Avis de tempête sur la gouvernance des banques de l’UMOA Par Rédaction - 6 juil
Avis de tempête sur la gouvernance des banques de l’UMOA Par Rédaction - 6 juillet, 2018 0 FacebookTwitterLinkedInGoogle+Em ailWhatsAppGoogle GmailPartager64 Par Cheihna Bounajim Cissé. Gouvernance ?! Tout a été écrit ou presque sur cette locution “très tendance” qui fait florès partout. Elle est utilisée par tous et pour tout comme l’ingrédient magique ; ou tout simplement comme appât pour dissimuler l’hameçon conçu, à dessein, pour attraper petits et gros “poissons” dans les eaux glauques de la corruption. Même ceux qui récusent la gouvernance, non pas le concept mais sa boursouflure, en usent et en abusent dans des déclarations sentencieuses et au cours des cérémonies licencieuses. Pourtant, les questions de gouvernance doivent être prises très au sérieux. Partout, et surtout en milieu bancaire. On ne peut pas s’y engager avec l’intention de faire un tour de piste, le temps d’imprimer sa marque de fabrique, de garnir ses épaulettes et les plaquettes de son établissement, pour finir par raconter une belle histoire aux collaborateurs, aux administrateurs, aux actionnaires et aux médias. Et, plus tard, se dégonfler comme un ballon de baudruche pour s’arranger avec la réalité. La bonne gouvernance ne saurait être une chemise qu’on peut changer à sa guise et même s’affranchir de porter et de supporter. Elle n’est pas, non plus, une option, un vélo d’appartement où les animateurs des structures de contrôle rongent leurs freins, faute de trouver mieux. La gouvernance, ce n’est pas de la paille, ni de la fumée, encore moins de l’enfumage. Elle ne saurait être un jeu, une affaire d’improvisation comme si on jouait à la roulette russe. C’est du costaud. C’est pour avoir été négligé et même oublié, que le concept revient en force dans la réglementation bancaire. La gouvernance est un tout. On ne peut pas la mettre en pièces détachées, prendre la partie gratifiante et laisser “l’os” à plus tard. Les révélations récurrentes, les manquements répétés et autres coups de canif portés à son encontre ne peuvent être une tempête circonscrite dans un verre d’eau. Ils toucheront, tôt ou tard, avec un effet amplifié, l’image et la réputation de l’établissement de crédit. Pour la simple raison qu’ils remettent en cause la confiance, indispensable pour bâtir de relations sérieuses et durables entre toutes les parties prenantes. En vérité, la gouvernance dans les banques en Afrique est un vrai sujet. Et, elle est ultrasensible. Est-ce à dire, au motif d’une prudence du serpent, qu’il faut en faire un fétichisme ? Point du tout ! Ce n’est pas parce que c’est délicat qu’il ne faille pas la traiter. « Le comble de la prudence est de se faire couper une jambe de peur de la casser un jour », disait le littérateur suisse François- Rodolphe Weiss. Et il faut féliciter la Commission Bancaire de l’UMOA d’avoir pris la pleine mesure de la situation en revisitant totalement le dispositif de supervision des établissements assujettis pour l’adapter au nouveau contexte international et aux exigences du marché sous- régional Nous avons l’habitude de dire que le « secret bancaire » ne doit pas transformer la banque en « boîte à secrets ». La banque, avant d’être une redoutable industrie de transformation du capital financier, est d’abord et avant tout une entreprise de prestation de services. Sa vision, sa stratégie et son organisation doivent être « centriques », c’est-à-dire orientées « Client ». Il faut donc la « démystifier » en la présentant comme une entreprise ouverte, transparente, disponible et accessible. Ceux-là, au-dedans comme au-dehors, qui prêchent sous la cape que les banquiers doivent se taire, et même se terrer dans leur confort douillet, loin du débat monétaire et financier, ont totalement tort. Tout au moins, ce n’est pas notre conception. D’ailleurs, la plupart d’entre eux sont fiers d’abhorrer les publications des banquiers occidentaux, et même d’en faire référence à travers de généreux passages essaimés lors de retrouvailles sublimées par un savoir qui n’est que loué. Qu’il est de plus en plus difficile pour un banquier africain d’écrire sur sa profession ! Depuis plusieurs années, nous résistons à la conspiration à pas feutrés, aux attaques à fleurets mouchetés et aux intimidations à peine voilées, par de la privation et de la sédation à forte dose. Soyez assurés, partisans comme pourfendeurs, aucune concession ne sera faite aux perfidies, roueries et autres fourberies. Alors de grâce, ne combattez pas la vérité exprimée ; acceptez-la, il se peut qu’elle soit d’une bonne compagnie, à vous et à ceux que vous prétendiez défendre. Bonne action ! Introduction Le 2 juillet 2018 restera une date historique dans la supervision des établissements de crédit en activité dans la zone UMOA. C’est effectivement la date choisie par la Commission Bancaire de céans pour lancer la mise en application de cinq importantes circulaires, à savoir : Circulaire n° 01-2017/CB/C relative à la gouvernance des établissements de crédit et des compagnies financières de l’UMOA du 27 septembre 2017 ; Circulaire n° 02-2017/CB/C relative aux conditions d’exercice des fonctions d’administrateurs et de dirigeants au sein des établissements de crédit et des compagnies financières de l’UMOA du 27 septembre 2017 ; Circulaire n° 03-2017/CB/C relative au contrôle interne des établissements de crédit et des compagnies financières dans l’UMOA du 27 septembre 2017 ; Circulaire n° 04-2017/CB/C relative à la gestion des risques dans les établissements de crédit et des compagnies financières dans l’UMOA du 27 septembre 2017 ; Circulaire n° 05-2017/CB/C relative à la gestion de la conformité aux normes en vigueur par les établissements de crédit et des compagnies financières dans l’UMOA du 27 septembre 2017. Six mois après un réveillon bancaire plus que difficile marqué par le démarrage du nouveau Plan Comptable Bancaire (PCB) et du dispositif prudentiel bâlois (Bâle II et Bâle III) que les établissements de crédit de la zone peinent à ingérer et à digérer, voilà que s’invitent de nouveaux textes réglementaires plus contraignants et plus exigeants, émanant cette fois-ci de la Commission Bancaire de l’UMOA. Fini le temps du fonctionnement en roue libre ! L’âge d’or des banques en freelance est révolu. L’Organe de supervision a décidé de renforcer le dispositif de supervision et de contrôle des établissements de crédit. Il est vrai que les « services de la météorologie bancaire » avaient lancé, depuis le 27 septembre 2017 (date de signature des nouvelles circulaires), un avis de tempête sur l’ensemble du système bancaire de la sous-région. D’après les prévisions, les cumulus devraient s’effacer au profit des cirrus et des arcus. Déjà, il commence à pleuvoir des hallebardes. Appelez-le comme vous le voulez, orage, tornade, tempête, typhon ou ouragan, ce cyclone bancaire que j’ai baptisé « Circob » vient d’atteindre les côtes africaines. Chez l’Oncle Sam, on a suffisamment surélevé les digues après le passage agité de Bâle III. En Europe, on continue à serrer les dents après la terrible crise financière de 2007. Là, on susurre même l’arrivée de Bâle IV. Dans la zone UMOA, aux économies fragiles et vulnérables, le cyclone a déjà atteint sur l’échelle de Saffir-Simpson la catégorie 5 (niveau d’intensité le plus élevé). Il a débuté par une dépression cyclonique, suite à l’effet combiné du nouveau dispositif prudentiel et de l’interaction avec le nouveau PCB. Il pourrait s’intensifier à partir de 2022, à la fin de la période transitoire. Par exemple, à cette date, aucun établissement de crédit de l’UMOA ne pourra octroyer à une seule signature (un client ou un groupe de clients liés) plus du quart (25%) de ses fonds propres de base, contre une norme de 75% à fin 2017 et 65% actuellement. A l’instar du coefficient de division de risques, le niveau du ratio de solvabilité a été aussi revisité. Il devrait être au minimum de 9% dans quatre ans, contre 8% cette année. Ce relèvement de 100 points de base est très significatif, pour au moins deux raisons. Premièrement, la base de calcul du ratio a complètement changé. Pour ne citer qu’un seul exemple, au lieu des « fonds propres effectifs » dans l’ancien dispositif, c’est maintenant les « fonds propres de base (Tiers 1) » plus restrictifs. La différence pour certaines banques est un rapport de 1 sur 2. D’autre part, à en croire la situation prudentielle du système bancaire de l’UMOA fournie par la Commission Bancaire dans son dernier rapport annuel, 12 établissements de crédit (sur 113), représentant 8,6% des actifs bancaires de la zone, étaient en dessous du seuil minimal du ratio de solvabilité. A l’échelle communautaire, il y avait deux pays, à savoir la Côte d’Ivoire (7,9%) et le Togo (5,8%), qui ne respectaient par le niveau minimum requis (8%). Ces deux pays représentaient 37,6% du marché bancaire de l’UMOA à fin 2016. A la différence de Katrina, Mitch ou Andrew, l’ouragan Circob devrait être salutaire et même salvateur pour le système bancaire de la sous-région. A travers ses rafales de vent, il vient dépoussiérer un dispositif de supervision, vieux de plus d’un quart de siècle, qui a montré ses limites, même s’il a été partiellement revu en 2001 et en 2011. Avant de rentrer uploads/Finance/ bceao-int.pdf
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- Publié le Fev 21, 2021
- Catégorie Business / Finance
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