? tu rêves encore Jacques Lacan : « On ne se réveille jamais : les désirs entre

? tu rêves encore Jacques Lacan : « On ne se réveille jamais : les désirs entretiennent les rêves » ? la cause du désir revue de l’école de la cause freudienne ? tu rêves encore 4 6 ÉDITORIAL L’une-bévue du rêve, Fabian Fajnwaks ARCHIVES LACAN 9 Improvisation. Désir de mort, rêve et réveil, Jacques Lacan LA PSYCHANALYSE AU XXIe SIECLE 12 Présentation, Pascale Fari 13 Le rêve du réveil, Jacques-Alain Miller USAGE DU RÊVE DANS LA CLINIQUE LACANIENNE 25 Introduction, Valeria Sommer-Dupont 26 La différence absolue du rêve, Angelina Harari 28 Rêve réel et rêve transférentiel, Fabián Abraham Naparstek 30 Le recours secret, Silvia Baudini ÉVEIL 34 Rien de plus concret que le rêve, son usage, son interprétation, Christiane Alberti 41 Rêves inspirés par le réveil, Carolina Koretzky 45 Le rêve et les rêves : le rêve et le nœud, Francisco-Hugo Freda 49 Corps de rêves, Marie-Hélène Brousse HISTOIRE DE RÉVEIL 53 De l’ombilic au réveil, et retour, Anaëlle Lebovits-Quenehen UNE ŒUVRE ET SON INVITÉE À ÉCRIRE 59 Images du rêve carrollien, Sophie Marret-Maleval EXPLORATIONS RÊVEUSES 63 Des usages des mythes poétiques et psychanalytiques, Nathalie Georges-Lambrichs RENCONTRE AVEC JEANNE BALIBAR, 69 L’indéfinissable et la vraie vie, propos recueillis par Ariane Chottin, Fabian Fajnwaks et Omaïra Meseguer SOMMAIRE la cause du désir n° 104 5 LA PASSE, AVENTURE DU SIÈCLE Rêve-t-on pour dormir ou se réveiller ? Premiers témoignages 79 La chute de la chute, Sophie Gayard 83 Savoir parler à l’École du regard moqueur, Marie-Claude Sureau Le mystère des rêves de fin d’analyse 87 Des rêves instruments du réveil, Myriam Chérel 91 De l’agitation de la mer/e au tremblement de terre, Doménico Consenza 94 Le rêve-écriture du trauma, Clotilde Leguil 97 Rêves électriques, Aurélie Pfauwadel APRÈS LES JOURNÉES 49 « FEMMES EN PSYCHANALYSE » 100 Introduction, Gil Caroz 101 La lettre féminise, Delphine Horvilleur 106 Entretien avec Paul B. Preciado par François Ansermet et Omaïra Meseguer 109 Remarques sur trois rencontres entre le féminisme et le non-rapport sexuel, Éric Laurent RÊVES, RÊVERIES ET RÉVEILS DANS LA CLINIQUE 121 L’amour de loin, Catherine Meut 125 Portrait de famille, Dalila Arpin 128 Se réveiller du beau rêve de l’enfance, Aurélie Charpentier-Libert 131 Quand le rêve crève l’écran, Valeria Sommer-Dupont 135 S’orienter de l’énigme, entretien avec Nouria Gründler RENCONTRE AVEC BETSY JOLAS 141 Cette voix qui parle de nous, propos recueillis par Valentine Dechambre DÉTOURS 151 Plotin et la doctrine de l’Un dans le dernier Lacan, Mathieu Siriot À LA LETTRE 157 Rêver dit-elle, à propos de Croire aux fauves de Nastassja Martin, Virginie Leblanc UN MIROIR DE NOTRE CIVILISATION : CINÉMA 161 Le rêve en abîme : Inception, Jocelyne Huguet-Manoukian BRÈVES 165 Valentine Dechambre, Hervé Damase, Deborah Gutermann Jacquet, Luc Garcia FENÊTRES – RENCONTRE AVEC FRANÇOIS MATTON 169 Il reste des blancs, propos recueillis par Ariane Chottin et Omaïra Meseguer 6 ÉDITORIAL FABIAN FAJNWAKS L’UNE-BÉVUE DU RÊVE Le titre de ce numéro souligne la place que nous accordons à l’interprétation des rêves, cent-vingt ans après l’invention de la psychanalyse par Sigmund Freud. Quel usage font les psychanalystes du rêve depuis que Jacques Lacan nous a appris à consi- dérer l’inconscient dans sa dimension réelle, comme l’une-bévue qui n’est ni à déchiffrer ni à interpréter ? Le rêve et son interprétation n’occupent pas la même place au début et à la fin d’une analyse – tel est le fil rouge qui traverse ce numéro, à la façon de celui que l’ar- tiste Salvatore Puglia a cousu sur les ruines romaines de la couverture. Là où il s’agit de donner d’abord consistance aux significations présentes dans le rêve pour que le sujet entende l’équivoque des signifiants qui le déterminent, l’avancée de la cure dévoile derrière ces mêmes articulations langagières un élément réel présent dans l’Un du plus- de-jouir qui s’y satisfait. Le rêve ainsi abordé en tant qu’accident, coupure, ne recèle plus de significations à révéler dans les signifiants qui lui donnent corps ; il se limite – comme les haïkus étudiés par Roland Barthes dans L’Empire des signes – à donner à voir quelque chose qui a lieu, un phénomène : à indiquer « ça ». L’inconscient pulsionnel de Freud, présent dans la deuxième topique, se réduit à la fin d’une analyse à la coupure radicale et irrésorbable que produit la rencontre avec la jouissance dans ses formations imagées. Quelques rêves évoqués ici par les Analystes de l’École en attestent. Les signifiants du rêve viennent habiller le réel du Un de la jouis- sance, que ce soit la jouissance traumatique qui marque le corps, ou celle du trouma- tisme qu’implique la sexualité pour tout être parlant. Les cas publiés dans la rubrique clinique démontrent de manière originale quel usage il peut être fait des rêves dans la clinique, même et surtout avec de jeunes êtres parlants ! S’en trouvent modifiées l’in- tervention de l’analyste comme la place de l’interprétation, réduite aux équivoques que l’homophonie, la grammaire et la logique – telles que Lacan l’indique dans L’Étourdit – permettent de produire. L’interprète devient l’inconscient lui-même, déchiffrant l’énigme de la pure contingence que suppose la rencontre du corps avec la jouissance. « On ne se réveille pas : les rêves entretiennent le désir » nous dit Lacan dans la note de 1974 publiée dans ce numéro. Affirmation qui a son poids et qui contrecarre l’idée Fabian Fajnwaks est psychanalyste, membre de l’École de la Cause freudienne. ÉDITORIAL Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 10.0.0.69 - 26/03/2020 08:56 - © L'École de la Cause freudienne FABIAN FAJNWAKS, L’UNE-BÉVUE DU RÊVE la cause du désir n° 104 7 initiale, développée dans ses premiers séminaires, qu’on se réveille pour continuer à dormir. Dans cette même note, Lacan situe la mort du côté du réveil, comme un rêve de la vie : « La vie est quelque chose de tout à fait impossible qui peut rêver de réveil absolu. C’est du côté du réveil que se situe la mort ». Une lecture originale de l’interprétation du rêve nous est proposée par Marie- Hélène Brousse qui l’aborde comme un texte venant recouvrir de ses signifiants ce qui échappe au langage et qui a marqué le corps dans son irruption traumatique. Plus d’al- térité donc, mais la manifestation de la jouissance du corps qui se fait entendre par les signifiants du rêve. Une orientation nouvelle se dessine grâce à ce texte, qui situe l’Un tout seul de la jouissance dans la contingence que suppose « l’accident aléatoire qu’est le corps vivant sans l’Autre ». Cette perspective permet de cerner autrement le « bout de réel » présent dans le symbolique que l’Unerkannt freudien, l’incognoscible du rêve, trouvé par Freud au fond de la gorge d’Irma : il ne s’agit plus d’une incrustation du réel dans le signifiant du récit, mais plutôt de comment ce réel pointe son nez dans le rêve. Perspective qui ajoute alors une articulation nouvelle entre le symbolique du récit du rêve et le réel qu’il vient recouvrir, au-delà de la perspective freudienne plus connue de l’ombilic. Les témoignages de fin d’analyse et d’outre-passe se révèlent ici précieux pour véri- fier ce rapport que le rêve entretient avec le réel. Le rêve y faisant bord au réel de la jouissance, en lui donnant forme, corps à travers ses signifiants, tout en la métamor- phosant : c’est bien cela le rêve dans la perspective de l’inconscient réel, de l’une-bévue. L’événement qu’ont été les 49es Journées de l’École de la Cause freudienne trouve un écho dans ce numéro, avec l’intervention de Delphine Horvilleur qui nous a brillamment démontré que la pratique de la lecture et de la lettre n’est pas du seul domaine de la psychanalyse ; avec l’entretien qui eut lieu, après la lecture de son mani- feste, entre Paul B. Preciado, François Ansermet et Omaïra Meseguer ; et enfin avec un passionnant article d’Éric Laurent sur la rencontre manquée du féminisme avec la proposition de Lacan « Il n’y a pas de rapport sexuel ». Comme « l’esp d’un rêve » 1, l’art ne s’interprète pas, il permet de faire bord au réel qui habite celui qui crée, à travers une construction fictionnelle ou imagée – ainsi les dessins de François Matton qui ponctuent ces pages. La démarche d’une analyse résonne avec celle de l’artiste, c’est ce qui s’entend dans la voix de Jeanne Balibar qui serre avec intensité son « savoir-faire avec le trou » dans son métier d’actrice, et dans « cette voix qui parle de nous » sur laquelle veille la compositrice Betsy Jolas. Force est de constater que les rêveries proposées par la civilisation de l’excès et ses régulations comportementales ne réussissent pas à faire taire cet autre abord du rêve ouvert par la pratique freudienne rééclairée par Jacques Lacan. Alors, tu rêves encore ? 1. Laurent É., « Le Réveil du rêve ou l’esp d’un rev », texte d’orientation au XIIe Congrès de l’AMP « Le rêve. Son interprétation et son usage dans la cure lacanienne », Buenos Aires, 13-17 avril 2020, disponible sur internet. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - uploads/Geographie/ lcd104-code-1784.pdf

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