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Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : erudit@umontreal.ca Article G. Debien Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 20, n° 4, 1967, p. 525-555. Pour citer cet article, utiliser l'information suivante : URI: http://id.erudit.org/iderudit/302613ar DOI: 10.7202/302613ar Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir. Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI http://www.erudit.org/apropos/utilisation.html Document téléchargé le 11 February 2013 12:42 « La christianisation des esclaves des Antilles françaises aux XVIIe et XVIIIe siècles » LA CHRISTIANISATION DES ESCLAVES DES ANTILLES FRANÇAISES AUX XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES L'histoire de la christianisation des esclaves doit être évidem- ment tirée de la vie religieuse des colons eux-mêmes et de leur attitude devant le problème de l'instruction chrétienne de leur main-d'œuvre l. 1 SUR L'HISTOIRE RELIGIEUSE GÉNÉRALE DES ANTILLES FRANÇAISES : Abbé J. Rennard, Essai bibliographique sur Vhistoire religieuse des Antilles françaises (Paris, secrétariat des Pères du Saint-Esprit, s.d.), in-16°, 95 p. — Guil. de Vaumas, L'éveil missionnaire de la France, d'Henri IV à la fondation du Séminaire des Missions étrangères (Lyon, imp. Express, 1942), in-8°, 454 p. thèse Lettres, Lyon, p. 195-220. (Touche pres- que exclusivement à Pévangélisation des Caraïbes). — Rd. P. Joseph Janin, La religion aux Colonies françaises sous Vancien régime (de 1626 à la Révolution) (Paris, s.d. (1942) Maison Mère des PP. du Saint-Esprit), in-8°, 234 p. — Abbé J. Rennard, Histoire religieuse des Antilles françaises des origines à 1914, d'après des documents inédits (Paris, Soc* dTiist. des Col. Françaises, Larose, 1954), in-8°, 449 p. (Centrée sur la Martinique). Id., "Les missions catholiques aux Antilles", Revue d'hist. des Missions (juin 1935): 242-249; (septembre 1935): 407-426, et (mars 1936): 68-77. Id., "Etat religieux des colonies françaises aux Antilles en 1743", Revue d'histoire des Missions (sept. 1931) : 414-450. Id., "Juifs et protestants aux Antilles françaises au XVIIè siècle", Revue d'histoire des Missions (septem- bre 1933). — Journal des Missions évangéliques (4 vol., Paris, H. Servier, 1826-1829), in-8°, — Documents nombreux, sur l'introduction du christia- nisme parmi les esclaves. — P. Roussier, éd., "Un projet de constitution coloniale pour le Clergé aux Antilles", Revue d'histoire des Missions (mars 1936): 139-145. HISTOIRE RELIGIEUSE DE SAINT-DOMINGUE: P. Condon, "The Church on the island of San Domingo, U.S.", Cath. Hist Soc. Records and Studies (1918), XII: 7-28; (1929), XIII: 11-60. — William A. Trembley, "The status of the Church in Saint-Domingue during the last years of the French Monarchy, 1781-1793", Caribbean Studies, I, n0 1, (april, 1961) : 11-18. — Mgr M. Jan, évêque du Cap Haïtien, Le Cap, la paroisse (Cap Haïtien, imp. du Progrès, 1942), in-8°, 71 p. Id., Histoire religieuse du Cap. Notes et documents (Port-au-Prince, Deschamps, 1949), in-8°, 164 p. Id., Monographie religieuse des paroisses du Cap-Haitien (Port-au-Prince, id., 1950), in-8°, 379 p. Id., Collecta pour l'histoire du Diocèse du Cap Haïtien (2 vol., id., 1955), in-8°, 288 et 367 p. Id., Port-au- Prince. Documents pour l'histoire religieuse (Port-au-Prince, 1956), in-8% [525] 5 2 6 REVUE D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQUE FRANÇAISE En arrivant aux îles vers le milieu du XVIIe siècle, ceux qui devaient s'y établir y avaient trouvé un climat religieux que Ton connaît. Les Portugais avaient eu pour principe de n'introduire en Amérique que des esclaves déjà baptisés en Afrique. "Les esclaves qui sont pris sur les Espagnols ou sur les Portugais 2 sont ordinai- rement chrétiens quand ils nous sont vendus, car ils ne font point de difficulté de les baptiser sitôt qu'ils les ont achetés en Afrique dans l'espérance de les instruire quand ils seront chez eux. Mais ces sortes de baptisés n'en sont pas plus savants dans nos mystères et ne nous donnent pas moins de peine à instruire que ceux qui ne l'ont pas été3." Ce baptême leur était donné à l'em- barquement, sur la plage. Les négriers portugais avaient sur ce point une ferme pratique. Au reste l'obligation faite par le roi de Portugal, d'entreposer aux îles du Cap Vert tous les captifs, avant leur voyage vers le Brésil ou les îles, dut aussi aider à la christianisation méthodique des Africains. Aucun doute non plus que l'usage portugais dès le début de l'exploitation de Sao Tome et du Brésil, d'acheter autant de femmes que d'hommes, favorisât indirectement la multiplication des mariages entre noirs baptisés. Dès le début il y avait moins de risque de concubinage 4. 527 p. Id., Les Congrégations religieuses au Cap-Français, Saint-Domingue, 1681-1793 (Id., Imp. Deschamps, 1951), in-8°, 234 p. — Dr Jean Price Mars, "Puissance de la foi religieuse chez les nègres de Saint-Domingue dans Pinsurrection générale des esclaves de 1791 à 1803", Rev. hist, des Col, F 1. (1954) : 5-13. HISTOIRE RELIGIEUSE DE LA MARTINIQUE: Abbé J. Rennard, La Martinique. Histoire des paroisses. Des origines à la Séparation (Thonon-les-Bains, 1951), in-8°, 349 p. — Lavigne Sainte- Suzanne, Petite histoire religieuse de la Martinique (Fort-de-France, 1950). (Très rapide). 2 C'est-à-dire amenés d'Afrique par des Espagnols ou par des Por- tugais. 3 Père J.-B. Dutertre, Histoire générale des Antilles habitées par les Français (4 vol., Paris, 1667-1671), II: 469. 4 Dans les îles françaises, le roi, les compagnies, le clergé, les colons ne paraissent jamais avoir eu souci de voir amener aux îles des esclaves musulmans. Ce serait donc qu'ils étaient peu nombreux, ou peu islamisés. Il semble cependant qu'au XVIIe siècle, bien des captifs pris en Afrique occidentale atlantique étaient déjà islamisés. Cette question très importante ne peut être traitée ici. CHRISTIANISATION DES ESCLAVES DES ANTILLES FRANÇAISES 527 Les Portugais comme les Espagnols veillaient à ne pas introduire en Amérique des esclaves musulmans. Autre facilité pour Tévangélisation5. Les colons français entraient donc en un milieu colonial soucieux du baptême de leurs esclaves et de les faire participer à côté d'eux à une vraie vie chrétienne. Ils avaient à prendre part et suite à une tradition précise. § 1. —LA CHRISTIANISATION SÉRIEUSE DES ESCLAVES AU XVIP SIÈCLE La vie religieuse aux Antilles françaises fut au XVIIe siècle très sérieuse. Les preuves en abondent. Bien que la vie licencieuse de quelques uns des habi- tants ait décrié les îles et les ait fait passer pour un pays de libertinage et d'impiété, je puis pourtant as- surer avec vérité que Dieu y a donné une si grande bénédiction au zèle et au travail des missionnaires qu'il s'y rencontre présentement autant de vertu et de piété à proportion que dans la France : car les sacre- ments y sont présentés et l'on y assiste aux offices divins avec une assiduité qui témoigne assez le zèle et la dévotion des habitants, et parce qu'une bonne partie des habitations est éloignée d'une et quelque- fois de deux lieues ; le maître de case vient ordinaire- ment à la première messe, avec les principaux domes- tiques6 et retourne promptement, la messe étant achevée, pour donner le moyen à la maîtresse de venir à la grand'messe avec le reste de la famille : ou bien ils se divisent selon les besoins du ménage en sorte que tout le monde vient à la messe. Mais parce qu'il se rencontre des habitations si éloignées des églises qu'il faut faire quelquefois trois ou quatre lieues par mer avec danger de se noyer pour venir à la messe, ceux-ci n'y vont pas régulièrement toutes les fêtes et dimanches, et ce serait trop exiger d'eux, que de les 6 S. Sauvageot, "Navigation de Lisbonne à Pîle Saô Tome par un pilote portugais anonyme (vers 1545), avec notes de Th. Monod et R. Mauny", Extrait de Garcia de Orto, Revista de Junta de Investigaçôes de Ultramar, IX, n° 1: 7 et 9. 6 Les engagés blancs. 5 2 8 REVUE D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQUE FRANÇAISE y vouloir contraindre, bien qu'il y ait toujours quel- ques uns de la case qui n'y manquent point7. Au milieu de telles mœurs, toutes les instructions royales suscitant dès le début Pévangélisation des esclaves, étaient pres- que du superflu. Ces prescriptions correspondaient profondé- ment aux soucis essentiels d'une époque où toute vie était modelée par les pratiques religieuses, rythmée par l'assistance à la messe et par la communion annuelle. Au temps de Richelieu8 comme au temps de Colbert, toutes les compagnies de colonisation, créées pour l'exploitation des îles par l'apport d'engagés et d'esclaves» se virent enjoindre dans leurs lettres patentes d'instruire et de baptiser les esclaves. C'était pour sauver des âmes païennes que Louis XIII avait accepté l'esclavage sur les terres d'Amérique exploitées par ses sujets. On avait pu finir par le convaincre en lui montrant qu'on ne créait pas l'esclavage, on ne faisait que le déplacer, que le faire glisser de l'Afrique aux îles pour le pro- fit de tous, de celui des esclaves qu'on uploads/Histoire/ christianisation-des-esclaves 1 .pdf

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  • Publié le Aoû 12, 2021
  • Catégorie History / Histoire
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