Lettre de Victor Hugo à Juárez, président de la République mexicaine Source gal
Lettre de Victor Hugo à Juárez, président de la République mexicaine Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Hugo, Victor (1802-1885). Lettre de Victor Hugo à Juárez, président de la République mexicaine. 1867. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. 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EDITION ORIGINALE de ce plaidoyer en faveur del'einpereùr Maximilieh : iepoète adjure Juarez; de lui faire grâce de la vie, pour montrer <-aux monarchies qui usurpent et exterminent, le peuple qui.règne et qui modèfe. », . -S Vn des quelques exemplaires tirés sur PAPIER DE HOLLANDE, accompagné de^s photographies : celles du poète, de Jujarez et de safemme,et celles du gilet et de laredihgote que portait Maxihiïlien lorsqu'iltomba, à Q^eretlaro^Wûin^ryailes du peloton d'exécution. ^ Provient de la bibliothèque J. Noilly. —Belle reliure de MARIUS-MICHEL. -..."•'. LETTRE ni: YÏCTOR HUGO JUAREZ l'UBSIDKST DE l.A BBPUBr.IQUK MEXICAIN!! BRUXELLES CHEZ TOUS LES LIBRAIRES. 1867 LETTRE DE VICTOR HUGO JUAREZ PKÉSIDEKT DE |;A RÉPUBLIQUE «EXICAINt BRUXELLES CHEZ TOUS LES LIBRAIRES. 1867 Bruxelles—Imprimerie de J. II. BMAKD, rue des Minimes, SI. LETTRE DE VICTOR HUGO A JUAREZ PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE MEXICA1KE Juarez, vous avez égalé John Brown. L'Amérique actuelle a deux héros, John Brown et vous. John Brown, par qui est mort l'esclavage. Vous, par qui a vécu la liberté. Le Mexique s'est sauvé par un principe et par un homme. Le principe, c'est la république; l'homme, c'est vous. C'est du reste le sort de tous les atten- _ 4 — tais monarchiques d'aboutir à l'avorle- menl. Toute usurpation commence par Puebla et finit par Queretaro. L'Europe, en 1865, s'est ruée sur l'A- mérique. Deux monarchies ont attaqué votre démocratie; l'une avec un prince, l'autre avec une armée ; l'armée appor- tant le prince. Alors Te monde a vu ce speclacle : d'un côté, une armée, la plus aguerrie desarmées d'Europe, ayant pour point d'appui une flotte aussi puissante sur mer qu'elle sur terre, ayant pour ra- vitaillement toutes les finances de la France, recrutée sans cesse, bien com- mandée, victorieuse en Afrique, en Cri- mée, en Italie, en Chine, vaillamment fanatique de son drapeau, possédant à profusion chevaux, artillerie, provisions, munitions, formidable. De l'autre côté, Juarez. D'un côté, deux empires; de l'autre, un homme. Un homme avec une — 5 — poignée d'autres. Un homme chassé de ville en ville, de bourgade en bourgade, de forêt en forêt, visé par l'infâme fusil- lade desconseils de guerre, traqué, errant, refoulé aux cavernes comme une bêle fauve, acculé au désert, mis à prix. Pour généraux quelques désespérés, pour sol- dats quelques déguenillés. Pas d'argent, pas de pain, pas de poudre, pas de ca- nons. Des buissons pour citadelles. Ici l'usurpation appelée légitimité, là le droit appelé bandit. L'usurpation, casque en tête et le glaive impérial à la main, saluée des évêques, poussant devant elle et traî- nant derrière elle toutes les légions de la force; le droit, seul et nu. Vous, le droit, vous avez accepté le combat. La bataille d'un contre tous a duré cinq ans. Man- quant d'hommes, vous avez pris pour projectiles les choses. Le climat terrible, vous a secouru; vous avez eu pour auxi- — 6 — liaire votre soleil. Vous avez eu pour dé- fenseurs les lacs infranchissables , les torrents pleins de caïmans, les marais pleins de fièvres, les végétations mor- bides, le vomito prietodes terres chaudes, les solitudes de sel, les vastes sables sans eau et sans herbe où les chevaux meurent de soif et de faim, le grand plateau sévère d'Anahuac qui se garde par sa nudité comme La Caslille, les plaines à gouffres, toujours émues du tremblement des vol- cans depuis le Colima jusqu'au Nevado de Toluca ; vous avez appelé à votre aide vos barrières naturelles, l'âpreté des Cor- dillères, les hautes digues basaltiques, les colossales roches de porphyre. Vous avez fait la guerre des géants en combat- tant à coups de montagnes. Et un jour, après ces cinq années de fumée, de pous- sière et d'aveuglement, la nuée s'est dis- sipée, et l'on a vu les deux empires à (erre, plus de monarchie, plus d'armée, rien que l'ônormilé de l'usurpation en ruine, et sur cet écroulement un homme debout, Juarez; et à côté de cet homme, la Liberté. Vous avez fait cela, Juarez, et c'est grand. Ce qui vous reste à l'aire est plus grand encore. Écoutez, citoyen président de la répu- blique Mexicaine. Vous venez de terrasser les monarchies sous la démocratie. Vous leur en avez montré la puissance; maintenant montrez leur en la beauté. Après le coup de fou- dre, montrez l'aurore. Au Césarisme qui massacre, montrez la République qui laisse vivre. Aux monarchies qui usur- pent, et. exterminent, montrez le peuple qui règne et se modère. Aux barbares montrez la civilisation. Aux despotes montrez les principes. — 8 — Donnez aux rois devant la République l'humiliation de l'éblouissement. Achevez-les par la pitié. C'est surtout par la protection de notre ennemi que les principes s'affirment. La grandeur des principes, c'est d'ignorer. Les hommes n'ont pas de noms devant les principes; les hommes sont l'homme. Les principes ne connaissent qu'eux- mêmes. Dans leur stupidité auguste, ils ne savent que ceci : la vie humaine est inviolable. O vénérable impartialité de la vérité ! le droit sans discernement oc- cupé seulement d'être le droit, que c'est beau ! C'est devant ceux qui auraient légale- ment mérité la mort qu'il importe d'ab- jurer cette voie de fait. Le plus beau ren- . versement de l'échafaud se fait devant le coupable. Que le violateur des principes soit sau- — 9 — vegardé par un principe. Qu'il ait ce bonheur et cette honte! Que le persécu- teur du droit soit abrité par le droit. En le dépouillant de sa fausse inviolabilité, l'inviolabilité royale, vous mettez à nu la vraie, l'inviolabilité humaine. Qu'il soit stupéfait de voir que le côté par lequel il est sacré, c'est le côté par lequel il n'est pas empereur. Que ce prince, qui ne se savait pas homme, apprenne qu'il y a en lui une misère, le prince, et une majesté, l'homme. Jamais, plus magnifique occasion ne s'est offerte. Osera-l-on frapper Berezowski en présence de Maximilien sain et sauf? L'un a voulu tuer un roi, l'autre a voulu tuer une nation. Juarez, faites faire à la civilisation ce pas immense. Juarez, abolissez sur toute la terre la peine de mort. — 10 — Que le monde voie cette chose prodi- gieuse : la République tient en son pou- voir son assassin, un empereur; au mo- ment de l'écraser, elle s'aperçoit que c'est un homme, elle le lâche et lui dit : Tu es du peuple comme les autres. Va! Ce sera là, Juarez, votre deuxième victoire. La première, vaincre l'usurpa- tion, est superbe; la seconde, épargner l'usurpateur sera sublime. Oui, à ces rois dont les prisons regor- gent, dont les échafauds sont rouilles de meurtres, à ces rois des gibets, des exils, des Présides et des Sibéries, à ceux-ci qui ont la Pologne, à ceux-ci qui ont l'Ir- lande, à uploads/S4/ victor-hugo-carta-a-juarez-presidente-de-mexico.pdf
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- Publié le Jan 20, 2021
- Catégorie Law / Droit
- Langue French
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