François de Dainville Les cartes anciennes de l'Église de France sur la cartogr

François de Dainville Les cartes anciennes de l'Église de France sur la cartographie ecclésiastique du XVIe au XVIIIe siècle In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 40. N°134, 1954. pp. 7-121. Citer ce document / Cite this document : de Dainville François. Les cartes anciennes de l'Église de France sur la cartographie ecclésiastique du XVIe au XVIIIe siècle. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 40. N°134, 1954. pp. 7-121. doi : 10.3406/rhef.1954.3153 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1954_num_40_134_3153 Etude sur la cartographie ecclésiastique du XVI' au XVIII' siècl, Le L'ancienne France nous a légué de nombreuses cartes de géographie ecclésiastique : cartes de provinces, d'évêchés, ar- chidiaconés, doyennés, voire plus rarement de paroisses; car tes des établissements de plusieurs grands ordres religieux et de bénéfices à la nomination du Roi... Bref, une masse considérable de documents de valeur inégale, parfois incomp lets ou sujets à caution, mais qui n'en constituent pas moins une source importante pour les travaux de géographie et d'histoire de l'Eglise ou de sociologie religieuse historique. Ils livrent, enfin, en des images souvent très vivantes, la ma nière dont les contemporains se représentaient les choses. Or, par une omission singulière, les bibliographes ne se sont guère attardés à signaler ou à faciliter aux chercheurs l'accès de cette importante source de documentation. Si A. Rébillon1. L. Mirot2 y font une brève allusion, V. Carrière, dans sa pré cieuse Introduction aux études d'histoire ecclésiastique (Paris 1941), et les érudits auteurs des volumes de Clio concernant le xvne et le xvine siècle, n'en soufflent mot. L. André lui- même n'en cite que quelques-unes3. Une telle lacune est éton nante, car les bibliographes anciens, du vieil André du Chesne en sa Bibliothèque des autheurs qui ont escrit l'his toire et topographie de la France (1618)4 au P. Lelong dans sa Bibliothèque historique de la France, au contraire, ont attaché une particulière attention aux cartes ecclésiastiques. Pourquoi ne les a-t-on pas suivis ? Il importe d'autant plus de dresser sans retard l'inventaire des trésors cartographiques que recèlent nos collections, qu'un. 1. Atlas historique, t. III; Les temps modernes, Paris, 1937, p. 9. 2. Manuel de géographie historique de la France, Paris, 1930, p. xvm. 3. Les sources de l'histoire de France XVIIe siècle, t. I, Géographie et histoires générales, Paris, 1913, p. 43. 4-. 2« édition, Paris, Cramoisy, 1627, p. 200, 244, 280, 281, cartes des diocèses du Mans, de Reims, Limoges, Cahors. 8 FRANÇOIS DE D AIN VILLE tel relevé s'impose comme une des tâches préalables au vaste programme de géographie religieuse dessiné de main de maît re par G. Le Bras5. Avant de songer à établir le volumineux atlas qui présentera l'ample vision des aspects du Christi anisme en France, il est indispensable de réunir les matériaux dispersés en divers dépôts, de l'atlas ecclésiastique qu'ont conçu et partiellement réalisé les cartographes des xvie, xvn* et xviii6 siècles. Comme il juxtapose en de monumentaux in-folios et porte feuilles des cartes d'une qualité très inégale, — entre elles se sont écoulés parfois plus de deux siècles, au cours desquels la cartographie a subi de profondes transformations, — il nous a paru indispensable de retracer en tête de ce répertoire l'his toire de ces cartes ecclésiastiques et de le faire suivre d'un guide qui fournira à l'usager, peu familier avec ces documents d'un autre âge, les essentielles indications pour une profita ble lecture. On chercherait en vain parmi les nombreuses études géné rales ou particulières, consacrées jusqu'ici à l'histoire de la cartographie française sous l'Ancien Régime, des travaux sur les cartes ecclésiastiques. Tout au plus peut-on y glaner des suggestions ou des précisions utiles pour la mise au point de l'étude de première main qu'il a fallu poursuivre. Notre but n'est pas seulement de présenter un tableau d'en semble de ces cartes, dûment regroupées par époque et par auteur, ou de relater les circonstances de leur édition, mais aussi d'évoquer les modes de leur établissement, afin de four nir des critères pour juger de leur exactitude. Fontenelle le remarquait déjà judicieusement6 : Communément on n'a guère idée de ce qu'est une carte géogra phique et de la manière dont elle se fait. Pour peu qu'on lise, on voit assez la différence d'une histoire à une autre du même sujet, et on juge les historiens : mais on ne regarde pas de si près à des cartes de géographie, on ne les compare point, on croit assez qu'elles sont toutes à peu près la même chose, que les modernes ne sont qu'une répétition des anciennes, et si, dans l'usage on en préfère quelques-unes, c'est sur la foi d'une réputation, dont on n'a pas examiné les fondements. Un examen plus attentif révèle que l'ancienne cartographie était plus complexe qu'on le prétend communément. Elle ne saurait se ramener au classement rigide d'un « avant » et 5. Un programme : La Géographie religieuse dans Annales d'histoire sociale, 1945, p. 87-112. 6. Eloges, Œuvres, Paris, 1825, t. II, p. 162. LES CARTES ANCIENNES DE L'ÉGLISE DE FRANCE 9 d'un « après » la correction de la Carte du Royaume par l'Aca démie des Sciences. Il nous semble plus exact de considérer successivement quatre grandes étapes : — une période primitive, antérieure à l'œuvre de Sanson, du milieu du xvie au milieu du xvn* siècle, l'époque des « descrip tions » ; — l'œuvre des cartographes de cabinet, travaillant sur mémoir es, du milieu du xvne au début du xviii* siècle ; — les cartes en dépendance des travaux de l'Académie des Sciences, fin xvne - première moitié du xviii" siècle ; — les grandes cartes géométriques de Cassini, Seguin, Belleyme, Aldring, en leurs aspects ecclésiastiques et les cartes diocésaines qui en dépendent, deuxième moitié du xvme siècle. Nous étudierons à part les cartes des communautés régul ières et celles qui se sont essayées à décrire des aspects par ticuliers de l'histoire de l'Eglise de France. 1610 2) +J 1. Les cartes de diocèses Jevées au XVIe et au xvne siècle avant ou en même temps que N. Sanson. LES CARTES ANCIENNES DE L'ÉGLISE DE FRANCE 11 I. — LES « DESCRIPTIONS ». C'est au cours du xvie siècle que s'éveilla la cartographie française. Elle fut d'emblée essentiellement régionale. Provin ciaux qui aimaient leur petite patrie, nos premiers géographes travaillèrent surtout à dessiner l'image de leur province. Cette tendance favorisa la naissance des premières cartes dio césaines, d'autant que, parmi ces géographes qui appartenaient aux divers Ordres de l'Etat, plusieurs étaient des prêtres. C'est « au cœur du royaume, qui est ce que la rivière de Loyre et autres rivières qui tombent en icelle baignent », comme l'écrivait à Philippe II un agent breton, — aux pays de Loire où fleurissaient les poètes renaissants que s'ébaucha notre premier atlas national et que parurent les premières planches de l'atlas ecclésiastique7. La plus ancienne carte diocésaine, semble-t-il, est celle du Diocèse du Mans par Macé Ogier, prêtre et maître de l'hôpital des Ardents, sis au Mans, natif de la Champagne du Maine. La Croix du Maine rapporte qu'elle aurait été gravée sur cui vre par Jacques Androûet du Cerceau et tirée au Mans en 1539 par Mathieu Vaucelles et Alexandre Chouen, et de nou veau l'an 1565. Après Gauvin et Lassus, nous l'avons vaine ment cherchée. On a sa Description, imprimée l'an 1558, chez Louis Gaingnot, puis par Hiérosme Olivier, l'an 1559 et en 15863. Description de la charte Cenomanique contenant les Villes, Fo rests, Rivières, Paroisses, Chappelles et Bénéfices, tant réguliers que séculiers, estans situez au Diocèse du Conté (sic) du Maine. Ensemble les notes et marques distinctes pour sçavoir à quels 7. L. Drapeyron, L'image de la France sous les derniers Valois et sous les premiers Bourbons (1525-1682) dans Revue de géographie, t. XXIV, 1889, p. 1 sq. 8. Bibliothèque françoise (revue par Rigoley de Juvigny), Paris, 1772, t. II, p. 69, 107. — Lelong, Bibliothèque historique (édition 1768), t. I, p. 95, n° 1661. — H. de Geymûller (Les Du Cerceau, Paris, 1887, p. 298. 299 ) rejette l'attribution à Du Cerceau, mais son argument n'a rien de probant, car il juge sur une copie hollandaise ultérieure. — Consulter Th. Cauvin, Géographie ancienne du diocèse du Mans, Paris. 1845, p. 641 et 642. Abbé Lottin et M. Lassus, Recueil de Documents inédits et rares sur la topographie et les monuments historiques de l'ancienne pro vince du Maine, Paris, 1851. Note bibliographique : De la carte cenoman ique, 4 pp., in-folio, et reproduction (B. N., Impr. f° Lk3 1131). 12 FRANÇOIS DE DAIN VILLE patrons et collateurs appartiennent, avec les quotes des distances de chacunes parroisses aux autres. En outre à la fin les bancques et adresses pour aller à la ville du Mans aux villes et foyres plus renommées et famées du royaume de France, au Mans, Hierosme Olivier, s. d. Le colophon précise : Cy finit la carte cenomanique contenant les Villes, parroisses, foretz et rivières avec la distance des lieues, ensemble les abbayes et prieurez et chappelles de ce diocèse du Mans. 1586. Par H. Oliviers. Ce uploads/Geographie/ dainville-les-cartes-anciennes-de-leglise-de-france-sur-la-cartographie-ecclesiastique-du-xvie-au-xviiie-siecle.pdf

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