B U L L E T I N DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE NUMISMATIQUE PROCHAINES SÉANCES MARS
B U L L E T I N DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE NUMISMATIQUE PROCHAINES SÉANCES MARS 2016 71 03 Publication de la Société française de Numismatique | www.sfnumismatique.org SOMMAIRE ÉTUDES ET TRAVAUX 82 Arnaud SUSPÈNE, Jean CHAUSSERIE-LAPRÉE, Michel RÉTIF Un ensemble d’aurei (46-27 a.C.) mis au jour sur le site de Tholon lors des fouilles d’archéologie préventive du lycée Paul-Langevin à Martigues 91 Jérôme JAMBU L’attribution d’une pièce de mariage normande (Rouen, 1812) CORRESPONDANCES 96 Philippe GANNE Un patac de Charles VIII attribuable à l’atelier d’Aix-en-Provence ? SOCIÉTÉ 99 Compte rendu de la séance du 5 mars 2016 109 Instructions aux auteurs SAMEDI 02 AVRIL 2016 - 14h - BnF, Salle des Commissions SAMEDI 30 AVRIL 2016 - 14h - Monnayages gaulois - BnF, Salle des Commissions 10-12 JUIN 2016 - Journées numismatiques à Colmar — 82 — ÉTUDES ET TRAVAUX Arnaud SUSPÈNE*, Jean CHAUSSERIE-LAPRÉE**, Michel RÉTIF*** Un ensemble d’aurei (46-27 a.C.) mis au jour sur le site de Tholon lors des fouilles d’archéologie préventive du lycée Paul-Langevin à Martigues Un exceptionnel ensemble d’aurei frappés entre 46 et 27 a.C. a été découvert en 2014 et 2015 dans le cadre de fouilles d’archéologie préventive. Cet ensemble, comme le site dont il provient, est toujours en cours d’étude et fera l’objet d’une publication détaillée. Mais il nous a paru important d’en donner sans attendre une première présentation. Nous commencerons par décrire le site, puis nous reviendrons sur les monnaies elles-mêmes. 1. Le contexte archéologique Le site de Tholon occupe un espace naturel préservé en bordure de l’étang de Berre, dans la partie nord de la ville actuelle de Martigues1. Depuis 1998, il a fait l’objet de recherches sous la direction du service Archéologie de la ville de Martigues. Les récentes fouilles préventives (2011 et 2014-2016) liées à la restructuration du lycée 3DXO/DQJHYLQFRPPDQGpHVSDUOD5pJLRQ3URYHQFH$OSHV&{WHG·$]XURQWFRQÀUPp que se tenait là l’assise d’une ville gallo-romaine, occupée entre le Ier siècle av. J.-C et ODÀQGXIVe siècle ap. J.-C. Tout porte à croire que l’on est en présence de l’agglomération que les textes antiques désignent sous le nom de Maritima Avaticorum2. Ces recherches sont également à l’origine de la découverte de 48 monnaies d’or romaines, émises entre 46 et 27 av. J.-C3. Tholon, site de Maritima Avaticorum L’espace où ont été découverts les différents vestiges archéologiques appartenant à Maritima occupe une superficie d’environ cinq hectares. Seules ses limites vers l’ouest sont à peu près connues. L’agglomération y est en effet circonscrite par un fossé de 3 m de large, dont le tracé linéaire nord-sud, repéré sur plus de 80 m, marque la frontière entre les premières habitations urbaines et une route empierrée de galets d’une dizaine de mètres de large, qui correspond à la voie côtière entre Arles et Marseille. À l’est, côté étang, la remontée du niveau de l’eau depuis l’Antiquité, conjuguée à une importante érosion des rives de la lagune, a occulté l’extension et la forme de l’agglomé- ration qui est ici submergée. Mais les recherches d’archéologie sous-marine menées sous la direction de Bertrand Maillet y ont repéré des éléments importants, en particulier des enrochements associés à de nombreux pilotis de bois, interprétés comme les * arnaud.suspene@univ-orleans.fr. ** jean.chausserie-lapree@ville-martigues.fr. *** archeologie@ville-martigues.fr. 1. CHAUSSERIE-LAPRÉE 2005. 2. CHAUSSERIE-LAPRÉE 2015. 3. CHAUSSERIE-LAPRÉE et alii 2015. — 83 — vestiges d’une digue qui protégeait le site, à environ 50 m de la rive actuelle. L’extension et les limites de la ville antique restent encore imprécises au nord comme au sud où les travaux d’urbanisation des années 1960 ont détruit une grande partie des vestiges. Figure 1 - Plan des vestiges reportés sur la vue aérienne du site (DAO : V. Canut, Service Archéologie, 2015). Malgré ces lacunes, les investigations archéologiques permettent d’appréhender les grandes lignes de l’emprise, de l’organisation et de l’architecture d’une aggloméra- tion gallo-romaine dont l’implantation initiale s’opère à même le terrain géologique (marne ou poudingue bégudien de l’ère tertiaire le plus souvent). Quelques repères chronologiques L’installation de cette agglomération, sur un site vierge de toute occupation antérieure, a dû s’étendre sur une assez longue durée (tout le Ier siècle av. J.-C.) selon les secteurs. Si nous en saisissons souvent une simple trace sous la forme d’objets domestiques, vaisselle et amphores principalement, dans les sols les plus anciens, elle ressort aussi de manière très spectaculaire dans le monnayage abondant et varié présent sur le site (monnaies tardives de Marseille en bronze et en argent, monnaies GHODÀQGHOD5pSXEOLTXHHWGHVGpEXWVGHO·(PSLUH4). 4. Les monnaies de fouille du site de Tholon (hors le dépôt d’aurei) sont étudiées par M. Jérôme Casta, membre de la SFN. — 84 — De nombreux indices signalent encore une phase intermédiaire d’abandon dans le courant du IIe siècle, qui se traduit par un délaissement partiel des maisons et l’enfouissement des rues sous des vestiges d’habitat effondré. D’autres témoignages, comme la transformation des citernes en habitat domestique, rendent compte d’une réoccupation du site aux IIIe et IVe siècles. Maritima paraît avoir été abandonnée de PDQLqUHGpÀQLWLYHjODÀQGXIVe siècle ap. J.-C. Un maillage régulier de voies de circulation Les constructions, qui s’étagent en terrasses jusqu’au rivage, s’organisent selon un quadrillage régulier de rues se croisant à angle droit. Le tracé et l’orientation d’une dizaine d’axes de communication intra muros sont aujourd’hui connus. Deux ou trois axes nord-sud forment la trame principale de la zone urbanisée. Mais ce sont en réalité les rues est-ouest qui imposent l’orientation des îlots d’habitation. Parmi ces voies, il en est une, au nord, large de près de 5 m et débouchant sur l’extérieur, TXLIDLWRIÀFHGHdecumanus principal. Ces rues présentent de nombreux aménagements, OHVXQVjFDUDFWqUHSXEOLF WURWWRLUVGDOODJHVGUDLQVHWGpÁHFWHXUVGHVHDX[SOXYLDOHV ou usées), les autres d’ordre domestique (fours à pains, foyers de divers types, dépotoirs), selon un modèle largement reconnu dans la voirie protohistorique. Ilots d’habitation, ouvrages et bâtiments publics Les rues délimitent une quinzaine d’îlots d’habitation longilignes dont la nature HWODFRQÀJXUDWLRQJpQpUDOHUDSSHOOHQWOHVVFKpPDV©SURWRXUEDLQVªGHVKDELWDWV gaulois de Saint-Pierre et de l’Île de Martigues, au IIe siècle av. J.-C. Ces îlots occupent une emprise au sol réduite. À peu près constante, leur largeur avoisine les 10 m hors œuvre quand leur longueur varie entre 43 m et un peu plus de 50 m. Les habitations qui les composent, constituées d’une, deux ou trois pièces, sont de superficie modeste et s’ouvrent en général directement sur la voirie. Au sein de l’agglomération, plusieurs édifices témoignent d’activités gérées collectivement, telles les citernes publiques destinées à recueillir l’eau douce captée dans le sol, non loin du rivage actuel. Dans la partie centrale de la zone explorée, en bordure orientale du cardo maximus, on repère également un bâtiment public de fonction indéterminée. Il tranche avec les autres constructions de l’agglomération non seulement par son architecture massive et par les puissants dés en pierre de taille, interprétés comme des supports de colonnades, qui scandent sa façade orientale, mais surtout parce qu’il vient recouper le tracé d’une des voies secondaires de l’agglomération pour occuper l’emprise initiale GHGHX[vORWVVRLWXQHVXSHUÀFLHGHSOXVLHXUVFHQWDLQHVGHP˓ Architecture et pratiques domestiques Durant les premiers temps de MaritimaO·KDELWDWRIIUHFRPPHjODÀQGHO·kJHGX)HU la même architecture mixte de pierre pour la base des murs et de terre crue pour leur élévation, les revêtements intérieurs et probablement la toiture. Si certains de FHVFDUDFWqUHV©DUFKDwTXHVªSHUVLVWHQWWRXWDXORQJGHO·RFFXSDWLRQGXVLWHOHVLQQR- vations propres à l’architecture gallo-romaine du Midi de la Gaule se manifestent dès le changement d’ère (tuiles, maçonneries au mortier de chaux, peintures murales). — 85 — L’héritage protohistorique se lit encore dans les aménagements domestiques ou artisanaux (foyers, espaces de forge, de mouture, zones et vases de stockage alimen- taire) ainsi que dans les nombreux aménagements et objets évoquant des pratiques rituelles trouvés dans les maisons, tout particulièrement dans les premiers moments de leur installation. La découverte des aurei C’est dans le remblai d’installation (parfois à même le rocher) du sol initial d’un espace compris dans un îlot de la partie occidentale de l’agglomération que les aurei ont été mis au jour. Les monnaies étaient dispersées dans la pièce, avec une concentration particulière non loin d’un petit édicule quadrangulaire très atypique, qui forme sans GRXWHXQHSODWHIRUPHG·jSHLQHP˓GRQWO·LQWHUSUpWDWLRQUHVWHjFHMRXUGpOLFDWH La compréhension de cette découverte, et de l’ensemble monétaire lui-même, est malheureusement compliquée par la présence d’une tranchée des années 1960 venue perturber profondément ces aménagements. S’il est indubitable que de nombreuses monnaies ont alors disparu, celles qui nous ont été conservées forment un ensemble d’un grand intérêt. Figure 2 - Niveau d’abandon du sol d’habitat sous lequel se trouvait le dépôt monétaire, mis au jour de part et d’autre de la tranchée de drainage des années 1960, visible à droite de l’image (photo : J. Chausserie-Laprée). — 86 — 2. L’ensemble monétaire de Martigues La composition de l’ensemble monétaire L’ensemble monétaire de Martigues est composé de 48 aurei frappés entre 46 et D&4XDWUHVRQWGDQVXQWURSPDXYDLVpWDWSRXUrWUHLGHQWLÀpV/DGLVWULEXWLRQ chronologique des monnaies est assez particulière. 46-40 a.C. 40-34 a.C. 34-29 a.C. 29-20 a.C. RRC 466/1 Hirtius 4 RRC 475/1a et 1b Plancus 4 RRC 481 Caesar cos V 2 RRC 494/3b, 494/20a 2 RRC 526/1 (?) 1 RRC 541/2 ; 544 (dont 544/3) 3 RIC 259 5 RIC 260 1 RIC 262 10 RIC 268 9 RIC 273 1 RIC 277 2 Total 13 0 29 2 Figure 3 - les monnaies identifiées. Un premier ensemble comprend 13 monnaies uploads/Histoire/ b-u-l-l-e-t-i-n-de-la-societe-francaise-de-numismatique-prochaines-seances-mars-2016-71-03.pdf
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- Publié le Apv 19, 2022
- Catégorie History / Histoire
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