N° 3605 —— ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 TREIZIÈME LÉGISLA

N° 3605 —— ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 TREIZIÈME LÉGISLATURE Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 29 juin 2011. RAPPORT D’INFORMATION DÉPOSÉ en application de l’article 145 du Règlement PAR LA COMMISSION DES LOIS CONSTITUTIONNELLES, DE LA LÉGISLATION ET DE L’ADMINISTRATION GÉNÉRALE DE LA RÉPUBLIQUE sur le droit de la nationalité en France ET PRÉSENTÉ PAR M. CLAUDE GOASGUEN Député. —— en conclusion des travaux d’une mission d’information présidée par M. MANUEL VALLS (1) Député. —— (1) La composition de cette mission figure au verso de la présente page. La mission d’information est composée de : M. Manuel Valls, président ; M. Claude Goasguen, rapporteur ; M. Abdoulatifou Aly, M. Claude Bodin, M. Éric Diard, M. Julien Dray, M. Christian Estrosi (1), M. Jean-Paul Garraud, M. Guénhaël Huet, M. Jean-Christophe Lagarde, Mme Sandrine Mazetier, Mme George Pau-Langevin, M. Bernard Roman, M. Éric Straumann, M. Christian Vanneste, M. Patrice Verchère. (1) Nommé le 9 mars 2011. — 3 — SOMMAIRE ___ Pages INTRODUCTION.............................................................................................................. 7 I. UNE NATIONALITÉ VIDÉE DE SA SUBSTANCE DANS UN CONTEXTE MONDIALISÉ..................................................................................................................... 9 A. UN « ROMAN NATIONAL » À BOUT DE SOUFFLE.................................................. 9 1. La nation : histoire d’un concept....................................................................... 10 a) L’apparition du concept de nation sous l’Ancien Régime.................................. 10 b) La définition et l’affirmation du concept de nation avec la Révolution française.......................................................................................................... 11 c) La théorisation du concept de nation ................................................................ 12 d) La crise du concept de nation........................................................................... 17 2. Les vertiges d’une nation sans passé commun et hantée par le spectre d’une sortie de l’Histoire.................................................................................... 20 a) Une mémoire absente ou « balkanisée » manifestant une exténuation du modèle républicain de construction nationale .................................................. 21 b) Un enseignement de l’histoire trop désincarné et peu à même de recréer le tronc commun de l’appartenance nationale...................................................... 22 B. CITOYENNETÉ DIFFUSE, NATIONALITÉ CONFUSE.............................................. 27 1. La nationalité n’est pas la citoyenneté ............................................................. 27 a) Une distinction claire en théorie....................................................................... 27 b) Une distinction floue en pratique...................................................................... 31 2. Un sentiment d’appartenance n’allant plus de soi quand mondialisation et crises sociales suscitent la tentation du repli identitaire................................. 36 a) Un instrument à améliorer : le contrat d’accueil et d’intégration ..................... 37 b) Une intégration citoyenne tendant à prendre le pas sur l’assimilation dans le contexte des nouveaux flux migratoires........................................................... 41 c) L’essor d’identités particulières et la tentation de « l’entre-soi »...................... 47 3. Un dépassement problématique du cadre national : le développement inédit de la plurinationalité ................................................................................ 52 a) Un phénomène connaissant un accroissement certes imperceptible mais réel ... 52 b) Une source d’incertitudes nouvelles et problématiques quant à la réalité des liens existant entre un État et des individus ...................................................... 53 — 4 — c) Le vecteur potentiel de conflits d’allégeance et d’intérêts ?............................... 58 4. Une nouvelle source de confusion : la citoyenneté européenne................... 60 a) La concurrence entre nationalité et citoyenneté................................................ 60 b) La primauté de la nationalité............................................................................ 63 C. UN DROIT FROID SANS RÉELLE PORTÉE POLITIQUE ET SYMBOLIQUE............ 65 1. La genèse du droit de la nationalité.................................................................. 65 a) Une branche du droit privé de l’Ancien Régime à 1927 .................................... 66 b) Une branche du droit public de 1927 à 1993 .................................................... 72 c) Le retour au droit privé depuis 1993................................................................. 73 d) Les grands principes du droit de la nationalité en 2011.................................... 75 2. La naturalisation : des procédures tendant parfois à ravaler l’acquisition de la nationalité au rang de formalité administrative...................................... 79 3. La déchéance de la nationalité : une attribution régalienne bientôt résiduelle ? ......................................................................................................... 84 II. POUR UNE NATIONALITÉ DOTÉE D’UN SUPPLÉMENT D’ÂME ................................ 92 A. FAVORISER UNE ADHÉSION MIEUX ASSUMÉE.................................................... 92 1. L’automaticité du droit du sol : une règle dont l’application est parfois problématique .................................................................................................... 92 a) Les problèmes mahorais et guyanais ................................................................ 93 b) Les incertitudes constitutionnelles planant sur la solution d’un régime dérogatoire...................................................................................................... 97 c) Une réponse possible à travers un droit de la nationalité plus volontariste ....... 102 2. La prestation de serment : un geste peu conforme à la culture nationale.... 109 3. Exiger de tous les Français une manifestation de volonté à leur majorité.... 112 a) Le principe....................................................................................................... 112 b) Les modalités ................................................................................................... 114 4. Valoriser l’expérience du service civique......................................................... 119 a) Préserver le caractère volontaire, et non obligatoire, du service civique .......... 120 b) Accroître le nombre des missions financées dans le cadre du service civique.... 121 c) Prendre en compte le service accompli lors de l’examen d’une demande de naturalisation .................................................................................................. 124 d) Soutenir le projet de création d’un Institut du service civique........................... 125 e) Intégrer les engagés du service civique au défilé du 14 juillet ........................... 125 B. VALORISER L’ENTRÉE DANS LA NATIONALITÉ .................................................... 126 1. Faire évoluer les règles d’acquisition de la nationalité pour les réfugiés...... 126 2. Étendre et donner toute la solennité qu’il convient aux cérémonies d’accueil dans la nationalité française......................................................... 130 — 5 — 3. Instituer un examen de naturalisation en renforçant les exigences de maîtrise de la langue française......................................................................... 132 a) Les actuelles insuffisances de l’évaluation de l’assimilation linguistique et culturelle ......................................................................................................... 132 b) Les modèles étrangers...................................................................................... 133 C. CHOISIR OU DÉCLARER UNE ALLÉGEANCE ........................................................ 141 1. Promouvoir la notion de nationalité effective en imposant une obligation de choix .............................................................................................................. 141 a) La « nationalité effective » en droit international.............................................. 141 b) Le modèle allemand.......................................................................................... 143 c) La déclinaison possible en France.................................................................... 145 2. Conforter l’obligation de déclarer les appartenances nationales multiples... 148 3. Encourager l’adoption d’une convention internationale régissant les appartenances nationales multiples................................................................. 150 a) Le modèle de la Convention de La Haye du 12 avril 1930................................. 150 b) Les conventions onusiennes de 1954 et de 1961................................................ 151 c) Les conventions du Conseil de l’Europe de 1963 et de 1997 ............................. 154 d) La nécessité d’une convention-cadre onusienne régissant les appartenances nationales multiples......................................................................................... 157 CONCLUSION ................................................................................................................. 159 EXAMEN DU RAPPORT EN COMMISSION................................................................ 161 SYNTHÈSE DES PROPOSITIONS............................................................................... 165 CONTRIBUTION DU GROUPE SOCIALISTE, RADICAL, CITOYEN ET DIVERS GAUCHE .......................................................................................................................... 169 LISTE DES PERSONNES ENTENDUES PAR LA MISSION D’INFORMATION..... 175 ANNEXE N° 1 LA PROCÉDURE DE NATURALISATION DEPUIS LE 1ER JUILLET 2010 ........................................................................................................... 179 ANNEXE N° 2 LE DOSSIER DE NATURALISATION................................................ 180 — 7 — MESDAMES, MESSIEURS, On s’étonnera probablement de l’objet de ce rapport. Il est vrai qu’à première vue, le droit de la nationalité en France ne constitue pas en soi un sujet dont le grand public s’empare spontanément. Ainsi, depuis près de trente ans et le rapport fameux de M. Marceau Long (1), disserter sur les liens juridiques et politiques qui rattachent une personne (physique ou morale) à un État passe pour un exercice académique, un objet de curiosité savante laissée à la réflexion éclairée des juristes. Il s’agit d’une erreur profonde car par-delà la complexité des procédures, l’enchevêtrement des règles et l’hermétisme des notions, la nationalité touche à des enjeux fondamentaux, tant pour la collectivité que pour ses membres. Il en va en effet du vivre ensemble, de la capacité de notre pays d’honorer une longue tradition d’accueil. La société française s’ouvre au monde. Chaque année, quelque 200 000 étrangers entrent sur le territoire national. Près de 65 000 personnes obtiennent la nationalité française au terme de la procédure de naturalisation. Or, comme en bien d’autres domaines, la mondialisation renouvelle profondément les termes de cette problématique, et ce même de manière imperceptible pour le plus grand nombre. Dans une matière autrefois apanage exclusif des États, s’imposent en effet des règles nouvelles, établies par les instruments ou les juridictions de droit international ; des conflits de lois éclatent à mesure que les individus multiplient les attaches et que se complexifie la hiérarchie des normes ; des repères tombent ou se brouillent et des malaises identitaires s’expriment dont, en 2001, le match amical de football entre la France et l’Algérie a pu montrer l’acuité. C’est sur la base de ce constat que des membres de la majorité et de l’opposition ont souhaité prendre date et, par-delà la divergence des convictions et (1) Être Français aujourd’hui et demain, Rapport remis au Premier ministre par M. Marceau Long, président de la commission de la nationalité, La Documentation française, 1988. — 8 — des sensibilités personnelles, engager une nouvelle réflexion sur ce pourquoi, au XXIe siècle, on est et on devient Français. On l’ignore souvent mais le droit de la nationalité est un droit relativement récent par rapport à notre longue histoire et, en tant que tel, il ne saurait être sacralisé. Il doit, de notre point de vue, refléter ce lien particulier qui doit unir la collectivité incarnée par l’État et l’individu : le sentiment d’appartenance nationale. Dans cette optique, nous avons examiné l’ensemble des modes d’acquisition de la nationalité française. Cette analyse nous a conduits à un diagnostic partagé quant au relâchement des liens entre la communauté nationale et les individus qui la composent. Il en découle 19 propositions qui, pour n’avoir pas recueilli l’assentiment de tous, n’en montrent pas moins l’ampleur des défis que nous devrons un jour ou l’autre relever s’agissant de l’enseignement de l’histoire, des modalités de naturalisation, et du phénomène de la plurinationalité. Ces propositions constituent des uploads/S4/ rapport-nationalite.pdf

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  • Publié le Jul 20, 2021
  • Catégorie Law / Droit
  • Langue French
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