Page 1 sur 55 SUPPORT DU COURS D’HISTOIRE DE Enseignant Responsable du Cours :

Page 1 sur 55 SUPPORT DU COURS D’HISTOIRE DE Enseignant Responsable du Cours : LA PENSEE ECONOMIQUE Dr KONE Balakissa COURS D’HISTOIRE DE LA PENSEE ECONOMIQUE LICENCE 1 ANNÉE ACADÉMIQUE 2021/2022 REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE UNION-DISCIPLINE-TRAVAIL MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE U.F.R. DE SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION ANNEE ACADEMIQUE : 2022-2023 UNIVERSITE POLYTECHNIQUE DE BINGERVILLE Page 2 sur 55 SUPPORT DU COURS D’HISTOIRE DE Enseignant Responsable du Cours : LA PENSEE ECONOMIQUE Dr KONE Balakissa INTRODUCTION GENERALE L’étude de l’histoire de la pensée économique, les conditions de sa naissance et de son développement met en lumière une caractéristique essentielle de l’économie politique. L’économie politique et les questions auxquelles elle s’efforce de répondre sont nées avec la production marchande. Lorsqu’apparaît la production pour un marché, lorsque de brusques fluctuations de prix causent la ruine de nombreux producteurs, lorsque l’argent nécessaire au développement de la production marchande dissout les anciennes relations sociales, les premières questions de nature économique surgissent. Ce n’est donc pas un hasard si c’est dans la Grèce antique et en Chine, où la production marchande et l’économie monétaire semblent avoir connu leur premier essor, qu’apparaît la pensée économique. De même, nous constatons que l’économie politique connaît un extraordinaire développement en Europe occidentale à partir du XVIIIe siècle, c’est-à-dire précisément au moment où la production capitaliste se développe avec force et devient prédominante. En ce sens, les conditions de la naissance et du développement de l’économie politique la font apparaître comme une science historique qui étudie des lois, elles-mêmes historiques, c’est-à- dire des lois qui sont spécifiques à un système économique et social historiquement bien déterminé : la production capitaliste. En ce sens également, il existe un rapport bien particulier entre l’état actuel des idées et des analyses économiques, et leur histoire. Une histoire qui nous aide à comprendre les controverses actuelles et l’état présent de l’économie politique. Dans la Grèce ancienne, Platon se prononce pour la propriété commune et l’interdiction de tout échange marchand, tandis qu’Aristote se déclare favorable à la propriété privée et, dans certaines limites, à l’échange marchand, ce qui le conduit à des analyses de la valeur Page 3 sur 55 SUPPORT DU COURS D’HISTOIRE DE Enseignant Responsable du Cours : LA PENSEE ECONOMIQUE Dr KONE Balakissa et de la monnaie. Au XVIe siècle, les mercantilistes louent les mérites du système capitaliste en train de naître, tandis que Thomas More le critique vivement et présente un projet de société communiste. À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, Adam Smith et David Ricardo présentent une théorie de la valeur et de la répartition des revenus qui annonce celle de Karl Marx, tandis que Jean-Baptiste Say défend une théorie tout à fait autre qui préfigure celle des auteurs néo- classiques de la fin du XIXe siècle. De même la loi des débouchés de Say peut-elle être considérée comme l’ancêtre des analyses néo-classiques de la fin du siècle sur l’impossibilité des crises générales de surproduction, tandis que les analyses de Thomas Robert Malthus sur le rôle de la demande effective préfigurent celles de John Maynard Keynes. Au XIXe siècle, enfin, s’opposent libéralisme économique et socialisme. On pourrait ainsi multiplier les exemples. Ne voit-on pas qu’il serait tout à fait vain d’imaginer que les débats actuels puissent être compris indépendamment de la forme qu’ils ont revêtue dans le passé ? L’histoire de la pensée économique est une nécessité. L’histoire de la pensée économique est une discipline importante dans l’étude des sciences économiques car elle permet de faire le lien entre les théories et les fondements idéologiques des théoriciens ainsi que le contexte de l’élaboration de la théorie. Elle permet également de comprendre l’interdépendance de l’économie et des autres sphères de la société. Elle offre des « avantages pédagogiques » dans les études d'économie. En effet, les manuels les plus récents ne permettent pas de saisir l'importance des problèmes et la validité des méthodes utilisées par les économistes. Elle contribue à la résurgence des idées nouvelles et il est toujours possible de tirer des « leçons utiles » pour le présent à partir des différentes explorations tentées par les auteurs du passé. Enfin, l'histoire de toute science « nous dévoile les démarches de l'esprit humain » ; elle nous offre le spectacle de «la logique incarnée dans le concret, de la logique liée à la vision et au projet », (Schumpeter, J. A., 1983). L’histoire de la pensée économique est alors conçue comme un élément central du progrès des connaissances en économie. L’histoire de la pensée économique n’est pas présentée ici de façon exhaustive. Cela signifie que nous ne présenterons pas tous les auteurs, que nous ferons une sélection qui permettra de donner une meilleure vue d’ensemble de chaque grand courant étudié et de mieux comprendre les filiations et oppositions, avancées et reculs, qui jalonnent la discipline. Page 4 sur 55 SUPPORT DU COURS D’HISTOIRE DE Enseignant Responsable du Cours : LA PENSEE ECONOMIQUE Dr KONE Balakissa CHAPITRE I : LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE INTRODUCTION Bien qu’ayant connu un essor remarquable depuis quelques années, la recherche économique a un riche passé qu’il est intéressant de connaitre. Par ailleurs, on doit se demander si cette recherche continue à conserver les mêmes caractères au cours du temps et notamment comment s’expliquent ce qu’elle possède aujourd’hui. Ce chapitre nous nous permettra d’aborder deux thèmes dont la compréhension est indispensable pour la suite du cours : - La définition de l’objet des sciences économiques, - Les méthodes d’analyse en histoire de la pensée économique SECTION I : LA DEFINITION DE L’OBJET DES SCIENCES ECONOMIQUES 1- L’économie politique définie comme science des richesses Au cours de la période classique, la science économique est identifiée à la science des richesses. Cette période couvre le XIXe siècle. Elle commence avec Adam Smith (Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776), se poursuit avec David Ricardo (Des principes de l’économie politique et de l’impôt, 1817) et s’achève, à la fin du siècle, avec Karl Marx considéré comme, le « dernier des classiques ». Les auteurs classiques ont évolué au cours des périodes de la première révolution industrielle, du développement du capitalisme industriel, puis de ses crises dans la seconde moitié du XIXe siècle. Page 5 sur 55 SUPPORT DU COURS D’HISTOIRE DE Enseignant Responsable du Cours : LA PENSEE ECONOMIQUE Dr KONE Balakissa La principale problématique de l’analyse classique concerne donc ce qu’on appellerait aujourd’hui le processus de croissance économique, c’est-à-dire le processus d’accumulation des richesses. Il s’agit de s’interroger sur : - Les causes de la richesse (ce qui conduit à s’interroger sur le processus de production, le mécanisme de la division du travail et les mécanismes de l’échange) ; - la nature de la richesse (ce qui conduit à s’interroger sur la nature de la monnaie et les concepts de valeur et de prix) ; - la répartition de la richesse (détermination des revenus et mécanismes de la redistribution). En corollaire, ils s’interrogent sur les limites éventuelles que pourrait rencontrer ce processus d’accumulation des richesses, notamment à l’occasion de l’analyse des crises et des cycles. Par ailleurs, en suivant ces interrogations, l’enrichissement est le but fondamental de l’individu et de la société. L’économie politique est définie alors comme la science de la richesse. 2- La « science économique » définie comme la science des choix en univers de rareté À la suite de la révolution « marginaliste », les auteurs néoclassiques (Alfred Marshall, Principes d’économie politique, 1890) vont mettre l’accent sur l’existence de la rareté. Selon eux, c’est l’existence des contraintes de rareté qui crée le problème économique, lequel devient pour l’essentiel un problème de choix. La problématique néoclassique se résume en ces questions : - Que produire et en quelle quantité (à quelle production affecter les ressources productives dès lors que celles-ci ne sont pas illimitées) ? - Comment le produire ? (Quelle est la combinaison productive la plus efficace, c’est-à- dire la plus « économe » ?) - Pour qui le produire ? (Comment répartir la richesse créée dès lors que celle-ci est rare ?) Les néoclassiques avec la problématique du « que, comment et pour qui produire ramènent ainsi l’activité économique à trois actes fondamentaux : la production, la consommation, et la répartition. Page 6 sur 55 SUPPORT DU COURS D’HISTOIRE DE Enseignant Responsable du Cours : LA PENSEE ECONOMIQUE Dr KONE Balakissa L’acte économique provient du fait que la nature ne fournit pas gratuitement et en quantités illimitées ce dont les hommes ont besoin ; ces derniers doivent donc travailler et s’organiser de façon à satisfaire leurs besoins en utilisant les ressources dont ils disposent. 3- Un objet commun : la formation des grandeurs économiques Finalement, comprendre le questionnement particulier des économistes nécessite de comprendre dans un premier temps : - Comment les agents économiques (individus, pouvoirs publics, entreprises, organisations…) effectuent, dans un monde caractérisé par la rareté a priori des ressources disponibles, leurs choix (de production, de consommation, d’investissement…) - Comment ces choix sont coordonnés de manière à déterminer uploads/Histoire/ cours-d-x27-histoire-de-la-pensee-economique-licence-1.pdf

  • 20
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Fev 11, 2021
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.5066MB