Cah. ORSTOM, sCr. Sci. hum., V, 4-1968 NOTES SUR LES BILALA DU FITRI F. HAGENBU
Cah. ORSTOM, sCr. Sci. hum., V, 4-1968 NOTES SUR LES BILALA DU FITRI F. HAGENBUCHER* INTRODUCTION L’aspect fragmentaire, voire disparate, présenté par cette étude est consécut[f à la suspension préma- turée de nos travaux dans le courant du mois d’avril 1967. Nous ne pouvions prétendre intégrer les éléments recueillis en deux mois et demi de terrain, dans une étude exhaustive des connaissances acquises par tous les auteurs ayant traité ce sujet, ni exploiter les inbrica- tions évidentes qu’ils présentent sur le plan historique avec le Kanem, et les deux grands voisins du Fitri : le Ouadaï et le Baguirmi. Il incombera donc à des études ultérieures de situer cette présentation plus que succincte de la Société Boulala, dans un cadre plus vaste. Transcriptions phonétiques B’h : implosive glotalisée x : fricative sonore velaire. PS : occlusive bilabiale très marquée. ‘7 : occlusive vélaire. 6, ê : voyelle antérieure, non arrondie, demi-ouverte. * Section ORSTOM, Sciences humaines, 24, rue Bayard, Paris-S”. 40 F. HAGENBUCHER CONSIDERATIONS GÉNÉRALES SUR LA SOCIÉTÉ BOULALA LES POPULATIONS 1 - Le pays BOULALA, aujourd’hui érigé en canton (chef lieu : Yao) est délimité au Nord par le trei- zième parallèle, à l’Ouest par le 17e méridien, à l’Est par Malabes et Alifa, au Sud par Abourda et Guéria. Le Lac Fitri est l’accident géographique indépendamment duquel on ne saurait comprendre le mode de vie, l’organisation sociale, et la spiritualité d’un peuple dont les ressources et le destin historique ont longtemps tenu aux variations du niveau des eaux de la lagune dont la superficie est de 420 km2 aux basses eaux, mais peut doubler ou même tripler lors des crues les plus importantes qui inondent la région deltaïque du Batha et envahissent la zone dunaire du SO (1). Alors qu’aujourd’hui, la population Boulala est dispersée sur une superficie de 5 000 km2 entre les points extrêmes d”Am-Djemena, Abourdah, Guéria et Am-Kamfouta, elle était rassemblée au XIXe siècle en gros villages, situés sur les rives de la lagune et vivant repliés sur eux-mêmes. Les Baguirmiens les appellent Lis ou Lisi ainsi que leurs voisins les Kouka, les Médogo, les Abou Semen et les Mayaginé (2). Ils se prénomment entre eux Balala, mais sont appelés Bilala ou Boulala par les étrangers. Nous conserverons cette dernière appellation, en usage courant dans l’ensemble du Tchad et communément employée par tous les auteurs. La sécurité instaurée et maintenue sur la région dès le début de l’ère coloniale a entraîné l’éclate- ment de ces agglomérations, la constitution de nouveaux villages, et partant, l’exploitation des zones de dunes, propices à la culture du petit mil. L’implantation traditionnelle de la population était la suivante : 1 - Yao et Djiro, formant une seule unité sociologique. 2 - Le groupe Galnoro (en arabe : naga = terrain plat) au NO du lac, avec des agglomérations de : en français : Grand Dini Dini Kabir en boulala : Dini BO en arabe : Dini Kabir i en français : Dini petit Dini Saxaïr l en boulala : Dini wadé ) en arabe : Dini Saxaïr (1) Cf. carte pédologique de reconmiissance du Tchad à 1/200 000’ de J. PIAS et P. Porsor : « Bokoro, Guéra, Mongo » - notice explicative no 16 - ORSTOM, Paris. 1965. Le niveau le plus bas se situe en juillet et le niveau maximum en septembre. (2) Les populations du Tchad - Paris PUF 1959. LES BILALA DU FITRI 41 \ \ 1. FIG. 1. - Carte de situation 42 F. HAGENBUCHER Col10 - Moundoumou Delta - Moudoumou Kourou - Kenga - Gorko - Bourio Four- kouma. 3 - Les villages du groupe Manga, au Nord du lac avec : Bouga, Zégué, Agana. Mélémé, Chigueig, Wagna, Khach Khach, Kerfé, Ban Djedid, Zioud, Bimanga, Marsuba, Djakoua, Bézakaria, Bé Aïmn, Bogo, Bé Bobranga, Mangbatoua, B’hédima, Ab Katal, Agana... 4 - Les villages du Sud du lac répartis en groupes à base familiale. a - Groupe Tshémané (mêre de l’eau) formé par deux (( sous-groupes )) : i Dogo Moyo Djolfo Nanga Kouki 1 Kabara N’Golo Djorto Tara Rabana Doubouloro Guéla Tamsa Kachaka N’Gorjé Beraye b - Groupe Manmafé : Gallo Bom’am, Gallo, Moudo Saxaïr, Moudo Kabir, Ati Ardébé, Tchaga. c - Groupe Zizoro : Daga, Ibza, Maafé, Gamsa (1): Genderbis, Alaï, Rokeri, Seïté Danranga, Seïta Tarsourou, Seïta Dankoutch. 5 - Les villages de l’extrême Sud : A la limite de Bokoro et de Mongo, Guéria et Boul, qui ont toujours vécu de façon quasi indépen- dante. Parmi les modifications importantes apportées au relief démographique du canton du Fitri par le processus invoqué plus haut. il faut distinguer : - l’émigration saisonniêre (saison des pluies) vers un village de culture qui peut parfois n’être qu’un campement assez rudimentaire. - l’implantation définitive de la population d’un (( village mère )) sur un site de culture choisi en zone de goz (buttes sableuses) tandis que les personnes âgées, improductives et les individus solidement fixés à la région originelle pour des raisons d’intérêt ou de sentiment continuent d’habiter le village natal. C’est à ce niveau que les infrastructures sociales et familiales deviennent plus complexes et révèlent des types de rapports humains et économiques entre les deux communautés, constituant selon nous une transi- tion entre deux époques. La difficulté majeure a résidé dans l’impossibilité de dater, si ce n’est très approximativement les (1) Village aujourd’hui déserté, et autrefois réparti comme suit . . Gama Kabir, Gamsa M’beh N-Gare, Gamsa A\val, Gamsa Garia, Gamsa Guissimi, Gamsa Atia. Gamsa SU~&, = Gamsa Sormo, Gamsa Moudo, Gamsa Togonio, Gamsa Abi, Gamsa Tshémodo. LES BILALA DU FITRl 43 différentes phases du processus. 11 est de plus évident, qu’une étude plus approfon.die nous aurait livré de nombreuses nuances dans les différents degrés de dépendance des nouvelles agglomérations vis-à-vis des villages mères : on peut cependant situer les caractères principaux des liens nombreux subsistant entre l’ancien et le nouvel habitat d’une communauté villageoise d’origine, entretenus par de fréquents mouve- ments de population. - Le Kajala (chef de village) du village premier continue d’y habiter et est représenté dans le village second par un cc Manjak )) (adjoint du chef du village) disposant généralement d’une large auto- nomie. Les domaines d’intervention et le degré d’autorité conservés par le Kajala n’ont pu être analysés. - Les deux communautés se retrouvent lors des fêtes. - Une forme atténuée de mariage préférentiel unit encore les deux types de collectivité. - De nombreux champs sont cultivés en commun VILLAGES MÈRES NOUVEAUX VILLAGES I Mazbala Dini Kabir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , . . . . . . . . . . . . c Tshuhunu I \ Barna Kulgna Dini Saxaïr . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Am Sayal - Kaksôto Gassama Go110 \ D’humka (ath IGN : Doumka) . . . . . . . . . . . . . . . . . . , , . . . . . . . . . . . . . . . . . / Dahili Moudoumou Dêlta. . . . . . . . . . . . . . , . . . . . . . . . . . . Moudoumou Kourou M’hboulhounoro (IGN : Boulkonoro) . . . . . . . . , . . . . . . . . . . . . . . Kadjal baché (IGN : Kaïdil baché) Gorko i Zano Bilou Mamane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . i Yao Yaoa Haba Baré Bourio . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Gombo M’hbéfouhorma . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . M’bankala Gamsa Togonio . . . . . . . . . . . . . , . . . . . . . . . . . . . . . Ajogolo F. HAGENBUCHER Gamsa Sormo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Gamsa Tschemodo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Gamsa Awal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . uploads/Geographie/ 01553.pdf
Documents similaires










-
23
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 15, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
- Taille du fichier 3.9252MB