'agir ou de l'effectuer en général (ag les résultats de l'art, considérés en tant qu'œuvres (opus), seront distincts des produits de la nature, considérés e En toute rectitude, on ne devrait appeler art que la production qui fait intervenir la liberté, i.e., un libre arbitre principe la raison. Car, bien qu'on se plaise à qualifier d'œuvre d'art le produit des abeilles (les gâteaux régularité), ce n'est que par analogie avec l'art ; dès qu'on a compris en effet que le travail des abeilles n'est fo rationnelle qui leur serait propre, on accorde aussitôt qu'il s'agit d'un produit de leur nature (de l'instinct), créateur qu'on l'attribue en tant qu'art. Lorsqu'en faisant des fouilles dans un marécage, comme c'est arrivé parf de bois taillé, on dira qu'il s'agit, non d'un produit de la nature, mais de l'art ; sa cause efficiente s'est accompag auquel l'objet doit sa forme. D'autre part, on verra aussi de l'art dans tout ce qui est constitué de telle manière q dans sa cause en précéder la réalité (même chez les abeilles), sans pour autant que la cause ait pu penser l'effet quelque chose d'œuvre d'art absolument parlant pour la distinguer d'un effet produit par la nature, on entend t humaine " Kant reprend ici la célèbre distinction déjà effectuée par Aristote dans la Physique, livre II, entre les choses naturelles et les choses artificielles, dans lesquelles il faut ranger l'art. L'art fait donc partie de l'activité fabricatrice ou productrice d'objets, de la poiésis, comme le travail. Les choses fabriquées par l'artiste sont effectuées intentionnellement, i.e., pensées avant d'être effectuées(2). NB : Par conséquent, on ne peut pas dire que la nature est une " grande artiste ", comme on l'entend dire parfois, parce que (cf. cours Kant sur l'histoire) la nature ne peut être dite agir en vue de fins. B- L'art comme activité non utile. Toutefois, l'art a sa fin en lui-même. En effet, d'abord, il n'a pas de visée utilitaire, il ne vise pas la satisfaction de nos besoins. De plus, ce n'est pas une activité imposée, contraignante, et rémunérée (que l'on ferait dès lors seulement pour obtenir un salaire). Texte 2 - Kant, Critique de la Faculté de Juger, §43 : " L'art se distingue aussi de l'artisanat ; l'art est dit libéral, l'artisanat peut également être appelé art mercantile comme s'il ne pouvait être orienté par rapport à une fin (réussir à l'être) qu'à condition d'être un jeu, i.e. une ac second comme un travail, i.e. comme une activité en soi désagréable (pénible), attirante par ses seuls effets (pa donc peut être imposée de manière contraignante. " Kant distingue ici deux espèces de savoir-faire : - il y a le savoir-faire mercantile = activité en soi désagréable, imposée, et rémunérée = le travail ; - et le savoir-faire libéral = activité en soi agréable, libre = le jeu, les beaux-arts. L'art relève donc plus du jeu que du travail. Il doit être distingué du métier, de même que l'artiste doit l'être de l'artisan. Dès lors, si l'art fait partie de l'activité productrice, il est une activité de production " libre ", mue par aucun intérêt. Le travail, lui, est une activité de production contrainte et mue par l'utilité (la survie même). Toutefois, Kant précise ensuite que l'art s'accompagne de certaines contraintes et donc de travail ; en effet, il faut bien que l'artiste s'impose certaines règles pour effectuer son œuvre ; il ne peut pas faire n'importe quoi. Exemple : le poète utilise des règles lexicales, prosodiques, etc. Mais l'art n'est pas à proprement parler un travail ; c'est un mélange de jeu et de travail. C'est comme si, à travers l'art, on jouait à travailler. La liberté du jeu fait comme si elle était la contrainte du travail, et la contrainte du travail, inversement, agit comme si elle était la liberté du jeu. Ainsi, si l'art s'oppose au travail, c'est plus précisément comme la contrainte accompagnée de liberté s'oppose à la contrainte seule, ou encore, comme le jeu avec travail s'oppose au travail sans jeu. C- L'œuvre et le travail. Ainsi faut-il revenir ici à la distinction œuvre/travail opérée par H. Arendt dans La condition de l'homme moderne. Ce qu'elle remet en cause par cette distinction, c'est la conception du travail comme humanisation de la nature. Humaniser la nature, cela revient à dire que l'homme, en produisant/ fabriquant certaines choses, laisse des traces durables de son activité dans le monde, fabrique même un monde proprement humain à côté du monde naturel. C'est ce qu'on appelle " œuvre ", et ce serait le sens propre du terme de poiésis : on fabrique quelque chose, en vue d'un résultat qui dure, en vue de la création de choses nouvelles. Or, le travail ne peut être dit une œuvre. En effet, si nous travaillons, c'est seulement pour nous nourrir, pour subsister, pour régénérer la vie. Le travail s'épuise donc dans son activité, il ne laisse rien au delà de lui. Seul l'art laisse des traces durables, fabrique un monde proprement humain, à côté du monde naturel . L'artiste s'exprime réellement dans ce qu'il fait, etc. Ainsi faudrait-il dire finalement que seul l'art est véritablement poiésis. De toute façon, même sans dire cela, la poiésis qu'est l'art, a des caractères bien spécifiques. II- La spécificité de l'œuvre d'art : Kant, Critique de la faculté de juger :génie uploads/s3/art-qu-x27-est-ce-qui-distingue-l-x27-art-du-travail.pdf

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