& ses conséquences sur le destin du Cameroun Enoh Meyomesse Um Nyobè : le comba
& ses conséquences sur le destin du Cameroun Enoh Meyomesse Um Nyobè : le combat interrompu La disparition tragique de Ruben Um Nyobè le 13 sep- tembre 1958 a mis fin au combat pour la réunification et l’indépendance du Came- roun que menait, avec achar- nement depuis une dizaine d’années, cette grande figure du patriotisme camerounais. Quelles ont été les consé- quences de cet événement tragique pour la suite de l’é- volution du Cameroun ? Ruben Um Nyobè aurait- il pu éviter la fin qui a été la sienne, étant donné l’hostili- té phénoménale dont il était l’objet ? C’est à ces différentes in- terrogations que tente de ré- pondre le présent ouvrage. Enoh Meyomesse est un écrivain et homme politique né à Ebolowa en 1954. Il est un spécialiste de l’histoire de la décolonisation du Cameroun. Chapitre I : L’interruption physique du combat : l’assassinat de Ruben Um Nyobè A – L’assassinat selon Georges Chaffard B – L’assassinat selon l’opinion publique bassaa Chapitre II : Um Nyobè mort : mise en place du néo-colonialisme A – Les critères du choix du 1er président Camerounais B – Mbida, Soppo Priso, Njoya Arouna réfractaires : Ahmadou Ahidjo consentant Chapitre III : Ruben Um Nyobè aurait-il pu réussir son combat ? A – Um Nyobè n’était pas Ahmed Sekou Touré B – Um Nyobè comme Boganda, Lumumba, Olympio Chapitre IV – Les tentatives de reprise du combat après Ruben Um Nyobè A – Les différents maquis des Camerounais B - La lutte des Camerounais dans la clandestinité. Chapitre V : L’indépendance toujours d’actualité A – Pouvoir à Yaoundé : décision à Paris B – Refonder la relation France-Cameroun Introduction La disparition tragique de Ruben Um Nyobè le 13 septembre 1958 a mis fin au combat pour la réunification et l’indépendance du Cameroun que menait, avec acharnement, depuis une di- zaine d’années, cette grande figure du patriotis- me africain. Bien mieux, elle a donné naissance à une véritable légende, celle de la résistance hé- roïque des Camerounais au colonialisme, au point où ceux-ci en ont fait leur héros le plus vénéré, celui dont le nom, malgré une cabale gigantesque menée par l’administration came- rounaise pour qu’on l’oublie, ne s’effacera jamais de leur mémoire. Les conséquences de cet événement tragique ont été dramatiques pour la suite de l’évolution du Cameroun, le pays pour la liberté duquel il avait donné sa vie. Mais, Ruben Um Nyobè aurait-il pu éviter la fin qui a été la sienne, à savoir, se faire tirer dessus en pleine forêt de la Sanaga-Maritime, au regard de l’hostilité phénoménale dont il était l’objet ? Malgré tout, au vu des critiques à la fois nombreuses et acerbes que font les Camerounais sur la manière dont l’indépendance de leur pays a été proclamée le 1er janvier 1960, d’une part, et des nombreux maquis et autres actes de bra- voure qu’ils n’ont cessé de poser depuis lors, d’autre part, n’est-ce pas, dans une certaine ma- nière, le combat de Ruben Um Nyobè qui se poursuit toujours ? Chapitre I : L’assassinat de Ruben Um Nyobè L’histoire a retenu que c’est le 13 septembre 1958, en fin de matinée, que Mpodol, autrement dit, Ruben Um Nyobè, a été vaincu par les for- ces colonialistes. Sous d’autres cieux, cette date aurait été célébrée, tous les ans, comme jour du souvenir ou quelque chose de ce genre. Mais, le régime d’Ahmadou Ahidjo, le premier président du Cameroun, d’abord, puis de Paul Biya, le second, en ont jugé autrement. Bien mieux, si le second ne pourchasse plus quiconque prononce son nom, sous le premier, en revanche, la seule évocation, en public, de celui-ci, valait les pires ennuis au quasi-écervelé qui l’avait fait. Les Camerounais se souviennent que, le 13 septem- bre 1974, un speaker célèbre de Radio-Came- roun, nommé Sébé Njoh, avait commis l’inqua- lifiable imprudence de signaler, parmi les anni- versaires du jour, dans son émission matinale à forte audience « Bonne fête : chronique des pe- tits événements quotidiens »: « 13 septembre 1958, mort de Ruben Um Nyobè ». Il avait été, sur-le-champ, interpellé par la police politique, puis torturé pendant des mois, et finalement sus- pendu d’antenne et de salaire pendant presque une année entière. A – L’assassinat de Ruben Um Nyobè selon Georges Chaffard Georges Chaffard, un journaliste français du quotidien Le Monde, chargé de couvrir le con- tinent africain, tout au long des années cin- quante, nous a décrit la mort de Ruben Um Nyobè de manière suivante dans son ouvrage Les carnets secrets de la décolonisation, tome I, Calman Levy, Paris, 19…, page …I : « Le samedi 13 septembre 1958, un déta- chement opérant par petites équipes de quatre à cinq hommes, fouille les environs de Boum- nyebel. L’une des équipes découvre un campe- ment fraîchement abandonné. Des indices mon- trent que la fuite de ses occupants remonte à quelques minutes seulement, juste avant l’arrivée des soldats. Le capitaine commandant le détache- ment, rameute aussitôt ses patrouilles pour « boucler » la zone entourant le campement. La chasse à l’homme est ouverte. Une patrouille de tirailleurs Sara (tchadiens) se dirige vers une col- line proche, qu’elle doit visiter. Elle est com- mandée par un sergent-chef africain. Soudain les tirailleurs débusquent quatre hommes tapis dans les fourrés, qui s’enfuient en courant. L’un d’eux porte une grosse serviette. Dans son rapport ver- bal, le sergent-chef racontera qu’il l’a tout de suite identifié pour un « intellectuel », et qu’il a fait les sommations réglementaires. Et comme les fuyards continuaient de courir, il a donné l’ordre de tirer. Tous sont tombés. Les tirailleurs se sont alors approchés des corps, les ont fouillés consciencieusement, à la recherche de montres, de bagues, ou gris-gris divers. La serviette n’a pas été retrouvée, son propriétaire l’ayant sans doute jetée dans les broussailles avant d’être frappé. L’équipe laisse-là les cadavres et s’en va rendre compte. A la description donnée par le sous- officier, et mention faite de la serviette, le capitaine pressent que l’un des morts peut-être Um Nyobè. Il se rend aussitôt sur les lieux, emmenant avec lui des notables de Boumnyebel qui ont connu Um. Le cadavre est identifié. On bat les broussailles alentour, et l’on retrouve la fameuse serviette. Elle contient, outre d’abon- dantes archives de l’Upc, le carnet intime sur le quel le « Mpondol » depuis des mois notait ses rêves et ses pensées quotidiennes. On ramène les corps au village, on invite les Bassaa à venir, eux- mêmes, constater la disparition du plus célèbre d’entre eux … » B – L’assassinat selon l’opinion publique bassaa Naturellement, cette thèse de l’assassinat de Ruben Um Nyobè en plein maquis, fuyant com- me un poltron les troupes coloniales ne con- vient, nullement, à nombre de Camerounais, en particulier, les membres de la communauté Bassaa à laquelle il appartenait. Un héros ne meurt jamais ainsi. Pour tout dire, ils ne croient pas un mot de ce récit. Pour leur part, ils affirment que Mpôdôl – tel était le nom que les Bassaa lui avaient attribué et qui signifie, guide – avait, plutôt, été capturé, vivant, en pleine forêt, à la suite de la traîtrise de son plus proche collaborateur, Théodore Mayi Matip, du reste ex-agent de la police coloniale, et amené à Yaoundé. Puis, il avait été présenté à Pierre Messmer, Haut-commissaire de la Répu- blique française au Cameroun à l’époque. Ce dernier avait proposé à Ruben Um Nyobè de renoncer à son combat pour la réunification et l’indépendance du Cameroun, contre quoi, il lui garantissait la vie sauve. Mpôdôl, naturellement, ne pouvait que lui opposer une fin de non- recevoir. Il lui avait dit que le Cameroun, à la différence des autres territoires sous domination française en Afrique, n’était pas une colonie, mais, plutôt, un territoire international sous tu- telle des Nations Unies, à l’administration, uni- quement, confiée à la France. A la suite de cette réponse sans appel de Ruben Um Nyobè, Pierre Messmer avait décidé sa mort. Il avait alors été assassiné dans les officines de la police coloniale, puis, son corps avait été transporté, de nuit, dans la forêt où se trouvait son maquis, et, enfin, l’armée coloniale s’était livrée au théâtre qui aura consisté à prétendre que le Mpôdôl avait été abattu pare ce qu’il voulait s’enfouir, au moment où il était sur le point d’être capturé. Augustin Frédéric Kodock, upéciste de la se- conde génération, apporte un complément d’information qui renforce la thèse de la trahison de Ruben Um Nyobè par ses proches : « …Quand le gouvernement français a consenti, sous la pression, d’octroyer l’indépendance au Cameroun, il fallait savoir comment contacter Um Nyobè, retranché dans le maquis de Boum- nyébel. Le commissaire en charge de la sécurité publique en poste à Yaoundé a entrepris de pren- dre mèche avec lui. Ila écrit une lettre à lui destinée. Cette lettre a été remise à un nommé Mbog Mbog Tongmam, qui se trouvait, par la force du hasard, être le frère de Théodore Mayi Matip. Mayi qui, lui-même, était en uploads/Geographie/ um-nyobe-le-combat-interrompu-et-ses-consequences-sur-le-cameroun.pdf
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- Publié le Mai 01, 2021
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