132 La pratique de la gestion durable des terres A G R O F O R E S T E R I E En

132 La pratique de la gestion durable des terres A G R O F O R E S T E R I E En un mot... Définition : L’agroforesterie (AF) est un terme générique servant à désigner les sys- tèmes d’utilisation des terres et les pratiques dans lesquelles les plantes ligneuses vivaces sont délibérément intégrées aux cultures agricoles et / ou à l’élevage pour une variété de bénéfices et de services. L’intégration peut être faite soit selon une association spatiale (par exemple, les cultures agricoles avec les arbres) soit selon une séquence temporelle (par exemple, les jachères améliorées, les rotations). L’AF va des systèmes très simples et clairsemés à des systèmes très complexes et denses. Celle-ci embrasse un large éventail de pratiques : les cultures en couloirs, l’agricul- ture avec des arbres en courbes de niveaux, ou les périmètres clôturés avec des arbres, les cultures multi-étagées, les cultures intercalaires de relais, les polycultures, les jachères d’arbustes et d’arbres, les systèmes de parcs, les jardins maraîchers, etc. Beaucoup d’entre eux sont des systèmes traditionnels d’utilisation des terres. L’AF n’est donc pas une technologie unique mais couvre un concept général d’arbres dans des systèmes de cultures et d’élevage permettant d’atteindre une multifonctionnalité. Il n’existe pas de frontière claire entre l’AF et la foresterie, ni entre l’AF et l’agriculture. Applicabilité : Sur les pentes montagneuses subhumides, l’AF peut être pratiquée sur des exploitations entières comme autour du Mont Kilimanjaro (le système Chagga) et du Mont Kenya (le système Grevillea). Dans les zones arides, l’AF est rarement mise en place sur des exploitations entières (sauf dans les systèmes de parcs au Sahel). Il est plus fréquent pour les arbres d’être utilisés dans diverses niches de production au sein d’une exploitation agricole. L’AF est principalement applicable aux petites exploitations agricoles et dans les plantations de thé/café de petite à grande échelle. Résilience à la variabilité climatique : L’AF est tolérante aux changements clima- tiques. Les systèmes agroforestiers sont caractérisés par la création de leurs propres microclimats et par leur effet tampon dans les situations extrêmes (tempêtes impor- tantes ou périodes arides et chaudes). L’AF est reconnue comme une stratégie de réduction des gaz à effet de serre grâce à sa capacité à séquestrer biologiquement le carbone. Ce potentiel d’adaptation et de réduction dépend du système agrofores- tier appliqué. Principaux bénéfices : Les systèmes agroforestiers ont un grand potentiel de diver- sification des ressources alimentaires et des sources de revenus. Ceux-ci peuvent améliorer la productivité des terres, stopper et inverser la dégradation des terres grâce à leur capacité à fournir un microclimat favorable et une couverture permanente, à améliorer la teneur en carbone organique et la structure du sol, à accroitre l’infiltration et à améliorer la fertilité et l’activité biologique des sols. Adoption et transposition à grande échelle : Il existe un manque de compréhen- sion quantitative et prévisionnelle au sujet des pratiques agroforestières traditionnelles et novatrices et de leur importance afin de les rendre plus adoptables. La recherche et le suivi sur le terrain à long terme sont nécessaires en raison de la nature complexe des systèmes arbres / cultures agricoles. La grande diversité dans un système agroforestier, en Ethiopie. (Hanspeter Liniger) Questions de développement abordées Prévention / inversion de la dégradation des terres +++ Maintien et amélioration de la sécurité alimentaire +++ Réduction de la pauvreté en milieu rural +++ Création d’emplois en milieu rural + Soutenir l'égalité des genres et les groupes marginalisés ++ Amélioration de la production agricole ++ Amélioration de la production fourragère ++ Amélioration de la production de bois / fibre ++ Amélioration de la production forestière non ligneuse + Préservation de la biodiversité +++ Amélioration des ressources du sol (MOS, nutriments) +++ Amélioration des ressources hydriques ++ Amélioration de la productivité de l’eau +++ Prévention / atténuation des catastrophes naturelles +++ Atténuation du / adaptation au changement climatique +++ Atténuation du changement climatique Potentiel de séquestration du C (en tonnes/ha/an) 0,3 - 6,5* Séquestration du C : au dessus du sol ++ Séquestration du C : en sous-sol ++ Adaptation au changement climatique Résilience à des conditions extrêmes de sécheresse ++ Résilience à la variabilité des précipitations +++ Résilience aux tempêtes de pluie et de vent extrêmes ++ Résilience aux augmentations de températures et de taux d’évaporation ++ Réduction des risques de pertes de pro- duction ++ *pour les 10 à 20 premières années de la gestion modifiée d’utili- sation des terres, en fonction des espèces d’arbres sélectionnées (Sources : Nair et al., 2009) A G R O F O R E S T E R I E Groupe GDT : Agroforesterie 133 En haut : Jardins d’oignons en basse saison (en arrière-plan) dans un système de parcs, au Burkina Faso. (Christoph Studer) Au milieu : Cultures intercalaires de 4 espèces différentes de plantes, au Rwanda. (Hanspeter Liniger) En bas : Agroforesterie avec des arbres Grevillea, du café, du thé sur des pentes raides, au Kenya. (Hanspeter Linigier) La couverture forestière sur les terres agricoles en ASS. (Source : Zomer et al.,2009) Origine et diffusion Origine : L’AF englobe de nombreux systèmes traditionnels d’utilisation des terres, comme les jardins maraîchers, les plantations d’arbres en limite, les cultures itiné- rantes et les systèmes de jachères arbustives, les cultures en courbes de niveaux. L’AF est traditionnelle et a été «redécouverte» en 1978, lorsque le nom « d’agrofores- terie » a été inventé. Depuis lors, celle-ci a été promue par les projets et à l’initiative des exploitants agricoles. Les cultures en couloirs ont été conçues à la fin des années 1970 par la recherche pour éliminer le recours à une période de jachère dans les zones tropicales humides et subhumides pour reconstituer la fertilité des sols. Principalement utilisée : Burkina Faso, Ethiopie, Guinée, Kenya, Lesotho, Malawi, Mozambique, Nigeria, Niger, Afrique du Sud, Tanzanie, Togo, Ouganda, Zambie, Zim- babwe. Cependant, tous les pays d’ASS pratiquent une forme ou une autre d’AF. Dans ces pays, ce sont l’étendue et les formes d’AF pratiquées qui diffèrent. Principes et types Les facteurs qui influencent la performance de l’AF sont les types et les mélanges de cultures agricoles, d’élevage et d’arbres, le matériel génétique, le nombre et la répartition des arbres, l’âge des arbres, la gestion des cultures, de l’élevage et des arbres et le climat. Les systèmes de parcs agroforestiers sont principalement des zones cultivées avec des arbres dispersés (souvent indigènes). Les caractéristiques des parcs agro- forestiers traditionnels sont la diversité des espèces d’arbres qui les composent, la variété des produits et de leurs utilisations (comprenant les fruits, le fourrage, etc.). Ceux-ci génèrent et fournissent des microclimats favorables (en particulier grâce à l’ombre) et font un effet tampon pour les conditions extrêmes (en agissant comme brise-vent). Les parcs se trouvent principalement dans des zones semi-arides et sub- humides d’Afrique de l’Ouest. Les systèmes céréaliers / Faidherbia albida sont prédo- minants dans toute la zone sahélienne et dans certaines parties de l’Afrique de l’Est. Pour de nombreuses populations locales, ces systèmes sont très importants pour la sécurité alimentaire, la création de revenus et la protection de l’environnement. Les systèmes multi-étagés sont définis comme des groupes d’arbres ou d’arbustes plantés ou existants, gérés comme un étage supérieur de plantes ligneuses avec un à plusieurs étages inférieures de cultures. L’objectif est (1) d’utiliser différentes strates et d’améliorer la diversité des cultures grâce à des cultures mixtes mais compatibles à dif- férentes hauteurs sur une même zone ; (2) de protéger les sols et de fournir un microcli- mat favorable ; (3) d’améliorer la qualité des sols en recyclant les éléments nutritifs et en maintenant / augmentant la matière organique du sol et ; (4) d’augmenter le stockage du carbone dans la biomasse végétale et le sol. Un exemple classique sont les jardins maraîchers Chagga en Tanzanie qui intègrent plus de 100 espèces de plantes. Banques fourragères : Les arbres et arbustes à feuilles et / ou à gousses appé- tentes sont attrayants pour les agriculteurs en tant que compléments alimentaires pour le bétail parce que ceux-ci nécessitent peu ou pas d’apports de trésorerie : En réalité, ils ne font pas concurrence aux terres car ils sont cultivés le long des bordures, des voies et en courbes de niveaux pour freiner l’érosion des sols. Gérer les arbustes fourragers exige des compétences multiples, y compris cultiver les semis en pépinière, tailler les arbres et favoriser la croissance des feuilles. Néanmoins, au cours des dix dernières années, environ 200000 agriculteurs au Kenya, en Ouganda, au Rwanda et au nord de la Tanzanie ont planté des arbustes fourragers, principalement pour nourrir les vaches laitières. Les jachères améliorées sont composées d’espèces d’arbres ligneux plantées afin de restaurer la fertilité à court terme. Traditionnellement, les jachères prennent plu- sieurs années. La végétation naturelle est lente à restaurer la productivité des sols. Par contraste, les arbres et arbustes légumineux à croissance rapide – s’ils sont correcte- ment identifiés et sélectionnés - peuvent améliorer la fertilité du sol en faisant monter les éléments nutritifs des couches inférieures du sol, en fournissant de la litière et en fixant uploads/Geographie/ agroforesterie.pdf

  • 21
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager