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PLATON / LA REPUBLIQUE LIVRE I (327a-357a) (I. Ouverture) PROLOGUE (327a-328b)

PLATON / LA REPUBLIQUE LIVRE I (327a-357a) (I. Ouverture) PROLOGUE (327a-328b) Récit de Socrate à un interlocuteur anonyme : il était descendu hier au Pirée pour la fête de la déesse Bendis. Polémarque, aidé d’Adimante et de Glaucon, lui ont demandé de venir chez son père, le métèque Céphale. SOCRATE ET CEPHALE (328b-331d) (328b-329d) Heurs et malheurs de la vieillesse Socrate demande à Céphale ce qu’il pense de la vieillesse. La plupart pensent que c’est un mal, car on est privé de jouissance, mais pas Céphale : la perte de l’intensité des désirs est, comme le pensait Sophocle, la libération d’un grand tyran, pour peu que l’on ait un tempérament serein. (329d-331b) Les avantages d’une grosse fortune Si Céphale supporte bien la vieillesse, n’est-ce pas plutôt qu’il est riche ? Non. Si l’on n’est pas un homme de bien, la richesse ne fait rien. Quel est le plus grand bien que Céphale à retiré de sa richesse ? Elle lui a permis de dire la vérité et de régler ses dettes, donc d’être juste, et donc d’envisager la mort sereinement. (331c-d) La définition de la justice Mais qu’est-ce donc que cela, la justice ? Est-ce seulement dire la vérité et rendre ce qu’on a reçu ? Céphale quitte l’entretient pour faire ses offrandes, son fils Polémarque « hérite » de ses positions, de la charge de défendre la conception traditionnelle de la justice : rendre ce qu’on a reçu. SOCRATE ET POLEMARQUE (331e-336a) (331e-334b) Utiliser et conserver Polémarque défend la position paternelle en se rangeant derrière Simonide, qui affirme qu’il est juste de rendre à chacun ce qu’on lui doit. Qu’est-ce que ça signifie ? Qu’il faut rendre le bien à un ami, et le mal à un ennemi. Mais dans quelle action (praxis) et en fonction de quelle tâche (ergon) ? Dans toutes les actions particulières, il ne servira à rien d’être juste, il vaudra mieux être technicien (ex. pour rendre la santé à son ami, faut pas être juste, faut être médecin). Pour user des choses en général, la justice ne sert à rien, elle ne sert qu’à les garder. Mais être habile à garder, c’est être habile à dérober ; le juste serait-il un voleur ? (334b-335a) Servir ses amis et nuire à ses ennemis Ce n’est pas ça que voulait dire Polémarque, mais qu’il faut servir ses amis et nuire à ses ennemis. Mais qui est l’ami ? Est-ce celui qui nous paraît un homme de bien ? Mais il est possible qu’il ne le soit pas réellement, et dans ce cas il serait juste de faire du bien à un homme malhonnête. Le juste consiste donc à faire du bien à l’ami qui est réellement bon, et du mal à l’ennemi qui est réellement malhonnête. (335b-336a) Qu’est-ce qu’un homme juste ? Si on maltraite qui que ce soit, on ne lui fait pas atteindre l’excellence, mais bien au contraire on le rend pire, donc plus injuste. Si on fait du mal à l’ennemi, on rend la justice, mais on le rend alors plus injuste…par la justice. C’est impossible, il n’est donc pas juste de faire du mal à quelqu’un, on ne sait donc toujours pas ce qu’est la justice. ENTREE EN SCENE DE THRASYMAQUE (336b-350c) (336b-338b) Préambule Thrasymaque le sophiste, longtemps retenu, se jette dans la discussion comme une bête fauve. Il reproche à Socrate de ne rien enseigner, de se contenter de réfuter les autres, et d’user de sa « fameuse ironie ». Il va exposer sa propre conception. (338c-350c) Réfutation de Thrasymaque « Le juste n’est rien d’autre que l’intérêt du plus fort », telle est l’opinion de Thrasymaque. Le plus fort n’est pas le plus puissant, mais celui qui gouverne ; quel que soit le régime, il institue les lois selon son intérêt propre, les déclare juste, et punit qui ne les suit pas (conception conventionaliste de la justice). Mais il arrive que les gouvernants imposent des choses qui leur sont nuisibles, et il est juste de les exécuter, puisque la justice, c’est de faire ce que les gouvernements ont ordonné. Mais ce n’est pas ce que veut dire Thrasymaque : Le fort peut se tromper, mais alors il n’est pas le fort ; tant que le plus fort se correspond à lui-même, il ne se trompe pas, établit ce qu’il y a de mieux pour lui-même, et c’est cela que le gouverné doit exécuter. Mais celui qui gouverne le fait en raison d’un art, qui est ce qui permet à l’objet dont il constitue l’art d’atteindre ce qui est son intérêt propre et son excellence. L’art ne vise pas son intérêt mais celui de l’objet dont il s’occupe. Donc le gouvernant ne considère pas son intérêt propre, mais celui de ce qu’il dirige. Thrasymaque n’abandonne pas : le gouvernant fonctionne comme les bergers qui prennent soin de leurs moutons en vue de leur intérêt propre. Dans la réalité, c’est ceux qui sont « injustes » qui tirent de toute situation leur profit, si bien que « l’injustice est plus profitable que la justice ». Cela est flagrant dans le cas du tyran, qui est le plus heureux des hommes en commettant l’injustice. Il est donc bon d’être injuste, à condition de se soumettre les hommes pour être au dessus de la justice. Réfutation : chaque art accomplit sa fonction propre et est profitable à l’objet auquel il est ordonné, aussi l’art n’est-il pas avantageux pour lui-même, mais pour l’objet auquel il s’applique ; les hommes bons qui choisissent de gouverner ne le font pas en vue d’un salaire ou des honneurs, mais par nécessité, parce qu’ils ne peuvent laisser cette fonction à d’autres. Mais peu importe, il faut examiner ce que dit Thrasymaque lorsqu’il prétend que l’injuste est le plus heureux. Thrasymaque fait du juste, non pas un vicieux, mais un naïf, et de l’injuste, un phronimos,un homme sage. Réfutation : l’homme injuste cherche à exploiter les justes comme les injustes. Mais si on prend l’exemple des savants, des techniciens, on voit qu’aucun spécialiste ne chercherait à exploiter un autre expert, mais plutôt à réaliser les mêmes choses que son semblable en poursuivant la même activité. Et qui est savant est sage et bon. Si l’on revient sur l’injuste, on voit qu’il cherche à exploiter son semblable, donc il n’est ni sage ni bon, au contraire du juste. « il est donc démontré que l’homme juste est à la fois bon et sage, alors que l’homme injuste est ignorant et méchant ». LA NOTION DE JUSTE (350c-353e) (350c-352d) Les effets de la justice et de l’injustice Une cité, une armée, une bande de brigands ou de voleurs, ou n’importe quel groupe engagé dans une activité injuste pourrait-il réussir si ses membres étaient injustes les uns avec les autres ? Non, car l’injustice engendre des dissensions (stasis, opposé à l’homonoia et à la philia), et rend incapable de s’engager dans une entreprise commune. Ça vaut pour deux hommes, ça vaut même pour un seul individu. L’injustice rend donc incapable d’agir, et fait perdre la puissance, au contraire de la justice. (352d-354c) La fonction et la vertu propre de chaque chose, et celle de l’âme Chaque chose a une fonction propre (ergon), qui est ce qu’elle seule peut réaliser, ou en tout cas réaliser plus parfaitement que tous les autres. Elle a également une excellence (arète) grâce à laquelle elle accomplit bien sa fonction. L’âme a aussi une fonction propre ; sans elle, il serait impossible de diriger, commander délibérer, vivre même. Elle a donc une excellence, qui est la justice ; grâce à elle on vit donc bien, et sans elle on vit mal. « Ainsi donc l’homme juste est heureux, l’homme injuste malheureux ». LIVRE II (357a-383c) (II. Vers une définition de la justice) GLAUCON PREND LA PAROLE (357a-358a) Glaucon s’oppose à la retraite de Thrasymaque. Il distingue trois sorte de biens : (a) ceux qu’on aime pour eux-même, et non en vue de la suite qui en résultera (tels les joies et les plaisirs inoffensifs) ; (b) ceux qu’on aime pour eux-même et en vue de ce qui en découle(le bon sens, la vue, la santé) ; (c) ceux qu’on aime pour ce qui en résulte (gymnastique, médecine, etc.). De ces espèces, dans quelle espèce range-t-on la justice ? Socrate la range dans la deuxième catégorie, alors que l’opinion courante la range dans la troisième. LE PLAIDOYER DE GLAUCON (358b-362c) Thrasymaque s’est rendu trop tôt, fasciné par Socrate comme par un serpent. Or, certains points sont à éclaircir : (a) que sont justice et injustice ? (b) quelle la dunamis qu’elles possèdent quand elles existent dans l’âme ? Glaucon va faire un plaidoyer louant l’injustice, et demandera à Socrate de faire de même en ce qui concerne la justice. (1) Le bien suprême, c’est de commettre l’injustice en toute impunité, mais la pire des choses, c’est de la subir. Lorsque les hommes entre eux à la fois commettent et subissent l’injustice, ils se rendent compte que cette situation est intenable, uploads/S4/ fiche-platon-republique.pdf