ACCUEIL DE L’ETRANGER REPÈRES POUR LA RÉFLEXION ET L’ACTION DOSSIER PEDAGOGIQUE
ACCUEIL DE L’ETRANGER REPÈRES POUR LA RÉFLEXION ET L’ACTION DOSSIER PEDAGOGIQUE JUIN 2016 ne connaissent pas de frontières. Si nous refusons cette fraternité aux « autres », viendra bientôt le jour où nous nous la refuserons entre nous. C’est tout autant notre devoir en tant que chrétiens. Nos Églises, par la voix de nos plus hauts responsables, ne cessent depuis des années d’appeler à l’hospitalité, au nom du message dont elles ont à témoigner au sein de la société. Et d’y appeler les chrétiens, au nom du Christ. Il est frappant de constater que ces appels sont souvent exprimés de façon œcuménique : c’est une préoccupation qu’elles partagent ensemble. Une préoccupation qui ne va pas seulement aux chrétiens d’Orient persécutés, mais à tous ceux qui doivent fuir, sans discrimination. C’est donc à un changement durable et profond dans l’opinion publique, à commencer par nous-mêmes, qu’il nous faut œuvrer. Non seulement quant au droit d’asile, mais quant à l’accueil des migrants dans leur ensemble, et plus profondément dans notre attitude à l’égard de l’étranger. Car l’opinion publique, elle, ne fait pas de distinction entre les réfugiés demandeurs d’asile et l’ensemble des migrants qui cherchent ici une vie nouvelle. C’est pourquoi, même si l’ACAT n’a pas vocation, en tant que telle, à s’occuper des migrants en général (d’autres le font très bien), nous ne pourrons remplir notre mandat à l’égard des réfugiés qui fuient la violence que dans un climat qui ne soit plus dominé par la peur, la xénophobie et la crispation identitaire. Il nous faut alors travailler dans deux directions : > rétablir les faits au sujet de la réalité actuelle des migrations ; > aider à surmonter la peur de l’étranger pour permettre la rencontre et la découverte mutuelle. Connaître la réalité actuelle des migrations en Europe et en France. C’est l’objectif premier de ce dossier : nous fournir des éléments factuels soigneusement établis et mis à jour en juin 2016 quant à la réalité des migrations chez nous. Il importe de récuser avec force ce mensonge qui montre l’Europe assiégée par une horde de Barbares. Ceux qui ont pris la difficile décision de quitter leur pays sont dans leur immense majorité restés au plus près de chez eux. Le Liban a ainsi accueilli sur son petit territoire plus d’un million de réfugiés, plus du quart de sa population… La France qui compte 65 millions d’habitants a accordé l’asile l’an passé à moins de 20 000 personnes, et se dit prête à en accepter 30 000, chiffre dérisoire, si l’on y réfléchit. Nous avons la capacité de les accueillir et de mettre en place les moyens nécessaires : les sommes considérables qui sont actuellement dépensées pour les maintenir hors de nos frontières seraient beaucoup mieux employées à des objectifs de solidarité. Les victimes de la torture pour lesquelles, à l’ACAT, nous agissons, pour lesquelles nous prions, voici que, de plus en plus souvent désormais, elles viennent frapper à notre porte. Nous avions écrit, plaidé, manifesté pour que cessent les violences dont ces femmes, ces hommes étaient victimes dans leur pays. Mais un jour est venu où eux n’avaient plus le choix : « il fallait fuir », comme ils le disent eux-mêmes. C’est pourquoi, depuis plusieurs années, l’ACAT a inscrit le droit d’asile dans son mandat. « Droit » d’asile : c’est en effet un droit fondamental reconnu à tout être humain ; un droit que la France, comme la plupart des pays de la planète, s’est engagée à respecter. Et nous, qui avions soutenu ces personnes chez elles, il nous est maintenant donné de pouvoir nous tenir auprès d’elles ici, directement, de personne à personne, pour qu’elles retrouvent en elles-mêmes la force de se relever et de vivre : « Lève-toi et marche ! » Certes, le respect effectif du droit d’asile chez nous dépend au premier chef des pouvoirs publics français et des instances européennes qui ont la lourde tâche de mettre en place une véritable politique migratoire. Une telle politique a cruellement manqué jusqu’ici, comme en témoignent toutes ces personnes qui s’entassent dans des conditions indignes dans les camps de réfugiés à nos portes et jusque chez nous, comme en témoignent hélas encore plus ces milliers d’adultes et d’enfants (avons-nous si vite oublié le petit Aylan ?) qui ont trouvé la mort en voulant rejoindre nos rivages. Mais l’absence d’une politique migratoire digne de ce nom en Europe ne tient pas seulement à nos gouvernants. Elle tient à une opinion publique qui s’affole et veut fermer ses portes, mettre en place des barrières (y compris parfois même à l’intérieur de l’Europe à l’égard des ressortissants d’autres pays européens) : c’est chacun chez soi, chacun pour soi ! Et trop de nos responsables politiques suivent l’opinion publique plutôt que de chercher à la responsabiliser… C’est là, face à ces tendances de l’opinion publique, que nous pouvons et devons agir et résister. Cela relève de notre responsabilité. Notre responsabilité en tant que citoyens, pour résister à ce climat délétère de xénophobie. Aussi beaucoup d’ONG de tous bords, dont l’ACAT fait partie, se mobilisent. La politique migratoire ne peut avoir pour seul but de stopper les migrations, de refouler les réfugiés hors de nos frontières : c’est non seulement totalement irréaliste, mais contraire à toutes les valeurs sur lesquelles nos démocraties sont établies – la solidarité, la « fraternité » inscrite dans notre devise ÉDITO DU DOSSIER « ACCUEIL DE L’ÉTRANGER » PAR GABRIEL NISSIM, président de l’ACAT Nous aider à surmonter la peur de l’étranger pour permettre la rencontre et la découverte mutuelle : c’est le second objectif de ce dossier. Car pour atteindre ce retournement de l’opinion publique il nous faut aussi écouter s’exprimer la peur : peur légitime du terrorisme, angoisse de ceux qui vivent dans la précarité et se jugent menacés par les arrivants. Et plus largement, peur de l’étranger, de l’autre « différent » : jamais comme aujourd’hui nous n’avons été confrontés à vivre chez nous avec tant de personnes différentes de nous par leur culture, leur langue, leur religion. Ces migrants ne sont pas des agresseurs, mais des êtres humains : sous la différence, nous avons à apprendre à reconnaître avec bonheur notre réelle ressemblance. Tous, eux comme nous, nous avons à apprendre à vivre ensemble, à « coexister » fraternellement. Il s’agit là d’un travail de longue haleine, pour des années. Contre les vents mauvais et nauséabonds actuels, les membres de l’ACAT sont à leur place parmi ces « frères humains » qui résistent pour enfanter enfin cet autre monde possible, où l’étranger ne soit plus rejeté comme l’intrus indésirable, mais regardé comme un homme chargé de sa souffrance. La haine engendre la violence ; le simple geste d’accueil fait éclore un sourire sur les visages… Comme depuis les origines de notre association, à nous de continuer à résister et de rester attentifs aux visages de ceux qui croisent nos routes. AVANT-PROPOS Ce dossier est mis à la disposition des militants de l’ACAT. Il se présente sous forme de fiches indépendantes, afin que chacun puisse y trouver les connaissances dont il a besoin pour réfléchir, prier, sensibiliser autour de soi à l’accueil de l’étranger, et agir pour faciliter cet accueil. Le groupe « Acceuil de l’étranger » qui a travaillé à l’élaboration n’a pas cherché à en faire un outil pour spécialistes, mais à répondre aux besoins des militants. Aussi, toutes les remarques, demandes de précisions, réactions, critiques, suggestions, compte-rendu d’actions seront source d’enrichissement à la fois pour le travail du groupe et pour le dossier. Car celui-ci est évolutif, appelé à être complété et enrichi. Les fiches sont variées ; certaines très techniques, comme celles qui donnent des précisions sur le vocabulaire, les explications sur le droit d’asile en France et en Europe, sur les dynamiques migratoires à l’œuvre aujourd’hui, et l’analyse des politiques migratoires. D’autres, au-delà de la réalité et du droit, sont des analyses d’experts et de personnalités, d’associations travaillant sur le terrain, des méditations, des prises de position de l’ACAT mais également d’autres prises de position que nous ne partageons pas forcément, mais qui ouvrent des perspectives. Le groupe a pensé qu’il était important d’ancrer ce dossier dans les évènements propres à l’ACAT, en particulier l’Assemblée Générale d’avril 2016 dont le thème était l’accueil de l’étranger : aussi des interventions et les résultats des ateliers sont contenus dans ce dossier. Ce dossier n’est qu’un outil, nécessaire sans doute, mais seulement les prémisses de ce que nous pouvons faire ensemble, afin que nous, membres de l’ACAT, devenions un pôle de résistance prophétique comme l’a souhaité Gabriel Nissim, notre président. Groupe Accueil de l’étranger, Juin 2016 QUI SOMMES-NOUS ? Créée en 1974, l’ACAT est une ONG chrétienne œcuménique de défense des droits de l’homme qui se bat pour faire reculer la torture, la peine de mort et promouvoir le respect de la dignité de chacun. Ses thèmes de travail sont : La lutte contre la torture L’abolition de la peine de mort Le soutien au droit d’asile La surveillance uploads/S4/ dosspeda-accueil-etranger-web-complet-pdf.pdf
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- Publié le Aoû 12, 2021
- Catégorie Law / Droit
- Langue French
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