AUGUSTO LUNEL DE SOLEIL A SOLEIL CHANT 1 Personne n'échappera à mon amour, au l

AUGUSTO LUNEL DE SOLEIL A SOLEIL CHANT 1 Personne n'échappera à mon amour, au lys à la blancheur qui brûle, à la parole qui incendie ce qu'elle nomme. La tempête sortie d'une rosé dont le silence creuse le précipice, creuse en toi jusqu'à la mer la mort, brise le château de lampes pour que la lumière se déverse à tes pieds. Un aigle ouvre les ailes dans ta poitrine et une douleur bleue dans la mienne. Le coeur emporté par des vents contraires, la poitrine profonde et fermée comme un coup de tonnerre, l'oeil qui me manque me regardant du typhon qui approche, l'être comme une blessure rauque, je vais dans mon amour comme dans l'air au tien comme dans ton sang. ----- CHANT II Je bondis sur l'étoile où croît la brise, fleur d'air que je cueillis à pleines mains, mais c'est un bouquet de trombes ce que je lâche sur la terre. Laisse-moi te parer du fastueux collier du remous, te noyer la peau de lointain. Sang externe qui coule dans les rues, plein de poissons qui chantent et dont la chanson comme un poisson saute dans ta bouche, sang poussé par des dauphins qui rougissent le néant, mon amour va vers toi rasant tout. J'aime du soleil, j'aime depuis toi, je viens de partout, je viens m'en allant, je viens de loin à ma bouche. J'aime ; la mer entre dans une larme, le déluge dans une goutte de rosée ; c'est une douce catastrophe la brise. J'aime ; je parle à l'oreille de planète à planète, je me tais d'homme à homme ; de soleil à soleil je confie mon secret. J'aime ; un galop habille la prairie, des juments bleues courent dans le ciel, chaque hennissement est une étoile et l'eau est un son de fer à cheval. j'aime dans la lande nue de ta voix. l'air est chargé d'épées, un coup de vent a brisé l'horizon ; blessée, la foudre se couche à tes pieds. ------ CHANT III Le verre se brisait d'une eau si pure ; il fallait un verre comme ta voix, une cruche comme le matin, ma soif autour de la terre déserte. Le jour se fêlait d'un son si clair ; il fallait un verre comme ton silence, une coupe comme l'automne, me taire d'un pôle à l'autre. La nuit se brisait d'un vol si subit ; il fallait un verre comme ta vie, un récipient comme ton sang, mon vide tombant dans le vide. Le ciel est resté derrière, le corps devance le futur, l'éternité passe. De toi à moi l'air tombe blessé. La terre est un oiseau sur le point d'ouvrir les ailes. Au travers d'un rocher sans. fin, je marchais vers ta voix laissant la mienne en arrière qui m'appelle de plus en plus loin ; il fallait un verre comme ta peur, un verre comme le néant, ma mort autour du monde. Musique immobile, musique emplie d'eau, vent sous le fleuve, je t'attends en retenant l'amour comme la respiration, la vie, comme un cri, l'être, comme les larmes. ---- CHANT IV Rivière en moi, oiseau qui vole dans mes veines, la voix qui ne sortait pas restait suspendue dans le précipice de la gorge ou descendait tailler à couteaux le coeur. La voix enfermée, la voix dans la chair, déchaînait la mer avec une larme. Mais aujourd'hui est sortie la voix qui coulait dans les veines, la voix qui brûlait dans les ténèbres. Une épée coupa le silence et des nuages de corbeaux volèrent dans le vide. La rauque obscurité roula par terre et la panthère noire qui se débattait dans mes poumons. Foudre lente et obstinée, soleil dans la gorge, la voix de rocher brisé par la voix a rompu la bête sans bouche. Les vagues chargées de couteaux déversent dans l'air des paniers de poissons. La voix, ce moment où le sang est transparent, cataracte vers le haut, fleuve qui saute le précipice, est sortie m'emportant. La voix poussée par des corbeaux, poussée par des éléphants sous terre poussée par des baleines,entre en toi jusqu'aux arbres ou sans sortir de moi t'entoure. L'écho a fait crouler les murs, le silence a brûlé dans le clocher. Notre coeur sera bientôt notre bouche, la voix sera vue, touchée et respirée ; la pluie, uniquement ce que tu chantes. Vers ta voix émigreront les hirondelles, vers ta voix se tourneront les héliotropes. Clair de ta voix sera l'espace, profond de ta voix l'abîme. Aujourd'hui c'est la vendange de l'air. ---- CHANT V ... Et toi, Femme dont la peau caresse quand tu passes, plus blanche que la douceur de le dire, dont la respiration suspend la planète à travers l'eau rouge d'aurores, le souffle qui éteint un astre et en allume un autre, tu portes mon tremblement comme je porte sur moi ton existence. Femme de colombes en plein vol, aux yeux de métal blessé, aux yeux où l'eau incendie et le feu mouille, sépare-moi de cette solitude qui laisse en solitude tout ce qu'elle touche. Femme, jour fermé, femme à la démarche nue, au chant nu, je vais et viens en toi, je vais en toi aux autres. Tes jambes me dénudent et tes seins, pêches qui montrent leur coeur et sont musique dans la bouche, m'arrêtent en moitié de moi-même. Immobile vers toi, immobile m'envolant, je m'arrête au milieu de la vie. Immobile vers la mer, immobile à grands pas, immobile en tombant au milieu de mon corps, immobile en fuyant, je m'arrête au milieu de l'éclair. Dans un souffle d'abeilles dans le lointain, je m'arrête en toi au milieu de la mort. Que la vie m'ôte la vie ! ---- CHANT VI Vie en elle-même consumée et jamais consommée, mort perpétuelle, mort brisée d'abeilles, alouette cachée dans son chant, colibri caché dans son vol, danseuse sur des aiguilles sonores, aux pieds de langues avides, aux jupons que le vent soulève sur le Pacifique, aux champs de blé qui bercent l'aube, tes mouvements sont un vase qui contient le vol des oiseaux, ton saut, la bise immobile, tes cheveux, la tempête, ton coeur, le mien. Faite femme, chaussée de pluie, habillée de précipices ou d'un éclair qui tourne sur lui-même, tu ajoutes ta voix à la source, tes mains au matin, ta poitrine à la lune, ton dos à la rivière, ... tes épaules à la caresse de la lumière sur la peau nue, tes cuisses à la clarté du fruit dans la bouche, /ton sexe, comme un baiser, à l'aurore au parfum rosé, ton désir à la voracité de l'éclair sur la nuit. ---- CHANT VII Le Poème Le cor de chasse résonne dans le soleil et précipice horizontal est le cerf. Blessé à mort de ma vie, cerf à la course bleue, cerf paré de vent, où la vitesse dans ses bois jamais ne s'arrête, l'éclatement de ton coeur s'ouvre dans ma poitrine. Clair royaume du mouvement où s'arrêter est s'obscurcir, vie qui monte à la bouche, rosée dans la gorge de la nuit, cerf dont la peau ne le sépare pas de l'air, tu dénudes les prairies à ton passage, éblouis l'espace à l'oeil vorace, incendies les nuages, fleuris en embrassant toute la forêt. Un rayon de soleil t'ouvre le dos. Le jour ne suffît plus pour tous, ni l'air que tu emportes dans tes bois me laissant sans baleine, ni le trésor que la nuit déverse dans les rivières, les rivières dans les oiseaux, les oiseaux dans la poitrine ; ... aujourd'hui, seul mon vide peut remplir le tien. uploads/Geographie/ lunel-augusto-7-chants.pdf

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