Επιθεώρηση Κοινωνικών Ερευνών Τομ. 0, 1981 Dominations etrangeres et transforma
Επιθεώρηση Κοινωνικών Ερευνών Τομ. 0, 1981 Dominations etrangeres et transformations de l' agriculture cretoise entre le XIVe et le XIX siecles Triantafyllidou-Baladie Yolande EHESS http://dx.doi.org/10.12681/grsr.574 Copyright © 1981 Yolande Triantafyllidou-Baladie To cite this article: Triantafyllidou-Baladie, Y. (1981). Dominations etrangeres et transformations de l' agriculture cretoise entre le XIVe et le XIX siecles. Επιθεώρηση Κοινωνικών Ερευνών, 0, 180-190. doi:http://dx.doi.org/10.12681/grsr.574 http://epublishing.ekt.gr | e-Publisher: EKT | Downloaded at 14/03/2019 15:48:46 | Dominations étrangères et transformations de l’agriculture crétoise entre le XlVe et le XIX siècles par Yolande Triantafyllidou-Baladié Chef de Travaux au Centre de Recherches Historiques (EHESS) La Crète de l’époque médiévale constitue une terre de rencontre de sociétés et de civilisations diverses. Du XlIIe siècle, et jusqu’au tournant du XXe siècle encore —pour se limiter aux deux dernières dominations prin cipales, celles de Venise et de l’Empire ottoman—la population crétoise a dû se plier à des puissances étrangères qui, de surcroît, étaient de cultures radicale ment différentes. Ces deux empires, à partir du moment où ils se sont installés dans file, ont transformé les cadres politiques et administratifs, orienté d’autre part la vie économique, chacun à leur façon: ils ont imposé à la population conquise leurs structures sociales, leurs institutions, leurs mentalités propres; ils ont exploité toutes les ressources, tant humaines que naturelles. Ils ont sans aucun doute modifié les structures de la société crétoise, en dépit de la forte résistance d’une population attachée aux particularismes de la vie insulaire et à des traditions héritées de Byzance. Dès leur arrivée aussi bien les Ottomans que les Véni tiens ont écarté de l’appareil administratif la population autochtone. Ils ont mis en place un dispositif militaire important, à la fois pour défendre l’île contre un éven tuel ennemi extérieur et pour tenir en respect la popula tion crétoise souvent révoltée. Ils ont enfin accaparé la plus grande partie des meilleures terres qu’ils ont fait ex ploiter à leur profit par la population locale. Il est manifestement impossible, dans un nombre aussi limité de pages, de développer, en vue de les com parer, les différents aspects de la vie politique, sociale et économique de la Crète du XlIIe au XXe siècle. Nous nous limiterons à l’étude de l’économie agraire et à son évolution en la replaçant le cas échéant dans son con texte politicosocial. Notre réflexion portera sur les problèmes que pose la production agricole, notamment sur les causes de l’ex pansion ou de la régression de certaines cultures. La Crète, de nos jours, produit une trentaine dè milliers de tonnes de céréales par an. soit moins de I % de la production totale de la Grèce. En revanche, elle produit de très grandes quantités de raisins secs quelle exporte à l’étranger (presque les 50% du total de la pro duction grecque). Sa production d’huile s’est élevée en 1972—qui ne fut pas une année exceptionnelle—à 66 116 tonnes, soit environ 35% de ce que fut, cette année là, le total de la production de la Grèce.1 En dehors de ces trois produits traditionnels dans les 40 dernières années, elle a développé les agrumes. Tout récemment la partie méridionale du pays, qui était dans l'ensemble une zone désertique, est mise en valeur. Grâce à de nombreux forages on a réussi à trouver des nappes phréatiques abondantes. Ainsi tomates, con combres et autres fruits et légumes, sont désormais en trés dans le paysage agraire. L’agriculture crétoise se présente, de nos jours, com me la résultante des formes d’exploitation de la terre in staurées par les puissances qui se sont succédé sur son territoire. La Crète de l'époque préindustrielle, essen tiellement rurale, cultivait, comme la plupart des pays méditerranéens de la zone sud, les céréales, la vigne et l’olivier: ce que nous appelons ordinairement la triade. Toutefois selon les époques, telle ou telle culture a pris le pas sur les autres. Nous nous proposons de suivre ici l’évolution de deux produits de l’agriculture crétoise: les céréales et la vigne. I. Service Statistique de Grèce, Statistique agricole de l’année 1972, Athènes, 1975. http://epublishing.ekt.gr | e-Publisher: EKT | Downloaded at 14/03/2019 15:48:46 | Dominations étrangères et transformations de l’agriculture Cretoise entre te XlVe et le XIX siècles LA PRODUCTION CÉRÉALIÈRE La période vénitienne La Crète, c’est un fait, pendant une assez longue période de son histoire, a été productrice de céréales. Elle a même, à plusieurs reprises, été exportatrice de blé et d’orge. Cependant, contrairement à une croyance très répandue, elle a cessé à un moment donné de pro duire ces céréales en quantité suffisante, au point que le pays n’a plus été en mesure de nourrir sa propre popula tion. Il a dû alors recourir aux importations. Période de croissance: causes de développement C’est entre le milieu du XlIIe et le milieu du XVe siè cle que la Crète produit assez de céréales pour pouvoir en commercialiser une partie. Pour une série de raisons, Venise favorise alors le développement de cette culture. En effet, la République n’a pas encore conquis l’arrière- pays de la lagune, la Terre ferme, et doit donc pour s’ap provisionner, recourir aux importations de grains. En dehors de l’Italie, elle se tourne vers les marchés de la Haute Romanie (Bulgarie, Thrace), mais le conflit qui oppose Byzance à l’Empire ottoman rend cette source aléatoire. Par rapport à l’ensemble de son réseau d’approvision nement, la Crète ne lui fournit qu’un appoint, mais un appoint sur lequel elle peut absolument compter. En ef fet, elle fait partie de l’empirecblonial de la Sérénissime, alors que les autres marchés se trouvent en dehors de ses frontières. En outre, par sa position géogra phique, la Crète peut ravitailler certaines colonies véni tiennes, notamment les îles de la Mer Egée. Elle peut également alimenter la flotte marchande, qui trafique entre le Levant et l’Occident, et les galères de la République. Pour y développer la culture céréalière, Venise met tra en oeuvre des mesures étatiques concernant moins la population indigène que ses propres sujets. La ma jeure partie du sol après la conquête est en effet distribuée à des colons vénitiens. Des domaines fiefs sont cédés pour une période déterminée—en général 29 ans—à des cavaliers.2 Conditions du bail: exploiter le sol et défendre le territoire. La précarité de la cession du domaine aux cavaliers—l’Etat dans certains cas a le droit de reprendre les fiefs—et la courte durée du bail sont de mesures contraignantes pour les feudataires, au moins pendant cette première période de la domination vénitienne. L’Etat cherche par ces mesures d’une part à protéger la paysannerie, d’autre part à profiter d’un marché qu'il contrôle. En Crète en effet le blé est un monopole d’Etat. La réglementation concernant la pro 2. Fr. Thiriet, La Romanie vénitienne au moyen âge. Le développe ment et l’exploitation du domaine colonial vénitien (Xlle-X Ve siècle), Paris, Broccard, 1959 pp. 242 et 259; Cité désormais F. Th., La Romanie. duction et la vente est rigoureuse. La circulation et la vente des grains tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, sont interdites, à moins d'une autorisation spéciale. Les producteurs sont tenus, bon an mal an, d’approvisionner les greniers publics. Ils n’ont pas le droit de commercialiser leur produit et de profiter du marché libre sauf en cas de récolte exceptionnelle. Ils peuvent alors vendre leur excédent sur le marché libre. Les céréales livrées aux greniers publics sont achetées par l’Etat à un prix fixé par lui. Il est toujours inférieur, cela va de soi, au prix de vente du marché libre.3 Quelles sont les quantités fournies à la République par les feudataires? En 1331, l’Etat estimait à 180 000 mesures soit 40 000 staia environ,4 la quantité de blé que pouvaient fournir les feudataires de Crète. Mais en réalité les livraisons réelles restaient inférieures au chiffre imposé soit parce que la récolte étdit insuffisante, soit parce que les contribuables, lésés dans leurs intérêts, cher chaient à se dérober à leurs obligations en particulier en demandant des délais.5 Ces difficultés font apparaître d’une part les limites de la production crétoise, d’autre part les réticences des feudataires à remettre leurs réserves à la Commune. En effet, malgré l’excédent céréalier dont elle dispose tout au long de la période, la Crète ne possède pas les vastes étendues de terre arable que connaissent certaines régions de Romanie, par exemple. Sa production n’est donc pas extensible: sur une surface totale de 8 400 km2 les terres riches en humus ne représentent aujourd’hui que 6%. En dehors de la plaine de Messara et, très secondairement, du plateau de Lassithi,6 les sols sont en général pauvres et les rendements assez médiocres. Les mauvaises années ne manquent pas, même dans les périodes d’abondance et on a recours alors aux importa tions pour couvrir les besoins de la population. Quant à la mauvaise volonté des producteurs, elle est due à l’écart entre le prix payé par l’Etat et celui du mar ché libre,7 écart qui entraînait d’ailleurs une fraude per manente. 3. La Commune achète les 100 mesures de blé (17 hectolitres en viron) dans les années 1320-1340 25 à 30% moins cher que le prix réclamé uploads/Geographie/ crete-pdf.pdf
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- Publié le Aoû 25, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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