LIEUTENANT X UNE OFFENSIVE SIGNEE LANGELOT ILLUSTRATIONS DE MAURICE PAULIN HACH
LIEUTENANT X UNE OFFENSIVE SIGNEE LANGELOT ILLUSTRATIONS DE MAURICE PAULIN HACHETTE Une offensive signée Langelot Par Lieutenant X * UN soir comme tous les soirs. Une émission de télévision comme toutes les émissions de télévision... Soudain elle s'interrompt. Un monumental cul-de-jatte apparaît sur l'écran et déclare qu'il va conquérir le monde. Où se cache-t-il? Quelles sont ses armes? Comment se fait-il qu'il 'semble connaître tous les secrets des autorités? Pour mettre hors d'état de nuire le redoutable Monsieur T, le gouvernement français n'a que trois jours. Une offensive est déclenchée, et le fer de lance en est le jeune agent secret Langelot, dont l'astuce et le courage ne se démentent jamais. LANGELOT par Lieutenant X Liste des ouvrages parus 1. Langelot agent secret (1965) 2. Langelot et les Espions (1966) 3. Langelot et le Satellite (1966) 4. Langelot et les Saboteurs (1966) 5. Langelot et le Gratte-ciel (1967) 6. Langelot contre Monsieur T (1967) 7. Langelot pickpocket (1967) 8. Une offensive signée Langelot (1968) 9. Langelot et l'Inconnue (1968) 10. Langelot contre six ou (couverture) Langelot contre 6 (1968) 11. Langelot et les Crocodiles (1969) 12. Langelot chez les Pa-pous (1969) 13. Langelot suspect (1970) 14. Langelot et les Cosmonautes (1970) 15. Langelot et le Sous-marin jaune (1971) 16. Langelot mène la vie de château (1971) 17. Langelot et la Danseuse (1972) 18. Langelot et l'Avion détourné (1972) 19. Langelot fait le malin (1972) 20. Langelot et les Exterminateurs (1973) 21. Langelot et le Fils du roi (1974) 22. Langelot fait le singe (1974) 23. Langelot kidnappé (1975) 24. Langelot et la Voyante (1975) 25. Langelot sur la Côte d'Azur (1976) 26. Langelot à la Maison Blanche (1976) 27. Langelot sur l'Île déserte (1977) 28. Langelot et le Plan rubis (1977) 29. Langelot passe à l'ennemi (1978) 30. Langelot chez le présidentissime (1978) 31. Langelot en permission (1979) 32. Langelot garde du corps (1979) 33. Langelot gagne la dernière manche (1980) 34. Langelot mauvais esprit (1980) 35. Langelot contre la marée noire (1981) 36. Langelot et la Clef de la guerre (1982) 37. Langelot et le Général kidnappé (1983) 38. Langelot aux arrêts de rigueur (1984) 39. Langelot et le Commando perdu (1985) 40. Langelot donne l'assaut (1986) PREMIÈRE PARTIE I « Comment vas-tu-yau de poêle? » demanda le professeur Roche-Verger à sa fille Hedwige, dite Choupette. Il jeta son imperméable sur le piano et apparut en chemise quadrillée et pantalon de golf. En guise de cravate, il portait un cordon orné de deux pompons, l'un rouge, l'autre vert. « Ouf! ajouta-t-il. J'ai fini ma journée. Jusqu'à demain, le Centre national d'études sur les fusées balistiques et cosmiques devra se passer de moi... Et moi de lui », conclut-il avec un soupir. Pliant en deux son long corps dégingandé, il se laissa tomber sur une chaise de la salle à manger. « Choupette, que me donnes-tu pour dîner? Des clous au gratin ou des clopinettes au beurre noir? » II était neuf heures du soir. Le calendrier -composé de feuilles détachables avec histoires drôles au verso — indiquait la date : 10 mars. Entre le 10 et le 13, le destin du monde allait se jouer, mais le. professeur, sa fille et le public en général l'ignoraient. Comme il arrive fréquemment dans les conflits modernes, les peuples n'allaient apercevoir que les signes extérieurs d'une lutte dont ils ne soupçonneraient même pas l'existence, bien qu'elle dût se dérouler presque sous leurs yeux. Tout le monde avait pu lire dans les journaux le récit d'une explosion qui avait eu lieu à Reggane, quelques mois plus tôt; tous les téléspectateurs qui observaient le petit écran le 10 mars à dix heures du soir furent témoins de la première apparition publique de Monsieur T.; trois jours plus tard, il suffit de consulter la presse pour lire le récit d'un succès balistique français... et cependant on pourrait compter sur les doigts les personnes qui surent établir un lien entre ces trois affaires! Chose étrange, l'une de ces personnes fut une jeune fille de dix-sept ans, les cheveux demi-longs et le nez en trompette, domiciliée à Chatillon-sous- Bagneux, résidence. Bellevue, bloc K, appartement 28, répondant au patronyme Roche-Verger, au prénom Hedwige et au sobriquet Choupette (pour les intimes). II ABANDONNANT sa serviette dans le plat de raviolis, le professeur se leva de table. « Ma fille, déclara-t-il, voilà un dîner remarquable. J'espère que tu as eu autant de plaisir à le servir et Asuncion à le préparer que j'en aurai à le digérer dans mon fauteuil en regardant la télévision. J'ai remarqué que la télévision favorisait la digestion presque autant que la digestion favorise la télévision. Je me comprends. Messieurs, le bras aux dames ! » Appel purement rhétorique, car il n'y avait ni dames ni messieurs, outre le professeur et sa fille qui passèrent au salon en ordre dispersé. M. Roche-Verger alla d'abord à la fenêtre, écarta les doubles rideaux de jute bleu et jeta un coup d'œil dans la rue. « Ha! ha! fit-il, le héron est toujours là. Dommage qu'il ne pleuve pas. - Ce soir, il y en a même deux, qui se regardent comme des chiens de faïence », répondit Choupette. Le professeur avait surnommé « hérons » les inspecteurs de police que la Direction de la surveillance du territoire déléguait pour le protéger et qui, jour et nuit, faisaient le pied de grue devant la porte de sa maison ou de son bureau. C'est que les recherches du savant — que les journaux avaient baptisé « professeur Propergol » - - concernaient les fusées et intéressaient la Défense nationale! Mais M. Roche-Verger était furieux de la protection qu'on lui imposait et ne manquait jamais de souhaiter les pires malheurs à ses gardes du corps. « Deux! s'écria-t-il. Je vais protester auprès du ministre. » Puis il ajouta d'un ton optimiste : « Enfin, avec les giboulées de mars, ces messieurs ne perdent rien pour attendre. D'ici le matin, ils ont encore le temps d'être trempés comme des soupes. A propos, Choupette, j'ai une nouvelle devinette à te soumettre. Qu'est-ce qui commence par U et qui fait de la musique? — Je ne sais pas », répondit Choupette en s'étendant sur le tapis, face au poste de télévision. Son père adorait les énigmes et lui en posait au moins une nouvelle par soirée. « Voyons, ma fille. Cela commence par U... C'est pourtant clair. — Ukulele! s'écria Choupette. Mais ce n'est pas de jeu : c'est un mot anglais. — Ce n'est pas Ukulele, c'est Un violon, mot français s'il en fut. — Elle est idiote, ta devinette. — Maintenant : qu'est-ce qui commence par D et qui fait de la musique? - Deux violons, je suppose. — Précisément. Qu'est-ce qui commence par T et qui fait de la musique? — Oh ! papa. Trois violons, bien entendu. — Pas du tout, ma fille, pas du tout. Une Trompette. » Choupette fit la moue et mit la télévision en marche. M. Roche-Verger, très fier de lui, s'installa dans le fauteuil aux ressorts cassés et à la tapisserie en lambeaux qu'il affectionnait particulièrement. Le petit écran s'alluma. Alice Despoir, annonceuse à la voix suave et aux cheveux platinés, lisait, la bouche en cœur, les prévisions météorologiques. « Dans la région parisienne, de nombreuses averses sont prévues au cours de la nuit. En revanche, au sud d'une ligne Nantes-Saint- Etienne... - Ha, ha! fit M. Roche-Verger en se frottant les mains. Nos hérons n'ont qu'à bien se tenir! La dame a dit : de nombreuses averses! » A ce moment, le visage souriant et sophistiqué de Mlle Alice Despoir disparut brusquement de l'écran. Il y eut des zébrures de lumière sur fond noir, un grésillement inquiétant, une pétarade, l'obscurité. « Une panne? » s'étonna M. Roche-Verger. Mais déjà une image se formait de nouveau sur l'écran. De l'ombre émergeait la silhouette monumentale d'un homme assis dans un fauteuil. Son visage resta brumeux jusqu'à la fin de l'émission comme si l'objectif avait été mal focalisé, mais son corps, ses mains, et les détails du local où il se trouvait — une étroite cabine bardée de compteurs, de cadrans, de manettes et de leviers divers — apparurent clairement. L'homme était gros, adipeux, énorme. Ses joues gélatineuses ballottaient quand il parlait. Son cou se fondait avec son torse colossal. Ses doigts, reposant sur les accoudoirs chromés de son fauteuil, ressemblaient à autant de boudins blancs. Il avait une seule jambe paralysée, qui paraissait aussi épaisse que celle d'un éléphant : l'autre était réduite à un court moignon coupé presque à ras du bassin. On ne pouvait distinguer les traits de son visage, mais on les devinait noyés dans la graisse et dans la chair. « Qui est-ce, celui-là? s'étonna le professeur. Le dernier prix de beauté de Saint-Tropez? » Choupette ne quittait pas l'écran des yeux. Elle frissonna. Elle sentait qu'avec l'image de l'inconnu une présence menaçante s'était introduite dans le petit appartement banlieusard où elle avait toujours vécu. Un mince tilet de voix s'échappa du uploads/Geographie/ lieutenant-x-langelot-08-une-offensive-signee-langelot-1968.pdf
Documents similaires










-
49
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 20, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
- Taille du fichier 5.5635MB