Comment la signalétique participe-t-elle de la dimenSion civique de l’espace pu

Comment la signalétique participe-t-elle de la dimenSion civique de l’espace public ? LEXIQUE Ensemble des termes clés et leurs acceptations pour la lecture de ce mémoire. Ils seront approfondis tout au long de celui-ci. 1 Les 101 mots du design graphique à l’usage de tous, Ruedi Baur, Collection 101 Mots, Archibooks, 2011 2 Petite sociologie de la signalétique. Les coulisses des panneaux du métro, Jérôme Denis et David Pontille, Presses des Mines, 2010 3 Ibid. Signalétique La signalétique est une des informations disponibles dans l’espace public. Elle sera notre objet d’étude. Nous entendons la lecture de ce terme dans son acception la plus large. La signalétique appartient au champ du gra- phisme. Elle est un système d’identification et d’organisation spatiale qui peut comprendre des inscriptions typographiques, des signes, des sym- boles, de la lumière, de la couleur, etc. Elle peut consister notamment à l’identité visuelle d’un lieu, au marquage d’un site historique, au système d’orientation mis en place dans un endroit spécifique, à l’ensemble d’écri- tures exposées (voir écriture exposée ou écrit exposé ) et de déictiques d’un espace (voir déictique), à la combinaison d’un ou plusieurs de ces éléments en un même système cohérent et de bien d’autres choses encore. Il faudra garder à l’esprit l’amplitude de notre acceptation de ce terme lors des diffé- rentes études de cas de signalétique. Dans un souci de pluridisciplinarité, certains projets étudiés ne seront pas l’œuvre de graphistes mais d’archi- tectes, d’artistes ou d’autres « créateurs d’espace ». Selon nous, peut importe le milieu d’origine des créateurs tant que leurs projets sont animés par une volonté de « création d’espace ». Cette idée de la signalétique est actuelle- ment partagée par différents acteurs référents dont le designer Ruedi Baur : « aujourd’hui on entend derrière ce mot signalétique bien plus que la ques- tion du fléchage ».1 Précisons que nous étudierons ici seulement des cas de signalétique implantés dans l’espace public. Déictiques En matière de signalétique, les déictiques sont les « ici » et les « par là » pro- posés au regard des usagers.2 Ecriture exposée ou écrit exposé Nous considérons ces termes au sens où l’entend le philologue et paléo- graphe Armando Petrucci, à l’origine de ceux-ci. Ils comprennent les ins- criptions publiques, triomphales ou funéraires, les enseignes, les graffitis, etc. Ils comprennent toutes les formes d’écriture exposées dans l’espace pu- blic qui permettent la lecture à plusieurs. La signalétique ne comprend pas uniquement des écrits exposés puisque que parfois « il est trop long, trop la- borieux et il sera illisible de n’utiliser que des mots, c’est pour cela que l’on fait appel aux signes, pictogrammes et symboles ». 3 Espace public Cet espace est à la fois un lieu public, collectif et civique. Nous tenterons ici de formuler ce que nous entendons par ce terme : Un lieu public Notre définition du terme « espace public » s’oppose dans un premier temps à l’« espace privé ». Dans le livre Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, 4 Michel Lussault détermine deux sortes d’espaces qu’il appelle « es- pace collectif » et « espace domestique ». Le premier regroupe les « espaces publics d’usage public » (parc, rue, etc.) et les « espaces privés d’usage pu- blic » (cinéma, café, etc.), il est le lieu des « interactions sociales publiques » et implique les notions d’« extime », de « public » et de « social ». Le second terme ne s’applique qu’aux « espaces privés d’usage privé » (appartement, maison, jardin privé, etc.), il est le lieu des « interactions sociales privées » et concerne à la fois les notions d’« intime », de « privé » et d’« individuel ». Pour compléter cette idée de l’espace public de Lussault, nous avons élaboré une carte représentant un potentiel quartier d’une ville vue de haut. Cette carte cherche à identifier les différents espaces cités plus haut : Signalétique de niveau 1 et 2 Par ces termes nous ne cherchons pas à créer de hiérarchie de valeur. Ces deux catégories de signalétique n’impliquent simplement pas les mêmes contraintes. Ecole du wayfinding et wayfinding Nous appelons école du wayfinding une manière spécifique de considérer et de concevoir la signalétique commune à diverses personnes (chercheurs, créateurs d’espaces, etc.). Le wayfinding, quant à lui, est dans certains contextes et dans certaines citations de cet exposé un synonyme de système d’orientation ou simplement du mot orientation. Ecole du système fécond Nous appelons « école du système fécond » ce qui apparaît comme une autre école, une autre manière de considérer et de concevoir la signalétique. Nous reviendrons amplement sur les spécificités de celle-ci. Image Plutôt que « figure » ou « photographie », nous utiliserons le terme d’image pour caractériser les différentes photographies de ce mémoire en référence à l’ouvrage de Kevin Lynch de 1960, L’image de la cité. Ce sont bien des images de la ville, de l’espace public, que nous donnerons ici à voir. 4 Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, sous la direction de Jacques Lévy et Michel Lussault, éditions Belin, 2003 codes sociaux et leurs changements incessants rendent les espaces publics étonnants. L’espace est déterminé par les personnes qui l’utilisent. Il ne se définit pas par lui-même mais il existe par l’usage qu’il recouvre et par son contenu. » 10 L’espace public comme collectif et civique ne peux ainsi être défini sans ces notions d’usage et d’usager. Nous reviendrons amplement sur la question de la place accordée à cet usager dans l’espace public. Nous nous demande- rons si cet espace est bien un lieu où le citoyen a réellement une place, un rôle à jouer, et s’il est ainsi le lieu du citoyen libre et responsable. Cet espace public est actuellement au centre des débats sur les transforma- tions de la ville contemporaine. Il est, selon Isaac Joseph, le lieu de « dy- namiques transactionnelles, conflictuelles et confrontationnelles ».11 Nous tenterons, dans cet exposé, de donner à voir dans quelles mesures un sys- tème de signes peut répondre à ces problématiques et comment un tel es- pace public, selon notre acceptation du terme, est rendu possible en matière de signalétique. Citoyen libre et responsable En matière de signalétique, ce terme fait référence à la considération, par le système de signes, d’un usager responsable soit tout à fait capable d’effec- tuer ses choix en pleine possession de ses capacités psychiques, et d’un usa- ger libre, soit hors d’une relation d’emprise avec le système graphique, libre d’effectuer ses choix, d’être maître de ses actions. Civisme, civique Le civisme implique l’usager de l’espace public dans ces deux notions de droit et de devoir. L’usager de l’espace publique a le droit d’y être bien consi- déré, comme citoyen libre et responsable. Le devoir civique de l’espace pu- blic consiste à respecter le citoyen qui en a l’usage. Le devoir du citoyen vis-à-vis de l’espace public est d’être conscient de celui-ci, de le respecter en retour, et d’être également conscient des autres citoyens qui l’entourent, l’espace public étant le lieu de l’expérience du collectif. Le civisme en si- gnalétique implique ainsi la notion du « mieux vivre ensemble ». Ainsi, ce terme de civisme permet de « distinguer les espaces ou les signes respec- tueux des citoyens libres, fraternels, égaux que nous sommes, de ceux qui éveillent la médisance, qui ne sont pas accessibles à tous, qui ne relèvent pas d’une approche sociale. » 12 Le terme civique est intimement lié à la notion d’usager telle que nous l’avons définie, et à celle du citoyen libre et respon- sable. Pour résumer ces notions, nous ferons appel à l’approche du desi- gner Ruedi Baur : « ce qui est relatif au citoyen ; le sens ou l’esprit civique serait le sens de ses responsabilités et de ses devoirs de citoyen. L’éducation civique permettrait au jeune citoyen d’acquérir civilité et civisme. La civi- lité (civilitas) qui, comme le terme civique (civicus), vient du terme cité L’« espace collectif » de Lussault sous-entend donc ici un rapport à une di- mension « publique » qui n’est pas inclue dans l’« espace domestique ». Nous définissons, dans un premier temps, notre acceptation du terme « es- pace public » par rapport à cette notion d’« espace collectif ». Ainsi, il ne nous importe pas que ce lieu soit issu d’un financement public ou privé, ou que son accessibilité légale soit permise par un prix à payer. Nous pour- rons notamment citer en exemples : le cinéma, l’hôpital, le musée, la biblio- thèque, l’école ou l’université, le commissariat, la mairie, la rue, la place, le parking, le parc, etc. Un lieu collectif et civique Cet espace est ainsi un lieu du « vivre ensemble », un lieu permettant aux ci- toyens l’expérience du collectif. L’espace public regroupe ainsi les différents lieux de notre « vie commune ».5 Il est un lieu d’échange, de rencontres et de mixité sociale, et ainsi, comme l’entend le designer Ruedi Baur, un « en- vironnement partagé ».6 Selon le uploads/Geographie/ anouck.pdf

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