Histoire maritime de Bretagne Nord Aout 2018 Pierre-Yves Decosse http://www.his

Histoire maritime de Bretagne Nord Aout 2018 Pierre-Yves Decosse http://www.histoiremaritimebretagnenord.fr/ Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 2.0 France Le 25 juin 1810, l’e vasion du capitaine He non, d’un ponton anglais Dessin légendé d’un des sinistres pontons anglais, le San Issidro à Plymouth réalisé par un prisonnier (source Gallica BNF) Parmi les beaux faits qui signalèrent, durant les guerres de l’empire, les tentatives audacieuses de nos prisonniers pour recouvrer leur liberté, nous choisissons, pour les transmettre à l’histoire, celle du capitaine François Joseph Hénon, de Saint Lunaire (petit bourg sur la côte, à 5 kilomètres de Saint-Malo). Si elles n’ont point été inscrites dans les fastes maritimes, elles n’en sont pas moins restées gravées dans la mémoire des contemporains comme des prodiges d’intrépidité. Formé de bonne heure à la périlleuse navigation de nos côtes bretonnes, hérissées d’écueils, le jeune Hénon, par sa précoce expérience, avait été élevé au grade de second chef de timonerie ; il servait en cette qualité à bord de la frégate Le Président, en 1806, lorsqu’elle tomba au milieu d’une division anglaise : un combat opiniâtre s’ensuivit ; mais la frégate française se Histoire maritime de Bretagne Nord Aout 2018 Pierre-Yves Decosse http://www.histoiremaritimebretagnenord.fr/ Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 2.0 France trouva dans la nécessité de céder à des forces si démesurément supérieures ; son équipage fut envoyé à Plymouth, et enfermé dans Mill-Prison, affreuse demeure, proche de la citadelle. Il y avait trois années que François Hénon gémissait sous les verrous britanniques, et chacun des jours qui s’était écoulés avait rendu plus impérieux chez lui le besoin de recouvrer sa liberté. Il communiqua à quatre braves comme lui le projet qu’il avait formé de fuir, et ce projet, malgré les dangers qui l’environnaient, fut accueilli avec enthousiasme. Il fallait avant tout à ces énergiques l’indépendance qu’ils avaient rêvée sous les souffrances d’une cruelle détention. Au milieu d’une nuit obscure, grâce à leur agilité, trompant la vigilance des soldats anglais, ils franchissent les obstacles, narguent les coups de fusil, et se trouvent dans les champs, libres de toutes entraves. Apres avoir erré à l’aventure pendant quarante-huit heures, ils rallient, à la faveur de l’obscurité, une des criques de Cat Water et se jettent à la nage pour s’emparer d’un petit canot qui y était ancré, armé de quatre avirons. Malgré les faibles dimensions de l’embarcation, ils ne balancent point à prendre la pleine mer. Armés chacun d’un poignard qu’ils ont fabriqué eux-mêmes, ils sont décidés à aborder le premier navire qu’ils rencontreront « Réussir ou périr ! » disent-ils ; et ramant avec courage, leur esquif sortit avant le jour de la vaste baie de Plymouth. Mill Prison à Plymouth, cette prison destinée aux prisonniers de guerre se situait à proximité de l’actuel terminal de ferries de Plymouth à Mill Bay (Coll privé) Au lever du soleil, Hénon et ses camarades étaient à deux lieux au large de Weymoury, explorant l’horizon, lorsque, tout-à-coup, le vent qui était resté modéré de l’ouest, sauta au sud-ouest, et souffla avec une violence extrême. Les braves luttèrent néanmoins contre cette brise immodérée qui soulevait les flots ; mais tous leurs courageux efforts devinrent inutiles Histoire maritime de Bretagne Nord Aout 2018 Pierre-Yves Decosse http://www.histoiremaritimebretagnenord.fr/ Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 2.0 France devant la tempête qui se déclara, et le bateau enlevé comme une algue, fut jeté sur les rochers de la côte, où il se brisa. Les anglais du lieu accoururent pour porter les secours que réclamaient les naufragés ; mais ayant reconnu en eux des français, ils restèrent sans pitié pour ces pauvres fugitifs. A peine purent-ils marcher, que ceux qui les avaient recueillis allèrent les livrer au commissaire préposé à la surveillance des prisons, qui leur remit le prix de leur capture. Ce chef impitoyable condamna chacun des cinq prisonniers à quarante jours de cachot, à bord du ponton le Généreux, ancré à 2 milles N.O de Mill-Prison, sur la rivière Tamar, qui se jette dans le sound de Plymouth. Là, durant six mois, ils ne reçurent qu’une demi ration ; l’autre portion fut vendue au profil du propriétaire du bateau, qui eut l’inhumanité de la recevoir. Pour qui connait les affreux cachots des pontons et l’exiguïté de la ration du prisonnier, cette mesure atroce équivalait presque à un arrêt de mort. Quoi qu’il en fût, grâce à sa courageuse résignation et à sa robuste santé, Hénon supporta le surcroit de rigueur ajouté à la séquestration. A quelques temps de là, il tenta une nouvelle évasion ; mais elle échoua, et attira sur lui un nouveau et terrible châtiment. Néanmoins, poussé par l’instinct de la liberté, qui donne au prisonnier ces mouvements impérieux qui le portent à braver la mort pour conquérir son indépendance, Hénon réunit sept autres prisonniers, aussi résolus que lui, et son plan adopté il va essayer une troisième fois de briser ses fers. Déterminés à affronter tous les périls qui se présenteront, ces huit braves se mettent à l’œuvre pour hâter le moment de leur délivrance. Après des travaux inouïs, et exécutés avec une patience qu’eux seuls pouvaient avoir, ils parvinrent à percer l’épaisse muraille du ponton. Les précautions qu’ils prenaient durant leur long et pénible ouvrage pour en cacher les progrès furent si ingénieuses, que les anglais, malgré une surveillance de chaque jour et même de chaque heure, ne purent s’en apercevoir. En même temps, ces travailleurs, qui se défiaient d’une dénonciation, toujours bien rétribuée par les agents du gouvernement britannique, menaçaient des effets de leur ressentiment quiconque d’entre les prisonniers oserait dévoiler aux anglais ce qu’ils avaient entrepris pour se soustraire à leur cruelle captivité, et nul n’osa s’exposer à les encourir : aussi, tant d’audacieux et persévérants efforts devaient-ils cette fois être couronnées de succès. Cette représentation d’un ponton anglais par Howard Cooke inspira François Bourgeon pour sa BD les Passagers du vent (Source Gallica) Histoire maritime de Bretagne Nord Aout 2018 Pierre-Yves Decosse http://www.histoiremaritimebretagnenord.fr/ Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 2.0 France Le 25 juin 1810, au soir, les huit captifs se disposèrent à quitter le Généreux, un de ces hideux pontons, opprobres de la Grande-Bretagne, et pour cela, chacun d’eux se munit d’un petit sac si bien suifé et si bien fermé, que l’eau n’y pouvait entrer ; ce sac contenait un rechange et un poignard. Hénon avait ajouté à ce bagage une petite boussole qu’il avait faite lui-même et qui devait servir à guider la petite troupe aventureuse au milieu de l’océan. A onze heures, l’obscurité étant devenue profonde sur les eaux de la Tamar, nos intrépides français démasquent le trou qu’ils ont pratiqué dans les flancs du Généreux ; bravant les balles des factionnaires et les terribles châtiments qui les attendaient, ils s’affalent doucement et l’un après l’autre dans le fleuve, afin de gagner à la nage la terre de Carbell-Point sur la rive droite, opposée à King’s Dock : là, ils devaient se rallier au nombre de huit seulement, puisque aucun autre d’entre les 800 prisonniers du ponton n’avait osé les suivre dans leur périlleuse évasion. Ils trouvèrent bien plusieurs embarcations échouées au milieu des vases, mais toutes étaient démunies des objets essentiels pour les manœuvrer. Leur embarras étaient des plus grands, lorsque qu’Hénon et Dénéchaut, de Nantes, aperçurent près d’eux un chantier de construction, où ils prirent quatre morceaux de bois pour remplacer les avirons qui leur manquaient ; Degarabi, de Pleudihen et Jacques Brûlon, de Saint-Cast, accoururent à leur aide, et, munis de ces rames improvisées, ils de dirigèrent vers les embarcations. Leur choix s’arrêta sur le plus léger bateaux de ceux qu’ils avaient à leur disposition, et, le poussant au large, ils voguèrent tous les huit à la recherche d’un navire à leur convenance. Modèle de cotre pilote britannique du début du XIXème siècle (Source National Maritime Museum) Enveloppé dans l’ombre qui voilait la surface du fleuve, le canot sans être aperçu, put prendre connaissance de plusieurs reposant à l’ancrage de Hamowze (les français écrivent Hamoaze) ; l’étude qu’en firent les fugitifs leur révéla la nature de ces bâtiments, qui étaient tous des frégates ou des vaisseaux de guerre. En continuant leur investigation à la faveur des ténèbres, qui confondaient ensemble la terre, les navires, le ciel et les eaux, ils distinguèrent à quelques encablures du mouillage des vaisseaux de haut-bord, un cutter de 45 à 50 tonneaux ; c’était en effet l’Union, chargée en plein de poudre de guerre. Par l’apparence extérieure de ce Histoire maritime de Bretagne Nord Aout 2018 Pierre-Yves Decosse http://www.histoiremaritimebretagnenord.fr/ Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 2.0 France navire, qui joignait à des formes rases et élancées un gréement léger et bien tenu, ils présumèrent que ce pouvait être une des mouches de l’escadre, ou un des bâtiments armés par la douane , et, dans un premier uploads/Histoire/ 1810-l-x27-evasion-du-capitaine-henon.pdf

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  • Publié le Jan 03, 2023
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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